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mercredi 10 janvier 2024

BD - L'exemplaire histoire de la nourrice de banlieue



Il est très compliqué de survivre en banlieue. Dans ces tours inhumaines, chaque jour est un combat contre la société. Dans ce roman graphique noir et implacable, Marl Eacersall et Henri Scala au scénario et Raphaël Pavard au dessin,  racontent la vie de Fatoumata. Cette femme de ménage élève seule ses trois filles. Des horaires de travail décalés, un boulot épuisant et malgré tout l'impossibilité de payer le loyer à la fin du mois. Quand un petit dealer vient sonner à sa porte, elle craque. Elle accepte de faire la nourrice. Elle gardera dans son petit appartement une malle contenant... Elle ne sait pas quoi, mais cela lui permettra de gagner gros. Suffisamment pour payer le loyer, des pizzas à ses enfants, des vêtements à la mode et même un petit voyage. 

Problème, la police veille. Espionne le réseau et un petit matin encercle la cité. Par chance Fatoumata les voit venir et cache la malle chez une amie voisine. Les dealers sont arrêtés, la nourrice aussi mais comme rien n'est découvert chez elle, elle ressort libre. 



Le début de l'album raconte un fait divers comme il y en a tant actuellement. La suite se corse. Fatoumata ouvre la malle et tente de doubler le chef du réseau. Mais quand il retrouve la liberté (sur un vice de forme...), elle panique. Comment s'en sortir ?

On est plongé au cœur des trafics dans les cités, on a peur avec cette femme prise entre de multiples contradictions. Elle désire être honnête, mais ne s'(en sort pas. Elle craint les dealers, mais subit aussi la pression des policiers qui veulent qu'elle servent d'informateurs. Surtout elle est seule. Une BD très instructive, qui donne aussi un peu d'espoir dans ce monde sans foi ni loi. 

"A mourir dans les bras de ma nourrice", Glénat, 104 pages, 22,50 €

dimanche 28 mai 2023

BD - Les marins du Fargo, délinquants par hasard


La vie de marin-pêcheur n’est pas une sinécure. On connaît les grandes difficultés financières de ces artisans qui prennent tant de risques au quotidien pour peu de reconnaissance. Les quatre associés, Théo, Laurent, Paul et Jordan qui écument l’Atlantique à bord de leur petit chalutier le Fargo ne font pas exception. Sur le chemin du port, ils croisent d’étranges ballots flottant à la surface. En repêchent un et constatent que c’est de la cocaïne pure. Une pêche miraculeuse se profile pour le quatuor. Ils débarquent avec quelques poissons mais surtout 40 kg de drogue, soit une fortune potentielle dépassant largement tout ce qu’ils pouvaient espérer gagner durant toute leur vie de labeur.

Une marée blanche inespérée 

Ce roman graphique, tendance polar et étude sociologique de Gaël Séjourné, débute comme une belle histoire entre copains qui se mettent à rêver à un avenir plus radieux. Mais encore faut-il écouler la marchandise. Trouver des acheteurs pour leurs poissons ils savent faire, pour de la cocaïne c’est plus problématique sur cette petite île, même si de nombreux touristes venus de la capitale pourraient être intéressés pour acheter leurs doses à moindre coût.

Mais nos pêcheurs ne sont nés de la dernière pluie et savent parfaitement que la priorité c’est la discrétion : ils décident de temporiser et d’attendre quelques mois avant de tenter de monnayer leur potentielle fortune.
Une promesse que le plus jeune de la bande oublie rapidement. Il ponctionne son butin pour lui et ses amis et décide de vendre des petites quantités à des fêtards de passage. Mal conseillé, il tente d’en vendre un gros lot à des truands. C’est le début des emmerdes pour les marins tombés par hasard sur la « Marée blanche » qui finalement ne leur portera pas tant que cela de chance.
Le polar, parfaitement mené par Gaël Séjourné qui fait là ses premiers pas en tant qu’auteur complet, se double d’une étude psychologique des différents protagonistes. Chaque marin est différent, entre le père trop prévenant, le solitaire fan de foot et le vieux rocker heureux de devenir bientôt grand-père, par ailleurs amant de la femme de son voisin gendarme. Dans la bande des jeunes, c’est le grand écart, entre les petits glandeurs qui se la coulent douce et celles qui voient plus loin. La palme revient aux deux truands, des ferrailleurs, jumeaux, gorilles effrayants, l’un futé, l’autre totalement idiot qui multiplie les erreurs de langage, transformant un "avocat du diable" en "vodka du diable"...

« Marée blanche », Delcourt, 15,95 €

dimanche 5 mars 2023

BD - Deux romans graphiques pour entrer dans l'intimité des pires tueurs

 On est fasciné par les monstres. La preuve avec ces deux romans graphiques racontant la vie d’un tueur en série américain et de la bande de tueurs à gages employée par Pablo Escobar pour protéger son fils.

Nouveau titre dans la collection « Stéphane Bourgoin présente les sérials killers ». Jean-David Morvan est au scénario pour raconter la vie de Dennis Rader, plus connu sous son nom d’affreux : BTK comme Blind Torture Kill (aveugler, torturer tuer). Ils s’y sont mis à trois pour dessiner ce récit glaçant : Sergio Montes, Facundo Teyo et Francisco Del E.

BTK a tué presque exclusivement dans l’État du Kansas dans les environs de la ville de Wishita entre 1974 et 1991. Arrêté en 2005, il a été condamné à la réclusion à perpétuité et est toujours derrière les barreaux. Dennis semble un enfant dérangé psychiquement. Il aime attacher ses victimes. Il commence sa « carrière » à 30 ans en massacrant presque toute une famille (le père, la mère et deux enfants). Il récidive une quinzaine de fois et s’attaque de préférence aux jeunes femmes.


C’est quand la police soupçonne un inconnu qu’il envoie ses premières lettres de revendication signées BTK. Il semble aussi vénérer les serial-killers, cherchant sans cesse à les dépasser dans l’ingéniosité et la barbarie. Le récit alterne reconstitutions des meurtres, tâtonnements des enquêteurs et surtout entretien de BTK avec un certain Jallieu, universitaire français, double de papier de Stéphane Bourgoin. Une BD à ne pas mettre entre toutes les mains tant le discours de Dennis Rader est dérangeant.

Et pour compléter la BD, en fin de volume, un long dossier présente le profil psychologique de BTK suivi de la retranscription de ses aveux concernant ses premiers meurtres.

Autres tueurs au centre d’une BD, mais cette fois ce sont des professionnels de la profession. L’histoire est en réalité directement tirée des souvenirs de Juan Pablo Escobar, fils de Pablo Escobar, célèbre narcotrafiquant colombien. Un scénario écrit en collaboration avec l’Argentin Pablo Martin Farina et dessiné par l’espagnol Alberto Madrigal. 120 pages qui font le portrait des « nounous » du petit Escobar.

Des hommes et une femme qui tuent comme on respire, toujours prêts à se sacrifier pour protéger le descendant du grand patron.

Tout commence par une double bavure. Chargés de faire évader un indicateur précieux d’Escobar, ils ratent leur coup et ne ramènent qu’un cadavre. Au moment des explications le ton monte et un des tueurs de la bande reçoit une balle dans la tête. Qui a tiré ? Juan Pablo se souvient et fait le CV des différents suspects, des amis malgré leur propension à éliminer toute personne ce qui semble un tant soit peu menaçant. On découvre donc les parcours de Samuel Latuca, « malhonnête et arrogant, addict aux drogues dures, impitoyable et insidieux », Ricardo Amargo « bandit dur et froid qui tire sans hésiter et avec une précision à toute épreuve », Luis Mandarina « type moche, très moche. Lèche-cul du patron et prêt à mourir pour lui » ou La Negra « devenue tueuse à gages de par sa grande habileté avec les armes. Impitoyable, adepte de la torture. »

Une sacrée galerie mais au final on ne peut que les trouver sympathiques. Sans doute à cause du regard de ce gamin de huit ans qui leur doit d’être encore en vie de nos jours.

« BTK, Dennis Blind Torture Kill Rader », Glénat, 17,50 €
« Escobar, une éducation criminelle », Soleil, 18,95 € (parution le 5 avril)

mercredi 20 mai 2020

DVD - Dans les eaux troubles des affaires des « Gentlemen »



Cela faisait plus de dix ans que Guy Ritchie avait le scénario de « The Gentlemen » dans un coin de sa tête. Une histoire tellement complexe et étoffée qu’il envisageait dans un premier temps d’en faire une série télé. Finalement il a condensé l’action, conservé les moments forts et les rebondissements pour en faire un film de deux heures qui se déguste comme un bon whisky irlandais, à petite gorgée et minuscule lampée.

Casting de rêve

Après quelques échecs commerciaux en France, Guy Ritchie casse la baraque avec Sherlock Holmes et surtout Aladdin. Résultat il peut enfin se consacrer à ce projet personnel qui lui tient à cœur et surtout réunir un casting d’exception. Dans le rôle du héros, ou du moins du personnage principal Michael Pearson, Matthew McConaughey. Charlie Hunnam sera Ray son bras droit et Hugh Grant Fletcher, journaliste et narrateur officiel. 

Rajoutez Michelle Dockery dans le rôle de l’épouse de Pearson et Colin Farrell en coach hilarant de boxe et vous avez de la dynamite pour un film d’action très cérébral. Car si ça bouge beaucoup chez ces « Gentlemen », ça réfléchit aussi en permanence. Histoire d’avoir un coup d’avance face à des concurrents peu scrupuleux. 

Michael Pearson est le roi du cannabis en Angleterre. Il a plusieurs « fermes » dissimulées en Angleterre dans des lieux totalement insoupçonnables. Une véritable industrie qu’il décide de revendre. Deux acheteurs sont intéressés. Un financier américain et un jeune ambitieux de la mafia chinoise. 

Mais le véritable danger vient de Fletcher. Ce journaliste freelance bosse pour les pires tabloïds britanniques. Il a reçu carte blanche d’un rédacteur en chef rancunier pour faire tomber Pearson.   Il a un dossier complet, mais avant de le publier, il le propose à Ray, le bras droit de Pearson, pour quelques millions de livres, soit 50 fois plus que le prix de sa pige. 

On adore cet enchaînement de coups fourrés, de manœuvres vicieuses et de coups de billard à trois, voire quatre bandes. L’histoire est tordue à souhait, avec quelques scènes d’anthologie comme la descente de Ray dans une HLM pour récupérer la fille d’un aristocrate tombée dans la drogue ou le braquage de la femme de Pearson dans son garage.  Sans oublier toutes les apparitions de Colin Farrell, totalement irrésistible dans son interprétation d’un coach de boxe se dévouant pour permettre à quelques petites frappes de banlieue de s’en sortir dans la vie sans trop passer par la case prison. Le film est disponible à l’achat numérique à partir de ce mercredi, puis sur toutes les plateformes de VOD le 28 et enfin en DVD et bluray le 6 juin chez M6 Vidéo. 

dimanche 23 septembre 2018

BD - Comment ne pas aimer la Barcelone de "L'art de mourir par Raule et Berthet


Raule est de Barcelone. Raule aime Barcelone. Le scénariste de Jazz Maynard, dans la préface de cet album dessiné par Philippe Berthet explique qu’il aime Barcelone, « ma ville invisible, mystérieuse, belle et brutale ». La ville de Gaudi sert de décor à cette histoire sombre comme la collection qui l’héberge, « Ligne noire ».

Un policier français, Philippe Martin, se rend d’urgence dans la capitale catalane. Une jeune fille, étudiante en histoire de l’art, est retrouvée morte dans sa baignoire. Un suicide selon toute probabilité. Dans une lettre d’adieu, elle parle de son père, ce policier français qu’elle n’a jamais connu. De lui, elle a cette passion pour les chansons de Jacques Brel. Lui ne savait pas qu’il avait une fille. La femme avec qui il vivait, l’a quitté il y a 25 ans. Enceinte visiblement. Il se découvre une fille. Et doit en faire le deuil immédiatement.


Le récit devient de plus en plus mystérieux, étonnant et va glisser vers le polar pur et dur. Avec coups de théâtre et scènes d’action dans des lieux emblématiques de cette ville « belle et brutale », du téléphérique du port au labyrinthe d’Horta.

➤ « L’art de mourir », Dupuis, 14,99 €

lundi 17 septembre 2018

Premier roman - Gendarmette stone


Difficile de faire plus trash. Le premier roman de Mathilde-Marie de Malfilâtre ne fait pas dans la dentelle. Même si l’héroïne de «Babylone Express », Luna, en porte parfois de la dentelle. Mais bien cachée sous son uniforme de gendarme. Et de toute manière, la dentelle elle ne la garde pas longtemps quand elle se défonce dans des soirées libertines avec Marco, son mec, dealer. Luna, la narratrice, parle comme elle existe : en pointillé et par onomatopées. Pas du français châtié, mais très imagé quand même.

Pour se payer de la meilleure dope, la belle et son junky décident de monter un gros trafic de cannabis en provenance du Maroc. Une fois passé le choc de l’écriture, le roman se lit comme une longue litanie d’un esprit perdu entre rigueur militaire et folie des excès de toutes sortes. Une schizophrénie qui ne peut laisser personne intact, la narratrice comme le lecteur.

 ➤ « Babylone Express » de Mathilde-Marie de Malfilâtre, Le Dilettante, 18 €.

mardi 4 septembre 2018

Rentrée littéraire - La grande désillusion de Philippe Ségur, alias "Le Chien Rouge"


Le narrateur a pour nom Peter Seurg. Il est prof de droit à l’université. Seurg, Ségur. La passerelle est évidente. Le romancier catalan a-t-il cédé aux sirènes de l’autofiction ? Dans un sens, oui, mais il va beaucoup plus loin. Il se met en scène, corps physique fatigué, mais surtout esprit bouillonnant, avide de découvertes nouvelles loin d’un monde du réel qui le désespère de plus en plus.

Dans la première partie, le prof, vivant retiré dans une masure dans la montagne catalane, constate avec amertume : «Nous étions quelques-uns encore auxquels on avait appris l’orthographe, le goût des livres, de la pensée, de la culture construite, du latin, du grec, et maintenant non seulement on nous expliquait que cela ne servait plus à rien, mais que nous étions devenus des fantômes qui se cherchaient entre eux dans les décombres invisibles aux nouveaux venus qui, à présent, menaient la ronde et joyeusement y dansaient. » Première partie clairement pessimiste. De quoi filer le bourdon à toute personne se targuant d’être un tant soi peu instruit, voire intello.

Dualité  
Alors que Seurg rejette de plus en plus sa vie mesurée de bourgeois universitaire, lors d’une expérience dans une fête de Burners près de Barcelone, une inconnue lui remet un texte intitulé « L’appel du Chien Rouge ».

Il se reconnaît comme s’il l’avait écrit. « Sur le tard, il avait réussi à publier des romans. Le Chien Rouge avait poussé son premier hurlement de liberté. Puis la bataille avait repris avec rage. L’homme contre l’animal, l’universitaire contre l’artiste, le bourgeois contre l’insurgé. » Qui va gagner ? A vous de faire votre idée avec une dernière partie où l’auteur, particulièrement en verve, pousse l’imaginaire loin, très loin.

Comme dans cette scène. Il se retrouve dans un amphithéâtre bondé d’étudiants en révolte. Seurg va en chaire et annonce à tous qu’il va leur faire passer l’oral. Avec un argument convaincant : un « SigSauer P226, calibre neuf millimètres » en main. Protestation d’un « colosse barbu». «Le savoir est sur internet maintenant. Le cours magistral, l’autorité du prof, c’est fini! » Et que fit Seurg d’après vous ? « Je l’abattis d’une balle dans la tête ». S’il y a des étudiants d’un certain Philippe Ségur qui lisent ces lignes, à l’avenir, méfiez-vous. 

« Le chien rouge » de Philippe Ségur, Buchet-Chastel, 17 €

mercredi 21 mars 2018

Cinéma : La prière plus forte que la drogue

LE FILM DE LA SEMAINE. Cédric Kahn raconte le parcours d’un toxicomane sauvé par la religion



Anthony Bajon, jeune acteur débutant, porte le personnage de Thomas, toxicomane en plein dé- crochage aux drogues dures. Une performance hors normes, physique et intérieure, récompensée justement par le prix d’interpré- tation masculine à la dernière Berlinade. Thomas est quasiment de tous les plans de ce film de Cédric Kahn. On ne sait pas d’où il vient, quel est son parcours. On se doute que cela n’a pas dû être rose tous les jours à voir la balafre qui orne sa pommette gauche. Dans une voiture, il regarde le paysage magnifique de la montagne à l’automne. Petites routes puis chemins de pierre et arrivée enfin à la communauté. Une ferme qui abrite en son sein une vingtaines d’anciens toxicomanes ou alcooliques, comme Thomas. Que des hommes. Ils cultivent un jardin, aident les paysans du coin et surtout prient. Ils prient Dieu ensemble, comme pour éloigner toute tentation ou pensée négative.

Le principe des premiers jours est simple. Jamais Thomas ne sera laissé seul. Son « ange gardien » Pierre (Damien Chapelle) l’accompagne partout. Plus qu’une surveillance, c’est une aide permanente qu’il lui offre. Une écoute aussi. Et surtout pas de jugement, principe de base de la communauté. Comme le rappelle, le chef Marco (Alex Brendemühl), ils sont tous passés par là avant lui. Ils ont connu la descente aux enfers, puis les crises de manque. Tous n’ont pas réussi à s’en sortir. Ils ont quitté la communauté. Mais tant que Thomas sera là, il devra se soumettre à ces règles.

 Fuite et retour
L’état d’hébétude du fougueux jeune homme ne lui permet pas de juger au début. Mais rapidement il reprend ses esprits. Son libre arbitre aussi. Car dans une scène violente et destructrice, il rejette ces hommes résignés, devenus membres d’une secte. Rage violente et fuite. En pleine nuit, il quitte la ferme, marche de longues heures dans le froid pour atteindre enfin un village. Mais sans argent ni point de chute, il va se réfugier dans la ferme où il a travaillé récemment. Il y a rencontré Louise, une jeune étudiante. Elle l’accueille, le raisonne et il retourne à la communauté. Pour se donner une seconde chance. De s’en sortir. De revoir Louise aussi.

En plaçant l’amour au même niveau que la prière, Cédric Kahn permet à son film de briser cet enfermement réducteur. Il n’y a pas que la religion pour sortir de l’enfer de la drogue. Thomas décroche, se sent même comme investi d’une mission pour servir Dieu. Une conversion superbement interprétée par Anthony Bajon. Performance d’autant plus réussie que l’on sent, en permanence, que tout reste fragile, comme joué. Le film aurait pu être primaire, c’est finalement une réflexion pleine de bienveillance et de doute.

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Paroles du réalisateur : "C’est l’histoire d’un type qui dit « Sauvez-moi ! »



Cédric Kahn s’explique sur le scénario, le tournage et le casting de « La Prière ». « A la base on avait un scénario classique. On racontait l’avant, d’où venait le gars. Finalement ça ne fonctionnait pas du tout. L’histoire n’a marché qu’à partir du moment où on a mis la thérapie et la prière au centre du récit. Le film commence au moment où il arrive et s’achève quand il part. Comme dans un western quand le type frappe à la porte du ranch et dit ‘Sauvez-moi !’. Bizarrement, tous les détails qu’on racontait sur le personnage principal affaiblissaient l’histoire ».
 « On n’a pas fait de casting spécifique pour le personnage d’Anthony. On a cherché le groupe en se disant que le protagoniste arriverait parmi eux. On leur faisait faire deux tests : une prière et un témoignage. En fait ceux qui priaient bien, ce n’était pas les croyants mais les bons acteurs. Pour le rôle principal, je cherchais un garçon avec beaucoup de présence, d’intensité, de violence, mais aussi une forme de candeur, un lien fort à l’enfance. »
« Je voulais de la montagne, du paysage, un sentiment d’isolement, mais aussi d’espace, d’éternité. On a cherché dans les Pyrénées, dans les Alpes. Et on est arrivé dans le Trièves, en Isère, un plateau large entouré de montagnes à 360°. Un lieu magique, préservé, mélange de beauté et de rudesse. L’endroit idéal pour raconter cette histoire. Ce paysage est devenu un personnage du film à part entière. »

 ➤ « La prière », comédie dramatique de Cédric Kahn (France, 1 h 47) avec Anthony Bajon, Damien Chapelle, etc.

mercredi 14 juin 2017

DVD et blu-ray : L’Amérique du porte à porte



Comme dans tout film américain indépendant qui se respecte ces trois dernières années, il y a une référence à Donald Trump dans « American Honey », plongée grâce à la caméra mobile et virevoltante d'Andrea Arnold dans une jeunesse qui tente de survivre avec de petits boulots. Présenté à Cannes l’an dernier, il sort en vidéo alors que le milliardaire est entre temps arrivé au pouvoir.
Star (Sasha Lane) croise Jake (Shia LaBeouf) sur le parking d’un supermarché et trouve que ses habits ressemblent à ceux de maître du monde aux cheveux peroxydés. Par contre, le reste est très éloigné : longue tresse, percings aux sourcils,tatouages apparents.Pourtant Jake n’a qu’un but dans la vie, comme Trump, « faire de l’argent ». Il est vendeur de magazines, fait du porte à porte avec sa bande de démarcheurs tous plus barjots les uns que les autres, coachés par Crystal (Riley Keough), la patronne qui empoche 80% des ventes en échange du gîte, du couvert et du transport.



Ce road trip à travers les USA, des quartiers les plus huppés aux zones infâmes,repaires de fumeurs de crack, ne fait pas dans l’esthétique. Par contre, si vous êtes en manque d’une bouffée de réalisme social sans compromis, vous apprécierez ce long film (2 h 30) mais sans la moindre longueur tant on est immergé dans le quotidien de cette troupe hétéroclite. On apprécie l’attirance de Star pour Jake, les fractures de certaines vendeuses comme Pagan (Arielle Holmes) obsédée par Dark Vador ou QT, ancienne d’un gang du Panama.
Et puis il y a les rencontres. Émouvante avec un camionneur rêvant de bateau, décalée avec les trois cowboys qui ne savent plus quoi faire de leur fric ou si triste avec ces trois enfants laissés à l’abandon par une mère défoncée à la meth. Une Amérique sans masque ni maquillage,personnifiée par une majorité d’acteurs amateurs qui ont certainement connu les mêmes galères avant de se retrouver devant la caméra d’Andrea Arnold.
➤ « Américan Honey », Diaphana, 19,99 €

dimanche 26 mars 2017

Polar : Écoutes fructueuses pour "La Daronne"


Ce polar de Hannelore Cayre commence comme un roman français contemporain. La vie du personnage principal, détaillée sur la première moitié du livre, est originale mais loin, très loin de la pègre. Petite fille sauvage, ses parents ont fait fortune dans le transport international. Mariée à un entrepreneur, elle a connu le vertige de l’extrême richesse quelques années. Mais un AVC a tout fait chavirer.
Depuis, elle vit seule dans un petit appartement parisien et survit en servant d’interprète pour les stups. D’origine juive, elle parle parfaitement l’arabe. Souvent mieux que les petits dealers qu’elle écoute à longueur de journée. Fière de son titre de veuve, à presque 50 ans elle tourne un peu en rond.
Alors, dans la seconde partie du roman, elle plonge dans l’inconnu quand un go fast tourne mal. Elle garde les informations pour elle et récupére des centaines de kilos de résine. Seule, elle devient la Daronne et va changer sa vie. Celles de beaucoup de truands et de flics aussi car quand de si grosses quantités disparaissent, les lésés sont très nombreux.
➤ « La Daronne » de Hannelore Cayre, Métailié Noir, 17 €

jeudi 1 décembre 2016

ma" rosa,mendoza,cannes,philippines,manille,drogue
Une mère de famille a quelques heures pour rassembler une grosse somme qui lui permettra de sortir de prison. La corruption aux Philippines, sans le moindre filtre.
   
   
    Ma' Rosa
   



Film engagé, violent et sans concession, « Ma’ Rosa » de Brillante Mendoza dresse le portrait des Philippines actuelles. On comprend mieux dès lors pourquoi un populiste comme Duterte a été élu à la surprise générale uniquement en promettant d’éradiquer corruption et trafic de drogue. La vie est dure pour Ma’ Rosa (Jaclyn Jose, prix d’interprétation féminine à Cannes), épicière dans un quartier populaire. Son labeur permet de faire vivre toute sa petite famille, son mari et ses quatre enfants. Mais vendre des soupes en sachet, des bonbons et quelques cigarettes ne suffit pas. Bien malgré elle, elle est devenue revendeuse de drogue. De petites quantités de cristal fournies par un plus gros trafiquant.
Tout bascule quand, sur dénonciation, la police débarque dans son échoppe et l’arrête avec son mari. Les policiers, en civil, saisissent la drogue, l’argent liquide et menacent le couple s’il ne donne pas son fournisseur. La mère, qui a laissé les enfants seuls à la maison s’inquiète et accepte le marché.
■ La solidarité à la rescousse
Mais les policiers, qui semblent agir en dehors de tout contrôle de leur hiérarchie, veulent plus. Un gros pot-de-vin et tout rentrera dans l’ordre. Ce bref résumé du début du film semble un portrait à charge d’un pays en totale déliquescence. Les pauvres, de plus en plus pauvres, oublient en se défonçant. Les commerçants ne s’en sortent qu’en participant au trafic. Quant à la police, elle s’engraisse odieusement sur cet état de fait, préférant rançonner les dealers que de les emprisonner et les juger. Pas sûr que l’office du tourisme des Philippines apprécie.
Heureusement il y a beaucoup plus dans ce film à ne pas prendre au premier degré. Car derrière cette noirceur, il existe des solidarités réelles. Les enfants vont tout faire pour récolter la somme demandée. Solliciter les parents éloignés, payer de leur personne, vendre leurs biens les plus précieux. Cette course contre la montre donne un rythme et une force indéniables au film. Il paraît que les Philippines changent. Espérons que ce formidable esprit d’entraide et de solidarité n’en pâtisse pas trop. 

dimanche 4 septembre 2016

Cinéma : "Divines" ou le désespoir des cités au féminin

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Comment s'en sortir quand on est une fille vivant dans une cité ? "Divines" de Houda Benyamina montre la quasi impossibilité de réussir sa vie dans ces quartiers dits "défavorisés".

Si proches de nous. Si loin aussi. Les cités ou quartiers défavorisés sont à quelques pas de nos villes resplendissantes arborant mobilier urbain moderne et bacs de fleurs parfaitement entretenus. Zones de non-droit pour certains, ce sont surtout des impasses, des culs-de-sac, pour leurs habitants. Comme une prison à l'air libre, la case réinsertion en moins... Le cinéma nous permet de plonger dans ces endroits ignorés, abandonnés. Souvent caricaturaux, les films noircissent le trait. Ou tentent d'embellir cette laideur absolue. "Divines" de Houda Benyamina, auréolé de la Caméra d'or au dernier festival de Cannes, a parfois des airs de documentaire. Pourtant ce sont bien des actrices professionnelles qui portent cette histoire forte et prenante.
Drogue et religion
Dounia (Oulaya Amamra) est surnommée la Bâtarde. Sa mère, vivant dans un camp de roms, multiplie les aventures. Le père ? Un homme de passage, à l'identité inconnue. L'adolescente de 16 ans, pour survivre à cette réalité, se forge une carapace. Dure, méchante, intransigeante, elle est le plus souvent habillée comme un garçon, tête cachée par une capuche. Sa meilleure amie, Maimouna, (Déborah Lukumuena) cache elle aussi ses cheveux. Mais pas pour la même raison. Cette grande et forte noire, à la candeur touchante, fille d'imam, va régulièrement à la mosquée vêtue de la burqa. Mais au lycée, en situation d'échec comme 80 % de ses camarades, elle se dévergonde, notamment au contact de Dounia, obsédée par l'envie de gagner de l'argent. Beaucoup d'argent, le signe de réussite ultime dans les quartiers. Ce ne sera pas avec son BEP d'hôtesse d'accueil qu'elle pourra se payer des vacances à Phuket. Alors elle regarde autour d'elle et constate que certains s'en sortent plutôt pas mal. Comme Rebecca (Jisca Kalvanda), plus grosse dealeuse de la région. Au culot, avec le renfort de Maimouna, elle propose ses services à cette femme tigresse, collectionnant les amants "bogosse" aux abdos de fer comme d'autres les pin-up aux lèvres refaites. Le film raconte dans le détail cette plongée dans la délinquance, l'argent facile et les risques inhérents.
Dounia prendra beaucoup de coups dans l'aventure, mais ne déviera jamais de son but qu'elle chante sur l'air d'Abba : "Money, money, money !" Une apologie de l'argent qui dérange parfois mais qui semble prégnante dans ce milieu. Comme si la possession matérielle (voiture, parfum, chaussures de marque) était le seul but capable de faire bouger ces jeunes depuis trop longtemps à la dérive. Même l'amour (Dounia tombe sous le charme d'un jeune danseur) ne parvient pas à la remettre sur le "droit" chemin.
Tel un uppercut, "Divines" ne laisse pas le spectateur intact. Gare à la redescente en sortant de la salle.
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 Guerrière et féline
divines, Oulaya Amamra, Houda Benyamina, cités, drogue, argentOulaya Amamra, dans le rôle de Dounia, crève l'écran du début à la fin. Un personnage complexe à faire vivre car traversé d'une multitude d'émotions et de transformations physiques. Au début du film, elle est un garçon manqué, arrogante parfois, provocatrice, toujours à la limite dans un milieu éducatif qu'elle rejette en bloc. La jeune actrice a longtemps été élève de Houda Benyamina quand elle animait des ateliers de théâtre dans ces cités si bien racontées dans "Divines". La réalisatrice a longtemps hésité à l'engager, la trouvant top jeune, trop fragile. Finalement elle s'est imposée à force de persuasion et de préparation "En plus de sa folie et de sa puissance, elle a apporté à Dounia un sens de l'humour et une gentillesse qui étaient embryonnaires dans les précédentes étapes d'écriture", se souvient-elle. Pour Oulaya Amamra, "Dounia, c'est une guerrière, mais elle aussi est féline ! Quand elle va devoir vaincre ses peurs, elle va être obligée de se féminiser." On découvre sous la capuche du sweet une femme capable de séduire, de donner le change et d'utiliser sa meilleure arme, sa beauté, pour arriver à ses fins. Un travail de comédienne comme on en voit rarement dans le cinéma français. Encore très jeune Oulaya Amamra voudrait maintenant intégrer le conservatoire. Une envie de théâtre qui lui donne des airs d'Isabelle Adjani, quand elle alternait films de Truffaut, succès comme "La gifle" et grands classiques à la Comédie française.

mercredi 19 novembre 2014

BD : La fin de la prohibition



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Ceux qui pensent lire un roman graphique copieux sur la fin de la prohibition de l'alcool aux USA dans les années 30 en seront pour leur frais. « Legal » de Cédric Gouverneur (scénariste) et Amazing Ameziane (scénario et dessin) est en fait un ouvrage de politique fiction. Les deux auteurs imaginent comment la légalisation du cannabis en France pourrait radicalement transformer notre société. Un nouvel accident vient endeuiller la ville de Nanterre. Après de multiples règlements de comptes entre bandes rivales pour la maitrise du trafic de drogue, c'est un go-fast qui est à l'origine d'une collision. En percutant un bus scolaire, des dizaines de jeunes meurent en victimes collatérales de cette course sans fin à l'approvisionnement. Le maire de gauche, soutenu par l'Élysée, tente une expérience de légalisation du cannabis dans sa commune pour mettre fin au trafic. La BD alterne entre plongée dans les dédales du grand banditisme mondial et les arcanes de la politique locale. C'est parfois très documenté mais aussi passionnant car l'intrigue repose sur le parcours de trois « héros » : une jeune conseillère en communication du maire, un dealer un peu révolutionnaire et un ex-tautard prêt à tout pour s'en sortir et ne pas plonger. Étonnant, mais en refermant le bouquin on se surprend à l'interroger « Pourquoi pas ? »
« Legal », Casterman, 22 €



mardi 1 juillet 2014

Roman noir - Du manque à la mort

Classé dans la catégorie « roman noir », ce premier livre d'Eric Maravélias mérite plutôt le qualificatif de « roman noir de chez noir, très macabre »...


Bienvenue dans l'enfer des drogués en fin de vie. En 250 pages vous pourrez ressentir le manque, la folie, l'abandon, la fatigue et le désespoir des camés en bout de course. Mieux vaut avoir l'estomac bien accroché car cet univers n'est pas toujours joli. Pour vous donner une idée, remémorez-vous la scène des toilettes dans « Trainspotting » et multipliez ça par 1000. Vous êtes toujours partant ? OK, premier shoot. 
Le narrateur, junky, atteint du sida, vit dans un squat au milieu de détritus et de rats. Son seul plaisir, se réveiller et voir par la fenêtre un grand arbre. Cela ne dure pas longtemps. Il faut vite trouver de la drogue. De l'héroïne, la plus forte possible. Arrivé à un certain niveau d'intoxication on doit redoubler les doses pour partir. Un peu... Alors on le suit dans cette banlieue infecte, peuplée de camés, de dealers et de caïds. On paie cash. Et pour avoir un peu de liquide, quand on est un homme, pas d'autre solution que de voler aux plus faibles : personnes âgées, femmes seules. Une fois la dose en poche, même plus la patience de retourner se shooter sur son matelas crasseux. C'est direct dans le terrain vague derrière la barre HLM.
Ça c'est le quotidien. Mais avant cette grande déchéance, le héros a été un petit Français comme tous les autres. Le roman d'Eric Maravélias se partage en sombre description d'une ultime journée de galère et la tombée en déchéance d'un jeune con. Car il faut être un peu con pour toucher à la dope. Surtout qu'à l'époque, les années 70, elle n'avait pas encore déferlé sur les cités. Il y a donc le côté un peu bucolique de la jeunesse du héros et la face sombre, cette folie du présent.

« Mourir dans l'instant »
Exemple avec cette saisissante description du manque : « Le manque est quelque chose de si particulier. Il provoque un profond sentiment de désastre, de désespérance et d'angoisse. De façon rapide, en l'espace de quelques heures, vous tombez dans une dépression sans égale, sans comparaison. Ce que vous êtes, tout ce qui vous entoure, les choses comme les gens, se transforment en monstres aberrants, effrayants. Vous aimeriez mourir dans l'instant, mais cela n'est pas possible, bien entendu, et vous vous demandez ce qui vous retient encore de vous laisser tomber sur le sol pour tenter de vous y enfoncer, d'échapper à ce qui vous hante et ne vous laisse aucun répit. » Voilà le genre de prose que l'auteur vous balance, comme un uppercut qui vous électrifie sur place. C'est cash, dur, éblouissant. Oui, on peut faire du beau avec les pires saloperies.
Pas convaincu ? 2e shoot ! « Une fois devant le miroir des toilettes, j'ai levé les yeux sur mon image. Longtemps je me suis observé. Le front large sur des yeux bruns et vides. Un nez cassé et tordu. Des lèvres pleines et sensuelles mais froissées en un rictus constant de dédain, au pli souvent féroce. Je me voyais là comme un autre. Un inconnu habité de misère et de fureur. J'aurais aimé que le monde m'engloutisse une bonne fois pour toute. » Vous ne serez pas étonné si, sans dévoiler la fin, je vous apprend que ce roman finit mal.

« La faux soyeuse », Eric Maravélias, Gallimard Série Noire, 16,50 € (Disponible aussi au format poche chez Folio)

lundi 20 janvier 2014

BD - Les "Cobayes" doivent avaler la pilule

Avant d'être autorisé, tout médicament doit être longuement testé pour en déterminer la véritable efficacité et surtout ses possibles effets secondaires. Tonino Benacquista raconte dans ce roman graphique l'expérimentation d'un nouveau antidépresseur. Dans la dernière ligne droite, trois « cobayes » sont sélectionnés. Deux hommes et une femme. Ils semblent normaux mais cachent des blessures secrètes. L'un, à la limite de l'obsédé sexuel, est en fait minable au lit. L'autre, au chômage, a de graves troubles de la mémoire. 
La fille, une jeune étudiante indienne, fait croire à ses parents qu'elle suit des cours aux Beaux-Arts de Paris, école dont elle a raté trois fois le concours... Durant 21 jours ils vont rester enfermés, comme des animaux de laboratoire scrutés par les chercheurs. Si au niveau physique, tout se passe bien, les conséquences du médicament va bouleverser leurs personnalités. 
Dessinée par Barral, cette BD va très loin dans la dénonciation des recherches pharmaceutiques. Et elle pose avec intelligence la problématique des drogues, notamment celles qui sont légales.

« Les cobayes », Dargaud, 17,95 €

mardi 24 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES - Série télé, de la fiction à la réalité

Pourquoi les séries télé américaines sont-elles plus intéressantes que les françaises ? Facile : les Français s'inspirent d'histoires tirées de la réalité. Les Américains eux, imaginent tout, et la fiction devient réalité. Les premiers sont en retard, les seconds en avance.
La preuve ? Prenez la série « Breaking Bad » diffusée actuellement sur Arte le vendredi soir. Lancée en 2008, elle raconte comment Walter White, un professeur de chimie atteint d'un cancer des poumons, se lance dans la fabrication de drogue de synthèse pour payer son traitement et assurer l'avenir de sa famille. Succès aidant, Breaking Bad a tenu 5 saisons, le final vient d'être diffusé aux USA.
Et semble avoir donné des idées à certains. Comme ce quinquagénaire condamné la semaine dernière à 12 ans de prison. Son nom : Walter White. Son délit : fabriquer de la méthamphétamine. La ressemblance physique est tout aussi frappante, le condamné arbore une barbe bien taillée comme le personnage principal de la série. Dernier détail qui tue, le vrai délinquant a failli mourir de la même façon que le personnage fictif. Mais je ne vous dirai pas comment ici, au risque de « spoiler » le dernier épisode.
En France, impossible de voir un tel fait divers : il ne se passe jamais rien d'exceptionnel dans les séries. Par contre la vraie vie regorge d'originalité comme le crash de l'hélicoptère en Gironde après la vente d'un domaine viticole ou le cannibale des Pyrénées, incroyable descente aux enfers d'un ancien militaire. Bientôt sur les écrans ?