Affichage des articles dont le libellé est fuite. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est fuite. Afficher tous les articles

vendredi 21 mars 2025

BD - "La veuve" cherche la rédemption

Elle court, seule, dans la forêt. Epuisée, apeurée, sans autre but que de survivre. Elle a trop vu de morts ces derniers temps. Derrière elle pas très loin, deux hommes armés et un chien. Les chasseurs. Elle est la proie. Début de récit tout en tension, dans une nature sauvage et inhospitalière. 

Pourtant ce n'est que le début de la longue fuite en avant de l'héroïne de ce roman graphique de Glen Chapron tiré du roman "La veuve" de Gil Adamson. Le Canada du début du XXe siècle. Terre en devenir, encore inexplorée, de plus en plus exploitée. 

La veuve que l'on suit est une jeune femme de 19 ans. Elle a perdu son bébé. Et dans la foulée a tué son mari. Un ivrogne, violent, arrogant. Il avant l'habitude, en rentrant de la chasse, de lui confier son fusil pour qu'elle le nettoie. Ce soir-là, elle s'est contenté de le recharger et de lui tirer dessus. Les deux hommes qui la poursuivent, ce sont ses beaux-frères. Ils veulent se venger. Les jours passent, elle survit dans la forêt, rencontre un trappeur qui va l'aider. L'aimer aussi un peu. Mais la veuve ne veut plus s'attacher. 

Elle continue son chemin, débarque dans une ville de mineurs, devient l'aide d'un pasteur. Ce roman, d'une puissance rare, tant par le récit que les dessins en noir et blanc d'une densité et d'une brutalité extrêmes, se dévore. Du grand art par un artiste majuscule.

"La veuve" de Glen Chapron (adapté du roman de Gil Andamson), Glénat, 176 pages, 25 €

vendredi 25 août 2017

Rentrée littéraire : Ras-le-bol urbain dans "La fuite" de Paul-Bernard Moracchini


Qui n’a pas rêvé un jour de tout plaquer et de fuir cette vie stressante moderne ? Oublier voiture, appartement, boulot, famille et se retirer tel un ermite au plus profond de la montagne. Le narrateur de ce premier roman de Paul-Bernard Moracchini a osé. On suit sa « Fuite » de la réalité insupportable. Son arrivée en train dans cette région reculée, qui a des airs de Pyrénées. Dans un bar de village, il croit de nouveau pouvoir supporter les gens. Erreur. « Plus je fuis et plus j’ai besoin de fuir plus loin encore. Mon seuil de tolérance envers mes semblables et au plus bas. Il ne s’agit plus de quitter le quotidien morne d’un carcan social, c’est au-delà...» Le récit se poursuit, raconte la progression dans la montagne, la forêt, pour rejoindre une cabane de chasseur perdue dans les bois.

Plus de présence humaine, juste un chien recueilli en chemin et la faune sauvage. Une thérapie efficace : « La boule de fiel qui roulait au creux de ma panse quelques semaines auparavant, se résorba. Je vivais en bon sauvage oublié de mondes que rien ne semblait vouloir me rappeler ». La suite est un peu plus compliquée. Vivre est aisé, survivre moins évident.

La solitude est aussi une épreuve qu’il est parfois difficile de surmonter sans tomber dans la folie. Un roman initiatique fort et prenant d’une voix survivaliste singulière. 

➤ « La fuite » de Paul-Bernard Moracchini, Buchet Chastel, 14 €

dimanche 16 août 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Allô, le plombier ?

L'été, la presse cherche des sujets originaux. Les journalistes plongent parfois dans ce que l'on appelle dans notre jargon les « marronniers ».Vers le 15 août, les vacances sont incontournables. Hier matin, j'écoute France Info. Un reportage sur l'impossibilité de dégotter médecin, mécanicien ou plombier durant cette période me fait sourire. Je sors chercher le courrier, mon sourire s'efface immédiatement. Des flots d'eau jaillissent de la plaque dans le trottoir sous laquelle se trouve mon compteur. Coup de fil à la société qui envoie une équipe en urgence. Mais la personne me prévient que si la fuite se situe après le compteur, je devrai faire réaliser la réparation par un plombier. 
Un plombier ! Veille de 15 août ! Ce que me répète le technicien dépêché sur place. « C'est après le compteur, on n'intervient pas ! » Exactement un centimètre après le compteur. Mais « c'est le règlement ! » Passons sur tous les problèmes déjà rencontrés avec cette société et sur la fin de l'échange musclé avec ce « dépanneur » répétant tel un mantra « cétapréleconteur ». Me voilà donc en plein cauchemar de « marronnier », sans eau, à la recherche d'un plombier... Une quinzaine sont établis dans ma commune. 
Les cinq premiers ne répondent pas. Le sixième décroche mais avoue qu'il part demain en vacances au Portugal. Les accents de détresse dans la voix de mon épouse l'émeuvent et il accepte de venir dans l'heure. Cédric, un artisan aimable et compétent : fuite réparée. Maintenant, je vais faire un sort à la société de distribution d'eau

mercredi 18 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Mélanges malencontreux

Il y a des jours où l'on mélange tout. Une confusion tenace s'installe telle une crise aiguë d'Alzheimer précoce. C'est ce qui a dû arriver hier à la personne chargée d'écrire les « urgents » en bas de l'écran de BFMTV. En pleine affaire
de fuites des sujets du bac sur Twitter, une dépêche AFP annonce la sortie de Michaël Schumacher du coma consécutif à son accident de ski. Un coup de shaker plus tard, on peut lire cette incrustation qui bat toutes les précédentes fautes de français collectées sur un site internet : « Alerte info : Il n'y a pas eu de fuites des sujets de philosophie avant le début des épreuves, a affirmé Michael Schumacher. » On ne va pas jeter la pierre au pauvre malheureux, victime d'un court-circuit cérébral durant son opération de copier-coller. Cela peut arriver à tout le monde.
Par exemple, moi, hier matin. Je reçois deux courriers administratifs. Le premier du centre de dépistage du cancer du colon. Le second d'une société de convention d'obsèques. D'un côté ils ne veulent pas que je meure. De l'autre ils me disent clairement qu'il n'y a aucun espoir et qu'il vaut mieux que je prépare mes funérailles dès maintenant. 
La lecture attentive des modalités pratiques pour expédier, par la poste, un échantillon de mes « selles (caca) » (sic), me provoque un fou rire incoercible. Conséquence, moi aussi j'ai tout mélangé. Voilà pourquoi les croque-morts ont failli recevoir pour unique réponse à leur proposition de convention... des petites languettes recouvertes d'excréments.

vendredi 11 avril 2014

Cinéma - Cavale familiale sans fin dans "La Belle vie" de Jean Denizot


Le fait divers avait fait les gros titres il y a quelques années. Un père a vécu durant plus de dix ans dans la clandestinité avec ses deux fils après les avoir enlevés à leur mère. Retrouvés par les gendarmes dans une ferme isolée des Pyrénées, les deux garçons ont toujours défendu les choix radicaux d'un papa non conformiste. « La belle vie », film de Jean Denizot s'appuie en partie sur cette histoire vraie. La première partie de son premier long métrage se déroule dans les Pyrénées. Au fond d'une vallée, dans une masure quasi insalubre, ils vivent simplement entre moutons, cheval et ruches. Onze ans qu'ils sont en cavale, déménageant dans l'urgence presque tous les ans. « On vit comme des manouches ! » s'insurge Pierre (Jules Pelissier), l'aîné, 18 ans. Le cadet, Sylvain (Zacharie Chasseriaud), 16 ans, n'est pas encore prêt. Mais l'envie le démange de plus en plus. Le père, Yves (Nicolas Bouchaud), leur a toujours laissé le choix. Ils pouvaient retourner chez leur mère. Mais alors il se livrerait à la police. Et irait en prison. Ce chantage affectif fait souffrir tout le monde mais permet de garder un semblant d'équilibre.

En plein été, les flonflons de la fête du village résonnent au fond de la vallée pyrénéenne. Les deux adolescents, lassés de cette solitude, quittent pour une soirée leur cachette. Cela se passe mal. Pierre n'a aucun savoir-vivre. Encore moins de diplomatie. Bagarre générale au bal. Conséquence, les gendarmes débarquent. Yves et Sylvain ont juste le temps de prendre la fuite avec un balluchon, Pierre, à cheval, s'enfonce dans la montagne. Dans la réalité, cette descente des forces de l'ordre au petit matin a mis un terme à l'affaire Fortin. Dans son film, Jean Denizot imagine une autre fin.

L'amour, toujours
Réfugiés sur une île au milieu d'un fleuve, le père et le fils vont vivre une semaine hors du temps. Sylvain, orphelin de son frère bien-aimé, tombe amoureux de Gilda (Solène Rigot), adolescente paumée et un peu sauvage. L'heure est-elle venue pour Sylvain de voler de ses propres ailes ?
Cette première réalisation de Jean Denizot est d'une grande maîtrise. Il filme avec une belle sensualité les jeux virils des deux frères dans la montagne. Un côté sauvage que l'on retrouve dans la relation naissante entre Sylvain et Gilda. Solène Rigot (déjà vue dans Tonnerre et Lulu Femme nue) est toujours aussi nature. Zacharie Chasseriaud, dans le rôle de Sylvain apporte ce qu'il faut de révolte à cet ado qui découvre la complexité du monde quand il ne se réduit pas à trois personnes...