Cette histoire, d’un presque père ballotté par les sentiments et les événements, fait du bien. Adapté du livre de Pierric Bailly, Le roman de Jim des frères Larrieu dresse le portrait d’une génération sensible et à l’écoute. Un amant gentil, présent et dévoué interprété par Karim Leklou.
L’amour qu’il porte à sa compagne enceinte (Laetitia Dosch), va se communiquer à ce petit garçon qu’il va accompagner dans ses premières années de la vie. Un film d’une beauté absolue, parfois jubilatoire, parfois triste. Comme la vie. Juste la vie.
L’édition en vidéo chez Pyramide sortie cette semaine offre une profusion de bonus pour aller plus loin dont des entretiens avec Arnaud et Jean-Marie Larrieu (27 min), l’écrivain Pierric Bailly à propos des lieux du tournage (15 min) ou Karim Leklou (18 min)
Rien que la bande-son de Tralala, comédie musicale des frères Larrieu qui vient de sortir en DVD et blu-ray (Pyramide Vidéo) mérite le détour et l’histoire, si elle est moins corrosive que les films précédents des cinéastes, s’adapte au parcours en rédemption d’un chanteur SDF dans la bonne ville de Lourdes.
Tralala (Mathieu Amalric), autant chanteur de rue que clochard, croit voir la vierge à Paris. Il se rend alors à Lourdes et découvre qu’il ressemble à un homme dispru depuis quelques années. Il endosse son identité et tente de satisfaire famille et amis. Les chansons originales sont de plusieurs pointures, de Philippe Katerine à Jeanne Cherhal en passant par Étienne Daho ou Dominique A sans oublier Bertrand Belin qui, en plus, joue (merveilleusement bien) dans le film.
Tourné dans la Montagne noire, "21 nuits avec Pattie" des frères Larrieu est un film fantasmagorique sur la force sensuelle et érotique de la nature en été.
Pattie existe. Le personnage principal du nouveau film d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu n'a rien d'imaginaire. Les cinéastes français au parcours si singulier ont écrit ce scénario original (ils ont jusqu'à présent surtout adapté des œuvres littéraires comme "L'amour est un crime parfait" de Djian ou "Les derniers jours du monde" de Dominique Noguez) l'été dans la maison familiale de Castans dans la Montagne noire audoise. Cette amie racontait sans cesse ses conquêtes sexuelles, ses exploits avec les gars du pays, son goût pour le sexe, la chair, le plaisir. Un univers qui parle à ces créateurs filmant à la perfection la beauté féminine et les mystères de la passion. Pattie au centre de l'intrigue, il suffisait ensuite de dérouler une histoire qui s'adapte aux décors d'origine.
Le sexe parlé
Après les Pyrénées et les Alpes, les frères Larrieu ont décidé de filmer cette Montagne Noire qu'ils connaissent si bien pour y avoir passé tous les étés de leur enfance. A Castans, dans ce petit village aux pentes raides, entouré de forêts profondes et de légendes ancestrales, la mort et la vie font bon ménage. Et parfois, la barrière entre les deux états s'estompe au profit d'une situation plus complexe, où la raison est mise sous l'éteignoir des croyances. La mort, Caroline (Isabelle Carré) ne l'a jamais côtoyée. En vacances en Espagne en compagnie de son mari (Sergi Lopez) et ses deux filles, elle doit rentrer d'urgence pour s'occuper des obsèques de sa mère, Isabelle (Mathilde Monnier), morte d'une crise cardiaque. Entre la fille et la mère, cela n'a jamais été l'osmose ni le grand amour. Caroline va s'occuper des tracas administratifs (avis de décès, obsèques, mise en vente de la maison) et retourner bien vite au soleil de la Catalogne. C'est sans compter avec les facéties d'une morte qui aime s'évaporer… Le cadavre disparaît, la gendarmerie enquête, Caroline doit rester à Castans, qui justement est en pleine fête votive estivale.
Elle va donc cohabiter avec Pattie (Karin Viard), la meilleure amie, confidente et femme de ménage de sa défunte mère. Pattie qui ne s'embarrasse pas de fioritures pour entretenir la conversation. Elle parle de ce qu'elle connaît le mieux : le sexe. Et de comparer les techniques, mensurations et habitudes des divers hommes du village qu'elle croise et qu'elle semble avoir tous testés. Pour Caroline, introvertie et à la libido totalement morte, c'est un choc qui n'est pas sans effet. Quelques jours dans la nature exubérante de cette forêt audoise, entre arbres moussus et torrents rafraîchissants, vont changer la personnalité de la blonde Parisienne, sous le regard bienveillant de sa mère, fantôme agissant. Si les dialogues, notamment dans la jolie et élégante bouche de Karin Viard, sont d'une verdeur extrême (à ne pas mettre dans toutes les oreilles), les images restent sages. Belles comme un baiser chaste, préambule à'un déferlement de passion physique, que l'on imagine mais qui n'est pas montré.
Mathieu Amalric, est un don Juan dépassé par les événements dans « L'amour est un crime parfait », thriller lumineux et glacial des frères Larrieu.
Un homme, trois femmes. L'affiche du film de Jean-Marie et Arnaud Larrieu annonce la couleur. Le personnage principal, professeur de littérature dans une université, est tiraillé entre toutes ces femmes qu'il attire tel un aimant. Marc, interprété par Mathieu Amalric, tente de survivre entre sa sœur (Karin Viard), la belle-mère d'une de ses conquêtes (Maïwenn) et une étudiante idolâtre (Sara Forestier). Trois femmes omniprésentes tout au long du film et une quatrième, Barbara, entraperçue dans les premières minutes. Étudiante brillante, elle est aussi amoureuse de son prof. Marc accepte de la ramener chez lui, dans son chalet en altitude, isolé derrière des murs de neige. Quelques jours plus tard, le campus bruisse de rumeurs. Barbara a disparu.
Thriller machiavélique
Les frères Larrieu n'ont pas réalisé une comédie sur l'appétence sexuelle d'un homme dans la force de l'âge (pour ça, pas la peine de fiction, l'actualité suffit largement...) mais un thriller machiavélique dans lequel Marc passe de la victime au bourreau. Le récit, totalement subjectif, suit les errances de Marc. Dans son université ultra design, entre guerre de pouvoir avec son collègue et jeu de la séduction avec les étudiantes. Dans son chalet, avec la présence lancinante et pesante de sa sœur Marianne, célibataire désenchantée noyant ses échecs dans l'alcool.
Et puis arrive Anna. Interprétée par Maïwenn, excellente dans le registre mystérieuse et obstinée, Anna est la belle-mère de Barbara. Elle a décidé d'enquêter sur la disparition de la fille de son mari, un militaire en mission en Afrique. Elle demande à Marc de lui parler de Barbara qu'elle ne connaissait pas bien, elle l'avoue. Elle reviendra souvent à l'université. Au point que tout le monde est persuadé qu'elle entretient une relation avec Marc. Le prof de littérature est réputé pour ses multiples conquêtes. D'ordinaire, il pioche dans son « cheptel » d'étudiante. Mais avec Anna, c'est différent. Il repousse les avances de la belle-mère avant de céder. Une fois de plus. Une fois de trop...
Adapté du roman « Incidences » de Philippe Djian, « L'amour est un crime parfait » (titre dont la signification est dévoilée en fin de film, et cela vaut le coup) a pris quelques libertés avec le texte original. On regrette le rôle un peu effacé de Marianne la sœur, plus fort dans le roman. Karin Viard signe une composition honnête mais sans plus. Par contre toute la jeunesse et la fougue de Sara Forestier font merveille dans le rôle d'une fille à papa déterminée à accrocher un professeur d'université sur son tableau de chasse. Quant à Maïwenn, la troisième face féminine de ce triangle amoureux, elle a le rôle le plus compliqué, tout en retenue et interrogations. On retrouve aussi dans le film les ambiances caractéristiques des œuvres des frères Larrieu, amplifiées cette fois par les paysages déserts et enneigés des Alpes. Un blanc cru et aveuglant, comme l'amour.