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vendredi 2 juin 2017

BD : Dernier voyage entre désespérés



Après Blablacar pour sa voiture et AirB &  B pour son appartement, la mode au partage se met au... suicide. Une jeune femme, désespérée après une déception amoureuse douloureuse poste une petite annonce. Comme cela se fait au Japon, elle propose de partager son ultime voyage en compagnie d’autres suicidaires réticents à partir seuls. Elle obtient trois réponses et leur donne rendez-vous un petit matin. Dans sa voiture, elle emmène un jeune trader ruiné, un vieux monsieur amateur de haikus et un black à capuche taciturne et fumeur de joint. Ils ont décidé d’en finir dans une forêt, en raccordant le tuyau d’échappement de la voiture à l’habitacle. Pas de noms, pas de pleurs ni de regrets. Cette situation est le prétexte à un roadmovie mouvementé imaginé par Stéphane Massard et Jean Rousselot, les scénaristes, complétés par Nicolas Délestret au dessin. Dans un premier temps, rien ne fonctionne comme prévu. Et les quatre désespérés vont vite se retrouver embarqués dans des complications au cours desquelles ils devront lutter pour mener à bien leur funeste projet. Mais c’est souvent dans l’adversité que l’on se découvre des raisons d’aimer la vie. Humour et humanité se complètent pour cette BD qui devrait intéresser le cinéma tant son propos se prête à ce support.
➤ « Adieu monde cruel ! », Bamboo Grand Angle, 17,90 €

lundi 13 mars 2017

De choses et d'autres : La baleine morbide



Le jeu viendrait de Russie. Imaginé par un psychopathe. Et quand vous jouez sur le net ce n’est pas une personne que vous pouvez manipuler mais des dizaines, des centaines. Sous prétexte de relever des défis, de ceux qui vous donnent le frisson dans une vie quotidienne morne, le concepteur de Blue Whale (en français la baleine bleue) manipule des ados au point de les pousser au suicide.
Tout commence par des échanges sur les réseaux sociaux. Envie de participer à un nouveau challenge excitant ? Accepte de relever 50 défis, un par jour. Au début c’est simple et presque fun comme écrire sur son mur Facebook « je suis une baleine », regarder des films d’horreur durant 24 heures ou se lever en pleine nuit et écouter une chanson spécifique. Petit à petit les épreuves se compliquent. Se durcissent surtout. Scarifications, coupures aux lèvres ou prises de risques inconsidérés comme se tenir assis sur le rebord d’un pont, escalader une grue ou monter sur le toit d’un immeuble. Le cinquantième défi, aussi délirant qu’il puisse paraître consiste tout simplement à se suicider, par pendaison ou en se jetant dans le vide.
Délirant car certains jeunes, pris dans la tourmente, s’exécutent. Les autorités russes estiment à plus de cent en une année les victimes de ce « jeu » morbide. En Angleterre les premiers cas sont signalés. Alors si dans votre entourage, surtout chez les jeunes, vous entendez parler de Blue Whale ou de Baleine bleue, soyez vigilants. 

jeudi 10 mars 2016

DVD : Une "Dernière leçon" à fort potentiel émotif

chatelet, bonnaire, pouzadoux, mort, suicide, dernière leçon, wildsidePréparez les mouchoirs. Impossible de rester insensible à cette histoire de fin de vie racontée avec pudeur et sensibilité par Pascale Pouzadoux.
À la base "La dernière leçon" est un livre témoignage écrit par Noëlle Chatelet. La romancière y raconte les derniers jours de sa mère. Une femme forte qui a décidé d'en finir avant qu'il ne soit trop tard. Le problème du choix de la mort dans la dignité est au centre du livre et du film, qui adapte assez fidèlement l'œuvre originale. Il est vrai que Noëlle Chatelet a régulièrement séjourné sur le tournage (on le voit dans la making of proposé en bonus du DVD) et conseillé les acteurs. Les actrices surtout, Sandrine Bonnaire joue le rôle de Diane, la fille, Marthe Villalonga celle de Madeleine, la mère. Le film débute par un constat d'échec. Madeleine, au volant de sa vieille Renault 5, panique dans la circulation urbaine. Incapable de passer les vitesses. Comme paralysée. De retour chez elle, elle prend un carnet et note "Conduire" et le raye rageusement. Ce journal minimaliste liste les actions qu'elle n'est plus en état de réaliser.
À 92 ans, cette féministe convaincu, ancienne sage-femme, est aussi et surtout une tête de mule. Pas question pour elle de finir impotente dans une maison de retraite. Lors de son repas d'anniversaire, en présence de ses deux enfants, Pierre et Diane, et de ses petits-fils, elle donne, solennellement, la date prochaine de son décès. Dans deux mois. Dès lors ses enfants seront partagés. Si Diane envisage petit à petit cette fin inéluctable, comprend sa mère et ses arguments, Pierre refuse cette hypothèse.
Contrairement au livre, les deux avis sont apportés sur ce problème de société. On peut être pour ou contre le droit de mourir dans la dignité. Diane, malgré son chagrin immense, son impression d'être le soldat qui appuie sur la gâchette dans le peloton d'exécution, va laisser le libre choix à sa mère. Un formidable acte de tolérance porté par une Sandrine Bonnaire exceptionnelle. Avec justesse, elle joue cette prise de conscience, cette évolution face à un problème inéluctable.
Marthe Villalonga interprète une femme amoureuse de la vie mais usée par cette dernière. Un beau film, à voir en famille pour en parler tant qu'il est temps.
"La dernière leçon", Wild Side Vidéo, 14,99 euros le DVD

vendredi 12 septembre 2014

Cinéma : La vie doit être enivrante pour Michel Houellebecq dans "Near death experience"

Michel Houellebecq interprète un employé en plein burn-out, crapahutant dans la montagne à la recherche d'un bon endroit pour en finir.
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Benoît Delépine et Gustave Kervern, deux des piliers de Groland (tous les samedis soir en clair sur Canal+), n'ont pas peur de la difficulté. Joyeux drilles parfois, ils savent également décrire toute la noirceur de notre société de consommation. « Near death experience » (expérience de mort imminente) en est l'exemple parfait. Paul (Michel Houellebecq), employé sur une plateforme téléphonique, n'en peut plus. Métier idiot, famille insignifiante, alcoolique et en mauvaise santé il prend conscience de toute l'inanité de son existence un vendredi 13. Sa femme rentre des courses avec leurs deux enfants, des ados qui se disputent. Il enfile sa tenue de coureur cycliste et explique qu'il va sortir une petite demi-heure. Sa décision est prise. Basta !


Tourné dans la région de Marseille, la route monte rapidement. Paul se met en danseuse pour atteindre le sommet, une inaccessible étoile comme le dit le grand Jacques. Il abandonne le vélo dans un fossé et continue à pied, dans les sentiers pour atteindre un point de vue. Idéal pour prendre son envol. Le dernier. Mais comme souvent, il y a le petit grain de sable qui empêche le passage à l'acte.

Au son de Black Sabbath
Dérangé, Paul cherche un autre endroit et va errer dans cette garrigue sauvage sous un soleil de plomb qui va rapidement lui taper sur le ciboulot, au point de se retrouver dans cet état de « mort imminente » en pleine conscience. Il va parler aux insectes, à des pierres, à un vagabond aussi givré que lui. Dans cette nature sauvage Michel Houellebecq va se révéler un grand acteur, aux saillies définitives et mémorables. Dans une sorte de confession de psychanalyse de bazar, il va expliquer à sa femme pourquoi il vaut mieux qu'il disparaisse. Et de constater stoïque, « Quel intérêt à retarder un destin qui n'a aucun intérêt. » A ses enfants, après s'être décrit comme un infect déchet, il conclue « Un père mort, cela vaut bien mieux qu'un père sans vie. ». Il parle. De plus en plus. Mais n'agit toujours pas. Et là aussi il retourne la situation par cette phrase qui symbolise parfaitement ce film : « Paul, décidément, tu parles trop et tu ne te suicide pas assez... »
Dans le titre de ce film il y a « expérience ». Pour pleinement profiter de ces 90 minutes hors du temps et de la vie, il faut effectivement se mettre en condition de vivre une expérience unique. Au premier degré, le film est ce que j'ai vu de plus déprimant depuis le visionnage par inadvertance d'un JT complet de Jean-Pierre Pernaut. Mais l'œuvre est aussi là pour nous secouer. Des Paul, il y en a des milliers autour de nous. Si on y regarde bien, on lui ressemble même. Alors on se dit que finalement dans toutes les sentences déprimantes de Paul il n'y en a qu'une à prendre au pied de la lettre : « La vie doit être enivrante ! ». Et comme lui, on va se mettre un morceau de Black Sabbath et pogoter frénétiquement avant de consulter son horoscope.


vendredi 1 mars 2013

Billet - Dépression Nord-Sud sur fond de World of Warcraft


Encore une histoire de suicide annoncé sur Facebook. Mais pour une fois, elle se termine bien. Mario, Niçois, joue en ligne et très régulièrement avec Bruno et Gaëtan, nordistes, à World of Warcraft. Si 1000 kilomètres les séparent, le jeu les rapproche. Au point qu'ils deviennent amis. Et quand Mario, 24 ans, en pleine dépression, veut se confier, il se tourne vers les deux ados de 15 et 17 ans. Et leur annonce son intention d'en finir. Les jeunes Chtis préviennent leur mère qui alerte la police niçoise. Il faudra qu'un policier spécialisé en informatique exploite l'adresse IP de Mario pour le localiser et le sauve alors qu'il venait de s'ouvrir les veines. Un beau fait divers raconté à deux voix sur leurs sites par
La Voix du Nord d'un côté et Nice-Matin de l'autre.
L'avantage des happy end, c'est que le chroniqueur peut se permettre un peu de mauvais esprit. Comment croire dans ce récit que c'est le Niçois qui déprime et tente de se suicider ? Le Sud, sa douceur de vivre, son soleil, ses températures clémentes sont quand même plus attrayants que le ciel gris et plombé du Nord ! Autre anomalie : ils se sont connus en jouant à World of Warcraft. Ce jeu en ligne, très addictif, se déroule dans un monde virtuel peuplé de monstres et autres orques. Tuer du troll, même virtuel, ne rend pas plus gentil. D'ailleurs, en août 2011, la principale chaîne de magasins de Norvège a décidé de ne plus le vendre car c'était la distraction favorite... d'Anders Behring Breivik, le sinistre auteur d'une double attaque meurtrière faisant 77 morts et 151 blessés. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue de vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

lundi 14 janvier 2013

Billet - Un génie est parti, RIP Aaron Swartz


Internet et les nouvelles technologies permettent l'éclosion d'une génération de génies, des visionnaires plein d'avenir. L'un des meilleurs,  des plus idéalistes, Aaron Swartz, 26 ans, ne bousculera plus les zélateurs d'un internet policé et protectionniste. Aaron s'est pendu le week-end dernier dans son appartement à New York. Le mois prochain, il devait être jugé dans une affaire de piratage de base de données des bibliothèques universitaires américaines. Il risquait 35 ans de prison. 

Aaron Swartz fait parler de lui dès ses 14 ans. Il participe avec d'autres chercheurs à la mise au point du format RSS. Un outil que l'on retrouve sur  les sites internet aujourd'hui et qui permet de recevoir sur sa boîte mail un lien pour toute mise à jour. Faciliter l'accession à la connaissance aura été le combat incessant d'Aaron Swartz. Il fonde le site communautaire Reddit et se révèle l'un des plus actifs contre les nouvelles lois antipiratage SOPA aux USA. Nouveau coup d'éclat quand il met gratuitement à disposition de tous les revues scientifiques et littéraires de plusieurs universités. Ces dernières ne le poursuivent pas, mais un attorney fait du zèle, pour l'exemple. Le procès n'aura finalement pas lieu. Aaron a préféré abandonner la partie au prix de sa vie.
Cory Doctorow, écrivain, souligne que « le monde est un meilleur endroit avec lui dedans. » « Little Brother » roman paru chez Pocket Jeunesse s'inspire un peu du parcours d'Aaron Swartz. Mais la fin est beaucoup moins triste...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

jeudi 1 novembre 2012

Billet - Suicides d'adolescents après des harcèlements sur le net


Va-t-on bientôt voir, au bas des pages d'accueil des réseaux sociaux, cet avertissement : « Attention, l'abus d'internet tue » ? Ce raccourci, à priori excessif, s'avère pourtant parfaitement justifié dans les cas d'Amanda et de Gauthier, une adolescente canadienne et un jeune Brestois, retrouvés morts chez eux. Deux suicides directement liés à des histoires de harcèlement sur le net.

Gauthier, au cours d'une conversation via webcam sur le site chatroulette, accepte de se montrer nu pour une amie. Cette dernière enregistre la performance et menace Gauthier d'en diffuser un extrait sur Facebook s'il ne lui fait pas parvenir 200 euros. C'en est trop pour le jeune homme de 18 ans qui se pend le 10 octobre dans le cabanon de jardin de la demeure familiale. La police criminelle de Brest cherche à identifier la maître-chanteuse.
C'est aussi une photo de nu qui conduit Amanda, Canadienne de 15 ans, à la dernière extrémité. Devant sa webcam, elle accepte de dévoiler sa poitrine pour un « ami ». La photo est publiée sur le mur Facebook de ses connaissances. Honte, déprime, harcèlement : la descente aux enfers débute pour la lycéenne. N'en pouvant plus, elle poste une vidéo particulièrement émouvante où elle raconte sa détresse sur des feuilles de papier. Quelques jours plus tard, Amanda se donne la mort.
Oui, internet peut se transformer en arme mortelle. Ce média si puissant peut décupler une situation déjà problématique. Mais il est du ressort de chacun de se méfier, d'être attentif, notamment les parents.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.