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mercredi 22 février 2023

Thriller - Terreur au nord du Québec avec "Une saison pour les ombres" de R. J. Ellory

Un thriller ayant pour cadre une ville minière à l'extrême-nord du Canada. Meurtres de jeunes femmes, légendes indiennes et familles décomposées sont au centre de cette histoire signée R. J. Ellory chez Sonatine qui s'étale sur des décennies. 

Bienvenue dans la ville la plus au nord du Québec : Jasperville. Ville est d’ailleurs un peu excessif pour ces bâtisses plantées dans ce désert blanc où rien ne peut survivre en hiver face à des températures extrêmes. Mais comme il y a quantité de minerai de fer, une mine et une fonderie permettent à quelques centaines d’âmes perdues de survivre dans cet environnement hostile.

Jack Devereaux a quitté Jasperville il y a 26 ans. A 19 ans. Et n’y a plus jamais remis les pieds. Trop de mauvais souvenirs, une famille en morceaux, la peur de finir fou comme son grand-père ou son père. Jack, le personnage principal de ce thriller de R. J. Ellory doit pourtant retourner à Jasperville. La peur au ventre. Son petit frère est emprisonné. Il aurait tenté d’assassiner un homme sans raison apparente.

Une saison pour les ombres se déroule dans sa première partie en deux histoires parallèles. Le retour de Jack vers la ville de son enfance, en parallèle au récit de son enfance justement, comment il a découvert le grand nord du Québec. Et ses légendes.

Quand des jeunes femmes sont assassinées, la légende prétend que c’est l’œuvre d’un wendigo, fantôme indien. Et de se souvenir de ces nuits de terreur derrière la fenêtre : « Il y avait des êtres, dehors, dans l’obscurité, qui retenaient leur souffle, qui attendaient leur heure. Leurs yeux étaient d’une lumière noire, aussi terne qu’éclatante, qui ne les trahissaient pas. Ils pouvaient rester tapis dans la nuit, sur leur séant, les narines tressaillant au même rythme que des cœurs d’enfants. » Des légendes colportées par le grand-père. Jack a préféré les fuir. Mais son petit frère, bloqué à Jasperville, y a cru de plus en plus.

Dans cet hiver sans fin, quand le soleil disparaît même la journée, « la nuit enveloppait tout, si bien qu’inexorablement, elle donnait l’impression de pénétrer l’âme des habitants. »

Le roman va vous glacer les sangs, vous comprendrez la panique de Jack face à ce retour en enfer. Il va tout faire pour sauver son petit frère, Mais avant tout il devra comprendre pourquoi il a fui, le laissant seul face à ses cauchemars ainsi que sa petite amie de l’époque, Carine, abandonnée dans cet environnement toxique. Un texte puissant sur l’oubli, la rédemption et la découverte de la vérité.

« Une saison pour les ombres » de R. J. Ellory, Sonatine, 25 €

vendredi 3 avril 2020

Cinéma - Glaciale fin d’un monde canadienne sur Netflix


Après presque trois semaines de confinement, on se sent de plus en plus prêt pour la fin du monde. Du moins c’est l’impression qu’on a après avoir réussi à faire des courses sans dire un mot (pas de postillon) ni toucher quoi que ce soit avec la peau (merci les gants). Mais dans les faits, quand la société s’écroulera, ce sera plus compliqué. Du moins c’est ce que tentent de nous expliquer les nombreux survivalistes qui considèrent cette période comme un simple petit entraînement. Ces survivalistes sont nombreux au Québec. 
« Jusqu’au déclin », premier film de Patrice Laliberté, financé et diffusé sur Netflix depuis une semaine, raconte comment ils se préparent, le plus sérieusement du monde, à affronter des hordes de sauvages affamés déferlant sur leur territoire. Alain (Réal Bossé) en a même fait son job. Il s’est retiré dans le nord du Québec et organise des stages de survie extrême dans son domaine totalement autonome. Tourné en plein hiver, alors que les températures devaient avoisiner les - 10°, ce thriller d’une grande violence a le mérite de nous faire découvrir la philosophie des survivalistes. 
Ils sont généralement jeunes, ont de bons postes dans la société qu’ils voient s’écrouler à plus ou moins long terme. Alain met beaucoup de sérieux dans les stages. Mais pour quelques participants ce n’est qu’un jeu, une façon de se faire peur en sachant que dans trois jours, ils retourneront dans leur open-space puis leur télé connectée à écran géant. 
Mais dès le second jour du stage, un événement fait que le jeu tourne au drame et que tous les trucs de survie (piéger les animaux, savoir tirer au juger, se recoudre ou se cacher sous un mètre de neige) deviendront essentiels pour tenter de se sortir du pétrin. 
Un film de genre dans l’immensité canadienne, là où le rouge se détache sur les blanches étendues. On frissonne, de froid et de terreur. 

mercredi 22 août 2018

Rentrée littéraire - Lac, bêtes, forêts : la sérénité


Grosse bouffée d’air pur et de nature sauvage dans ce court roman de la Canadienne Lise Tremblay.

Benoit, ancien dentiste, a pris sa retraite loin de Montréal l’urbaine. Il a acquis et retapé un chalet isolé dans le parc national du Saguenay, au bord du lac. Là loin de la civilisation, il vivote au calme avec son vieux chien Dan. L’automne arrive avec la saison de la chasse. Les esprits s’échauffent, les meilleures gâ- chettes espèrent tuer un caribou. Mais aussi des loups qui semblent s’approcher de plus en plus près des habitations de la petite ville. Benoit n’a que deux voisins. Rémi, sauvage et asocial. Il aime les bêtes. Sans doute car il leur ressemble. Mina, tout aussi sauvage. Mais si Rémi est dans la force de l’âge, Mina est en train de s’éteindre. Seule dans sa maison, elle refuse tout soin.

Benoit, lui, se penche sur son passé. Quand il ne vivait que pour le profit et les week-ends dans le grand nord qu’il rejoignait en pilotant son hydravion. Il a changé du tout au tout. Avec l’arrivée de Dan, son chien, offert par un vieil Indien. Et quand il reçoit un visiteur, le calme et l’ennui s’invitent dans la conversation : « Je pense souvent que ce qui va me faire le plus de peine lorsque je vais mourir, c’est de ne plus voir la nature » explique Benoit qui continue, sur l’ennui: « Je mets de la musique et je regarde le lac. C’est un ennui doux, ça ne rend pas anxieux. » Une langue imagée, poétique, une quiétude éternelle : ce roman donne envie de vivre calmement, loin de la fureur de la rentrée.

➤ « L’habitude des bêtes », Lise Tremblay, Delcourt, 15 €

lundi 18 janvier 2016

BD : L'épervier au Canada


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Les nombreux fans de la série « L'Epervier » de Patrice Pellerin doivent être avant tout patient. Le dessinateur réaliste est un perfectionniste. S'il semble parfaitement savoir où les aventures de ce corsaire du roi vont le conduire, il y a va lentement. Un album tous les trois ans. Le record d'attente n'est pas battu, mais il joue sérieusement avec les nerfs des lecteurs pris dans ce feuilleton palpitant. La récompense dans ce genre d'album, consiste à le relire une seconde fois lentement, pour apprécier tous les détails des cases maritimes où se déroulant à Versailles. Voire à s'extasier devant la perfection anatomique des différents protagonistes. Et là, on en a véritablement pour son argent... Yann de Kermeur, repart en mer. Sur la Méduse, il met le cap sur le Canada. Il doit y convoyer quelques personnalités pour le roi. Dont la ravissante princesse indienne Mari. Mais la traversée n'est pas de tout repos. Entre la chasse des navires anglais, les bagarres à bord et les mauvaises rencontres, le mois de traversée est très agité. Et l'arrivée au Canada encore plus. L'album raconte deux autres histoires en parallèle. Les intrigues à la cour (la partie la plus compliquée) et l'emprisonnement de la belle Agnès de Kermellec par son fourbe de mari. Agnès toujours présent dans l'esprit de Yann. Mais si loin...
« L'épervier » (tome 9), Soleil Quadrants, 14,50 euros


dimanche 18 octobre 2015

BD : L'autre Amérique du "Capitaine Perdu" de Jacques Terpant


Durant de longues années, l'Amérique du Nord a parlé français. Du moins les colons étaient d'origine française. Du Canada, les coureurs des bois ont conquis tout le centre du continent en descendant le Mississippi. Mais les Anglais ont remporté la guerre de sept ans et en 1763 le roi de France cède ses colonies aux tuniques rouges. Jacques Terpant dans « Capitaine perdu », raconte comment les derniers soldats à la fleur de lys ont été abandonnés aux nouveaux maîtres de la contrée. Mais l'auteur met surtout en lumière la différence de traitement des autochtones par les deux pays colonisateurs. Là où les Français prônent l'intégration, multipliant les mariages mixtes et la bonne entente avec les tribus indiennes, les Anglais mènent une politique de terre brûlée, tuant et exterminant. Conséquence, quand les soldats français se retirent, plusieurs tribus indiennes récupèrent le drapeau français et poursuivent la guerre contre les envahisseurs. Si la BD (aux couleurs directes sublimes) raconte avec lyrisme cette résistance et fidélité sans faille, un cahier historique en fin d'album permet de mieux comprendre le contexte de l'époque.
« Capitaine Perdu » (tome 1), Glénat, 14,50 €

mardi 14 juillet 2015

BD - "Ab Irato", l'immortalité à portée de vaccin


Chaque année, notre espérance de vie moyenne s'allonge. Devenir centenaire n'est plus exceptionnel. La difficulté c'est de conserver une bonne santé. Dans cette série de science-fiction écrite et dessinée par Thierry Labrosse, une entreprise pharmaceutique a commercialisé un vaccin de rajeunissement. Cher, rare, il n'est pas à la portée de tout le monde. Une infime minorité peut envisager cette quasi immortalité en échange d'une fortune. 
L'action se déroule en 2111 à Montréal (Labrosse est Québécois) et montre un pays en pleine révolte. La pollution, le réchauffement climatique, transforment la cité en grand marécage. Les pauvres meurent, les riches prospèrent. Riel, le jeune héros, tente de trouver un avenir meilleur mais se retrouve vite au centre d'un complot mené par des rebelles. Action, fantastique, romance : ce troisième et dernier tome d'une série ambitieuse, malgré ses 56 pages, semble trop court. Mais au final cette première BD de Labrosse en solo est une belle réussite.

« Ab Irato » (tome 3), Vents d'Ouest, 14,50 €

mercredi 4 février 2015

BD - Les gaffes du papa Guy Delisle

Connu pour ses chroniques lointaines (Palestine, Corée du Sud, Birmanie), Guy Delisle se révèle un parfait gagman dans ses nouvelles BD. L'auteur canadien vivant en France, raconte le quotidien d'un « mauvais père ». En l'occurrence lui... Des scènes du quotidien qui montre toute la difficulté de se glisser dans la peau d'un adulte responsable quand on n'a qu'une envie : faire les pires bêtises avec ses bambins, voire les dépasser. Comme il a la chance de travailler à domicile, Guy Delisle est très présent et se charge de l'essentiel des tâches ménagères et du suivi des devoirs. 
C'est lui aussi qui va chercher les petits à l'école. Un parfait père au foyer, moderne et cool. Un peu trop parfois. On rit quand il tente de faire exploser un briquet dans les dernières braises d'un barbecue, on se reconnaît quand il constate qu'il est incapable de faire fonctionner le dernier jouet électronique offert à son grand alors que ce dernier le manie avec dextérité, instinctivement. 
Mais le meilleur récit reste celui où il explique comment il va réussir à dégoûter son fils des jeux vidéos. Une idée géniale, pas forcément couronnée de succès dans toute les familles, mais qui vaut quand même le coup d'être essayée...
« Le guide du mauvais père », Delcourt, 9,95 euros.

dimanche 10 novembre 2013

BD - Nombrils en vacances et en danger


Rebondissement dans le petit univers des Nombrils créé par Delaf et Dubuc. Karine, la grande idiote coincée s'efface au profit de Vicky, idiote, vantarde, vache et jalouse. Une bimbo embarquée dans des péripéties comiques, mais aussi plus dramatiques. Pour Vicky, l'été s'annonce plutôt bien : vacances, soleil et plage. Mais surtout, surtout, elle a un nouveau voisin hyper-canon. 
Et pour une fois, elle sent qu'elle a sa chance. Elle en oublierait presque que Jenny lui fait toujours autant d'ombre quand il s'agit de draguer des surfeurs musclés ou que Karine est bien trop occupée à répéter avec le groupe de musique d'Albin pour passer du temps avec elle... Et puis, catastrophe : dénoncée pour tricherie par un camarade de classe, Vicky se voit obligée par son père d'intégrer un camp d'anglais. 
Elle laisse ainsi le champ libre à Rebecca, sa grande sœur, qui s'intéresse également de très près au beau James. Pour sa première grande histoire d'amour, Vicky pouvait rêver mieux. Sans compter qu'un tueur en série rôde toujours dans la chaleur de la nuit...

« Les Nombrils » (tome 6), Dupuis, 10,60 €



lundi 26 novembre 2012

BD - Emplettes canadiennes avec le tome 8 du "Magasin général"

Double révolution dans le petit village québécois de Notre-Dame-des-Lacs : Marie est enceinte et le curé se pose des questions existentielles. Le 8e tome du « Magasin général » de Loisel et Tripp, tel un feuilleton captivant, dissèque les vies de ces villageois retirés entre forêts et montagnes enneigées. Marie ne sait pas qui est le père de son enfant, mais est quand même follement heureuse. 
La défection du curé perturbe les fidèles, notamment trois bigotes prêtes à en référer à l'évêque. L'album est entrecoupé de planches muettes, six cases pour montrer le temps qui passe, les occupations du quotidien plus fortes que les bouleversements. Une quiétude revigorante dans notre monde stressant.
« Magasin général » (tome 8), Casterman, 14,95 €