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mardi 8 avril 2025

Romans français - A chacun ses problèmes familiaux

Si Laurent Bazin règle ses comptes avec son père au moment de ses obsèques, Antoine Laurain est plus indulgent pour sa famille face à l'épreuve de la... dictée de Mérimée.

Deux romans français sur la famille en général, deux ambiances totalement différentes. Antoine Laurain propose un texte léger sur les affrontements entre générations autour de l'amour de la langue française alors que Laurent Bazin, célèbre journaliste télé installé dans l'Aude, transforme l'annonce de la mort de son père en psychanalyse qui vire au règlement de comptes sans concession. Si vous avez l'humeur joyeuse et riante, profitez du premier texte. Si la tristesse ou la rancoeur minent votre quotidien, découvrez qu'il y a pire ailleurs concernant la mésentente dans une famille. 

Nous avons tous un souvenir de dictée qui ne s'est pas bien passée. Benjamin, écolier, ramène une très mauvaise note. Ses parents, un peu catastrophés, décident de lui prouver qu'ils étaient bien meilleur que lui à son âge. Et se trompent un peu. Un mini psychodrame qui va déboucher sur l'organisation d'une dictée en plein air, sous la supervision d'un membre de l'Académie française. Et pas n'importe quelle dictée puisqu'il faudra éviter les pièges de Prosper Mérimée. Outre quelques mots incongrus, c'est le fond de ce petit texte qui va devenir célèbre. Dans cette dictée, « les notables y étaient ridiculisés, les bourgeois passaient pour des crétins, les militaires pour des ivrognes, la religion tournait à la farce. Un bijou d'insolence. Un chef-d'oeuvre de provocation. » Rien que pour l'exhumation de ce texte, le roman mérite le détour.

Moins d'humour dans le récit de Laurent Bazin. C'est le parfait exemple que l'on peut réussir sans népotisme. Car très vite son père s'est désintéressé de sa carrière de journaliste. Ce médecin, volage, criblé de dettes, a vécu ses dernières années dans une grande solitude. Laurent Bazin, en une semaine, va devoir faire un gros travail sur lui pour accepter d'organiser les obsèques, le dernier adieu. Avec l'impossibilité de se réconcilier. Juste une sorte de piqûre de rappel sur son rôle de père qu'il veut, au contraire du mort, exemplaire, attentif et aimant. L'étrange confession sèche et parfois caustique d'un homme public à l'image chaleureuse et bienveillante.  

« La dictée », Antoine Laurain, Flammarion, 160 pages, 20 €

« L'homme qui ne voulait pas être mon père », Laurent Bazin, Robert Laffont, 320 pages, 21,50 €

mardi 21 janvier 2025

En vidéo, “Le roman de Jim” des frères Larrieu

Cette histoire, d’un presque père ballotté par les sentiments et les événements, fait du bien. Adapté du livre de Pierric Bailly, Le roman de Jim des frères Larrieu dresse le portrait d’une génération sensible et à l’écoute. Un amant gentil, présent et dévoué interprété par Karim Leklou.

L’amour qu’il porte à sa compagne enceinte (Laetitia Dosch), va se communiquer à ce petit garçon qu’il va accompagner dans ses premières années de la vie. Un film d’une beauté absolue, parfois jubilatoire, parfois triste. Comme la vie. Juste la vie.

L’édition en vidéo chez Pyramide sortie cette semaine offre une profusion de bonus pour aller plus loin dont des entretiens avec Arnaud et Jean-Marie Larrieu (27 min), l’écrivain Pierric Bailly à propos des lieux du tournage (15 min) ou Karim Leklou (18 min)

mercredi 13 septembre 2023

Cinéma - “La petite”, orpheline avant même de naître

La GPA (gestation pour autrui) se transforme en film émouvant et sensible avec un Fabrice Luchini bouleversant.


Elle aurait dû avoir deux pères et pas de mère. Mais La petite, pas encore née, se retrouve orpheline avant l’heure. Ses deux papas meurent dans un accident d’avion alors qu’elle n’est qu’un fœtus dans l’utérus d’une mère porteuse. Abandonnée de tous ? C’est sans compter avec l’opiniâtreté d’un des grands-pères.

Adapté du roman Le berceau (Flammarion) de Fanny Chesnel, ce film réalisé par Guillaume Nicloux, en plus de parfaitement expliquer le phénomène de la gestation pour autrui, tolérée en Belgique, aborde frontalement le problème des droits des mères porteuses. Joseph (Fabrice Luchini) est un ébéniste vivant en retrait depuis la mort de son épouse d’un cancer. Il a encore des relations avec sa fille, Aude (Maud Wyler) mais n’a plus vu son fils depuis un an. Quand il est prévenu de sa mort probable dans un accident d’avion, il a l’impression d’avoir manqué quelque chose. Comme si la relation avec son garçon avait dérapé à un moment sans qu’il ait le courage de réagir. Sa mort brutale le plonge dans un abîme de questions.

Une grosse dépression aussi. Comme pour retrouver espoir en la vie, il va s’accrocher à la dernière trace de son fils. Avec son compagnon belge, ils désiraient un enfant. Contre une grosse somme d’argent, ils avaient fécondé un ovule avec le sperme du fils de Joseph. Le bébé, une petite fille, prospère dans le ventre de Rita (Mara Taquin), une jeune Belge de Gand, la mère porteuse. Joseph va tout quitter pour tenter de retrouver cette jeune femme. Le film, après un début empreint de tristesse, prend une tournure plus légère avec la quête de la non-mère par le presque grand-père.

Quel avenir pour la petite fille ?

Le Français de 68 ans est perdu dans la ville de Gand, moderne et connectée. Il tombe presque par hasard sur la jolie Rita, passablement énervée car elle sait qu’elle ne touchera pas la seconde partie de son « salaire ». Comme dans le roman, le film prend alors un tour intimiste et psychologique, détaillant l’évolution des relations entre ces deux opposés qu’une petite fille en devenir relie inexorablement.

Une partition sensible où Fabrice Luchini, loin de ses rôles parfois grandiloquents, rend une copie parfaite d’humanité et de touchante tendresse. Envers la jeune mère en galère qu’il parviendra à amadouer (à moins que cela ne soit l’inverse) mais aussi de la petite fille à qui il souhaite plus que tout donner un avenir familial stable. Comme un ultime devoir envers son fils.

Film de Guillaume Nicloux avec Fabrice Luchini, Mara Taquin, Maud Wyler, Veerle Baetens.

mardi 2 octobre 2018

Cinéma - "Nos batailles" : un père seul au pied du mur de l'enfance


Olivier (Romain Duris) travaille beaucoup. Beaucoup trop. Ce chef d’équipe dans un immense entrepôt s’investit à 200%. Pour l’entreprise mais aussi et surtout ses gars. Au point qu’il entre au syndicat pour encore mieux les défendre. Un militantisme qui lui bouffe encore plus de temps. Olivier est donc peu présent dans son foyer. Il abandonne l’éducation de ses deux enfants à sa femme, Laura (Lucie Debay). Cette dernière est fragile. Semble perdue, dépassée par les événements. Un matin, elle part. Sans prévenir. Ni dire où elle va. Olivier se retrouve avec ses deux enfants sur les bras.

Second film de Guillaume Senez, réalisateur belge, « Nos batailles » explore le monde du travail et de la famille. Car tout est lié. Olivier se détache de sa femme et de ses enfants en raison de ses horaires décalés et extensifs. Une famille idéale ? Non, cela n’existe pas. Malgré l’amour de Laura pour ses enfants, elle décide de partir. Pour se protéger. Les protéger eux aussi, peut-être. Le personnage de la mère reste un peu fantomatique.

L’essentiel du film se déroule entre les trois restants, tentant vaille que vaille de combler le vide de l’absence. Cela aurait pu donner un mélodrame larmoyant, mais le réalisateur parvient à donner du sens à ces scènes parfois brouillonnes mais criantes de sincérité. La fugue des enfants, l’échappée sexuelle du père, le rayon de soleil de la tante, la ténacité de la grand-mère : tout est fait pour que la vie reprenne le dessus. Le titre du film prend alors tout son sens. Olivier, mais aussi Elliot et Rose, les deux enfants, doivent batailler pour reprendre le dessus. Les batailles de la vie, tout simplement.

Romain Duris porte le film et livre une composition très convaincante de père déboussolé mais qui sait se remettre en question.

➤ « Nos batailles », drame de Guillaume Senez (France, 1 h 38) avec Romain Duris, Laure Calamy, Lætitia Dosch.

lundi 3 septembre 2018

Rentrée littéraire - Secret paternel dans "Le fou de Hind"


A la mort de son père, Moshin, Lydia découvre une lettre posthume. Ce père, immigré algérien, qu’elle a tant aimé, respecté, se traite de « misérable et de fou » ayant une mort sur la conscience. Ce premier roman de Bertille Dutheil a parfois des airs de polar. La jeune femme mène l’enquête pour découvrir la réalité de cette infamie dont s’accuse Moshin. Au gré des témoignages composant ce texte fort, on recule dans le passé, jusque dans ces années 60 où Moshin, avec d’autres familles vivait dans une maison communautaire. Sur les photos retrouvées dans les affaires du mort, Lydia repère une fillette. Une certaine Hind. La première fille de Moshin ?

Entre introspection personnelle, plongée dans les banlieues ouvrières parisiennes d’antan et histoire de l’immigration, « Le fou de Hind » surprend et interpelle le lecteur.

➤ « Le fou de Hind » de Bertille Dutheil, Belfond, 18 €.

mardi 5 septembre 2017

Rentrée littéraire : Travestissements avec Eric Romand et Jean-Michel Guénassia

Comment s’affirmer quand on est enfant et que l’on sent sa différence ? Cette interrogation est au centre de ces deux romans de la rentrée littéraire, avec deux cas très particuliers qui ont pourtant quelques points communs. Là où Éric Romand se nourrit de sa propre histoire pour raconter l’enfance de ce petit garçon émerveillé par les tenues de Sheila et irrésistiblement attiré par ses copains de classe, Jean-Michel Guenassia imagine le personnage de Paul, androgyne que l’on prend pour une jeune fille mais qui est tout sauf gay. Malgré l’évolution des mœurs et l’ouverture de notre monde, cela fait quand même à l’arrivée des cabossés de la vie, perpétuellement en recherche d’amour et de reconnaissance.




Eric Romand, venu à l’écriture par le théâtre, signe un premier roman très poignant. Déroutant aussi. Il raconte, presque avec ses mots d’enfants, comment il se découvre homosexuel, « tantouse », comme lui crie son père. Un père compliqué, intolérant. Jamais il ne se comprendront. Ce roman, en plus de l’exploration de ses premiers émois sexuels, est aussi une sorte de mise au point de son histoire familiale. Comme le titre l’indique si bien, mettant au même niveau père, mère et Sheila. Un texte fort, cru et révélateur d’une certaine époque, le jeune Romand vivant dans un milieu populaire durant les années 70-80.




Beaucoup plus actuel et distrayant le récit de Jean-Michel Guenassia. De nos jours, Paul est élevé par ses deux mamans. Il y a Léna, la mère naturelle, tatoueuse et Stella, la compagne, patronne d’un restaurant réservé aux lesbiennes.
■ Père invisible
Dans ce milieu exclusivement féminin, Paul, imberbe, a presque l’impression d’être lui aussi une fille. Et quand on lui donne du mademoiselle, il ne fait rien pour rétablir la vérité. Sa philosophie est d’une simplicité absolue : « L’ambiguïté me va comme un gant. C’est la preuve que l’important, ce n’est pas ce que vous êtes vraiment, ça les autres s’en foutent, l’important c’est l’image que vous donnez, ce qu’ils croient que vous êtes. » Et finalement être pris pour une fille, cela arrange Paul. Car les filles il adore et rien de tel que de faire croire qu’on est comme elles pour les approcher. Le problème : il tombe amoureux de lesbiennes qui elles aussi l’adorent jusqu’à la découverte de sa petite différence. Paul qui de plus a le malheur de n’avoir qu’un ami au collège, un premier de la classe qui est bleu amoureux de lui. Comment vivre son hétérosexualité dans ces conditions d’autant que Léna considère cette orientation sexuelle comme la pire des tares. La solution passe peut-être par la découverte de la vérité sur l’identité du père, l’absent, le fantôme.
➤ « Mon père, ma mère et Sheila » d’Eric Romand, Stock, 14,50 €
➤ « De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles » de Jean-Michel Guenassia, Albin Michel, 20 €

dimanche 26 juillet 2015

BD - Mère, père et bébé dans trois albums sur la famille

La famille pour inspiration. Si Rodéric Valambois règle ses comptes avec une mère peu aimante, Seb Piquet raconte son quotidien de papa déjanté et Juliette Merris son apprentissage de maman. Trois BD radicalement différente, du drame poignant à l'émerveillement des premiers pas de bébé.

Roman graphique de plus de 220 pages en noir et blanc, « 
Mal de mère » de Rodéric Valambois aborde un sujet sensible et rarement évoqué dans l'univers de la BD. Cela débute comme des souvenirs de jeunesse classiques. Rodéric présente Cédric son grand frère, Vanessa sa petite soeur, son papa et sa maman. Une famille unie, normale. La mère est institutrice, le père a quitté l'enseignement pour devenir écrivain et maire de la ville. C'est du moins l'impression qu'il a quand il a 9 ans. Bien sûr ses parents se disputent parfois. Mais rien d'exceptionnel. La révélation vient un jour de Vanessa, plus clairvoyante. « Maman est alcoolique » assène-t-elle sans précaution. Trois mots et tout un univers qui s'écroule. La suite du récit entre dans le dur. Rodéric ouvre enfin les yeux. Il comprend que les bouteilles de Porto qu'il achète régulièrement chez l'épicier sont exclusivement bues par sa mère. En cachette. Il en découvre un peu partout derrière la chaudière, dans le linge sale, sous l'évier. Même dans le tas de bûchers dehors. Les disputes ? Toujours à propos de l'alcool. L'aveu, un soir à table devant toute la famille est un véritable psychodrame. Car pour expliquer son état, la mère accuse mari et enfants, qui ne l'aiment pas, la considèrent comme une bonniche à leur service. La force de ce témoignage réside dans la durée. Rodéric raconte en fait 20 ans de vie familiale, avec cure de désintoxication, rechute, déchéance physique. Adulte, il rejette cette femme qui lui a pourri son enfance. Il faut un courage certain pour dessiner cette histoire très personnelle. Mais cet album, comme la parole, est salutaire. Rodéric, devenu père lui aussi, solde tous ses comptes. Le lecteur lui prend un direct au foie et reste longtemps le souffle coupé.


La famille heureusement c'est aussi dans 99 % des cas beaucoup de bonheur. Seb Piquet est un de ces jeunes pères nouvelle génération. Graphiste, il devient papa tout en conservant une âme d'enfant. Dans sa BD « 
Père et impairs » composée de gags il raconte la joie qu'il a faire découvrir à sa petite fille ses passions d'enfance. Mais quand la gamine aux couettes veut jouer à la dinette, lui s'obstine à la déguiser en Yoda (le chevalier Jedi de la Guerre des étoiles) ou a truffer sa chambre de dinosaures et autres vaisseaux spatiaux. Dessiné dans un style très simple et efficace, ces gags raviront surtout les adolescents attardés qui envisagent de faire des enfants. N'hésitez pas, ce n'est que du bonheur.


Beaucoup de bonheur aussi chez Juliette Merris, blogueuse venue à la BD grâce à son désir de maternité. Après un premier tome où elle raconté comment elle a fait un bébé avec son compagnon, suite des aventures avec en guest-stars les couches, le caca, la gastro, les premières dents... Bébé est là. Le jeune couple amoureux se transforme en parents un peu dépassés. Mais ils assurent quand même, transformant toutes ces petites mésaventures en scènes cocasses ou à forte puissance émotionnelle. Si le premier recueil de «
 Je veux un bébé tout de suite » donnait fortement envie de faire un bébé, ce second tome va décupler votre motivation.
« Mal de mère », Soleil Quadrants, 18,95 euros
« Père ou impairs » (tome 1), Dargaud, 11,99 euros

« Je veux un bébé tout de suite » (tome 2), Hugo Desinge, 14,50 euros


dimanche 26 avril 2015

BD - Retour à Belle-Ile


Vanessa Blue est une vedette. De ces actrices au succès insolent, phénomène de mode irrationnel. La jeune femme a débuté dans une telé réalité. Son naturel a séduit le public. Un producteur a décidé de lui donner sa chance dans un feuilleton quotidien. Vanessa est adulée, mais bizarrement insatisfaite. Très inconstante dans ses amours, elle vient de flasher sur un écrivain à la mode. Une sorte de Houellebecq, moins destroy, plus intéressé. Il la persuade d'interpréter le rôle principal de sa future pièce de théâtre « intello ». Elle décide donc de se mettre en congé pour quelques mois de la série et part travailler son rôle dans une retraite paisible sur l'île de Belle-île en Mer
Ce roman graphique de Patrick Weber rend hommage à une île, mais aussi à la quête d'identité de Vanessa. Son choix de villégiature n'est pas innocent. C'est sur cette île qu'elle a vécu ses premières années. Mais sa mère a quitté ce bout de Bretagne quand le père de Vanessa s'est suicidé. Dessiné par Nicoby, le plus Breton des illustrateurs, ce roman graphique met également en parallèle la célébrité factice de notre époque à celle, mondiale et justifiée, de Sarah Bernhardt, la première a avoir popularisé la destination de Belle-île.

« Belle-île en père », Vents d'ouest, 18,50 €

vendredi 6 juin 2014

Cinéma - « Tristesse Club », le “Papaoutai“ de Vincent Mariettte


Prenez trois bons comédiens, une région pleine de beaux paysages, une maison ronde et abandonnée au bord d’un lac et quelques tordus de bon aloi. Rajoutez un père que l’on ne voit jamais. Liez le tout avec des dialogues percutants et... une Porsche et vous obtenez un bon petit film français, divertissant tout en étant intelligent. « Tristesse Club », premier film de Vincent Mariette, est la somme de tous ces ingrédients pour 1 h 30 de divertissement assuré.

Ce n’est pas un chef-d’œuvre, certes, mais l’ensemble fonctionne parfaitement. Premier à entrer en scène, Léon (Laurent Lafitte de la Comédie française), ancien champion de tennis, largué par sa femme et détesté par son fils de dix ans. Surtout quand il lui demande un chèque pour payer l’essence de sa Porsche. Second à l’écran, Bruno (Vincent Macaigne), frère de Léon, entrepreneur toujours puceau qui tente vainement de cacher sa calvitie naissante avec ses cheveux longs. Cela fait longtemps qu’ils ne se parlent plus. Pourtant ils vont se retrouver ensemble dans la région de leur enfance devant la porte du crématorium local pour les funérailles de leur père, Arthur. Et dans la salle d’attente, surprise, ils ne trouvent que Chloé (Ludivine Sagnier), troisième enfant d’Arthur, collectionneur de maîtresse et expert en lâche abandon de famille.

Le timide, la mystérieuse
Une fois ce trio composé, le film semble rouler tout seul. Deux trois rebondissements permettent à la famille tombée du ciel de se découvrir, s’aimer ou se détester. Vincent Macaigne, en timide maladif, incapable d’aller vers les autres, surtout les femmes dont il tombe régulièrement amoureux, joue sa partition sans fausse note. Elle n’est pas nouvelle, mais il est le meilleur dans ce personnage plein de tendresse. Le Bouvil du XXIe siècle. Laurent Lafitte est plus caricatural. Beau gosse, attiré par le moindre short moulant (féminin uniquement), il est resté un grand enfant pour qui la frime est un mode de vie. Enfin, Ludivine Sagnier tient le rôle le plus mystérieux. Cette demi-sœur, tombée on ne sait d’où, intrigue. Séduit aussi. Notamment Bruno, qui en retrouverait presque le sourire, si ce n’était les circonstances.
Mais le véritable héros du film, que l’on ne voit jamais, c’est Arthur, le père cavaleur. En se confiant, les trois façonnent son portrait. Pas reluisant, mais attachant quand même.