Affichage des articles dont le libellé est podcast. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est podcast. Afficher tous les articles

mardi 2 mai 2023

De choses et d’autres - Bataille de sacs à main

Ils ne savent plus quoi inventer pour faire oublier la séquence réforme des retraites. Alors que le président Macron, après des semaines d’hibernation, repart à la conquête des Français (et de leurs casseroles) et que Bruno Le Maire fait une sortie bien nauséabonde pour remettre l’immigration au centre du débat, la palme de l’originalité revient à Marlène Schiappa.


Après sa couverture du dernier numéro de Playboy, elle est parvenue à faire mieux en lançant une énième polémique qui va faire parler dans les foyers. Une coproduction, exactement, avec une autre membre du gouvernement, Isabelle Rome. Cette dernière est ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.

À ce titre, elle s’était permis de critiquer sa collègue et les photos illustrant l’interview dans le magazine de charme. Mais avec Marlène Schiappa, mieux vaut se méfier.

La réponse est venue d’un SMS, pour le moins abrupt, dans lequel elle accusait Isabelle Rome de « ne pas avoir de tripes » et la traitait de « sac à main de seconde main ». Une insulte un peu trop genrée mais qui dans la bouche d’une ministre (au bout de ses doigts exactement, c’est un SMS), fait mal. Le SMS a fuité (comme par hasard…) et depuis, tout le monde tombe sur la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative.

Non seulement ça ressemble à une querelle de cour de récréation avec insulte approximative mais en plus, c’est particulièrement dénigrant pour toute la filière de la seconde main et du recyclage, pourtant essentielle dans notre société trop consumériste.

Mais en attendant, l’effet est immédiat : on parle (un peu) moins de la réforme des retraites !

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 21 avril 2023

jeudi 27 avril 2023

De choses et d’autres - Au rendez-vous des chakras

Il n’est pas toujours facile d’honorer des rendez-vous. Surtout quand on les prend longtemps à l’avance. Pour le suivi d’une opération, le secrétariat d’un chirurgien vient de me demander si le mercredi 4 octobre à 10 heures je serais disponible. J’ai tendance à répondre « Peut-être ».

Je ne peux objectivement pas en être sûr et certain car, qui me dit que dans six mois à cette même date et heure, un autre rendez-vous encore plus important ne me serait imposé par ailleurs. Et d’une façon plus prosaïque, rien ne m’assure que je serai toujours de ce monde en octobre. Si j’écoutais mon côté pessimiste, je ne prendrais pas le moindre rendez-vous au-delà de trois jours.

Pas très pratique, mais on n’est jamais assez prudent. D’autres sont moins regardants et partent du principe qu’un rendez-vous ne les engage pas. Ainsi, une amie proche m’a raconté pourquoi elle n’est pas allée à une consultation et n’a même pas prévenu la personne qui la lui avait fixée. Souffrant d’une maladie mystérieuse qui transforme ses pieds en braises incandescentes (du moins, c’est l’impression très douloureuse qu’elle en a), après plusieurs non-réponses de spécialistes, elle s’est décidée, à contrecœur, de se rendre chez une rebouteuse.

Une magnétiseuse, exactement, qui voulait lui « rééquilibrer les chakras ». Aussi sceptique qu’un électeur progressiste quand il entend Olivier Dussopt prétendre que sa réforme des retraites est de gauche, elle décide finalement de conserver ses chakras en l’état et de ne pas effectuer le déplacement. Et de se justifier de cette annulation cavalière : « Elle m’a dit qu’elle était aussi un peu médium. Si c’est vrai, elle a certainement deviné que je ne viendrais pas. »

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 4 avril 2023

mardi 25 avril 2023

De choses et d’autres - Protestation poilue


Ces derniers temps, mes billets font souvent réagir. Et pas qu’en positif. La preuve, cette lettre reçue hier après avoir fait l’apologie de la chathérapie. Un certain Médor, Labrador croisé Teckel, s’insurge contre mon « parti pris flagrant pour le camp des félins ». Avec son accord (il a remué de la queue quand je lui ai demandé), voici quelques extraits de son message.

« Une nouvelle fois, Michel Litout, vous démontrez que vous êtes tout, sauf indépendant. Pourquoi faire l’apologie des chats alors que la majorité des Français préfère les chiens ? Nous sommes, nous aussi, parfaitement capables de déstresser nos maîtres. Et on assume le terme de maître car nous, les chiens, contrairement à ces égoïstes de chats, on obéit aux ordres de la main qui nous nourrit. Ils ronronnent. La belle affaire ! Quoi de plus flatteur et bénéfique pour le maître qu’une grosse lèche sur la joue ? Et le jouet, ils s’amusent avec, mais seuls. Nous, on le ramène et on fait participer le maître, lui demandant, sans cesse, de le renvoyer pour continuer la partie.

Pour ce qui est de la propreté, nous n’avons pas de litière. Mais on fait mieux : on oblige le maître à nous sortir, à prendre l’air et à faire un peu d’exercice physique, plusieurs fois par jour. Avec les chats, les humains font du gras sur le canapé ; avec nous, les chiens, ils préparent un marathon. Nos croquettes devraient être remboursées par la sécurité sociale.

Enfin, nous sommes de redoutables gardiens. Les cambrioleurs craignent nos aboiements et nos crocs, quand les chats ne se réveillent même pas…

Alors un conseil, Michel Litout, rectifiez le tir, sinon, prenez garde à vos mollets ! »

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 6 avril 2023

dimanche 23 avril 2023

De choses et d’autres - Retraite, climat, même combat


Vous l’avez certainement entendu au détour d’une publication facebook ou sur Twitter. Même les grandes chaînes ont passé des extraits du tube du printemps. Une chanson improbable, que j’ai découverte avec stupéfaction en regardant les dernières nouvelles concernant les mobilisations populaires contre la réforme des retraites.

Entre deux charges de policiers un tantinet énervés et une déclaration fracassante de Laurent Berger de la CFDT que l’on n’aurait jamais imaginé plus radical qu’un militant de base de la CGT, je tombe sur une jeune femme habillée en noir, avec lunettes de soleil, qui danse comme si elle était en boîte de nuit devant une banderole revendicative.

Une certaine « Mathilde danse pour le climat » selon son profil TikTok. En musique de fond, un refrain basique et entêtant collé à quelques boîtes à rythmes très années 80 : « Pas de retraités sur une planète brûlée. Retraite, climat, même combat ! » La convergence des luttes. Ou plus exactement la convergence des tubes puisque ce morceau composé par « Planète Boum Boum, l’équipe d’animation d’Alternatiba Paris » est devenu viral.

Message simple et clair, avec la possibilité de le hurler sous les bruits des explosions de grenades lacrymogènes et de cocktails molotov, la Planète Brûlée a un bel avenir devant elle. Un refrain, mais pas de couplet, si ce n’est une petite précision une fois passé le milieu de la chanson : « on veut taxer les riches ».

J’attends la version plus clairement anti gouvernement : « Pas de 49.3 pour le président Roi. Pauvres, chômeurs, même douleur ! »

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 3 avril 2023

samedi 22 avril 2023

De choses et d’autres - Fake news avec arêtes

1er avril, voilà bien un jour où la chasse aux fake news est compliquée. Date sacrée pour les comiques des rédactions, c’est la possibilité de toutes les énormités. Car plus c’est gros, plus c’est plausible : telle est la maxime qui permet de mettre au point un bon 1er avril. Avec quelques règles aussi, car comme une contrepèterie doit avoir un petit côté salace, un poisson d’avril digne de ce nom tourne autour du milieu aquatique. A cette occasion, un lecteur, dans une lettre qu’il commence ainsi : « Messieurs de l’I. (non, pas Bruce voyons !) », propose quelques brèves piscicoles de printemps que je me réjouis de reproduire.
« Dédicace. Cet après-midi à la Maison de la presse, dédicace du livre « Pages blanches » ou les mémoires de Pascal Zheimer. Espérons qu’il n’aura pas oublié le rendez-vous.

Jumelage. On pensait le projet tombé dans les oubliettes pour cause de Covid. Que nenni. Le comité l’a remis sur la table pour mener à son terme le jumelage de Montner dans les Pyrénées-Orientales avec Montcuq, petit village du Lot. De beaux échanges culturels en perspective.

Information médicale. Le docteur Rienne César vous fait part de sa future installation au centre médical de la commune. »
Je me permets, dans l’esprit de ces brèves simplement signées « un citoyen Lambda » de rajouter cette information :

Météo. Après la procession de Saint-Gaudérique à Perpignan, nouvelle initiative pour le retour de la pluie dans la région : le grand sachem sioux Plume d’œuf en provenance du Wyoming fera la danse de la pluie, ce samedi, à 14 heures, sur la passerelle enjambant la Têt.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 1er avril 2023

samedi 8 avril 2023

Billet - Éloge de la procrastination

J’ai peut-être déjà parlé de la procrastination dans cette rubrique. Souvent je me suis dit qu’il fallait que j’archive et note tous les sujets abordés depuis plus de dix ans dans ces colonnes. Mais justement, ma procrastination m’a toujours fait repousser cette tâche ingrate. Devenu titanesque depuis.

Donc, mille excuses à ceux qui ont plus de mémoire que moi. Si je parle de nouveau de cette manie de remettre au lendemain ce que l’on aurait dû faire le jour même (voire il y a quelques années dans mon cas…) c’est que ce samedi 25 mars est la journée mondiale de la procrastination. Pas le 26, le 25 !

Une société qui propose de s’occuper de mes tâches administratives, me le rappelle en me glissant au passage « sept astuces majeures pour éviter de tout remettre au lendemain ». Vaillant à la tâche pour une fois, je les parcours et y découvre en réalité quelques raisons supplémentaires pour procrastiner de plus belle. Exemples. « Commencez par les tâches les plus faciles » : faire le minimum dans mon cas et reporter les gros chantiers.

« Évitez les distractions » : tiens, ça me fait me souvenir que je viens de m’abonner au Pass Warner et que je dois rattraper quelques séries d’anthologie comme The Leftlovers, The Wire ou True Blood.

« Trouver un partenaire de responsabilité » : l’évidence même. Cela fait des années que je ne m’occupe plus des papiers de la banque, impôts, assurances et autres administrations rébarbatives. En l’occurrence, mon partenaire de responsabilité répond aussi au nom d’« épouse ayant les pieds sur terre ».

Enfin, « lorsque vous avez terminé une tâche importante, accordez-vous une récompense » : Chouette, je viens de terminer le billet, je suis en week-end. Sacrée récompense !

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 25 mars 2023

jeudi 30 mars 2023

De choses et d’autres - S’endetter ou lire, faut choisir


En tant que lecteur compulsif, toujours prompt à défendre cette saine activité culturelle qu’est la lecture, pas si chère au final au prorata du nombre d’heures occupées intelligemment, j’ai découvert une publicité pour le moins choquante.

Pour un organisme de crédit à la consommation, deux petits schémas explicatifs reviennent sur la situation financière et ses conséquences d’un Français lambda. Première séquence. « Il aurait dû se passer ça : ma télé qui me lâche + le loyer à payer = je vais lire un livre ». Mais dans un second temps, face à ce bad karma de la lecture comme seule solution pour occuper ses soirées, le client potentiel (et futur endetté) peut se réjouir : « Ma télé qui me lâche + le crédit à la consommation = à moi les séries ! »

Franchement, alors que le CNL et le ministère de l’Éducation organisaient la semaine dernière la grande opération du quart d’heure de lecture, cette publicité semble assez lunaire et très à côté de la plaque. Opposer un livre et la télévision, c’est comme si on devait choisir entre l’œil droit ou le gauche. Désolé, ça ne marche pas comme ça.

Pour parfaitement voir ce qui nous entoure, deux yeux sont nécessaires. De même, difficile de se cultiver sans piocher un peu dans tous ce qui est proposé. Un film, un livre, une série, une chanson… Alors quitte à s’endetter avec un crédit au taux trop souvent prohibitif, autant en profiter un maximum. D’accord pour acheter une nouvelle télé et s’abonner à une plateforme, mais achetez aussi des livres, allez au cinéma.

Par contre, avec la télévision, méfiance face à certaines émissions de talk-show en direct. La culture et elles, c’est comme la lecture et le crédit à la consommation : une grande incompréhension.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 16 mars 2023

mercredi 29 mars 2023

De choses et d’autres - Un cadeau de poids pour la Saint-Valentin de... 2046

Êtes-vous du genre à programmer longtemps à l’avance vos cadeaux ? Si oui, n’allez pas trop vite en besogne pour la Saint-Valentin de 2046. C’est dans 23 ans exactement, alors vous avez quand même le temps, pas la peine de faire trop de plans sur la comète.

Et de comète justement il en est question puisque c’est ce 14 février 2046 exactement qu’un astéroïde pourrait venir déclarer sa flamme à notre bonne vieille terre.

Problème, le fameux caillou qui à pour petit nom 2023 DW, gros comme une piscine olympique selon les scientifiques qui le surveillent depuis quelques semaines, s’il reste sur sa trajectoire initiale, pourrait causer suffisamment de dégâts pour accélérer un peu plus l’extinction de toute vie sur Terre.

Un tel scénario catastrophe me semble un peu tiré par les cheveux. Les savants l’admettent, la probabilité que 2023 DW frappe la terre est faible. Il peut aussi passer à des milliers de kilomètres. Sans provoquer le moindre problème. Mais dans notre société qui aime tant se faire peur, l’annonce d’une catastrophe qui pour une fois n’est pas due à la folie humaine, a de quoi rassurer. Sacré paradoxe.

Et si on résonne par l’absurde, pourquoi interdire les moteurs à essence en 2035 si quelques années plus tard tout doit disparaître ? Et trier les déchets ? Une corvée de moins. Sans parler de la réforme des retraites pour tous ceux qui sont nés après 1982… Pourquoi cotiser si on ne peut pas toucher les dividendes pour cause d’apocalypse.

Mauvaises idées en fait. N’en faites rien. Dites-vous simplement que si 2023 DW percute effectivement la planète bleue en 2046, il ne faut pas attendre le dernier moment pour déclarer votre flamme à l’être aimé. La voilà l’utilité de l’astéroïde : répandre un peu plus d’amour sur Terre.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 15 mars 2023

lundi 27 mars 2023

De choses et d’autres - La santé à l’épreuve du genre


Une récente étude sur les prises de rendez-vous sur Doctolib a démontré que les femmes prennent 85 % des rendez-vous. Cela ne dit pas que vous, mesdames, êtes plus souvent malades que nous, fiers membres du sexe dit fort. Non, c’est simplement la preuve éclatante que la charge mentale de la gestion de la santé de la famille repose entièrement sur vos (soi-disant) frêles épaules. Notamment celle des enfants.

C’est pour cette raison que désormais le compte Doctolib pour prendre rendez-vous pour les enfants peut être géré par deux personnes. Deux utilisateurs pourront réserver, modifier, annuler les rendez-vous. Et ils recevront tous les deux les comptes rendus. Les hommes n’auront plus d’excuse.

Du moins si leur compagne fait le nécessaire pour les mettre dans la boucle. Car il faut aussi reconnaître qu’en matière de santé, dans un couple, c’est souvent la femme qui porte la culotte et garde la tête sur les épaules. Pour preuve cette réaction d’un internaute qui se veut humoristique mais qui résume bien le risque de confier la santé des enfants à un homme : « Si on nous laisse gérer ça va être drôle. On inverse la charge mentale des rendez-vous médicaux des enfants avec ceux pour la révision de la voiture ? » Quel vilain cliché complètement idiot : à maman les bobos et à papa l’auto ?

D’autant qu’en creux cela voudrait dire qu’on accorde, nous les hommes, plus d’importance à notre bagnole qu’à notre descendance ?

Sur ce je vous laisse, mon petit-fils tousse, va sans doute falloir que je fasse la révision des 7 ans et changer la tête de Lego.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 14 mars 2023

dimanche 26 mars 2023

De choses et d’autres - Le goût de la friture


Quand il faut se sacrifier, voire prendre des risques pour exercer mon métier avec le plus de rigueur possible, je suis toujours partant. Non je ne vais pas rejoindre Bakhmout en Ukraine pour relater le combat pour cette ville martyr. Encore moins me frotter aux députés qui s’écharpent sur la réforme des retraites à la buvette de l’Assemblée nationale. Je suis peut-être un cobaye, mais pas si fou que cela.

En fait je préfère, de loin, tester les petits gestes ou nouveautés du quotidien, essentiellement quand il y est question de nourriture. Voilà pourquoi quand j’ai appris que MacDonald’s avait décidé de remplacer ses pommes de terre potatoes par un trio de légumes étonnant, j’ai décidé de goûter ces nouvelles saveurs. Une opération ponctuelle destinée à redorer l’image de la chaîne de restauration rapide. Ou du moins à faire parler d’elle. C’est réussi.

Exit donc les potatoes place au panais, betterave et carotte. Des tubercules, comme les patates, découpés en bâtonnets et cuits… dans la friture. On ne va quand même pas changer une recette un peu grasse certes, mais qui marche. Au niveau visuel, c’est moins convaincant malgré les couleurs. Question goût, c’est différent, pas forcément meilleur.

En fait, je dois le confesser, dans les menus McDo, ce ne sont pas les frites qui m’attirent le plus mais les hamburgers. Notamment quand il y a de la sauce Deluxe. Pour les frites, qu’elles soient classiques, potatoes ou avec des légumes incongrus, le vrai plaisir c’est de les manger avec les doigts, après les avoir trempées dans la mayonnaise ou le ketchup.

Une sorte de régression primaire que tous ceux qui ne peuvent manger qu’avec des couverts ne comprendront jamais. Et parfois, je les plains.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 13 mars 2023

samedi 25 mars 2023

De choses et d’autres - Toute la société est à cran


Mais pourquoi tant de haine ? Et de mauvaise humeur générale ? Je ne sais pas si c’est le temps, trop sec, trop froid, ou l’ambiance politique un peu lourde (réforme des retraites, inflation), mais j’ai l’impression que l’agressivité flottant dans l’atmosphère vient de progresser d’un cran.

Mon épouse vient d’en faire les frais. Jeudi matin, jour de grève générale, elle décide de se rendre à l’accueil du drive d’un supermarché pour échanger une boite de café cabossée. Elle se gare sur la place réservée. Et se fait copieusement insulter par un livreur de bouteilles de gaz mécontent de ne pouvoir arrêter son camion à proximité.

Avec un argument imparable, symptomatique de l’ambiance très à cran sévissant dans le pays : « Vous êtes aveugle ou quoi ? Vous voyez bien que je viens livrer. Je suis debout depuis 4 heures du matin, laissez les travailleurs travailler, la bourgeoise qui fait ses courses ! » Saluons l’exploit de la fameuse « bourgeoise » (sans doute l’insulte la plus infamante et erronée qu’elle ait eue à subir depuis des années) qui a conservé son calme.

Certes, elle portait une veste noire et blanche du plus bel effet, mais achetée dans une friperie d’Elne dans les Pyrénées-Orientales (chez Plume, pub gratuite) pour quelques euros.

Et puis, insulter une femme un 8 mars, c’est un sacré manque de tact. Si je me fais l’avocat du diable, ce pauvre livreur était de mauvais poil car il aurait bien aimé, lui aussi, faire grève et ne pas devoir travailler deux ans de plus en fin de carrière. Mais une journée de salaire ça compte en fin de mois.

À moins qu’il ne fasse partie de ceux qui ne supportent plus que ces « gauchistes » bloquent péages, boulevards et place de parking alors que les travailleurs, les vrais, bossent, eux.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 11 mars 2023

vendredi 24 mars 2023

De choses et d’autres - Quinze minutes vitales


Le 10 mars, le Centre national du livre (CNL) en collaboration avec le ministère de l’Éducation organise le quart d’heure de lecture national. Des animations sont ptopsées un peu partout en France pour promouvoir la lecture.

Avec ce credo : lire au moins un quart d’heure par jour. 15 minutes. Une misère. Pourquoi pas une petite heure ? Car franchement, un quart d’heure pour découvrir un roman, ce n’est pas assez. Surtout pour ceux qui n’ont pas l’habitude de dévorer les bouquins.

Personnellement, j’ai le problème inverse de la majorité des Français. Au lieu de ne pas lire assez, je lis trop. J’ouvre un bouquin et sans m’en apercevoir, je plonge dans ce nouvel univers et ne reviens à la surface que longtemps après. Et jamais avant le fameux quart d’heure de ce 10 mars.

Je dois cependant admettre que cette initiative est essentielle, vitale même. Car une société dans laquelle la population ne lit plus, notamment des fictions, ne mérite pas d’être soutenue. Enlevez le rêve, l’imagination, la possibilité de découvrir de nouveaux mondes ou simplement des situations sans avoir à les vivre directement sont des expériences qui nous définissent sans doute le mieux en tant qu’animal un peu plus évolué qu’une amibe.

Alors ce vendredi et les autres jours, si vous avez l’occasion, arrêtez-vous dans une librairie, voire au rayon bouquins du supermarché, prenez un ouvrage (n’importe lequel car en plus vous avez le choix) et lisez. Même 10 minutes, ce serait super. Surtout si en plus vous êtes convaincu par les lignes parcourues et que vous décidez d’en faire l’acquisition. Les livres sont de formidables portes ouvertes sur le bonheur. S’ils ont des lecteurs, évidemment.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 10 mars 2023

mardi 21 mars 2023

Roman - Les drôles de gens imaginés par J.M. Erre


J.M. Erre, né à Perpignan mais vivant à Montpellier (personne n’est parfait), a publié dans les pages de Fluide Glacial, le magazine d’Umour et Bandessinées, plusieurs nouvelles. Il les a étoffées, mis entre des textes de liaison et recyclé le tout dans un livre au titre énigmatique : Les autres ne sont pas des gens comme nous.

Ces nouvelles seraient écrites par Julie, l’héroïne handicapée d’un précédent roman de J.M. Erre se déroulant en Lozère, Qui a tué l’homme-homard ? Des portraits et tranches de vies d’hommes et de femmes qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne sont vraiment pas comme nous. De Ousmane, obsédé par le « c’était mieux avant », à Félix, persuadé qu’il a un talent d’humoriste en passant par Valère, fils d’un artiste qui a transformé le meurtre en happening, ces récits, en plus de faire rire, nous éclairent sur quelques travers de l’âme humaine.

De tous ces textes, le plus étonnant reste la belle histoire d’amour entre Pétronille et Barnabé qui vivent quasiment à la même adresse, le 4 et le 8 avenue Bernard-Patafiole.

Et souhaitons que J.M. Erre, dans un prochain ouvrage, décrive dans le détail l’émission de téléréalité : Les Aveyronnais en Andorre.

«  Les autres ne sont pas des gens comme nous » de J.M. Erre, Buchet-Chastel, 19 €
 

De choses et d’autres - Décrue téléphonique


Pour la première fois, depuis que le produit existe, la vente des smartphones a subi une sévère chute l’an dernier. Cette décrue marque-t-elle la fin du règne absolu de ce nouveau doudou indispensable à toute personne normalement constituée en ce début de XXIe siècle ?

D’abord considéré comme un simple téléphone, portable, un peu plus sophistiqué, le smartphone a petit à petit convaincu ses propriétaires de ses nombreuses utilités. La couverture n’a cessé de s’améliorer et comme les nouveaux modèles, d’une année à l’autre, devenaient de plus en plus légers et puissants, l’engin s’est imposé partout, tout le temps.

Pour expliquer cette soudaine désaffection (baisse de près de 20 % des ventes quand même, et la tendance semble la même pour début 2023), les experts ne mettent pas en cause les utilisateurs mais les fabricants. L’industrie n’arrive plus à suivre le rythme, la faute au covid et à la pénurie de composants. Je me demande quand même si la formidable hausse du coût de la vie n’est pas aussi un peu responsable.

Certains fans de ces nouveaux objets du paraître et de la « branchitude », en changeaient tous les ans. Mais vu le prix et surtout l’augmentation de tous les autres produits tout aussi essentiels (loyers, nourriture, essence…), le nouveau smartphone, avec écran un peu plus lumineux, quadruple capteur pour les photos et compatible avec la 5G, attendra des jours meilleurs.

Et qui sait, un jour prochain, un implant cérébral fonctionnant avec un programmateur quantique nous permettra de dialoguer directement, dans notre esprit, avec une intelligence artificielle qui remplacera avantageusement ce smartphone devenu obsolète car trop matériel.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 9 mars 2023

De choses et d’autres - Patrimoine en péril


Le loto du patrimoine a décidé des sites régionaux qui seront aidés en 2023. Pour l’Occitanie, le choix s’est porté sur le pont aqueduc d’Ansignan dans les Pyrénées-Orientales. Il y a urgence car un diagnostic récent prouve que cet édifice doit rapidement être consolidé. Sinon, ce sont des siècles d’histoire locale qui s’effondreront d’un coup d’un seul.

Ne croyez pas que je sois trop pessimiste, car un récent fait divers prouve que ce scénario catastrophe est malheureusement très plausible. La semaine dernière, dans le paisible village de Saramon dans le Gers, sur le coup de 7 heures du matin, un terrible bruit alerte les 800 habitants.

Un fracas fait trembler le cœur de ce bourg pittoresque. Rapidement, les secours se rendent sur place et découvrent que la Tour Saint-Victor, accolée à l’église, vient de s’effondrer. Un monument datant du XIe siècle, surélevé à deux reprises et qui présentait depuis quelques années des signes de faiblesse.

Interdite au public par chance, la tour a projeté des blocs de pierre tout autour de la place, détériorant quelques maisons mais ne blessant personne. Un effondrement qui serait peut-être dû à la sécheresse de ces dernières années. Mais le diagnostic devra sans doute être affiné avant d’en tirer des conclusions.

La Tour Saint-Victor aurait elle aussi eu bien besoin d’un coup de pouce du Loto du Patrimoine. Mais c’est trop tard. Dans les Fenouillèdes aussi il fait chaud et de plus en plus sec. Les vignerons changent de cépage pour passer le cap. Le pont aqueduc lui aussi devra se renforcer avec les millions du Loto du Patrimoine s’il veut voir la fin de ce siècle.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant 20 mars 2023

mardi 14 mars 2023

De choses et d’autres - Carrousel de dessert


Le site TasteAtlas est devenu la référence en matière de comparaison d’alimentation. Son classement le plus connu est celui des cuisines du monde. L’italienne domine de la tête et des épaules devant la Grèce et l’Espagne. La France n’est que 9e, devant la Chine, mais derrière les USA…


Cela semble assez peu crédible, pourtant le classement est certifié. Les doutes semblent justifiés quand on découvre le classement mondial des pâtisseries. S’il est bien un secteur où l’on excelle au pays du petit-déjeuner sucré, c’est celui-là. Et pourtant. En tête on trouve le Pastel de Belem ou Pastel de Nada. Originaire du Portugal, ce flan aux œufs est présenté dans une pâte feuilletée.

Juste derrière, la focaccia di Recco, tourte à la pâte fine garnie de fromage fondant. Un peu moins dessert (c’est légèrement salé), mais délicieux, j’admets.

Mais alors les viennoiseries françaises, où sont-elles ? Il faut descendre jusqu’à la 9e place pour voir apparaître un bout de croissant. Et jusqu’à la 21e pour découvrir un second produit français, le Paris-Brest. Comme si la pâte à choux croquante garnie de crème mousseline pralinée était moins délicieuse qu’un bougatsa grec et sa crème de semoule.

On trouve ensuite l’éclair pour satisfaire nos papilles chauvines et une dernière spécialité à la 45e place (sur 50), ce qui confirme que ce classement est une vaste farce.

Car, dans les profondeurs du classement on découvre avec stupeur que TasteAtlas propose une spécialité qui n’existe même pas ! Le pain au chocolat ne peut pas être 45e. Le pain au chocolat est un simulacre, une escroquerie. Par contre, dans mon classement personnel, la chocolatine remportera toujours la première place.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 7 mars 2023

vendredi 10 mars 2023

De choses et d’autres - Get 27 ou Get 17,9 ?

Il faut toujours être attentif aux compositions des produits que l’on achète. Même ceux que l’on consomme depuis des années. Exemple avec le Get 27. Cet alcool à la menthe, parfait pour certains cocktails, a longtemps trompé son monde.


Tous les amateurs étaient persuadés que le 27 dans le nom de la boisson correspondait au taux d’alcool. Or j’ai récemment appris que ce chiffre avait une tout autre signification. Le 27 correspondrait au nombre de plantes (dont la menthe essentiellement) qui composent la recette originale qui a vu le jour à la fin du XVIIIe siècle dans une distillerie de Revel dans le Lauragais.

En réalité, depuis des décennies, le Get 27 affiche un taux d’alcool de 24 %. Si vous êtes un consommateur habituel de cette boisson, vous avez peut-être remarqué depuis l’automne dernier qu’elle n’avait plus le même effet. Vous auriez dû alors regarder avec un peu plus d’attention l’étiquette de la bouteille. En toute discrétion, le Get 27 est passé de 24 à 17,9 %.

Une volonté de la marque de moins alcooliser les consommateurs ? Pas du tout. Juste une histoire de gros sous. En réalité, les taxes spécifiques de l’État (en plus de la TVA à 20 %) sur les boissons alcoolisées sont fixées en fonction du taux d’alcool. Or, si ce dernier est inférieur à 18 %, la taxe est nettement moins importante. Avant, le producteur de Get 27 payait 579,96 euros par hectolitres.

Après passage à 17,9 %, la taxe ne s’élève plus qu’à 48,97 euros par hectolitres. Une belle économie. Mais qui semble n’avoir pas du tout été répercutée sur le prix de la bouteille.

Une politique tarifaire qui n’a pas plu à certaines enseignes de grandes surfaces qui ont carrément décidé de ne plus vendre la boisson verte mentholée.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 21 mars 2023

jeudi 9 mars 2023

De choses et d’autres - Faux abonnés, vrai symbole

Le déclenchement du 49.3 pour faire passer la réforme des retraites a provoqué une nouvelle crispation sur les bancs de l’Assemblée nationale. Pourtant, il y a encore des Français qui s’amusent d’une situation politique que l’on pourrait qualifier de « compliquée » en parodiant les statuts amoureux de Facebook.

C’est notamment par l’entremise des réseaux sociaux que des plaisantins ont tenté de dédramatiser la situation en se moquant, gentiment, de la Première ministre. Un abonné de Twitter connu sous le pseudo de « EstChauve », constatant qu’Elisabeth Borne n’avait que 12 300 abonnés sur son compte Instagram, il a lancé un défi aux internautes : « Si ce tweet atteint 50likes, j’envoie 27k faux abonnés à Borne pour qu’elle ait exactement 49.3 k abonnés. » Quelques heures plus tard, le profil de la Première ministre affichait un très esthétique 49.3 juste à côté de son nom.

La preuve que sur le net les nombres d’abonnés ou de clics sont souvent trafiqués. Si « EstChauve » rit encore de sa bête blague qui ne lui aurait coûté que 10 euros en achat de faux comptes, chez les détracteurs de la réforme des retraites, ce 49.3 est une petite vengeance.

Mais temporaire. Les vigies du net ont remarqué que le nombre d’abonnés au compte d’Elisabeth Borne baissait sensiblement d’heure en heure. Mais moins vite qu’il n’avait engraissé. Certains ont spéculé sur la création d’une cellule de crise à Matignon.

Des petites mains chargées de nettoyer le compte de la patronne. Le boulot est fastidieux. Mardi, à 17 h 30, il y avait encore 24 200 abonnés.

Et pas de chance, quand ils en auront terminé, il leur faudra s’occuper du compte d’Olivier Dussopt. Lui aussi, mardi, affichait 49.3 k abonnés sur Instagram.

Billet paru le mercredi 22 mars 2023

mardi 7 mars 2023

De choses et d’autres - Ce vaccin si utile

Plus personne ne parle du Covid19. Encore moins du vaccin. Pourtant, il est toujours recommandé de se vacciner pour éviter les formes graves du dernier variant. Ne me demandez pas lequel, j’ai un peu lâché l’affaire après l’omicron. Pourtant, il y a encore dans le monde quelques olibrius qui continuent leur combat contre le vaccin ou l’utilisent pour de très mauvaises raisons.

Prenez par exemple un certain Zane Robertson, coureur à pied néo-zélandais. Médaillé olympique (bronze) en 2016 à Rio sur le 5 000 mètres, il vient d’être suspendu pour dopage à l’EPO. Huit ans. Il a été pris par la patrouille au Kenya, le pays où il s’entraîne avec son frère jumeau. Mais d’après lui c’est une regrettable erreur. En réalité, il serait allé dans un centre médical, a demandé à être vacciné contre le Covid 19, mais à la place on lui a injecté un produit contenant… de l’EPO. Dans le genre explication vaseuse, difficile de faire pire. Cela explique peut-être la sanction particulièrement élevée.


On se souvient qu’au moment des vaccinations de masse de la population, quelques antivax se démenaient sur les réseaux sociaux pour tenter de dissuader les Français de se faire piquer. Certains, très pessimistes, ont même prédit des millions de morts dans l’année de l’injection.

Bon, au final, la vaccination n’a pas empêché la pandémie de progresser, mais les hôpitaux ont été moins surchargés et le nombre de décès en nette diminution. Quant à la vague de mortalité due au vaccin, on l’attend toujours.

Par contre, rien n’est terminé côté injection : le 20 mars dernier, 136 personnes ont reçu leur première dose. Il était temps… Et à ce rythme, tous les Français de plus de 12 ans seront vaccinés le 15 avril… 2077.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 23 mars 2023

dimanche 26 février 2023

De choses et d’autres - Moins cuit, moins cher ?

Mode lancée par une enseigne nationale, les baguettes sont désormais proposées sous différentes cuissons. Avant, le commerçant affable demandait comment on aimait son pain quotidien, pas trop cuit ou bien doré ?

Maintenant, trois piles sont en rayonnage. La blanche, presque de la pâte crue ; la normale, baguette juste comme il faut et craquante et la bien cuite, voire noire, réservée aux bonnes dents et amateurs de croûte un peu brûlée qui colle aux dents.

Trois baguettes, plus de choix mais un seul et même prix. Pragmatique, alors que tout le monde nous demande de diminuer notre consommation (jusqu’à trouver des astuces pour faire cuire plus rapidement les pâtes), je m’étonne du fait que ces trois versions de la baguette soient au même prix.

Car objectivement, une fournée blanche consomme forcément moins d’énergie que la bien cuite. Si la baguette normale est à 1,10 €, la logique voudrait que la blanche coûte 5 centimes de moins et la beaucoup plus cuite 5 centimes de plus.

Ce serait sans doute compliqué au niveau de la comptabilité du boulanger, mais compréhensible pour les clients.

Dans le même ordre d’idée, quand, au restaurant, le serveur vous demande la cuisson de votre viande, si vous répondez bleu, l’addition sera-t-elle un peu moins lourde que celle de celui qui aime les steaks bien cuits et transformés en semelles coriaces ? Là aussi, les restaurants ne se sont pas encore adaptés.

Et pourtant, s’ils baissaient leurs steaks tartares de 10 %, je suis sûr que leur facture énergétique serait moins problématique à la fin du mois.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 8 février 2023