Affichage des articles dont le libellé est studiocanal. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est studiocanal. Afficher tous les articles

samedi 7 octobre 2023

Cinéma - “Le règne animal”, signe de la fin des Humains ?

Plus qu’une parabole sur l’évolution, « Le règne animal » de Thomas Cailley est un film sur la tolérance, la famille, la perte des êtres aimés et surtout une certaine forme de résilience.


Ils sont trop rares les films de science-fiction à la française. Souvent ratés aussi, il faut le reconnaître. Le règne animal fait figure de belle exception. On trouve dans ce long-métrage visionnaire de Thomas Cailley une qualité cinématographique associée à une profondeur de réflexion qui fait trop souvent défaut aux grosses productions américaines.

On ressort de la salle forcément plein de questions, mais aussi bouleversé par le destin de ce mari et père constatant que sa vie ne sera plus jamais comme avant. Il va cependant tenter de l’accepter, les larmes plein les yeux, le cœur brisé, un peu comme le spectateur qui ne peut rester indifférent à cette histoire.

Tout commence dans une voiture bloquée dans un embouteillage. François (Romain Duris) se dispute avec son fils Émile (Paul Kircher). Ils seront en retard pour le rendez-vous avec le médecin qui s’occupe de Lana, la femme de François et mère d’Émile.

Tout à coup, les portes d’une ambulance explosent. En sort un homme aux bras recouverts de plumes. Première apparition d’une « bestiole », ces humains qui, dans ce monde futuriste, se transforment en hybrides animaux. C’est aussi le cas de Lana, devenue agressive. Elle est transférée dans un centre dans les Landes, près d’une forêt, loin de la population parisienne. C’est dans ce cadre que le film prend toute son ampleur. Dans ces paysages sauvages, Lana va s’échapper, trouver refuge avec d’autres monstres dans les sous-bois. François va tenter de la retrouver, malgré le danger. Émile aussi pénétrera dans les bois inquiétants. Mais pour une autre raison : il vient de débuter son processus de transformation.

Thomas Cailley a intelligemment entremêlé les deux lignes de développement du film : les recherches du mari, la transformation du fils. Quand l’un conserve l’espoir de retrouver son épouse, de la voir redevenir normale grâce aux progrès de la science, le second constate, rageur, qu’il est en train de perdre sa part humaine au profit d’un instinct animal.

La panique des premiers instants se transforme en excitation en découvrant ses nouvelles sensations en compagnie de l’homme-oiseau, interprété par un Tom Mercier (La bête dans la jungle), méconnaissable. Face à la violence des humains, essentiellement motivée par la peur de l’inconnu, on voit toute la force des « bêtes », solidaires, ne cherchant qu’à se défendre.

Un film sur la peur et le rejet de ceux qui ne nous ressemblent pas ? Le règne animal a une dimension politique indéniable, preuve que la science-fiction, depuis toujours, est un genre très pratique pour faire passer certains messages subliminaux.

Film de science-fiction de Thomas Cailley avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos, Tom Mercier.

samedi 29 juillet 2023

En blu-ray : formidables années 70 rééditées par StudioCanal


Trois nouveaux titres pour la collection des années 70 lancée par StudioCanal. Une décennie trop souvent oubliée par les amateurs. Pourtant c’est du très bon cinéma qui est exhumé dans ces blu-ray de copies restaurées.

Ne manquez pas dans le trio le très étonnant Ursule et Grelu de Serge Korber avec Annie Girardot et Bernard Fresson. Sorti en 1973, ce film avec pas mal de chansons entraînantes est une satire au vitriol de la société française de l’époque.

On retrouve, par exemple, Roland Dubillard en homosexuel distingué ou Romain Bouteille en mendiant motorisé. Une pépite d’humour décalé.

Sont également sortis en blu-ray La cage avec Lino Ventura et Le secret avec Jean-Louis Trintignant, Marlène Jobert et Philippe Noiret.

vendredi 28 juillet 2023

DVD - “Le jeu” des perdants


On ne se méfie jamais assez de nos smartphones. Ils sont devenus, au fil des ans, les gardiens de nos pires secrets. Fred Cavayé en a tiré un film, Le jeu (Studiocanal), que l’on pourrait qualifier de vicieux tant une bande d’amis va constater combien il est risqué de partager ses communications. 

Chez Marie et Vincent (Bérénice Béjo et Stéphane de Groodt), des amis d’enfance viennent dîner en toute décontraction. Jusqu’à ce que soit lancé ce jeu malsain : chacun met son téléphone au milieu de la table et répond publiquement aux messages ou appels. Un véritable jeu de massacre au cours duquel chacun va laisser entrevoir ses failles, défauts, compromissions ou tromperies. 

C’est enjoué au début, plus dramatique et triste à la fin. Encore une fois, méfiez-vous des smartphones !

mardi 25 juillet 2023

DVD et blu-ray - "Inland Empire", David Lynch extrême

Certains films ne sont pas réalisés pour recueillir le consensus. Au contraire ils veulent interpeller le public. Une marque de fabrique de David Lynch qui est encore allé plus loin dans Inland Empire, récemment sorti en combo blu-ray et DVD dans une version remastérisée (Studiocanal). 

Tournées sans scénario, ces trois heures chaotiques suivent le cauchemar d’une actrice (Laura Dern). On retrouve au générique des habitués de l’univers de Lynch, Justin Theroux, Harry Dean Stanton ou Jeremy Irons. Une réédition qui bénéfice d’énormément de bonus avec plus d’une heure de scènes coupées et un documentaire de 1 h 25 sur le réalisateur inclassable. 

Un film réservé aux fans ou à ceux qui voudraient découvrir le phénomène dans sa version extrême.  

lundi 24 juillet 2023

Cinéma - “Une nuit”, une seule et unique nuit d’amour

Un homme, une femme. La rencontre improbable dans le métro entre Alex Lutz et Karin Viard va entraîner le couple dans «Une nuit» peu banale. 

Il est beaucoup question d’attirance, d’alchimie entre les corps et un peu d’amour dans Une nuit, film écrit, réalisé et interprété par Alex Lutz. La rencontre entre un homme et une femme (presque du Lelouch), le temps d’une nuit, une seule et unique nuit, magique, épanouissante mais qui ne peut que se terminer par un adieu. Dans les couloirs du métro un soir ordinaire. 

Les travailleurs se pressent pour rentrer chez eux. Aymeric est solidement accroché à sa barre en fer. Il est percuté par Nathalie (Karin Viard). En découle une dispute assez vive. Ils s’échangent nombre de noms d’oiseaux, provoquant gène chez la majorité des passagers, quelques sourires chez certains. 

Cinq minutes plus tard, Nathalie et Aymeric font frénétiquement l’amour dans la cabine d’un photomaton. 

Le matin des adieux

Le début de cette romance un peu désenchantée a tout de la comédie. Alex Lutz y est brillant, tout comme sa partenaire Karin Viard. Six minutes de disputes, six de copulation, pour Nathalie, c’est l’instinct primaire (primate) qui parle. Une attitude digne d’un bonobo. 

La suite du film est moins enlevée. Même s’ils savent qu’ils vont se quitter dans quelques minutes (heures ?), ils cherchent à en savoir un peu plus l’un sur l’autre. On plonge alors dans de longs dialogues, pas toujours inspirés, sorte de leçons de philosophie à la petite semaine. Nathalie découvre un Aymeric plus macho qu’il n’y paraît. 

Aymeric s’accroche à une Nathalie plus écorchée vive que femme libérée et assumant ses désirs. Leur dérive nocturne va les entraîner dans une fête étudiante, un restaurant chinois, les quais de la Seine et divers lieux de plaisir. Le caractère un peu répétitif des dialogues risque de lasser certains, mais la majorité du public devrait trouver son compte dans ces formules dans l’air du temps sur les nouvelles pratiques de couples moins exclusifs que dans l’ancien temps.

 Film d’Alex Lutz avec Alex Lutz, Karin Viard, Jérôme Pouly

mercredi 8 mars 2023

Cinéma - "Je verrai toujours vos visages" ou quand la justice aide à réparer les âmes


Extraordinaire film témoignage sur la justice restaurative. Un casting prestigieux au service d’une démarche qui redonne foi en l’Humanité.

Film choral maîtrisé de bout en bout, Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry fait partie de ces œuvres qui, en plus de bouleverser le spectateur sur le moment, va longtemps rester présent dans sa mémoire, comme une étincelle de vie et d’espoir indestructible qui redonne foi en l’avenir face aux errements de notre époque.

Pourtant le sujet n’est pas des plus folichon. La justice restaurative propose à des victimes de dialoguer dans des conditions sécurisées avec des auteurs d’infraction en train de purger leur peine de prison. Des rencontres au long cours, préparées en amont par des encadrants, souvent des bénévoles.

Le film de Jeanne Herry suit deux dossiers. Le premier, classique, permet à trois victimes (Miou-Miou, Gilles Lellouche et Leïla Bekhti) de demander des explications à trois agresseurs (Birane Ba, Fred Testot et Dali Benssalah) qui eux tentent de prendre conscience des dégâts causés par leur violence. Des face-à-face longuement préparés et encadrés par Fanny et Michel (Suliane Brahim et Jean-Pierre Darroussin).

Du chef d’entreprise cambriolé et saucissonné chez lui à la caissière de supermarché menacée durant un braquage ou du toxico prêt à tout pour se payer sa dose au jeune de banlieue persuadé que la manière forte permet d’avoir réponse à tout, l’incompréhension, au début, est totale. On subit d’ailleurs des silences pesants ou des colères homériques. Avec cependant toujours présente cette volonté d’écouter l’autre.

Ces scènes, de témoignages puis de confrontations, sont d’une incroyable force. On se croirait dans un documentaire. Les comédiens gomment complètement leurs tics ou artifices du métier pour jouer une partition d’une exceptionnelle justesse et vérité. Avec au final une ultime rencontre qui explique toute la finalité et surtout l’utilité de ces démarches.

L’autre dossier du film concerne Chloé (Adèle Exarchopoulos). Elle veut mettre les choses au point quand elle apprend que son demi-frère, qui l’a agressée sexuellement quand elle était enfant, est sorti de prison et vit de nouveau dans la même ville qu’elle. Judith (Élodie Bouchez), de la justice restaurative, va jouer les intermédiaires pour leur permettre de trouver un terrain d’entente.

Là aussi, la scène finale, la rencontre entre la victime et son bourreau, ne peut laisser personne indifférent. Un très grand film qui devrait faire date dans le cinéma français de qualité.


Film français de Jeanne Herry avec Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti, Jean-Pierre Darroussin, Suliane Brahim, Miou-Miou, Gilles Lellouche, Élodie Bouchez, Fred Testot, Birane Ba
 

mercredi 12 octobre 2022

Cinéma - “Plancha”, suite de “Barbecue”, en Bretagne


Petite interrogation culinaire. Des merguez, cuites sur un barbecue, peuvent-elles être réchauffées sur une plancha ? La réponse est oui. Sauf si, comme pour le nouveau film d’Éric Lavaine, c’est huit ans plus tard. Plancha sort donc huit ans après Barbecue. 

On retrouve la même bande de copains, une nouvelle fois réunie pour fêter les 50 ans d’un des leurs. Après Antoine (Lambert Wilson) dans le premier opus, c’est Yves (Guillaume De Tonquédec) qui passe le demi-siècle. Normalement, tous auraient dû se retrouver, au soleil, en bord de Méditerranée, mais finalement, les bougies seront soufflées dans le manoir breton d’Yves. Une plancha au pays de la pluie ? Première dissonance dans ce film choral qui a un peu perdu de sa fraîcheur. 

Bloquée à l’intérieur des murs froids et humides, la petite bande rumine, se lance des vannes et se délite, lentement mais sûrement. D’autant que quelques secrets seront révélés et que les couples semblent au bout du rouleau. La comédie prend, alors, des airs aigres-doux. Jusqu’à l’arrivée de Jean-Mich (Jérôme Commandeur). L

’idiot du groupe (après Franck Dubosc), a finalement tout réussi. Il a trouvé l’amour, à l’étranger, a sa propre boîte et brille en société. Il va même débloquer une situation inextricable, à la fin. Plancha peut dire merci à Jean-Mich !

Film d’Éric Lavaine avec Lambert Wilson, Franck Dubosc, Guillaume De Tonquédec, Jérôme Commandeur

lundi 28 février 2022

Cinéma - « Super-héros malgré lui », exploits comiques

Gags et quiproquos à gogo dans ce film hommage au cinéma de genre.

Les quatre Fantastiques du cinéma comique français : Elodie Fontan, Philippe Lacheau, Tarek Boudali et Julien Arruti. Julien Panié

En quelques années, Philippe Lacheau est devenu une valeur sûre de la comédie française. Il a entraîné dans son sillage Tarek Boudali, complice d’écriture et de délires. Assurés d’attirer des centaines de milliers de spectateurs dans les salles (quand ce ne sont pas des millions), ils se permettent de plus en plus de trucages, scènes d’action et cascades. Dans Super-héros malgré lui, Philippe Lacheau franchit un cran dans la démesure en parodiant un film de super-héros. Ils ne s’attaquent pas directement au phénomène mais à sa représentation si populaire dans la jeunesse actuelle. Cédric (Philippe Lacheau), petit comédien n’arrivant pas à percer, a l’opportunité d’interpréter le rôle-titre de la superproduction « Badman ». En réalité, c’est un assez mauvais film de série B, avec surtout la participation d’un vieil acteur sur le retour pour interpréter le méchant. Mais qu’importe, Cédric en profite au maximum. Jusqu’à ce moment où victime d’un accident, il perd la mémoire et se découvre affublé de la combinaison de Badman. Il se persuade, dès lors, d’être véritablement un justicier de la nuit. Un enchaînement de gags et de quiproquos qui vont le propulser à la Une des journaux. Ses meilleurs amis (Elodie Fontan, Tarek Boudali et Julien Arruti) vont tenter de lui faire retrouver sa véritable personnalité. Mais difficile de persuader un super-héros qu’il n’est en réalité qu’un petit acteur surtout connu pour des publicités honteuses…

Le film rythmé et toujours aussi bien dialogué, donne l’occasion à la petite bande de multiplier les gags visuels. Un côté burlesque encore plus marqué que d’ordinaire. La partie romance est très légère ; par contre, les ficelles sont un peu grosses en ce qui concerne la reconnaissance du père. Cédric est le fils du commissaire Dugimont (Jean-Hugues Anglade), un grand flic qui n’a pas supporté que son garçon devienne saltimbanque, contrairement à sa sœur, devenue une militaire d’élite. Tout change quand il devient Badman…

Venu présenter le film dans la région, l’an dernier, en compagnie de Julien Arruti, le réalisateur a expliqué au public présent en masse son plaisir à interpréter un super-héros. Mais entre arrêter les vilains et faire rire le public, le choix est vite fait pour Philippe Lacheau. Ça tombe bien, il est quand même plus crédible dans le second rôle.

Film français de et avec Philippe Lacheau, avec aussi Julien Arruti, Tarek Boudali, Elodie Fontan.




mercredi 31 octobre 2018

DVD et bluray - Quand la littérature sauve des vies dans "Le cercle de Guernesey"




Phénomène d’édition, le roman de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows, « Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates », semblait impossible à adapter au cinéma. Mike Newell a relevé le défi et le résultat, même s’il est à 1 000 lieues du roman, est très concluant.
On y retrouve les grandes lignes (l’histoire d’amour entre une romancière londonienne et un éleveur de cochons de Guernesey ainsi que la disparition de l’initiatrice du cercle), mais une bonne partie de l’humour du texte original a été zappée au profit de l’émotion.
Côté interprétation, les deux acteurs principaux sont excellents (Lili James et Michial Huisman) et les paysages verts et bucoliques de Guernesey apportent un plus indéniable par rapport au livre. Mais une fois cette romance visionnée, on ne peut que vous conseiller de lire (ou relire) le roman original paru en poche aux éditions 10/18. 
➤ « Le cercle de Guernesey », Studiocanal, 19,99 €

mercredi 26 septembre 2018

DVD et blu-ray - Des mères de famille extra dans le sillage des MILF d'Axelle Laffont


Trois copines, toutes âgées de plus de 40 ans, partent dans le sud en plein été. Pas des vacances ordinaires. Elise (Axelle Laffont) et Sonia (Marie-Josée Croze) vont vider et nettoyer la maison de Cécile (Virginie Ledoyen). 
Veuve depuis trois ans, elle n’y habite plus et compte la vendre dans un mois. Ce film de nanas, le premier de la comique Axelle Laffont, joue sur l’opposition et la complémentarité des trois amies. Cécile, toujours dans le deuil, est sé- rieuse et introvertie. Sonia, maî- tresse depuis des années d’un homme marié espère toujours qu’il va quitter sa femme pour elle. 
Elise, divorcée, est une frappadingue en quête de sensations fortes. Quand elles croisent le chemin de trois jeunes de 20 ans, elles vont devenir des MILF, des « Mother I’d Like to Fuck». Mais l’amour est souvent compliqué entre générations. Et marrant aussi dans une comédie trépidante et ne manquant pas de charme ni de fond. Dans les bonus du DVD, un bêtisier débridé et potache.

➤ « MILF », Studiocanal

mercredi 18 juillet 2018

DVD ET BLU-RAY - Bagdad Café, retour gagnant


Film allemand tourné dans le désert californien, «Bagdad Café » de Percy Adlon a remporté un succès exceptionnel en France. Un engouement toujours d’actualité, le réalisateur montant de nouveau les marches de Cannes cette année pour y présenter la version restaurée de son film. Une version que l’on retrouve dans ce blu-ray exploitant toute la beauté des images d’un film lumineux. Jasmin, une grosse bavaroise (merveilleuse Marianne Sägebrecht) échoue dans un café-motel miteux du désert californien tenu par l’acariatre Brenda (CCH Bounder). Une blanche européenne et une afro américaine que tout oppose. Brenda va même jusqu’à dénoncer Jasmin à la police. Mais la touriste, abandonnée par son mari, va utiliser toute sa délicatesse pour conquérir les habitués du lieu, des enfants de Brenda à ses clients dont le peintre Cox (Jack Palance). Et les deux femmes vont se rapprocher, s’apprécier.

Un film universel sur l’amitié, la tolérance et la compréhension des autres. Un chef-d’œuvre à jamais raconté par Percy Adlon, 30 années après sa sortie, dans un documentaire tourné sur place. 

➤ «Bagdad Café», Studiocanal, 19,99 €

samedi 9 juin 2018

Cinéma : L’humour au quotidien des Belges de "Mon ket" par François Damiens

François Damiens marie cinéma et caméra cachée dans son premier film.

Son personnage de « François l’embrouille », héros de caméras cachées très borderline, l’a fait connaître. François Damiens, comédien belge, a su sortir de cette étiquette et a transformé l’essai au cinéma. Dans des rôles typiquement belges dans un premier temps (inoubliable dans Dikkenek) puis en comique plus francophone que Belge jusqu’au succès phénoménal de « La famille Bélier ».

Aujourd’hui il retourne à ses amours initiales en réalisant son premier film, subtil et savant mélange de scènes de fiction et de caméras cachées. « Il y a 25 personnes piégées dans le film, explique-t-il lors de la présentation de son film en avant-première au Méga-Castillet de Perpignan. Et nous avons fait 12 prises différentes par séquences. » Conséquence, pas moins de 300 Belges ont participé à cette production étalée sur plus d’une année et demi. «Nous devions multiplier les piégés car ça ne marche jamais du premier coup. Parfois on me reconnaît, d’autres fois ce n’est pas marrant. Il m’arrive aussi d’éclater de rire face à une situation. Et puis dans ce film, il est arrivé que les pié- gés ne réagissent pas comme le scénario l’exigeait. Par exemple, mon personnage, un détenu en cavale, va chez un chirurgien esthétique et lui demande de lui refaire entièrement le visage. Ceux qui refusaient fermement ne pouvaient être retenus... »
En écrivant un scénario complet et cohérent pour les 90 minutes du film, François Damiens n’a pas choisi la facilité. Mais des caméras cachées, comme il le fait remarquer avec ironie, il y en a des centaines sur le net. Et gratuites. Il fallait faire mieux.

Ancien prisonnier
Son film est plus que l’accumulation de situations cocasses. Tout se tient et devient une véritable leçon de vie de son père à son fils. Le père c’est Dany Versavel. En prison depuis 10 ans, quand il apprend que son fils, Sullivan, 15 ans, demande l’émancipation, il décide de s’évader pour le reprendre en mains.

Au cours de sa cavale, Dany se rend aux urgences et demande à ce qu’on lui retire du gros colon les trois rouleaux de billets de banque et le téléphone (à clapet) qu’il y dissimule. Cela donne une scène totalement loufoque avec une infirmière qui, malgré le cas totalement farfelu, garde son calme et son professionnalisme. Des moments d’anthologie, il y en a d’autres, qui provoquent des fous rires démentiels (la demande d’emprunt, l’achat des cigarettes) où de belles leçons d’humanité comme cette discussion avec une « artiste et intellectuelle », draguée lourdement par Dany et qui lui explique quelques règles de la vie, comme si elle s’adressait à un gamin de 10 ans.

Mais le passage le plus surréalisme, Belgique oblige, reste celui de la salle d’attente à l’hôpital. Dany s’installe au hasard autour de patients qui regardent la télévision. Et sa photo apparaît dans un flash spécial, présenté comme un dangereux criminel en cavale. Et son voisin de lui donner des conseils pour éviter la police car lui-même a passé 30 ans en prison. Quand la réalité dépasse la fiction et donne un moment de cinéma vérité d’anthologie.

---------------------

Méconnaissable

Plusieurs heures de maquillage chaque jour avant les prises. Tourner ce film a été un véritable calvaire pour François Damiens. La partie la moins intéressante de son job. Mais il sait que c’est une étape inévitable et cruciale. Car non seulement il faut qu’il soit méconnaissable (il est très connu en Belgique) mais également que les postiches soient les plus discrets et naturels possibles.
Après, pour rentrer dans la peau de ce beau parleur un peu prétentieux, il n’a aucune difficulté. Au contraire, on sent qu’il adore ce personnage sans limite. Il prend un malin plaisir à aller loin, très loin dans la provocation. Ce qu’il a conservé pour le film n’est qu’une petite partie de certaines scènes qui sont parties en live et dont on aperçoit des extraits dans le générique de fin.
Et aussi quelques fous rires qui ont failli faire capoter des prises bien parties. Comme quand le complice de François Damiens, celui qui interprète son père, s’exclame après que le banquier ait répondu en anglais, « Qu’est-ce qu’il a dit ? Je comprends pas le Flamand ». Là, François Damiens avoue avoir craqué, incapable de garder son sérieux. Par chance il a pu conserver le début. Résultat, le public aussi risque le fou rire lors de la scène...

 ➤ « Mon Ket », comédie de François Damiens (Belgique, 1 h 29) avec François Damiens, Matteo Salamone, Tatiana Rojo.

jeudi 7 juin 2018

« Madame » : clichés mondains


Film français, se déroulant en France (Paris essentiellement), réalisé par une romancière française (Amanda Sthers), « Madame » ressemble pourtant plus à un dépliant touristique formaté pour les Américains fortunés. Justement, les deux acteurs principaux, le sont, Américains. Anne (Toni Collette) et Bob (Harvey Keitel), vivent dans un immense hôtel particulier. À leur service, une ribambelle de femmes de ménages menées de main de maître par la gouvernante, Maria (Rossy de Palma). Lors d’un dî- ner, pour ne pas être 13 à table, la maîtresse de maison décide de faire passer Maria pour une amie espagnole.

Et comme de bien entendu, la gentille bonne à l’accent hispanique prononcé tape dans l’œil d’un riche britannique. Qui croit qu’elle est incognito à Paris car cousine du roi Juan Carlos. Panique chez Anne, rébellion chez Maria qui espère avoir rencontré l’amour.
Cela se veut sans doute une critique sociale. Mais en pointillé. La seule véritable réplique à conserver est prononcée par la bonne, d’origine philippine « nous sommes leurs esclaves ». Oui, tout à fait Madame. Et pourtant, vous êtes bien la seule dans le lot qui mérite qu’on vous appelle Madame...

➤ « Madame », Studiocanal, 12,99 €

jeudi 21 décembre 2017

Des idées cadeaux de films, séries et coffrets...

L’hiver est terminé

Pour ceux qui ont raté le phénomène « Game of Thrones » ces dernières années, voilà l’occasion parfaite de tout découvrir d’un coup. Les sept saisons dans un gros coffret, pour des heures et des heures de plongée dans cet univers violent et inquiétant. Avec en plus quantité de bonus. Et si vous êtes attentif, vous pourrez reconnaître certains lieux de tournage, notamment Gérone en Catalogne.
➤ Coffret Game of Thrones, Warner home vidéo, environ 100 €
Parisiennes

Elles sont cinq. Cinq femmes dans Paris. Valeria Bruni-Tedeschi, Anaïs Demoustier, Naidra Ayadi, Lou Roy-Lecollinet, Zabou Breitman interprètent ces Parisiennes modernes qui vivent, aiment, jouissent et se posent des questions. Ludique et passionnant.
➤ "Paris, etc », Studiocanal
Frenchy-space

Tiré de la BD de Christin et Mézières, l’adaptation de Valérian par Luc Besson est une superbe réussite. Effets, spéciaux, humour, 3D, monstres... Le film n’a rien à envier aux superproductions américaines. A déguster dans son canapé à la vitesse de la lumière.
➤ « Valérian », EuropaCorp
Bébél éternel

Jean-Paul Belmondo (qui pourrait de nouveau tourner prochainement), a longtemps assuré ses cascades lui-même. Ce coffret reprend six de ses films les plus mouvementés dont « L’alpagueur » tourné en grande partie à Perpignan. Du cinéma efficace et spectaculaire.
➤ « Belmondo cascadeur », Studiocanal
------------------
Entre cape, épée et comédie US

S on nom s’est peu à peu effacé de la mémoire collective mais André Hunebelle n’en reste pas moins un grand réalisateur français du XXe siècle. Si la trilogie Fantômas et OSS 117 sont ses films les plus populaires, le cinéaste a aussi révélé Louis de Funès (il lui a donné son premier rôle dans Taxi, Roulotte et Corrida), Bourvil, Jean Marais (avec qui il a tourné « Le Miracle de Loups » dans la Cité de Carcassonne) et même le scénariste et dialoguiste Michel Audiard. Pathé ressuscite deux de ses œuvres issues de sa période de cape et d’épée : « Les Trois Mousquetaires » et « Le Capitan ». Les Trois Mousquetaires est un véritable monument de la littérature française. En 1953, André Hunebelle en fait une adaptation drôle et musclée sur des dialogues de velours. Il faut dire que le scénario est signé Michel Audiard.
Un an après avoir réalisé Le Bossu, André Hunebelle signe Le Capitan en 1960, adapté du roman éponyme de Michel Zévaco, avec la même équipe à succès. Le réalisateur retrouve en effet Jean Marais et Bourvil dans des rôles similaires avec, en prime, Guy Delorme, éternel méchant des films de cape et d’épée, aussi bien chez Hunebelle que chez Bernard Borderie. Une fois encore, le casting est épatant. Jean Marais apporte une touche d’émotion et de justesse à son rôle. Coloré, historiquement fidèle et majestueusement décoré, Le Capitan est une pépite du genre. Vif, rocambolesque et rythmé, le film joue sur les scènes d’action et d’aventure qui se succèdent avec panache.

Qui se souvient de Preston Sturges ? Pas assez de cinéphiles malheureusement alors voilà l’occasion de se replonger dans l’œuvre de ce grand maître de la comédie hollywoodienne, artiste avant-gardiste enfin célébré à sa juste valeur par un objet d’exception ! Ce coffret reprend six trésors restaurés et présentés pour la première fois en HD. Sarcastique dans « Le Gros Lot » avec Dick Powell, Jimmy MacDonald rêve de remporter le gros lot du concours de slogans. Ses collègues lui font croire qu’il a gagné… Il se lance alors dans de folles dé- penses pour ravir sa famille et sa fiancée. Romance dans « Un cœur pris au piège » avec Barbara Stanwyck et Henry Fonda. Après un voyage en Amazonie, Charles Pike, riche héritier, rencontre sur le bateau du retour une femme fatale en quête de mari, Jean Harrington. Elle va bientôt jeter son dévolu sur lui.
Dans le coffret vous retrouverez un livre exclusif grand format (24x30cm à l’italienne) de 188 pages, rassemblant à la fois un texte in- édit de Philippe Garnier (ainsi que des textes sur chacun des films), la biographie de Preston Sturges signée Marc Cerisuelo et un album photo dédié à chacun des films, tiré d’archives rares.
➤ Coffret Hunebelle, Pathé.
➤ Coffret Preston Sturges, Wild Side Vidéo

jeudi 17 août 2017

DVD et blu-ray : « Gangsterdam », drogue, guns et bras cassés français



Dans les bonus du DVD « Gangsterdam », film de Romain Lévy, Kev Adams confie que c’est son premier rôle où il a la chance d’avoir un « gun » en main. Et qu’il kiffe un max… On y voit aussi un réalisateur qui a longtemps dû batailler avec son acteur vedette pour le persuader de ne pas avoir le plus gros « gun » du trio, pour préserver la cohérence de l’évolution de sa personnalité. Kev Adams kiffe donc, mais il aurait quand même préféré en avoir un plus gros. Beaucoup plus gros...
Toute la philosophie du film est résumée dans cette anecdote. « Gangsterdam » est un film de gangster qui se déroule à Amsterdam, mais c’est surtout le rêve d’un réalisateur qui voulait orchestrer et mettre sur pellicule des bagarres, des fusillades au ralenti, de jolies filles dénudées, des crashes de voiture… et des pets. Cherchez l’intrus. Un indice : ça ne sent pas bon.


Les Pays-Bas, depuis très longtemps, ont légalisé la consommation de cannabis pour usage récréatif. Mais pas en dehors des célèbres cafés. Certains truands français profitent du marché pour s’y approvisionner. Toute la difficulté est de trouver des passeurs efficaces. Nora (Manon Azem) finance ses études par ces voyages peu risqués. Mais quand son boss (Manu Payet) décide de passer à la vitesse supérieure, il décide de lui flanquer une assurance tout risque en la personne de Ruben (Kev Adams), gentil étudiant en droit, bien sous tout rapport, totalement insoupçonnable. Ce dernier accepte car il en pince pour la belle. Problème, il fait le trajet avec son meilleur ami Durex (Côme Levin): obsédé sexuel, raciste, grand péteur devant l’éternel et roux. Ce qui fait beaucoup de handicaps. Le trio de bras cassés devra affronter de véritables gangsters et grandir.
On ne s’étendra pas sur l’interprétation des comédiens qui ont tous débuté dans des séries télé et cela se ressent, pour ne conserver que quelques scènes réellement comiques, toujours dans l’excès grâce à Ruben, véritable héros du film car, selon le célèbre adage, on le reconnaît car il ose tout.
➤ « Gangsterdam », Studiocanal, 12,99 € le DVD et 14,99 € le bluray

vendredi 21 juillet 2017

DVD et blu-ray : Le meilleur de Jean-Luc Godard en coffret


Jean-Luc Godard est-il le meilleur ? Si vous avez un doute, contre quelques dizaines d’euros vous pourrez redécouvrir 7 de ses films les plus emblématiques de la période des années 60. De grands classiques comme « Le Mépris » ou « Pierrot le fou » ou d’autres moins célèbres comme « Made in USA » avec Yves Afonso dans un de ses premiers rôles ou « Le petit soldat » brûlot (déjà) contre le colonialisme et l’OAS.
Donc Godard s’il n’est pas le meilleur est quand même un grand du cinéma qui mérite ce nouveau coffret dans une collection qui porte, tout simplement, son nom.
➤ Studiocanal, 59,99 € les sept DVD, 69,99 € les sept bluray avec quatre heures de bonus et un livret.

mercredi 19 juillet 2017

DVD : Comment être belle malgré la maladie



Florence Foresti tente depuis quelques années de se défaire de son image de comique fofolle et excessive. Tentée par le théâtre et le cinéma, elle parvient parfois à décrocher des rôles plus ambitieux.
Comme dans « De plus belle », premier film d’Anne-Gaëlle Daval spécialement écrit pour la comique. Un personnage complexe, meurtri dans son corps et ses convictions personnelles. A un peu plus de 40 ans, Lucie a frôlé la mort. un cancer du sein détecté heureusement assez tôt. Chimio, rayons... Le protocole mis en place par son chirurgien, par ailleurs petit frère (Jonathan Cohen), a porté ses fruits. Elle est en rémission et la scène d’ouverture montre tous ses amis fêter son retour à la vie dans une boîte de nuit.
Tout le monde fait la fête, danse, boit... Sauf Lucie. Comme si elle sentait que tout cela n’est qu’écume en surface d’une vie sans but ni amour. Et ce ne sont pas les gros sabots de Clovis (Mathieu Kassovitz), dragueur impénitent, qui vont la faire changer d’avis. Lucie en plus d’être devenue un peu hypocondriaque, doit subir les foudres de sa mère (Josée Drevon), peau de vache qui ne cache jamais sa préférence pour son fils.
De tous les personnages secondaires, c’est elle qui crève l’écran. La prestation de Florence Foresti, à côté des autres actrices (Nicole Garcia et Olivia Bonamy) semble un peu en deçà. Pourtant elle porte sur ses épaules tout le film, ses cours de « strip-tease thérapeutique » donnant une couleur très cabaret à cette comédie un peu trop léchée pour être émouvante.
Dans les bonus, la réalisatrice, qui a débuté comme costumière dans la série Kaamelott d’Alexandre Astier, raconte sa relation avec sa comédienne principale, quelques images du tournage montrant Florence Foresti comme on la connaît : souriante, virevoltante et provocatrice.  
➤ « De plus belle », Studiocanal, 19,99 € le DVD


mardi 13 juin 2017

Cinéma : Une famille unie autour du vin





Une année. Il faut une année complète pour « fabriquer » un vin. Mais il en faut beaucoup plus dans cette Bourgogne pour que le breuvage gagne ses lettres de noblesse. Il existe des crus où le vin doit être vite bu, d’autres où il ne gagne ses galons de grand cru qu’à l’issue de longues années de maturation, en fûts puis en bouteilles. Dans l’exploitation familiale au cœur d’une région devenue riche à force de faire des breuvages d’exception, le temps de la relève est venu. Le patriarche, malade, est hospitalisé depuis des années. Juliette (Ana Girardot) a pris la relève, un peu contrainte et forcée. Son jeune frère, Jérémie (François Civil), l’aide un peu, mais il est fort occupé par la naissance de son fils et le travail sur l’exploitation de son épouse.



Tout change quand Jean (Pio Marmai) est de retour. Jean, l’aîné, le grand frère protecteur ayant préféré faire le tour du monde que de rester les pieds collés à cette terre collante quand il pleut trop. Cela fait plus de quatre ans qu’il n’a pas donné signe de vie. Installé en Australie à la tête d’un immense vignoble, il revient du jour au lendemain, à quelques jours du début des vendanges. Du décès du père aussi. Mais la vigne, elle, se moque de la mort. Le raisin est arrivé à maturité. Il faut lancer la récolte. Un beau symbole de la suprématie totale et absolue, quoi qu’il arrive, de la vie sur la mort, de la continuité face à l’abandon.
Ce film « agricole » du réalisateur du « Péril Jeune» ou de « L’auberge espagnole » s’intéresse avant tout aux trois enfants, perdus face à l’enchaînement des difficultés. Car en plus des vendanges, il faut gérer l’héritage. Et les lois françaises font que pour conserver le domaine en l’état, il faut payer 500 000€ de droits de succession. Or les frères et la sœur, s’ils ont des problèmes de riches, n’en ont pas les moyens.
■ Réconciliations
De plus, Jean est partagé entre ces racines et sa nouvelle vie. Car s’il est revenu tenter de se réconcilier avec son père mourant, il a laissé en Australie une compagne et un petit garçon de 4 ans. Pour lui, il est évident qu’il faut vendre. Mais Juliette, pourtant toujours en admiration devant ce grand frère qui l’a aidé, éduqué et protéger, ne veut pas qu’il décide pour elle. Jérémie, hésitant, va tenter d’oublier les rancœurs contre son frère qui n’est même pas venu aux obsèques de leur mère.
Le film montre aussi, sur une année complète au fil des travaux de la vigne (de la taille aux vendanges) comment ces trois, éloignés par la force des choses, vont se retrouver et gagner en complicité. C’est au final le véritable intérêt de plus de « Ce qui nous lie », qui bascule de film ancré dans la réalité viticole pré- sente vers une histoire universelle sur la famille, ses joies, séparations et retrouvailles. Notamment quand, dans l’adversité, les trois, comme dans leur enfance heureuse, s’unissent et font face à toutes les difficultés.
------------------
De la vigne au vin


Tout en consacrant l’essentiel de l’intrigue aux personnages, le film de Cédric Klapisch prend parfois des allures de documentaires quand il est question de la vigne et du vin. Les premières images montrent ces vignobles aux couleurs changeantes au fil des saisons. De l’austère dépouillement de l’hiver à vert tendre du bel été en passant par l’or de l’automne. La vigne, filmée sous toutes ses coutures, est presque un personnage à part entière, aux humeurs changeantes mais toujours au rendez-vous des saisons. Que cela soit la taille ou les vendanges, les propriétaires l’arpentent inlassablement, surveillant chaque cep et guettant le moindre signe de maladie jusqu’au jour du début des vendanges. En quelques scènes joyeuses, le réalisateur capte la dureté de cette période mais aussi sa joie liée au travail de groupe.
Ensuite vient le travail dans le chai. Le pressage, l’assemblage et le vieillissement. C’est aussi là, dans cette fraîcheur ancestrale que le vin est élaboré par petites touches personnelles, habitudes et goût des vignerons.
Sans verser dans la démonstration un peu trop pédagogique, on sort de ce film avec un savoir supplémentaire. Surtout on apprend que certains goûteurs-testeurs, dont ceux de la famille de Jean, Juliette et Jérémie, ne crachent pas. Au contraire, ils dégustent jusqu’au bout et profitent de cette ivresse divine provoquée par l’alcool. La fonction première du vin que des aristocrates de la dégustation ont trop souvent tendance à occulter.

DVD et blu-ray : « Seuls » face à ses propres cauchemars


Il n’est jamais facile d’adapter une bande dessinée au cinéma. Les ratages sont beaucoup plus nombreux que les réussites. Du bon côté il y a les grands classiques (Astérix, le Marsupilami), les héros de comics (Spiderman, XMen),les romans graphiques (Lulu femme seule) et les séries plus inclassables comme « Seuls » de Vehlmann et Gazzotti. Prépubliée dans les pages du journal Spirou depuis une quinzaine d’années, éditée par Dupuis,la série raconte comment cinq enfants se réveillent un matin seuls dans leur immense ville. Dix tomes sont parus donnants quelques explications sur ce qui leur est véritablement arrivé. Personnages forts et attachants,intrigue pleine de suspense et de rebondissements, virtuosité graphique de Gazzotti : la BD remporte un véritable succès. La richesse de l’univers imaginé par Vehlmann (par ailleurs scénariste des aventures de Spirou) a logiquement attiré des réalisateurs.


C’est David Moreau qui a été les plus convaincant. Il s’est lancé dans l’adaptation des cinq premiers albums. Première idée : vieillir un peu les protagonistes. Car certaines actions de ces survivants urbains sont délicates. Comment faire conduire une Maseratti à une fillette de 12 ans ? Seconde idée : changer de personnage pivot. Dodji (Stéphane Bak) dans la BD s’efface au profit de Leïla (Sofia Lesaffre). Troisième idée :instiller un embryon de romance entre Leïla et Dodji. Par contre on retrouve le personnage véritablement angoissant du Maître des couteaux.
Le film débute par quelques images de la vie d’avant de Leïla. Une fille très renfermée, un peu garçon manqué, en rupture avec sa famille et ses rares amis. Et puis, au petit matin, elle se réveille,plus personne dans l’appartement, rues désertes, même l’hôpital où son frère était soigné est abandonné. Elle rencontre d’autres jeunes et tente de survivre.
Le film bascule ensuite dans le thriller pur et dur, avec une fin très ouverte qui devrait permettre de donner une suite à cette première partie assez réussie dans l’ensemble.
 ➤ « Seuls », Studiocanal, 14,99 €

mercredi 7 juin 2017

DVD et blu-ray : la quête du jeune Chiron dans « Moonlight »



Oscar du meilleur film en début d’année, la seconde réalisation de Barry Jenkis est de ces histoires qui marquent durablement le spectateur. Pour sa simplicité, sa violence et sa beauté. Une œuvre très forte, servie par des comédiens tous au diapason d’un metteur en scène en état de grâce. De plus, le message porté par ce parcours initiatique dans l’Amérique de Trump donne une puissance encore plus importante à ce manifeste pour la tolérance et les différences. L’histoire de Chiron, jeune noir américain vivant dans le ghetto de Miami avec sa mère droguée (Naomie Harris), est racontée dans trois parties différentes. Quand il a 11 ans (Alex R. Hibbert),14 ans (Ashton Sanders) et 24 ans (Trevante Rhodes). Trois acteurs pour un même personnage qui change de nom au fil des époques.



Jeune, il est surnommé Little par ses camarades. Souffre-douleur des petits caïds, il ne trouve du réconfort qu’auprès de Juan (Mahershala Ali, Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle), le dealer de sa mère. Ce dernier devient un peu son père de substitution. Il est attentif, aimant, protecteur. Pourtant il gagne sa vie en propageant dans ce quart monde la pire saloperie qui puisse exister: le crack.
Adolescent, le jeune garçon retrouve son prénom, Chiron. Il comprend qu’il est différent. Effacé, maigre, timide et surtout homosexuel. Les brimades s’enchaînent. Pour s’en sortir il n’a plus qu’une solution : être encore plus méchant que les autres. Un passage à l’acte violent qui le conduit droit en prison.
On le retrouve 10 années plus tard. Nouveau prénom, nouvelle apparence. Black, dealer intransigeant, est taillé comme un rock. Il a totalement occulté son adolescence souffreteuse et ses attirances masculines. Jusqu’à l’appel, en pleine nuit, de Kevin (Andre Holland),le seul copain qui savait,le seul qu’il a aimé. La troisième partie, extraordinaire d’intensité, filme ces retrouvailles dans un petit restaurant miteux. A côté, « Love Story » fait figure de film comique. Car l’exploit de ce film réside bien dans le romantisme omniprésent, malgré la violence, la drogue, la misère sociale.
Dans le bonus, le réalisateur explique combien ce texte original l’a touché car il comportait de nombreux points communs avec sa propre histoire. Les acteurs témoignent aussi, notamment Andre Holland, exceptionnel dans son rôle de révélateur d’émotion et qui lui aussi aurait mérité un oscar du meilleur second rôle.
➤ « Moonlight », Studiocanal, 19,99 €