Affichage des articles dont le libellé est chômage. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est chômage. Afficher tous les articles

mardi 25 octobre 2016

Cinéma : Misère d’une Angleterre à l’agonie

ken loach, daniel blake, chômage, angleterre
Ken Loach, Palme d’or au dernier festival de Cannes, titre à boulets rouges sur le système social britannique dans "Moi, Daniel Blake, histoire du crépuscule d’une société solidaire.

Si les Français se plaignent souvent de l’inefficacité de leur administration, ils feraient mieux avant de vouer tous les fonctionnaires aux gémonies d’aller voir « Moi, Daniel Blake », film de Ken Loach lauréat de la palme d’or au dernier Festival de Cannes. La situation de Daniel Blake (Dave Johns), menuisier de 59 ans, est digne d’un roman à la Kafka. Victime d’une crise cardiaque, il a du cesser de travailler. Il se remet lentement sur pied. Le temps est venu de revoir sa situation. Il doit répondre à un long questionnaire pour savoir s’il bénéficie toujours de l’aide spécifique. Des dizaines de questions absurdes comme « pouvez-vous vous mettre un chapeau sur la tête ? » Et quand le verdict tombe, il découvre qu’il n’a pas obtenu assez de « points » (12 alors qu’il en faut au minimum 15) pour conserver son allocation.
■ Une belle amitié
Sans ressource, il n’a plus qu’à contester la décision (et rester des mois sans aucune rentrée d’argent) ou s’inscrire au chômage, tout en sachant parfaitement que les médecins ne lui permettront pas de travailler... Résigné, il joue le jeu, malgré la mauvaise volonté des fonctionnaires qui ne cessent de le menacer de sanction s’il ne fait pas les choses exactement comme il faut. Une « sanction » consistant à suspendre son chômage durant quelques semaines. Dans les faits, d’anonymes serviteurs de l’état ont droit de vie ou de mort sur d’honnêtes travailleurs. Toute la révolte de Ken Loach est contenue dans ce rapport de force entre un système toujours plus in- égalitaire et des victimes qui n’ont plus que leur bonne foi pour tenter de survivre. La situation de Daniel Blake pourrait faire rire au second degré. Tant de bêtise, de rigorisme. Reste que ce n’est pas gratuit. Ce harcèlement moral a pour but de faire craquer les demandeurs. Il ne leur reste plus qu’à rejoindre les hordes de pauvres dans les files d’attente des banques alimentaires. Daniel y va finalement, pas pour lui mais pour donner du courage à sa voisine, Katie (Hayley Squires), mère isolée de deux enfants. Il va l’aider, oublier sa propre misère pour tenter de lui redonner cette envie de vivre, de s’en sortir, même si l’on a l’impression que tous les dés sont pipés. La belle amitié entre Daniel et Katie apporte une belle lumière à cette histoire austère. Mais le monde étant celui que l’on connaît, la fin du film nous replonge dans la réalité, la dure et triste réalité d’un quotidien devenu inhumain. 
Ken Loach : « Le peuple contre les puissants »

Lors de la remise des trophées en mai dernier à Cannes, le réalisateur de « Moi, Daniel Blake » a profité de cette mise en lumière pour répéter son crédo. Un discours politique, résolument à gauche, comme pour se prévenir des risques de dérives vers l’extrême droite. « Le cinéma est porteur de nombreuses traditions, l’une d’entre elles est de présenter un cinéma de protestation, un cinéma qui met en avant le peuple contre les puissants, j’espère que cette tradition se maintiendra » a-t-il notamment expliqué.
Dans son film il dresse un constat alarmant sur la paupérisation de toute une classe ouvrière anglaise, souvent qualifiée, mais trop âgée pour remettre en cause son fonctionnement. Au moindre problème de santé, c’est la dégringolade. Pour Ken Loach, « Le libéralisme favorise le maintien d’une classe ouvrière vulnérable et facile à exploiter. Ceux qui luttent pour leur survie font face à la pauvreté ». Conséquence, « les pauvres doivent accepter qu’on les tienne pour responsables de leur pauvreté. C’est ce qu’on constate à travers toute l’Europe et dans le reste du monde ».
Depuis, le Brexit est passé par là, Trump est candidat aux USA et en France, la présidentielle risque de se jouer au second tour entre la droite extrême et la droite forte. 

jeudi 20 août 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - L'enfer au quotidien

Parfois, on se demande pourquoi notre vie ressemble tant à un enfer au quotidien. Chômage, coût de la vie, maladie : personne n'est à l'abri. Quand on se sent frappé, la noirceur s'installe dans notre petite bulle de vie. On peut pleurer sur le sort des autres, mais cela sans aucune utilité. Notre propre malheur a toujours l'air plus pesant. Bombardements, naufrages, famine ou pollution au cyanure, s'ils permettent de relativiser, ne calment en rien nos propres tourments. Ce n'est pas parce qu'il y a plus désespéré que soi que nos souffrances en sont adoucies. La solution pour se sortir de ce cercle infernal (plus on pense à notre malheur, plus on se désespère) consiste plutôt à se couper du monde extérieur. Se recentrer sur soi. Sans aller jusqu'à prôner aveuglément la « positive attitude » de la chanteuse Lorie, pourquoi ne pas se féliciter de tous ces petits moments de la vie, infimes, futiles mais si gais quand on y réfléchit bien. Exemple pratique : votre voiture est vieille ? Non, votre voiture roule toujours malgré les milliers de kilomètres affichés au compteur. Vous n'avez presque plus d'argent sur votre compte en banque ? Tant que vous n'êtes pas à découvert, tout est permis. Vos enfants ne vous parlent plus ? Etes-vous sûr qu'ils sont de vous ? (pour les femmes, envisagez la possibilité d'un échange à la maternité). Vous venez de perdre votre emploi ? A votre tour de profiter de la solidarité nationale. Vous êtes mort ? Ah non, là je ne peux rien faire. Mais si vous lisez ces lignes c'est que ce n'est pas le cas. Alors souriez nom d'un chien !

PS : en bonus qui tue : le clip de Lorie !

vendredi 25 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Les bons mots du CV

La crise sur le marché de l'emploi provoque un afflux de CV chez les directeurs de ressources humaines des entreprises. Voilà un métier bien ingrat. Quand il ne s'agit pas de licencier quelques branches mortes, il faut éliminer 100 candidatures pour n'en retenir qu'une.
Alors pragmatiquement, les recruteurs s'aident de codes pour séparer le bon grain de l'ivraie. Une enquête menée par CareerBuilder, « leader mondial des solutions globales de recrutement » dévoile les meilleurs (et les pires) mots qui figurent dans la prose d'une candidature. Dans la liste des faux amis, l'expression tabou suprême reste « le meilleur » suivi par « un battant ». Même si vous pensez raisonnablement que c'est vrai, il ne faut pas dire que vous êtes supérieur aux autres. Evitez aussi les clichés comme « sortir des sentiers battus », « fin stratège » ou le repoussant « proactif ».
A l'inverse, vous mettez toutes les chances de votre côté en glissant quatre mots magiques dans votre lettre de motivation. Dans l'absurde cela peut donner « J'ai 'obtenu' mon diplôme 'amélioré' d'une option parachutisme après avoir 'formé' mon neveu et 'managé' ma petite sœur. » C'est débile, mais imparable d'après CareerBuilder.
L'enquête est cependant sujette à caution car je n'ai trouvé nulle part la phrase magique qui en France, depuis toujours, assure une embauche quasi immédiate : « Je suis le fils de... » Mais, où ai-je la tête ? Généralement, ce genre de candidat n'a même pas besoin de passer par la case CV pour prendre la place de gens pourtant plus compétents.

Chronique "De choses et d'autres" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

lundi 30 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES - Rétr'horoscope de l'année 2014

Exercices obligés de la presse en fin d'année : la rétro et l'horoscope. Dans un souci d'économiser le papier voici une tentative de mélange de genres : la rétro de l'année 2014 en fonction des prévisions des meilleurs astrologues.
Niveau météo, au début ça caille, puis ça se réchauffe et même ça brûle un peu. Rassurez-vous, tous les prévisionnistes annoncent une nouvelle chute des températures pour la fin d'année. Comme dans les sondages, il y a une marge d'erreur de plus ou moins 10° (là, sûr que j'ai tout juste).
Fin mars, le problème du travail le dimanche revient sur le tapis. Et pour une fois ce ne sont pas les salariés du privé qui trinquent mais les fonctionnaires préfectoraux et municipaux. Dans la foulée, le cours des communiqués saluant une « victoire électorale majeure » va exploser. Logique, pour les municipales, les frais de campagne sont remboursés dès que l'on obtient 5% des suffrages exprimés.
En cours d'année un « grand de la culture française » nous quitte. Statistiquement, ils seront même une dizaine. Non, je ne dévoilerai pas leur identité. La dernière fois que je me suis risqué à parler avec humour de la mort d'une célébrité, il était vivant quand j'écrivais les lignes et mort quand vous les lisiez le lendemain. Depuis, le fantôme de Jean-Luc Delarue me hante certaines nuits.
Enfin 2014 sera marqué par plusieurs retours. Dans le désordre : Nicolas Sarkozy, l'inversion de la courbe du chômage (saison 2), Nicolas Sarkozy, Guy Bedos et Nicolas Sarkozy.

Chronique "De choses et d'autres" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.