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mercredi 10 janvier 2024

BD - L'exemplaire histoire de la nourrice de banlieue



Il est très compliqué de survivre en banlieue. Dans ces tours inhumaines, chaque jour est un combat contre la société. Dans ce roman graphique noir et implacable, Marl Eacersall et Henri Scala au scénario et Raphaël Pavard au dessin,  racontent la vie de Fatoumata. Cette femme de ménage élève seule ses trois filles. Des horaires de travail décalés, un boulot épuisant et malgré tout l'impossibilité de payer le loyer à la fin du mois. Quand un petit dealer vient sonner à sa porte, elle craque. Elle accepte de faire la nourrice. Elle gardera dans son petit appartement une malle contenant... Elle ne sait pas quoi, mais cela lui permettra de gagner gros. Suffisamment pour payer le loyer, des pizzas à ses enfants, des vêtements à la mode et même un petit voyage. 

Problème, la police veille. Espionne le réseau et un petit matin encercle la cité. Par chance Fatoumata les voit venir et cache la malle chez une amie voisine. Les dealers sont arrêtés, la nourrice aussi mais comme rien n'est découvert chez elle, elle ressort libre. 



Le début de l'album raconte un fait divers comme il y en a tant actuellement. La suite se corse. Fatoumata ouvre la malle et tente de doubler le chef du réseau. Mais quand il retrouve la liberté (sur un vice de forme...), elle panique. Comment s'en sortir ?

On est plongé au cœur des trafics dans les cités, on a peur avec cette femme prise entre de multiples contradictions. Elle désire être honnête, mais ne s'(en sort pas. Elle craint les dealers, mais subit aussi la pression des policiers qui veulent qu'elle servent d'informateurs. Surtout elle est seule. Une BD très instructive, qui donne aussi un peu d'espoir dans ce monde sans foi ni loi. 

"A mourir dans les bras de ma nourrice", Glénat, 104 pages, 22,50 €

mercredi 4 octobre 2023

Rentrée littéraire - « Le grand secours », journée ordinaire dans un lycée de banlieue

Bondy. Banlieue parisienne. Thomas B. Reverdy raconte une journée dans un lycée. Plongée dans le quotidien des élèvres, des profs et de Paul, romancier découvrant ce monde particulier en pleine ébullition.


Comment va l’éducation en France en 2023 ? Une partie de la réponse se trouve dans ce roman très documenté de Thomas B. Reverdy au titre mystérieux : Le grand secours. L’action se déroule à Bondy sur une journée. Autour et dans le lycée dont on ne saura jamais le nom.

Le romancier, avec un sens de la mise en scène affirmé, plante le décor, présente les personnages. Chez les jeunes, Mo, le lycéen timide, amoureux du rap, des mots et de Sara, élève de sa classe. Chez les « vieux » Candice, sa prof de français, toujours enthousiaste, pleine de projets malgré les difficultés matérielles, l’abandon de la hiérarchie et l’inertie de la majorité des élèves. Elle a organisé la venue dans l’établissement de Paul, un romancier parisien en galère financière.

Cette bourse attribuée pour l’animation d’ateliers dans ce lycée du 93 devrait lui permettre de survivre quelques mois. Il se prépare à rejoindre le lycée après un long périple en métro et tram. Comme un voyage en pays exotique. Mais ce n’est pas une ambiance palmiers et douceur de vivre qui l’attend. Plutôt pays au bord de la guerre civile, avec violence à tous les carrefours.

Des coups dès l’arrêt de bus sur le chemin de l’école. Pour une simple cigarette refusée à un SDF, un adulte baraqué, sans doute flic en civil, roue de coups Mahdi, lycéen comme Mo, qui a osé lui faire une réflexion.

L’émeute aux grilles du lycée 

 Cette baston va mettre le feu à la cité. Il est vrai qu’il couvait, que les humiliations quotidiennes subies par les jeunes de la part des policiers de la Bac compliquent le travail des modérateurs et éducateurs du lycée. Alors que la colère monte, Paul découvre le quotidien de Candice. Il est vite sous le charme de cette jeune femme qui vient au travail sur un vélo de course, qui sait avoir de la poigne avec certains de ses élèves, de l’empathie avec ld’autres. Pourtant elle n’a jamais voulu être prof. Encore moins en banlieue.

Mais la vie prend parfois des chemins tortueux et aujourd’hui elle sait que sa place est là, pour aider, guider, montrer l’exemple à ces jeunes filles trop silencieuses. « Elles écoutent la prof, elles regardent bouger ses lèvres rouges, ses yeux qui les percent, elles regardent ses jambes longues, ses cuisses qui tendent la toile de son jean quand elle bouge. Elles regardent la prof et ses mots rouges s’impriment en elles. Elles pensent : c’est donc possible. C’est pour celles-là bien souvent que Candice fait cours. » Le roman rend un bel hommage au personnel éducatif, enseignants comme surveillants. Beaucoup n’ont pas abdiqué. Loin de là. Et quand tout craque, que l’émeute franchit les grilles du lycée, ce sont eux qui les premiers tentent d’éteindre l’incendie, de protéger ces jeunes abandonnés depuis trop longtemps.

Un roman comme une tragédie, mais qui se termine tel un roman à l’eau de rose, main dans la main devant un coucher de soleil. Grand écart pour ce Grand secours, l’élément essentiel de la scène finale d’une journée particulière mais finalement presque ordinaire dans un lycée de banlieue.

« Le grand secours » de Thomas B. Reverdy, Flammarion, 320 pages, 21,50 € 

mercredi 27 février 2019

Cinéma - La banlieue de "Jusqu'ici tout va bien, une mine de talents


Peut-on rire de la fraude fiscale ? Et du chômage en banlieue ? A priori, ces deux sujets ne sont pas les plus porteurs pour engendrer détente et amusement. Sauf s’ils sont passés à la moulinette de Mohamed Hamidi, cinéaste du 93, passé par le Bondy Blog et nourri à l’humour de Jamel Debbouze.

Celui qui a ému la France entière avec le propriétaire d’une vache, traversant la France pour aller concourir au salon de l’Agriculture, parvient cette fois à donner une autre image de la banlieue mais également des petits patrons. Dans cette dernière catégorie on trouve Fred (Gilles Lellouche). Il est à la tête d’une société de communication. Son équipe, une dizaine de personnes, se croit à l’abri dans les beaux locaux d’Happy Few au cœur de Paris. 

Mais quand les contrôleurs du fisc débarquent et épluchent les comptes, ils découvrent la petite arnaque de Fred. Une partie de sa société est domiciliée dans une zone franche du 93. L’amende sera salée. À moins que la boîte de Fred déménage véritablement à La Courneuve. Et emploie, comme stipulé dans les textes permettant une exonération d’impôts, 20 % de locaux. 

Dès que le film passe le périphérique, la comédie explose. Fred, pour tenter de se mettre en règle, va demander des conseils à Samy (Malik Bentalha). Problème, ce dernier est un sacré bras cassé. 

Hilarant Mohamed Benthala 

Un rôle écrit sur mesure par Mohamed Hamidi qui voit dans le jeune humoriste originaire de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard, « un Pierre Richard de la banlieue ».  Face au bulldozer Fred, Samy est prudent. Il sait que rien n’est facile dans le coin. Il participera pourtant aux recrutements des cinq nouveaux employés de Happy Few. Il y aura son meilleur ami (toujours prêt à se battre), mais aussi Mariana, bac + 5, pour l’instant à mi-temps chez MacDo.

C’est la grande leçon du film. La banlieue regorge de talents. Il faut simplement leur faire confiance, accepter de leur donner une première chance. Fred, un peu sclérosé par sa routine de petit patron, va y trouver un regain d’énergie et d’ambition. Il signe un gros contrat. Reste maintenant à tenir les engagements, ce qui le conduit à organiser la grande trouvaille de Jusqu’ici tout va bien : un casse à l’envers dans les grands magasins parisiens. 

Ingénieux,  joyeux et résolument positif, le film de Mohamed Hamidi s’impose par son optimisme servi par des acteurs au diapason dont un Gilles Lellouche à qui tout réussi.

Film français de Mohamed Hamidi avec Gilles Lellouche, Malik Bentalha, Sabrina Ouazani 

jeudi 1 juin 2017

DVD et blu-ray : La banlieue, toujours plus haut dans "L'Ascension" avec Ahmed Sylla



Double dépaysement dans ce film de Ludovic Bernard : la banlieue française et les pentes de l’Everest. S’il s’agit du premier long-métrage de ce réalisateur, il n’est pourtant pas nouveau dans la profession, ayant assuré les fonctions de 1 er assistant-réalisateur de nombreux films dont «Lucy» de Luc Besson ou «Ne le dit à personne» de Guillaume Canet. Pour ce projet personnel, il n’a pas choisi la facilité en décidant d’adapter le récit d’un jeune du 93 qui, pour impressionner sa dulcinée, décide de gravir l’Everest.


Dans le rôle du jeune fou téméraire, on se délecte du sourire permanent d’Ahmed Sylla, humoriste découvert dans les émissions de Laurent Ruquier. Même s’il a encore beaucoup à prouver, il se tire avec les honneurs de ce rôle entre rire, émotion et exploit physique. Il est parfaitement épaulé par Alice Belaïdi et Nicolas Wanczycki dans la peau du guide de haute montagne chargé de conduire Sammy sur le toit du monde.
Dans le DVD et le blu-ray, un long making-of montre les défis techniques du film. Les équipes ont véritablement gravi, à pied, des milliers de mètres de dénivelé pour se retrouver dans le mythique camp de base à plus de 5 364 mètres d’altitude.
➤ « L’ascension », Studiocanal, 14,99 €

mardi 14 avril 2009

BD - Cité d'la balle, la banlieue passée à la moulinette


Non, Monsieur Relom, ce n'est pas gentil de se moquer des jeunes de banlieue ! Vous ne devriez pas être fier de rabaisser ces jeunes ayant tant de difficulté d'intégration ! Ce couplet moralisateur placé pour se donner bonne conscience, ne boudons pas notre plaisir et rions aux éclats des déboires de cette bande de bras cassés. 

D'autant qu'une fois les gags appréciés au premier degré, on constate que Relom a finalement beaucoup de tendresse pour ces cinq amis, copains à la vie à la mort. Titi, le roux, intelligent et gay, donne une belle leçon de tolérance à sa mère, fonctionnaire de gauche mais pleine de préjugés. 

Et même si au passage ils mettent la ville à feu et à sang, cela part d'un bon sentiment...

« Cité d'la balle », Lombard, 10,40 €