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lundi 24 juillet 2023

Cinéma - “Une nuit”, une seule et unique nuit d’amour

Un homme, une femme. La rencontre improbable dans le métro entre Alex Lutz et Karin Viard va entraîner le couple dans «Une nuit» peu banale. 

Il est beaucoup question d’attirance, d’alchimie entre les corps et un peu d’amour dans Une nuit, film écrit, réalisé et interprété par Alex Lutz. La rencontre entre un homme et une femme (presque du Lelouch), le temps d’une nuit, une seule et unique nuit, magique, épanouissante mais qui ne peut que se terminer par un adieu. Dans les couloirs du métro un soir ordinaire. 

Les travailleurs se pressent pour rentrer chez eux. Aymeric est solidement accroché à sa barre en fer. Il est percuté par Nathalie (Karin Viard). En découle une dispute assez vive. Ils s’échangent nombre de noms d’oiseaux, provoquant gène chez la majorité des passagers, quelques sourires chez certains. 

Cinq minutes plus tard, Nathalie et Aymeric font frénétiquement l’amour dans la cabine d’un photomaton. 

Le matin des adieux

Le début de cette romance un peu désenchantée a tout de la comédie. Alex Lutz y est brillant, tout comme sa partenaire Karin Viard. Six minutes de disputes, six de copulation, pour Nathalie, c’est l’instinct primaire (primate) qui parle. Une attitude digne d’un bonobo. 

La suite du film est moins enlevée. Même s’ils savent qu’ils vont se quitter dans quelques minutes (heures ?), ils cherchent à en savoir un peu plus l’un sur l’autre. On plonge alors dans de longs dialogues, pas toujours inspirés, sorte de leçons de philosophie à la petite semaine. Nathalie découvre un Aymeric plus macho qu’il n’y paraît. 

Aymeric s’accroche à une Nathalie plus écorchée vive que femme libérée et assumant ses désirs. Leur dérive nocturne va les entraîner dans une fête étudiante, un restaurant chinois, les quais de la Seine et divers lieux de plaisir. Le caractère un peu répétitif des dialogues risque de lasser certains, mais la majorité du public devrait trouver son compte dans ces formules dans l’air du temps sur les nouvelles pratiques de couples moins exclusifs que dans l’ancien temps.

 Film d’Alex Lutz avec Alex Lutz, Karin Viard, Jérôme Pouly

jeudi 23 janvier 2014

Cinéma - Les belles rencontres de Lulu

Adaptée d'une Bande dessinée d'Étienne Davodeau, "Lulu femme nue" de Solveig Anspach offre un rôle puissant et lumineux à Karin Viard en femme perdue.


Un grain de sable, un minuscule grain de sable et parfois la vie bascule. Dans le cas de Lulu, interprétée par Karin Viard, c'est un entretien d'embauche raté qui va modifier le cours de sa vie. Mère au foyer, timide et transparente, elle tente de se faire croire que travailler va changer son horizon. Ce nouvel échec va comme la tétaniser. Sur le quai de la gare, elle regarde son train partir. Le grain de sable a grippé la machine. Lulu va faire un break, appuyer sur la touche « pause » pour figer ce temps. Pas facile pour cette femme qui n'aime plus son mari mais qui est essentielle à ses trois enfants, Morgane, une adolescente énervée comme on peut l'être à 15 ans et deux jumeaux, encore trop jeunes pour se rendre compte de l'absence de leur maman. Dans cette ville de bord de mer, Lulu prend une chambre d'hôtel, regarde la plage de la fenêtre, utilise les crèmes fournies avec le shampooing et le dentifrice. Seule dans la petite salle de bain, elle se regarde dans la glace. Une scène lumineuse, où l'actrice parvient à faire passer toute la détresse d'une femme face à son image. On se rêve belle, on se voit vieille.


Le barbu bourru
L'escapade de Lulu n'aurait du durer qu'une nuit. Juste le temps de se faire désirer. Mais une rencontre va tout changer. En bord de mer, elle se précipite au secours de Charles, un barbu bedonnant bourru qu'elle croit mort. En fait il fait semblant. « C'est important de savoir faire le mort » explique ce drôle de personnage joué par Bouli Lanners, acteur belge tout en retenue. Comme Lulu, Charles a une famille. Deux frères, parenthèse agitée du film de Solveig Anspach, sorte de gardes du corps à l'insu de son plein gré. Et si Lulu décidait d'être heureuse ? Durant quelques jours elle va se laisser porter par cette romance toute nouvelle pour elle. Certes elle n'oublie pas ses enfants, mais s'occuper d'elle lui semble plus vital sur le moment. Sur la route de la liberté, Lulu va faire d'autres rencontres. Une vieille dame (Claude Gensac) qui a peur de mourir seule et une jeune serveuse dans un bar manquant de confiance. Lulu semble se reconnaître en elles. Elle va les aider, montrer qu'elle aussi, même si elle n'a pas de travail, peut être utile.
Le film, fidèle à la bande dessinée d'Étienne Davodeau parue chez Futuropolis, montre la lente maturation d'une femme revenant à la vie. Étouffée par le quotidien, elle redécouvre son corps, ses sensations, ses envies. Karin Viard, impeccable de bout en bout, porte cette métamorphose. Empruntée au début, épanouie au final : Dieu que Lulu est belle.


jeudi 16 janvier 2014

Cinéma - Trop d'amour tue l'amour

Mathieu Amalric, est un don Juan dépassé par les événements dans « L'amour est un crime parfait », thriller lumineux et glacial des frères Larrieu.


Un homme, trois femmes. L'affiche du film de Jean-Marie et Arnaud Larrieu annonce la couleur. Le personnage principal, professeur de littérature dans une université, est tiraillé entre toutes ces femmes qu'il attire tel un aimant. Marc, interprété par Mathieu Amalric, tente de survivre entre sa sœur (Karin Viard), la belle-mère d'une de ses conquêtes (Maïwenn) et une étudiante idolâtre (Sara Forestier). Trois femmes omniprésentes tout au long du film et une quatrième, Barbara, entraperçue dans les premières minutes. Étudiante brillante, elle est aussi amoureuse de son prof. Marc accepte de la ramener chez lui, dans son chalet en altitude, isolé derrière des murs de neige. Quelques jours plus tard, le campus bruisse de rumeurs. Barbara a disparu.

Thriller machiavélique
Les frères Larrieu n'ont pas réalisé une comédie sur l'appétence sexuelle d'un homme dans la force de l'âge (pour ça, pas la peine de fiction, l'actualité suffit largement...) mais un thriller machiavélique dans lequel Marc passe de la victime au bourreau. Le récit, totalement subjectif, suit les errances de Marc. Dans son université ultra design, entre guerre de pouvoir avec son collègue et jeu de la séduction avec les étudiantes. Dans son chalet, avec la présence lancinante et pesante de sa sœur Marianne, célibataire désenchantée noyant ses échecs dans l'alcool.

Et puis arrive Anna. Interprétée par Maïwenn, excellente dans le registre mystérieuse et obstinée, Anna est la belle-mère de Barbara. Elle a décidé d'enquêter sur la disparition de la fille de son mari, un militaire en mission en Afrique. Elle demande à Marc de lui parler de Barbara qu'elle ne connaissait pas bien, elle l'avoue. Elle reviendra souvent à l'université. Au point que tout le monde est persuadé qu'elle entretient une relation avec Marc. Le prof de littérature est réputé pour ses multiples conquêtes. D'ordinaire, il pioche dans son « cheptel » d'étudiante. Mais avec Anna, c'est différent. Il repousse les avances de la belle-mère avant de céder. Une fois de plus. Une fois de trop...
Adapté du roman « Incidences » de Philippe Djian, « L'amour est un crime parfait » (titre dont la signification est dévoilée en fin de film, et cela vaut le coup) a pris quelques libertés avec le texte original. On regrette le rôle un peu effacé de Marianne la sœur, plus fort dans le roman. Karin Viard signe une composition honnête mais sans plus. Par contre toute la jeunesse et la fougue de Sara Forestier font merveille dans le rôle d'une fille à papa déterminée à accrocher un professeur d'université sur son tableau de chasse. Quant à Maïwenn, la troisième face féminine de ce triangle amoureux, elle a le rôle le plus compliqué, tout en retenue et interrogations. On retrouve aussi dans le film les ambiances caractéristiques des œuvres des frères Larrieu, amplifiées cette fois par les paysages déserts et enneigés des Alpes. Un blanc cru et aveuglant, comme l'amour.