Elle court, seule, dans la forêt. Epuisée, apeurée, sans autre but que de survivre. Elle a trop vu de morts ces derniers temps. Derrière elle pas très loin, deux hommes armés et un chien. Les chasseurs. Elle est la proie. Début de récit tout en tension, dans une nature sauvage et inhospitalière.
Pourtant ce n'est que le début de la longue fuite en avant de l'héroïne de ce roman graphique de Glen Chapron tiré du roman "La veuve" de Gil Adamson. Le Canada du début du XXe siècle. Terre en devenir, encore inexplorée, de plus en plus exploitée.
La veuve que l'on suit est une jeune femme de 19 ans. Elle a perdu son bébé. Et dans la foulée a tué son mari. Un ivrogne, violent, arrogant. Il avant l'habitude, en rentrant de la chasse, de lui confier son fusil pour qu'elle le nettoie. Ce soir-là, elle s'est contenté de le recharger et de lui tirer dessus. Les deux hommes qui la poursuivent, ce sont ses beaux-frères. Ils veulent se venger. Les jours passent, elle survit dans la forêt, rencontre un trappeur qui va l'aider. L'aimer aussi un peu. Mais la veuve ne veut plus s'attacher.
Elle continue son chemin, débarque dans une ville de mineurs, devient l'aide d'un pasteur. Ce roman, d'une puissance rare, tant par le récit que les dessins en noir et blanc d'une densité et d'une brutalité extrêmes, se dévore. Du grand art par un artiste majuscule.
"La veuve" de Glen Chapron (adapté du roman de Gil Andamson), Glénat, 176 pages, 25 €
Le chevalier de Saint-Sauveur, libertin ambitieux rêvant de faire sa place dans la cour, est criblé de dettes. Pour les effacer, il promet à un noble de faire pousser une jeune noble française dans les bras d’un Iroquois. Un plan machiavélique qui l’oblige à rejoindre la Nouvelle-France, de l’autre côté de l’Atlantique.
Alain Ayroles, sous forme de lettres, raconte ce périple épique qui va pousser le vert galant à courir les bois en compagnie de son valet, Gonzague. Des bois dangereux car peuplés de multiples tribus d’Indiens, pas toujours amicales.
Le format nettement plus grand de l’album permet d’apprécier au mieux les planches de Richard Guérineau. « L’ombre des Lumières » (tome 2), Delcourt, 72 pages, 22,95 €
Nouveau roman dépaysant de Roxanne Bouchard, toujours dans les incroyables paysages de la Gaspésie au Canada francophone. Avec des loups de mer et beaucoup de sang.
Certains auteurs ne sont pas tendres avec leurs personnages. Roxanne Bouchard, romancière québécoise fait partie des pires dans le genre. Ses deux héros récurrents, Simone Lord et Joaquin Moralès, se retrouvent dans des situations très compliquées dans Le murmurer des hakapiks.
Simone est seule sur un chalutier en compagnie de chasseurs de loups de mer et occasionnellement passeurs de drogue. Joaquin est lui aussi bloqué sur un navire, un bateau de croisière alors qu’il voudrait avant tout partir secourir sa collègue. Le lecteur, tremble surtout pour Simone, acculée par des hommes déterminés à la violer avant de la tuer. Un récit glaçant, comme ces contrées quand le vent nordet se met à souffler et transforme la mer en banquise.
Un polar très sombre, avec beaucoup de morceaux de Canada authentiques comme ces haka piks du titre, « de longs bâtons de bois munis de crochets. Contrairement aux tirs de carabines, dont la détonation est bruyante, l’élan de l’hakapik est discret. L’arme fend l’air dans un chuchotement et la masse métallique s’abat sur la bête. Un murmure, et le loup meurt, dans la froide quiétude de la banquise. » L’intrigue utilise cette chasse aux loups gris et cette technique particulière, qui a fait beaucoup couler d’encre quand Brigitte Bardot a dénoncé ces massacres.
Aujourd’hui encore les protecteurs des animaux s’opposent à cette chasse. mis le roman est tout en nuance, car la population de loups ne cesse de croître. Et leur chasse est autorisée. Mais très contrôlée, raison pour laquelle Simone se retrouve embarquée avec les chasseurs, recouverts de sang après avoir tué et dépecé une centaine d’animaux. Âmes sensibles s’abstenir.
« Le murmure des hakapiks », Roxanne Bouchard, L’Aube, 264 pages, 19,90 €
Grande bouffée d’air pur et de chlorophylle grâce à ce film canadien de Philippe Lesage. La nature comme révélateur des émotions de l’adolescence.
Le cinéma permet de voyager tout en restant près de chez soi, dans le confort des salles obscures. Une évidence si vous achetez une place pour voir le film canadien de Philippe Lesage, Comme le feu. 2 heures et 30 minutes d’évasion. Dans les forêts encore sauvages du nord du Québec, ou dans les psychés des protagonistes, réunis pour quelques jours, loin de tout. Un périple dans l’inconscient d’hommes et de femmes aux parcours diversifiés, en fonction de leur âge, une expédition dans la nature primitive, quand on doit retrouver ses réflexes de chasseurs pour survivre.
Blake (Arieh Worthalter), réalisateur, invite dans un chalet accessible uniquement en hydravion, son vieux complice scénariste Albert (Paul Ahmarani). Ce dernier arrive en compagnie de sa fille Aliocha (Aurélia Arandi-Longpré) et d’un ami de son fils, Jeff (Noah Parker). C’est l’été, les vacances, l’insouciance. Mais on sent très vite une tension entre Jeff et Aliocha. Le jeune homme, timide et réservé, n’est pas insensible à la fougue et l’intelligence de la jeune fille. Qui elle n’a d’yeux que pour Blake. Pourtant ce dernier doit subir les remontrances de son vieil ami, Albert. Un combat de coq entre adultes, suivi d’une autre confrontation entre le réalisateur et le jeune amoureux.
Le film est très écrit, tout en maîtrise. C’était pourtant une gageure car les repas dans le chalet, à trois reprises, sont de longs plans-séquences où les comédiens, alternant texte écrit et improvisation, insufflent une vie à des scènes qu’il faudrait montrer dans toutes les écoles de cinéma.
Pour faire le pendant à ces huis clos d’une tension absolue, le réalisateur choisit la nature, les grands espaces. Mais là aussi les petites vies de ces minuscules personnages semblent dérisoires face à des paysages grandioses, présents depuis des décennies, des siècles, immuables, inébranlables. On prend une énorme bouffée de chlorophylle et d’air pur en plongeant dans la forêt touffue, en grimpant sur ces rochers surplombant les vallées, en dévalant les rapides à bord de frêles canoës ballottés par les eaux en perpétuel mouvement. On peut y mourir à tout moment. On y meurt au cours du film.
La fin, ouverte, voire anecdotique, ne frustre pas le spectateur. Elle lui donne juste l’envie, s’il n’a pas peur de se retrouver face à ses propres démons, d’affronter lui aussi la nature, de quitter le confort moderne et retourner, à l’image des personnages de Comme le feu, le temps de quelques jours (et nuits), à la virginité naturelle du creuset de l’Humanité.
Film de Philippe Lesage avec Noah Parker, Aurélia Arandi-Longpré, Arieh Worthalter, Paul Ahmarani
Ambiance radicalement différente pour Murmures des sous-bois par rapport au Dieu-Sauvage. L'auteur canadien Kengo Kurimoto a découvert dans cette nature préservée des signes innombrables de poésie à l'état pur. Pour prendre conscience de ce monde merveilleux si proche, même des urbains, il prend pour exemple une jeune fille, Poppy, obligée de promener son chien Pepper dans les rues de la ville.
Elle tient la laisse mais ne fait pas attention à son animal. Casque sur les oreilles, regard rivé sur son smartphone, elle est ailleurs. Il faut que Pepper s'échappe et pénètre dans un terrain vague jouxtant une forêt à l'abandon pour qu'un monde nouveau s'ouvre aux yeux de Poppy. Elle va entendre les oiseaux, découvrir de nouveaux arbres, sentir les parfums des fleurs et même observer les traces laissées par les animaux sauvages grâce aux indications de Rob un jeune garçon qui « profite » de la nature depuis bien plus longtemps.
Cet album, sorte de longue contemplation de tous les miracles et beautés de la nature, est une source infinie de sagesse, de zénitude et de calme. Comme Poppy, on a envie une fois cet album à l'italienne refermé, aller à la découverte de lieux si proches et pourtant inconnus.
«Murmures des sous-bois», Rue de Sèvres, 216 pages, 18 €
Dans la ville imaginaire de Norferville, dans le Grand Nord du Canada, les femmes meurent dans d’atroces souffrances. Un tueur sadique fait de la concurrence au froid mortel.
Amateurs de frissons, vous serez doublement satisfaits en lisant Norferville, le nouveau thriller signé Franck Thilliez. Des frissons de peur mais également de froid car l’action se déroule dans le Grand nord canadien.
Si le romancier français, champion des ventes, a débuté en racontant les enquêtes de Lucie Henebelle dans le Nord de la France, rejointe par Franck Sharko, il quitte cette fois le cadre de l’Hexagone pour plonger son nouveau duo d’enquêteurs dans le Québec profond, typique et peu accueillant.
Les premières scènes se déroulent pourtant près de Lyon. C’est là que le détective et criminologue Teddy Schaffran est sur la piste d’un serial killer. Au moment où il le met hors d’état de nuire, cet homme profondément blessé après la mort de sa femme (il a perdu un œil dans l’accident), apprend que la police canadienne vient de retrouver le corps de sa fille atrocement mutilé dans la forêt à proximité de la ville minière de Norferville. Teddy quitte tout pour récupérer le corps de celle qui ne lui parlait quasiment plus depuis des années.
Un début de roman coup de poing, qui présente aussi l’autre protagoniste : Léonie Rock, flic à la Sûreté du Québec et envoyée sur place pour tenter de trouver le meurtrier. Elle a été désignée car elle est métisse, à moitié Innu par sa mère, la tribu d’autochtones qui vit désormais dans une réserve. Elle aussi a un passé compliqué. Revenir à Norferville est une épreuve. Elle devra faire face à des démons du passé et tenter de ne pas céder à la facilité de la vengeance.
Une fois la psychologie des deux héros bien campée, place à l’action, à l’intrigue. Aux intrigues plus exactement tant les ramifications de ce premier meurtre vont s’étendre à toutes les couches de la population de la ville. Il y a dans cette cité qui ne vit que pour les mines de fer à ciel ouvert qui défigurent le paysage, plusieurs communautés antagonistes. Les autochtones, de la tribu des Innus, spoliés de leur terre, enfermés dans une réserve, abreuvés d’alcool et de drogue pour annihiler toute révolte. Les mineurs, forçats tenus à l’écart, loin de leurs familles restées au Sud, ne quittant que rarement leurs baraquements sordides. Et enfin les cadres de la mine, riches, opulents, maîtres des lieux avec les quelques commerçants. Mais au-dessus, il y a avant tout la police locale, tenue par une main de fer depuis pus de 20 ans par Paul Liotta, un Blanc suprémaciste appréciant d’humilier les Innus.
Une chaudière prête à exploser. Même si les températures ne dépassent que rarement les moins 15 °C. Pour preuve, quand Teddy va voir le corps de sa fille entreposé provisoirement sur la glace de la patinoire de la ville, il constate que « paradoxalement il fallait chauffer l’endroit pour garder une température d’environ moins 8 °C, idéale pour la conservation du corps. » Le froid omniprésent dans ce roman. Si Léonie sait combien sa morsure peut être douloureuse, voire mortelle à brève échéance, Teddy est ignorant des dangers et souvent il sera à deux doigts d’y laisser la vie. Notamment quand il croira voir le fantôme de sa femme s’éloigner dans les bois : « Elle lui faisait des signes et reculait dans les bois au fur et à mesure que lui avançait. Teddy n’arrivait pas à résister à la tentation de la suivre. La forêt murmurait, bruissait. La forêt l’appelait pour lui présenter ses monstres. » Et des monstres, il y en a en quantité dans cette région isolée. Le Wendigo, légende indienne, le blizzard, tueur insidieux et aussi certains hommes, prêts à tout pour satisfaire leurs instincts sadiques.
Sans répit, avec une multitude de rebondissements et un final en apothéose, Norferville prouve que Franck Thilliez sait exporter sa science de l’horreur.
Comment Fidel Castro a pris le pouvoir à Cuba ? La réponse est dans ce très gros roman graphique (250 pages) des Québécois Michel Viau et Djibril Morissette-Phan. Havana Connection, pour raconter la révolution castriste, adopte la vision d’un Canadien qui était aux premières loges. Un Canadien célèbre : Lucien Rivard.
En 1956, alors que le dictateur Batista, appuyé par les USA, règne sur l’île, la mafia est persuadée que ce pays à quelques heures de la Floride peut devenir le nouveau Las Vegas. Lucien Rivard débarque à la Havane avec le titre de patron d’un cabaret. En réalité, c’est un sous-marin de la mafia, chargé d’ouvrir un casino pour blanchir l’argent sale et faire transiter la drogue en provenance de la French Connection. Il a également un petit business de trafiquant d’armes.
Le lecteur vit les soubresauts de l’insurrection par l’intermédiaire de Lucien et d’un de ses employés au bar. Lucien qui n’approuve pas les méthodes très violentes de Batista. Mais il est obligé de les tolérer pour ne pas se mettre la mafia américaine à dos. Il va rééquilibrer son karma en vendant des armes aux révolutionnaires menés par Castro. Un roman graphique historique qui se lit comme un polar. Même si on connaît la fin.
Une copieuse partie documentaire en fin de volume raconte ce qu’ils sont devenus. Lucien Rivard, de retour à Montréal, a finalement été extradé aux USA et purgé quelques années de prison, Batista a terminé son existence en exil au Portugal puis en Espagne. Quant à Fidel Castro, il est toujours vénéré comme le libérateur par une grande majorité de Cubains.
Dans le Nord canadien, au début du XXe siècle, un policier tente de retrouver un trappeur suspecté d’avoir assassiné femme et enfant. Avec la nature comme principale ennemie.
Avant de se rêver survivaliste dans une nature vierge, certains idéalistes devraient lire ce roman de Ronald Lavallée. Ou mieux, tenter de rester vivant une journée et une nuit dans ce grand nord canadien. A la lisière du monde débute alors qu’en Europe les premières rumeurs de guerre mondiale font les gros titres des journaux québécois, même dans cette mission, perdue dans l’extrême nord de l’État, entre forêts d’épinettes, rivières, marécages et baie d’Hudson.
Une région glaciale en hiver, infestée de moustiques en été. Quelques baraques occupées par des Indiens et des trappeurs, un poste de police et première affectation pour le jeune Matthew Callwood. Fils de bonne famille, il a choisi ce bout du monde pour oublier un chagrin d’amour. Plein de bonne volonté au début, il va découvrir la réalité de sa mission : ne pas faire de vagues, attendre la fin des deux années d’engagement et s’ennuyer. Il va changer d’attitude quand il apprend qu’un certain Moïse Corneau serait dans la région. Une légende.
Ce trappeur a été condamné à mort pour le meurtre de sa femme et de son bébé. Il s’est évadé la veille de l’exécution. Depuis, il survivrait tel un sauvage dans la forêt boréale. Le romancier va transformer ce duel à distance en passionnante chasse à l’homme dans un environnement inhospitalier. Le policier doute souvent : « Chercher un homme dans cette immensité est absurde. Parce qu’on vit toute l’année dans des clapiers de quelques mètres carrés, parce qu’on remplit sa chemise, qu’on touche des orteils le bout de la baignoire, on finit par croire que l’être humain prend de la place sur Terre. C’est faux. Dans la forêt boréale, l’homme est un microbe. »
Accompagné de guides locaux et de deux autres policiers, Matthew va passer tout un été sur les traces de Corneau. L’occasion pour Ronald Lavallée de décrire cette nature violente et fascinante : « La rivière est en travail. La glace craque, grince et couine. De lourdes échardes s’élèvent hors de l’eau, exposent des fanons de cristal qui scintillent au soleil. » C’est d’une beauté renversante. Très dangereux aussi. Et cela donne une furieuse envie d’aller voir par nous-même. Mais pas plus d’une journée et une nuit…
« À la lisière du monde », Ronald Lavallée, Presses de la Cité, 368 pages, 23 €
Film de Pascal Plante avec Juliette Gariepy, Laurie Fortin-Babin, Elisabeth Locas.
Encore un film sur un serial-killer ! Mais les amateurs de reconstitutions gore en auront pour leur argent. Le scénariste et réalisateur canadien Pascal Plané aborde le problème à travers le prisme de deux jeunes femmes, « fans » d’un homme accusé d’avoir torturé, violé, et dépecé trois adolescentes. Tout en filmant ses actes et en les diffusant sur le dark web au sein de ces « chambres rouges » de sinistre réputation. Le réalisateur dans ses notes de production annonce la couleur : « Au terme de cette plongée au plus sombre de la nature humaine, je ne peux que souhaiter que Les chambres rouges vous colle à la peau. Qu’il vous surprenne. Qu’il vous hante. » Un pari gagné même si, il faut bien le reconnaître, on sort de la séance assez déstabilisé.
À l’ouverture du procès elles sont deux à faire la queue pour avoir une place dans le public. Kelly-Anne (Juliette Gariepy) et Clémentine (Laurie Fortin-Babin). Si la seconde, amoureuse de l’accusé, exubérante, clame haut et fort sa certitude qu’il est innocent, la seconde, mutique, semble plus impénétrable dans ses buts.
C’est pourtant bien pour le tueur présumé (sur les vidéos retrouvées par le FBI, le tueur est toujours cagoulé, mais l’accusation affirme que ses yeux l’ont trahi) que ce mannequin, riche, solitaire, vivant dans le luxe en gagnant des sommes folles en jouant au poker en ligne, met son quotidien en stand-by.
Un film glaçant, du début à la fin. Virtuose quand il s’agit de filmer le procès, effrayant quand on pénètre dans l’intimité des deux jeunes fans. Reste les quelques images des séances dans les chambres rouges, entraperçues à travers les écrans. Elles vous hanteront. À jamais.
En plus de découvrir la rude vie des marins-pêcheurs canadiens, ce roman policier de Roxanne Bouchard offre une exploration poétique et naturaliste de la Gaspésie, région située à l’est de Montréal.
Le froid s’accorde parfaitement avec le roman policier. Les polars nordiques (Suède, Norvège, Danemark) ont conquis la France, puis l’Islande a imposé sa noirceur. Toujours plus à l’Ouest, découvrez les enquêtes de Joaquin Morales, policier québécois sorti de la plume de Roxanne Bouchard et déjà croisé dans son premier roman, Nous étions le sel de la mer.
Morales est toujours en poste à Caplan, au sud de la Gaspésie. La belle Catherine a mis les voiles. Le voilà seul à se demander si son mariage avec Sarah peut être sauvé.
La routine est bousculée quand il est envoyé en renfort à Gaspé pour devenir l’enquêteur principal chargé de la disparition d’Angel Roberts. Cette femme, marin-pêcheur à la barre d’un homardier, a disparu la nuit du 10e anniversaire de son mariage. Signe particulier : elle avait revêtu sa robe de mariée. Le bateau est retrouvé au large, moteur arrêté, vide. La mariée a-t-elle été enlevée ? Ou plus probablement est-elle tombée à l’eau. Une course contre la montre s’engage car en cette fin septembre, l’eau est froide. Mortelle.
Secrète Gaspésie
Le début du roman se consacre à ces recherches et l’arrivée de l’enquêteur Morales, passablement perturbé. Car en plus de la disparition de sa maîtresse, il a dû abandonner à Caplan son ami Cyrille, pêcheur, mourant d’un cancer en phase terminale. Sans compter sur l’arrivée inopinée de son fils aîné, Stéphane, ivre mort, cuisinier à Montréal mais lui aussi en bisbille avec sa blonde.
Il a donc l’esprit ailleurs quand il rencontre les agents qui vont le seconder. Et là aussi, Roxanne Bouchard propose des personnages hauts en couleur. Lefèbvre, agent tire-au-flanc, qui détester aller sur le terrain préférant de loin le désordre de son bureau. Simone, membre de la police de la pêche, experte de ce milieu très fermé, cassante, limite arrogante avec Morales, ce policier venu de la ville aux origines.. mexicaines. Rajoutez au cocktail la famille de la disparue, une aubergiste trop joyeuse et une prof de yoga trop belle et vous avez tout pour concocter un roman policier haletant.
Reste le décor, le plus important dans l’œuvre de Roxanne Bouchard, cette Gaspésie, reculée, sauvage, hermétique. Morales tente de comprendre le territoire et ses habitants. Difficilement car « la Gaspésie le défie par sa lenteur, mais aussi par la douloureuse expérience de l’intimité. Ici il faut avoir une compréhension intime des gens pour résoudre une affaire. En ville, tout est cru, plus dur : on tue avec violence pour de la drogue, de l’argent. Les criminels qui assassinent des inconnus parlent d’exécution, de vengeance, et crachent sur leurs victimes. Ici, les meurtriers souffrent tellement de leur méfait que la prison devient un châtiment juste, presque apaisant. » Les hommes, la nature, la mer. Plonger dans un roman de Roxanne Bouchard c’est partir en voyage dans des contrées inconnues, rudes mais avant tout poétiques.
Avec Joaquin Morales on se découvre l’envie de courir sur les falaises avec la mer pour seul horizon, de sentir ces embruns, voir ces fous de Bassan plonger ou explorer des forêts noires et secrètes. Par contre, vu la rudesse du métier, on a moins envie d’aller attraper du homard ou des crevettes au large. Pourtant c’est sans doute là que se trouve la solution à l’énigmatique disparition.
Grosse bouffée d’air pur et de nature sauvage dans ce court roman de la Canadienne Lise Tremblay. Benoit, ancien dentiste, a pris sa retraite loin de Montréal l’urbaine. Il a acquis et retapé un chalet isolé dans le parc national du Saguenay, au bord du lac. Là loin de la civilisation, il vivote au calme avec son vieux chien Dan. L’automne arrive avec la saison de la chasse. Les esprits s’échauffent, les meilleures gâ- chettes espèrent tuer un caribou. Mais aussi des loups qui semblent s’approcher de plus en plus près des habitations de la petite ville. Benoit n’a que deux voisins. Rémi, sauvage et asocial. Il aime les bêtes. Sans doute car il leur ressemble. Mina, tout aussi sauvage. Mais si Rémi est dans la force de l’âge, Mina est en train de s’éteindre. Seule dans sa maison, elle refuse tout soin. Benoit, lui, se penche sur son passé. Quand il ne vivait que pour le profit et les week-ends dans le grand nord qu’il rejoignait en pilotant son hydravion. Il a changé du tout au tout. Avec l’arrivée de Dan, son chien, offert par un vieil Indien. Et quand il reçoit un visiteur, le calme et l’ennui s’invitent dans la conversation : « Je pense souvent que ce qui va me faire le plus de peine lorsque je vais mourir, c’est de ne plus voir la nature » explique Benoit qui continue, sur l’ennui: « Je mets de la musique et je regarde le lac. C’est un ennui doux, ça ne rend pas anxieux. » Une langue imagée, poétique, une quiétude éternelle : ce roman donne envie de vivre calmement, loin de la fureur de la rentrée. ➤ « L’habitude des bêtes », Lise Tremblay, Delcourt, 15 €
Etre comédienne dans sa vie professionnelle implique-t-il qu’on l’est forcément dans sa vie privée ? Cette interrogation est en filigrane de « Rôles de composition », album du Canadien Jimmy Beaulieu. Dans une bichromie très recherchée et dépouillée de tout effet ostentatoire, il raconte les errances amoureuses de Noémie. Cette belle jeune femme noire, aux dreadlocks caractéristiques, vivote à Montréal en enchaînant les petits rôles. Elle vit avec Colette, blonde joliment ronde encore étudiante. Mais en réalité elle est fascinée par une actrice, Anna, entraperçue dans un navet intersidéral. Elle va finalement la rejoindre à Berlin. Coup de foudre, coups au cœur, trahison et grandes envolées composent cette dizaine de chapitres d’une grande finesse. ➤ « Rôles de composition », Vraoum, 18 €
Avis à tous les frileux : n’allez pas au Canada ou au nord des USAdans les prochains jours. Les prévisionnistes météo annoncent le déferlement d’un vortex polaire sur la zone. En tombant parfois sur des téléfilms catastrophe de série B sur une glaciation express, je trouvais que les scénaristes avaient beaucoup d’imagination. En fait ils n’inventent rien car en moins de 48 heures, les températures devraient tomber largement en dessous de zéro. Et pas comme chez nous avec une petite gelée à -1 mais le gros coup de froid entre -30 et -35 degrés... Personnellement, je n’imagine pas de telles températures. Pire pour ma femme qui, rien qu’en lisant les chiffres, s’évanouit en claquant des dents. Dire qu’elle est frileuse est un euphémisme. Ce n’est pas pour rien qu’elle a décidé de changer toutes les fenêtres de notre vieille maison. Les chambranles en bois, après des années de bons et loyaux services, ont abdiqué face à l’infatigable tramontane qui ne se prive pas de venir nous frigorifier les pieds en pleine nuit, malgré de grosses couettes. Ils céderont leur place courant février à des cadres en PVC, construits sur mesure dans l’usine d’« Arts et fenêtres » dans la Sarthe. Le chantier devrait durer environ une semaine. Avec notre veine, ce sera pile au moment où le premier vortex polaire déferlera sur la région. Et le premier qui me parle de réchauffement climatique, je l’envoie illico dans le Manitoba.
L’obstination des Wallons arrangeait bien une bonne partie de l’Europe. La région francophone de la Belgique a longtemps osé dire non au traité commercial de libre échange avec le Canada. Rien ne destinait cette petite communauté à devenir le mauvais élève européen. Au contraire, depuis des années, la Belgique a beaucoup gagné en devenant une des capitales de l’Union. D’ailleurs, hier, la signature du traité était programmée à Bruxelles. Mais des élus régionaux ont décidé de défier l’administration fédé- rale avant de se raviser au dernier moment. Terre de compromis et de raison, la Belgique n’a jamais été très belliqueuse. Au contraire, le pays a évité bien des problèmes en érigeant le consensus en méthode de gouvernement. Soit tout le monde est d’accord et c’est bon, soit il y a une voix divergente et on continue de négocier. C’est dans ce cadre que le pays est resté plus d’un an sans gouvernement. Une absence peu préjudiciable car justement les régions ont beaucoup de pouvoir. Un peu trop parfois quand on constate les conséquences du blocage des Wallons têtus. Alors Messieurs les Belges on ne vous dit pas bravo pour votre revirement ultime. Le traité, en France, pas grand monde en veut. Même si officiellement personne n’ose le dire haut et fort. Par contre, nous faire rater une visite du beau Justin Trudeau... Je connais quelques jeunes femmes qui risquent vous en vouloir longtemps.
Thomas Vincent adapte un roman de Jean-Paul Dubois retraçant "La nouvelle vie de Paul Sneijder" avec un remarquable Thierry Lhermitte en miraculé dépressif dans le rôle-titre.
Miraculé ! Paul Sneijder (Thierry Lhermitte) est un miraculé. Après un repas dans un restaurant panoramique au Québec, il prend l'ascenseur. Ce dernier lâche. Chute libre. Des cinq occupants de l'engin défectueux, seul Paul est retrouvé vivant. Une jambe cassée, mais vivant. Il pourrait s'en réjouir s'il n'avait pas dîné avec sa fille Marie. Le début de "La nouvelle vie de Paul Sneijder" donne le ton de l'ensemble. Dans une banlieue grise de Montréal, alors que le blizzard souffle et la neige tombe, Paul, claudiquant et s'aidant d'une canne, vient récupérer les cendres de Marie. Il attend dans cet univers impersonnel, avec une "musaque" d'ascenseur en fond sonore. On comprend que Paul est dépressif. Gravement dépressif. Le film va-t-il être lui aussi désespérant ? Une petite réflexion de l'hôtesse d'accueil nous rassure. En plus de l'urne, elle propose à Paul un petit pendentif, pour conserver sur soi un peu de l'être aimé... L'humour sera noir. Le film n'en abuse pas, juste ce qu'il faut pour comprendre l'absurde de notre société face à un deuil impossible.
Crottes de chiens... bourgeois
Paul fait une fixation sur les ascenseurs. Il passe ses longues journées inactives à se renseigner sur ces machines. Sa convalescence sur le point de s'achever, il doit normalement reprendre son travail dans l'import-export de vins français. Impossible. Il doit prendre le bus. Rester enfermé sans une structure métallique le fait paniquer. Sa femme (Géraldine Pailhas) a d'autres projets pour lui. Il doit prendre un avocat, poursuivre la compagnie d'ascenseur et gagner le pactole. De quoi payer les études de leurs deux fils dans les meilleures universités américaines. Sur les conseils de son médecin, Paul marche beaucoup. Dans le froid et la neige du Québec hivernal. Il a alors l'idée de trouver un nouveau travail au grand air. Il parvient à se faire embaucher comme promeneur de chiens. Alors peut commencer la nouvelle vie de Paul Sneijder, même si ramasser les crottes de chiens appartenant à des bourgeois trop occupés pour les sortir n'est qu'une étape dans son long processus de reconstruction. Entièrement tourné au Canada, par des températures très largement négatives, ce film permet aussi de découvrir quelques acteurs locaux remarquables. Guillaume Cyr interprète le nouveau patron de Paul. "C'est un acteur comique immense, à l'image de sa corpulence", estime le réalisateur. Autre révélation avec Pierre Curzi. Endossant le rôle de l'avocat de la partie adverse, il va se révéler comme étant celui qui comprend mieux les tourments de Paul. Au point de presque changer de camp et de l'aider quand il sera sur le point de résoudre, enfin, son problème avec les ascenseurs. Après la chute, vient le temps de la renaissance, presque de l'envol. La fin est différente du roman, plus positive et ouverte. En un mot : lumineuse.
Thierry Lhermitte atteint des sommets
Attention, "La nouvelle vie de Paul Sneijder" n'est pas à proprement parler un film comique. On sourit parfois, mais rarement grâce au talent de Thierry Lhermitte. Le réalisateur a délibérément voulu utiliser l'ancien beau gosse du Splendid dans un contre-emploi absolu. Déprimé, triste, presque suicidaire, Paul Sneijder ne rayonne pas par sa joie de vivre. Un rôle de composition pour Thierry Lhermitte. La preuve de son grand talent aussi. Vieilli, malade, il se traîne lamentablement dans cette banlieue glacée, perpétuellement perdu dans ses pensées morbides. Plus rien ne le fait avancer. Si ce n'est la volonté d'être au niveau du sol. Et à l'air libre. Empêtré dans sa vie familiale, il va fuguer, tel un gamin capricieux. L'acteur français, aux succès mémorables dans les meilleures comédies de ces dernières décennies, a beaucoup travaillé pour être dans l'ambiance du personnage. "Dès qu'il y avait une once d'ironie dans mon regard ou dans mon interprétation, Thomas Vincent me l'enlevait, il n'en voulait pas", se souvient le comédien. Le résultat est étonnant. Il donne corps et force à cet homme qui, au lieu de profiter de la vie après l'accident auquel il a survécu miraculeusement, ne cesse de s'interroger sur sa relation avec sa fille. Un rôle en or, comme on en a peu dans une carrière.
Les nombreux fans de la série « L'Epervier » de Patrice Pellerin doivent être avant tout patient. Le dessinateur réaliste est un perfectionniste. S'il semble parfaitement savoir où les aventures de ce corsaire du roi vont le conduire, il y a va lentement. Un album tous les trois ans. Le record d'attente n'est pas battu, mais il joue sérieusement avec les nerfs des lecteurs pris dans ce feuilleton palpitant. La récompense dans ce genre d'album, consiste à le relire une seconde fois lentement, pour apprécier tous les détails des cases maritimes où se déroulant à Versailles. Voire à s'extasier devant la perfection anatomique des différents protagonistes. Et là, on en a véritablement pour son argent... Yann de Kermeur, repart en mer. Sur la Méduse, il met le cap sur le Canada. Il doit y convoyer quelques personnalités pour le roi. Dont la ravissante princesse indienne Mari. Mais la traversée n'est pas de tout repos. Entre la chasse des navires anglais, les bagarres à bord et les mauvaises rencontres, le mois de traversée est très agité. Et l'arrivée au Canada encore plus. L'album raconte deux autres histoires en parallèle. Les intrigues à la cour (la partie la plus compliquée) et l'emprisonnement de la belle Agnès de Kermellec par son fourbe de mari. Agnès toujours présent dans l'esprit de Yann. Mais si loin... « L'épervier » (tome 9), Soleil Quadrants, 14,50 euros
Dans les forêts du grand Nord, une photographe découvre deux ermites octogénaires. Un roman tendre et émouvant sur l'oubli, la fin de vie et la solitude. La solitude se mérite. Elle se choisit aussi. « Il pleuvait des oiseaux », premier roman publié en France de la québécoise Jocelyne Saucier se lit comme une retraite spirituelle quand on se retire dans une cabane perdue au fond des bois.
Ces forêts, immenses, hostiles, sauvages, sont omniprésentes dans le récit.
`Le texte, sensible, fait la part belle aux souvenirs, au temps qui passe, inexorablement. On ne sort pas indemne d'un récit où l'on ne peut que se projeter en fonction du nombre théorique d'années que l'on pense encore passer sur terre. (Folio, 7 €)
Il s'agit en fait d'un biopic tendance drame sportif. L'histoire d'une cycliste québécoise surprise par la patrouille en train de se doper. Les malaises commencent quand elle s'injecte les produits dopants puis manipule des poches de sang en vue d'une transfusion. Voilà comment un long-métrage qui a toutes les chances de passer inaperçu lors de sa sortie (si sortie en France il y a...) devient un phénomène qui fait causer. Parfois, le succès d'un film dépend d'un détail que réalisateurs, acteurs et producteurs n'auraient jamais imaginé si important au moment du tournage. Sans la motte de beurre, qui se souviendrait du "Dernier tango à Paris" ? Le dernier Batman serait déjà tombé aux oubliettes sans la scène hilarante où Marion Cotillard meurt dans une déferlante de mimiques à la sauce actor's studio. "Basic instinct" se résume aux deux secondes au cours desquelles Sharon Stone croise et décroise les jambes. Alors gore ou pas gore, souhaitons simplement à "La petite reine" le même triomphe que ces trois illustres exemples.
Dans les forêts du grand Nord, une photographe découvre deux ermites octogénaires. Un roman tendre et émouvant sur l'oubli, la fin de vie et la solitude.
La solitude se mérite. Elle se choisit aussi. « Il pleuvait des oiseaux », premier roman publié en France de la québécoise Jocelyne Saucier se lit comme une retraite spirituelle quand on se retire dans une cabane perdue au fond des bois. Ces forêts, immenses, hostiles, sauvages, sont omniprésentes dans le récit.Dans ce Nord canadien encore à la frange de la civilisation, il est possible de se faire oublier. Une photographe, à la recherche des derniers témoins des Grands Feux du début du siècle, tombe sur une communauté bien cachée. Communauté c'est beaucoup dire puisqu'ils ne sont que deux très vieux messieurs, Tom et Charlie. Il y a peu ils étaient trois. Mais l'un d'entre eux est mort récemment.Âgés de plus de 80 ans, ils choisissent de vivre en ermites pour ne plus être à la charge du système. Pour la liberté également. « Ils avaient laissé derrière eux une vie sur laquelle ils avaient fermé la porte. Aucune envie d'y revenir, aucune autre envie que de se lever le matin avec le sentiment d'avoir une journée bien à eux et personne qui trouve à y redire. » Leurs baraques de rondins, cachées dans les bois, avec vue sur un lac, ne sont connues de personne. Excepté deux jeunes de la ville voisine chargés de les approvisionner en produits divers et nécessaires en échange de la surveillance de leur plantation... de cannabis.
Nouvelle arrivante
L'arrivée de la photographe va révolutionner leur petit train-train. D'autant qu'elle reviendra avec une autre âme en quête d'un endroit paisible pour finir ses jours. Une femme.
Marie-Desneige, évadée d'un asile psychiatrique, encore plus âgée que Tom et Charlie, fait une entrée remarquée dans la petite communauté. « La petite vieille était vraiment minuscule, de la taille d'une enfant de douze ans, très fragile, une poupée de porcelaine, et ne bougeait qu'à petits gestes. » Le fragile équilibre va-t-il disparaître ? Avec des précautions infinies, Jocelyne Saucier raconte cette rencontre. Elle alterne les points de vue, de l'enthousiasme de la photographe au scepticisme de Tom en passant par l'émerveillement de Marie-Desneige. Tout en prenant le temps de raconter l'incroyable histoire du troisième larron, le mort, traumatisé par les Grands Feux durant son enfance, celui qui le premier a découvert cet endroit.
Ce texte sensible fait la part belle aux souvenirs, au temps qui passe, inexorablement. On ne sort pas indemne d'un récit où l'on ne peut que se projeter en fonction du nombre théorique d'années que l'on pense encore passer sur terre.
« Il pleuvait des oiseaux », Jocelyne Saucier, Denoël, 16 € (disponible au format poche chez Folio)
C’est l’histoire d’un homme qui ne fait rien, ou presque. Il prend des bains. Relit le poète japonais Bashô. Écrit à peine. Fait l’amour avec Midori. Apprend qu’il est célèbre à Tokyo. Célèbre à Tokyo ? Un jour, dans une interview, il a annoncé que son prochain livre s’intitulerait Je suis un écrivain japonais. Et tout s’est emballé. L’histoire dérape. La police arrive... Moins « chaud » que ses précédentes œuvres (« Comment faire l'amour avec un Nègre sans se fatiguer » ou « Le goût des jeunes filles »), ce roman de Dany Laferrière donne une dimension supplémentaire à un écrivain inclassable, hors du commun, passionnant dans ses différences.