Affichage des articles dont le libellé est lafitte. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est lafitte. Afficher tous les articles

mardi 30 septembre 2014

Cinéma : « Elle l'adore » sans aucune limite

Sandrine Kiberlain, interprète d'une fan prête à tout pour son idole, rayonne dans le premier film de Jeanne Herry, vrai polar aux faux airs de comédie.


Étrange monde que celui des fans. Essentiellement des femmes déconnectées du réel, ne vivant que par et pour le chanteur ou l'acteur qu'elles idolâtrent. Jeanne Herry, la réalisatrice de « Elle l'adore », film étrange et fascinant, en a certainement croisé dans sa jeunesse. Car sous ce nom se cache la fille de Julien Clerc et Miou Miou. Un chanteur et une comédienne qui ont du recevoir quantité de lettres d'admirateurs quand ils étaient au faîte de leur célébrité. Est-ce dans cette matière première que Jeanne Herry a trouvé l'idée de son premier long-métrage ? A moins que le véritable moteur du film soit le chanteur Vincent Lacroix (Laurent Lafitte) ressemblant tant au père de la réalisatrice...

kiberlain, lafitte, elle l'adore, herry

Muriel Bayen (Sandrine Kiberlain), la quarantaine fatiguée, esthéticienne, vit seule à Paris. Divorcée, elle n'a la garde de ses enfants (deux ados) que quelques week-ends. Muriel, depuis son enfance, est fan de Vincent Lacroix. Dans sa chambre d'enfant que l'on entrevoit à un moment, ses murs sont couverts de posters. Souvent, ces toquades sont passagères. La vie fait que les vrais gens supplantent toujours nos idoles car ils sont plus présents. Sauf pour Muriel qui consacre tous ses loisirs à Vincent. Elle collectionne les disques, les places de concerts et autres passes VIP qu'elle parvient à extirper à la sécurité à force de persévérance.
Depuis le temps, Vincent la connait. C'est sa fan numéro 1, la plus fidèle, mais pas envahissante. Le chanteur de charme, en pleine préparation de son prochain Olympia (presque une routine pour lui), se détend en jouant au poker chez lui avec des amis. Sa petite amie du moment n'apprécie guère. Grosse scène de jalousie devant les convives. Insultes, bris de glace. Une fois seuls, rebelote. Mais cette fois c'est plus violent. Et l'accident bête. Un lourd trophée fracasse la tête de l'amour du moment.

Convoyeuse
Vincent, paniqué, ne sait que faire. Toutes les apparences sont contre lui, sa carrière ne survivra pas à un tel scandale. Il va avoir l'idée tordue de demander de l'aide à Muriel, une personne en qui il a totalement confiance. Ou du moins qui le vénère tellement qu'elle devrait accepter de l'aider sans poser de questions. Il ne la met pas exactement dans la confidence. Il lui demande simplement de transporter un « colis » en Suisse où la sœur de Vincent a une petite entreprise de crémation d'animaux morts... La scène clé du film se déroule en pleine nuit. Vincent sonne chez Muriel. La fan n'en croit pas ses yeux. Son idole, chez elle. En observant sa réaction, on comprend que le personnage de Muriel, magistralement interprété par Sandrine Kiberlain, est beaucoup plus complexe qu'imaginé au début. Fan vient de fanatisme, un dérangement mental de plus en plus évident. Le film, engagé comme une simple comédie sociale, va s'orienter vers le polar pur et dur, avec enquête policière, garde à vue, interrogatoires, tension et coups de théâtre. Une scénario très alambiqué, à la hauteur de la mythomanie de Muriel, experte en histoires improbables.
___________________________________________________
Sandrine Kiberlain au service de ses rôles

kiberlain, lafitte, elle l'adore, herryLongtemps, Sandrine Kiberlain est restée dans l'ombre. Une bonne actrice pour les seconds rôles, mais pas assez identifiable pour être vedette. La rousse filiforme, aux innombrables taches rousseurs prête plus à rire qu'à rêver. Elle accepte de jouer les fofolles avec un plaisir souvent non dissimulé. Cela donne des compositions brillantes dans « Tip Top » (une policière voyeuse et un peu naïve), « Pauline détective » (une journaliste spécialisée dans les faits-divers, tendance enquêtes à la Scoubidou) et surtout « 9 mois ferme » d'Albert Dupontel. Elle y incarne une juge d'instruction mise enceinte par un abominable délinquant. Sandrine Kiberlain explose dans un personnage en permanence au bord de la crise de nerfs. Une des rares actrices qui parvient à supporter la comparaison avec Dupontel, habitué lui aux excès en tous genres.
Dans « Elle l'adore », elle garde cet aspect un peu lunaire, mais parvient en quelques silences et regards troubles à faire deviner les profondes fractures de cette fan d'un chanteur de charme. Elle joue la folie, sans jamais se départir de son apparence de femme normale et consciente de ses faits et gestes. Une nouvelle palette à accrocher au vaste répertoire d'une comédienne pas toujours utilisée au maximum de ses possibilités qui sont immenses à en croire sa prestation dans le premier film de Jeanne Herry.

vendredi 6 juin 2014

Cinéma - « Tristesse Club », le “Papaoutai“ de Vincent Mariettte


Prenez trois bons comédiens, une région pleine de beaux paysages, une maison ronde et abandonnée au bord d’un lac et quelques tordus de bon aloi. Rajoutez un père que l’on ne voit jamais. Liez le tout avec des dialogues percutants et... une Porsche et vous obtenez un bon petit film français, divertissant tout en étant intelligent. « Tristesse Club », premier film de Vincent Mariette, est la somme de tous ces ingrédients pour 1 h 30 de divertissement assuré.

Ce n’est pas un chef-d’œuvre, certes, mais l’ensemble fonctionne parfaitement. Premier à entrer en scène, Léon (Laurent Lafitte de la Comédie française), ancien champion de tennis, largué par sa femme et détesté par son fils de dix ans. Surtout quand il lui demande un chèque pour payer l’essence de sa Porsche. Second à l’écran, Bruno (Vincent Macaigne), frère de Léon, entrepreneur toujours puceau qui tente vainement de cacher sa calvitie naissante avec ses cheveux longs. Cela fait longtemps qu’ils ne se parlent plus. Pourtant ils vont se retrouver ensemble dans la région de leur enfance devant la porte du crématorium local pour les funérailles de leur père, Arthur. Et dans la salle d’attente, surprise, ils ne trouvent que Chloé (Ludivine Sagnier), troisième enfant d’Arthur, collectionneur de maîtresse et expert en lâche abandon de famille.

Le timide, la mystérieuse
Une fois ce trio composé, le film semble rouler tout seul. Deux trois rebondissements permettent à la famille tombée du ciel de se découvrir, s’aimer ou se détester. Vincent Macaigne, en timide maladif, incapable d’aller vers les autres, surtout les femmes dont il tombe régulièrement amoureux, joue sa partition sans fausse note. Elle n’est pas nouvelle, mais il est le meilleur dans ce personnage plein de tendresse. Le Bouvil du XXIe siècle. Laurent Lafitte est plus caricatural. Beau gosse, attiré par le moindre short moulant (féminin uniquement), il est resté un grand enfant pour qui la frime est un mode de vie. Enfin, Ludivine Sagnier tient le rôle le plus mystérieux. Cette demi-sœur, tombée on ne sait d’où, intrigue. Séduit aussi. Notamment Bruno, qui en retrouverait presque le sourire, si ce n’était les circonstances.
Mais le véritable héros du film, que l’on ne voit jamais, c’est Arthur, le père cavaleur. En se confiant, les trois façonnent son portrait. Pas reluisant, mais attachant quand même.