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mardi 17 mai 2022

Cinéma - “Les folies fermières” : un joyeux cabaret rural

De la botte de paille au flacon de paillettes, tout est bon pour sauver l’agriculture française.


Le monde agricole se meurt. Cette réalité impitoyable, si bien expliquée dans Petit Paysan, est au cœur d’un autre film sur ce sujet. Mais le réalisateur, Jean-Pierre Améris, dans Folies fermières, traite le sujet avec une bonne dose d’optimisme en s’inspirant d’une histoire vraie.

Dans le Cantal, l’exploitation de vaches laitières  de David (Alban Ivanov) est sur le point d’être placé en liquidation judiciaire. Il obtient du juge une ultime chance, deux mois de sursis au cours desquels il doit prouver la rentabilité de l’affaire. Très déprimé, après une tournée des bars d’Aurillac, il tombe par hasard sur une petite salle de spectacle proposant magie et danseuses. C’est l’illumination pour ce trentenaire trop longtemps considéré comme un rêveur par son grand-père (Guy Marchand). Il va transformer la grande grange inutilisée en cabaret, le premier implanté en pleine campagne. Ce seront les Folies fermières, mais il va falloir aller vite et surmonter nombre d’obstacles.

Casting improbable

Pour la partie artistique, il persuade  Bonnie (Sabrina Ouazani) de s’impliquer dans l’aventure. Sans doute la partie du film la plus comique. Car cette danseuse, toujours en minijupe et talons hauts, découvre boue, fumier et toiles d’araignée. Ce n’est pas son monde. David devra batailler pour la persuader. Et c’est ensemble qu’ils vont recruter les « talents » locaux qui vont constituer l’affiche du spectacle. Une magicienne muette, des danseuses jumelles désaccordées, un hypnotiseur souffrant de narcolepsie et un travesti qui chante du Dalida, mais que les chansons tristes car il trouve trop kitsch la période disco (un comble…). 

Bref il y a du travail, mais à force de répétitions, de sacrifices et de volonté, la mayonnaise va prendre et David va pouvoir entraîner dans son projet sa mère (Michèle Bernier) et son ancienne petite amie, Laetitia (Bérengère Krief), coiffeuse à domicile. Alban Ivanov domine de la tête et des épaules ce film humain et positif. Sa bonne bouille de candide est parfaitement adaptée à ce personnage d’agriculteur, fier de son métier, mais conscient que pour s’en sortir, de nos jours, il faut forcément s’adapter et faire des concessions. Une évolution inacceptable pour le grand-père, seul grain de sable dans la belle mécanique, dernier représentant de cette vieille école paysanne rétrograde et hostile à tout changement.

"Folies fermières", film français de Jean-Pierre Améris avec Alban Ivanov, Sabrina Ouazani, Michèle Bernier, Bérengère Krief

mercredi 27 février 2019

Cinéma - La banlieue de "Jusqu'ici tout va bien, une mine de talents


Peut-on rire de la fraude fiscale ? Et du chômage en banlieue ? A priori, ces deux sujets ne sont pas les plus porteurs pour engendrer détente et amusement. Sauf s’ils sont passés à la moulinette de Mohamed Hamidi, cinéaste du 93, passé par le Bondy Blog et nourri à l’humour de Jamel Debbouze.

Celui qui a ému la France entière avec le propriétaire d’une vache, traversant la France pour aller concourir au salon de l’Agriculture, parvient cette fois à donner une autre image de la banlieue mais également des petits patrons. Dans cette dernière catégorie on trouve Fred (Gilles Lellouche). Il est à la tête d’une société de communication. Son équipe, une dizaine de personnes, se croit à l’abri dans les beaux locaux d’Happy Few au cœur de Paris. 

Mais quand les contrôleurs du fisc débarquent et épluchent les comptes, ils découvrent la petite arnaque de Fred. Une partie de sa société est domiciliée dans une zone franche du 93. L’amende sera salée. À moins que la boîte de Fred déménage véritablement à La Courneuve. Et emploie, comme stipulé dans les textes permettant une exonération d’impôts, 20 % de locaux. 

Dès que le film passe le périphérique, la comédie explose. Fred, pour tenter de se mettre en règle, va demander des conseils à Samy (Malik Bentalha). Problème, ce dernier est un sacré bras cassé. 

Hilarant Mohamed Benthala 

Un rôle écrit sur mesure par Mohamed Hamidi qui voit dans le jeune humoriste originaire de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard, « un Pierre Richard de la banlieue ».  Face au bulldozer Fred, Samy est prudent. Il sait que rien n’est facile dans le coin. Il participera pourtant aux recrutements des cinq nouveaux employés de Happy Few. Il y aura son meilleur ami (toujours prêt à se battre), mais aussi Mariana, bac + 5, pour l’instant à mi-temps chez MacDo.

C’est la grande leçon du film. La banlieue regorge de talents. Il faut simplement leur faire confiance, accepter de leur donner une première chance. Fred, un peu sclérosé par sa routine de petit patron, va y trouver un regain d’énergie et d’ambition. Il signe un gros contrat. Reste maintenant à tenir les engagements, ce qui le conduit à organiser la grande trouvaille de Jusqu’ici tout va bien : un casse à l’envers dans les grands magasins parisiens. 

Ingénieux,  joyeux et résolument positif, le film de Mohamed Hamidi s’impose par son optimisme servi par des acteurs au diapason dont un Gilles Lellouche à qui tout réussi.

Film français de Mohamed Hamidi avec Gilles Lellouche, Malik Bentalha, Sabrina Ouazani