Affichage des articles dont le libellé est kiberlain. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est kiberlain. Afficher tous les articles

samedi 4 février 2023

DVD et blu-ray – Emmanuel Mouret le sentimental

Simon (Vincent Macaigne), est un homme marié. Quand il rencontre Charlotte (Sandrine Kiberlain) à une soirée, il lui parle essentiellement de son épouse et de ses enfants. Cela ne l’empêche pas de rappeler et de lui donner rendez-vous dans un bar, un soir. Ils boivent, discutent, boivent beaucoup, discutent encore plus et, comme une évidence, finissent dans le lit de Charlotte.

Une liaison passagère qui va durer et même se multiplier avec l’adjonction d’une troisième personne.

Le dernier film d’Emmanuel Mouret, en vidéo chez Pyramide, parle donc d’amour. Comme toujours. Un grand sentimental ce cinéaste.

Sensible et toujours à l’affût des nouvelles pratiques des couples de demain. En bonus, un long entretien avec le réalisateur ainsi que le court-métrage Un zombie dans mon lit.

samedi 3 septembre 2016

DVD : Chocs de l'adolescence « Quand on a 17 ans »

QUAND ON A 17 ANS-DVD.jpg
Entre violence et tendresse, André Téchiné utilise son écriture cinématographique subtile pour transmettre les sentiments ambivalents de l'adolescence. "Quand on a 17 ans" explore les doutes de la jeunesse, sa volonté de s'affirmer tout en testant ses limites.


On retient avant tout de ce film les performances des deux jeunes acteurs mis à rude épreuve par un scénario sans compromis. Si Kacey Mottet Klein a déjà été vu dans plusieurs réalisations, confirmant son talent, Corentin Fila fait ses premiers pas à l'écran et sa beauté, sa grâce féline font mouche très rapidement.
Corps à corps
Le premier interprète Damien, le fils d'une médecin (Sandrine Kiberlain). Son père, militaire, pilote un hélicoptère de combat au Moyen Orient. Il vit dans l'ombre de cet homme, héroïque et absent. Au lycée, il est dans la même classe que Tom. A l'opposé, ce dernier n'a pas de père. Ni de mère. Ce grand métis a été adopté par un couple d'agriculteur. Dans la montagne (le film se passe dans les Pyrénées), il aide à l'exploitation et parcours de nombreux kilomètres à pied dans la neige pour aller en cours. Une situation qui émeut le médecin. Elle propose aux parents de Tom de l'héberger chez elle. Problème : Tom déteste Damien. Et c'est réciproque. Défis du regard dans un premier temps, puis bagarre ouverte dans la cour du lycée. Obligés de cohabiter, ils se tournent autour comme deux fauves. Ils décident finalement de régler leur différent dans la montagne. Des combats au corps à corps d'une rare violence. Sans que l'on s'en doute, André Téchiné décrit une relation d'amour-haine qui finalement explosera au grand jour.
Un film au message de tolérance d'une grande force. Le réalisateur de plus de 70 ans prouve une nouvelle fois qu'il est à l'écoute de notre société et de sa jeunesse comme dans "Les roseaux sauvages" tournés dans la région.
"Quand on a 17 ans", Wild Side Vidéo, 14,99 €

mercredi 12 août 2015

Cinéma - "Floride", le pays de la mémoire morte


Joli film sur la maladie, 'Floride' de Philippe Le Guay offre deux excellents rôles à Sandrine Kiberlain et Jean Rochefort dont ce sera sans doute la dernière apparition.


"J'ai la mémoire qui flanche" chantait Jeanne Moreau. Claude Lherminier (Jean Rochefort) aurait pu lui aussi fredonner cette chanson populaire dans ses ultimes moments de lucidité. Il aime chanter des ritournelles avec sa fille Carole (Sandrine Kiberlain), notamment quand ils roulent ensemble dans la vieille décapotable, une Renault portant le doux nom de Floride. La Floride est omniprésente dans l'esprit de Claude, vieil homme de plus de 80 ans, vivant seul dans sa grande maison près d'Annecy. En plus de la voiture, il adore la Floride car elle produit le meilleur jus d'orange. Pour son petit-déjeuner, il demande systématiquement à son aide-ménagère si c'est bien du jus de Floride. Il n'aime que celui-là. Une Floride qu'il idéalise, avec palmiers et soleil à volonté. Un état américain où vit son autre fille. Elle va peut-être bientôt venir en France. À moins que ce ne soit lui qui y aille.


Adorable méchant
Sous des airs de comédie, ce film est une réflexion intelligente sur la maladie d'Alzheimer, même si jamais son nom n'est prononcé, les liens de la famille et le passé. Claude, affaibli physiquement, n'est pourtant pas totalement dépendant. Son aide-ménagère, seule présence humaine dans son immense maison où la nuit il semble voir revenir quelques fantômes de son enfance, sert autant à le surveiller qu'à lui permettre de passer ses nerfs. Au grand désespoir de Carole, obligée d'en trouver de nouvelles après les multiples démissions. Elle pourrait le mettre dans une maison de retraite spécialisée, mais elle ne parvient pas à se décider, persuadée que ce serait signer son arrêt de mort.
Souvent farceur et joyeux, Claude aime jouer quelques tours à ces femmes de l'ombre. La nouvelle, Ivona (Anamaria Marinca) est une Roumaine obligée de tout supporter de ce vieux monsieur souvent charmant, parfois abject. C'est une des conséquences de la maladie. Ceux qui ont la tristesse d'avoir un proche atteint d'Alzheimer redoutent ces moments. Le père aimant et protecteur se transforme alors en horrible monsieur capable des pires insultes. Voilà pourquoi Claude se met à détester sa fille qu'il croit "cupide". Deux facettes d'un même personnage qui permet à Jean Rochefort de briller. Il passe aisément de la bonhomie à la haine, de la gentillesse à la méchanceté. Au point de briser le couple de Carole et d'embarquer Ivona dans une rocambolesque opération de profanation de sépulture.
Philippe Le Guay a adapté avec Jérome Tonnerre une pièce d'Adrien Zeller. Grâce à des flashbacks, le spectateur se retrouve parfois dans la tête, la mémoire, du vieillard qui retombe en enfance. Il se souvient parfaitement de ces moments où il était dans les bois en culottes courtes. Par contre, ce qu'il a fait la veille ou le mois dernier est totalement effacé. Comme si seul le passé très éloigné surnageait dans sa mémoire trouble.
Toute la réussite du film, particulièrement émouvant quand il s'approche de la Floride, consiste à nous mettre dans la tête de Claude. On le comprend, on l'aime, on l'excuse. On se prépare aussi, car un jour, nous aussi nous serons vieux.

mardi 30 septembre 2014

Cinéma : « Elle l'adore » sans aucune limite

Sandrine Kiberlain, interprète d'une fan prête à tout pour son idole, rayonne dans le premier film de Jeanne Herry, vrai polar aux faux airs de comédie.


Étrange monde que celui des fans. Essentiellement des femmes déconnectées du réel, ne vivant que par et pour le chanteur ou l'acteur qu'elles idolâtrent. Jeanne Herry, la réalisatrice de « Elle l'adore », film étrange et fascinant, en a certainement croisé dans sa jeunesse. Car sous ce nom se cache la fille de Julien Clerc et Miou Miou. Un chanteur et une comédienne qui ont du recevoir quantité de lettres d'admirateurs quand ils étaient au faîte de leur célébrité. Est-ce dans cette matière première que Jeanne Herry a trouvé l'idée de son premier long-métrage ? A moins que le véritable moteur du film soit le chanteur Vincent Lacroix (Laurent Lafitte) ressemblant tant au père de la réalisatrice...

kiberlain, lafitte, elle l'adore, herry

Muriel Bayen (Sandrine Kiberlain), la quarantaine fatiguée, esthéticienne, vit seule à Paris. Divorcée, elle n'a la garde de ses enfants (deux ados) que quelques week-ends. Muriel, depuis son enfance, est fan de Vincent Lacroix. Dans sa chambre d'enfant que l'on entrevoit à un moment, ses murs sont couverts de posters. Souvent, ces toquades sont passagères. La vie fait que les vrais gens supplantent toujours nos idoles car ils sont plus présents. Sauf pour Muriel qui consacre tous ses loisirs à Vincent. Elle collectionne les disques, les places de concerts et autres passes VIP qu'elle parvient à extirper à la sécurité à force de persévérance.
Depuis le temps, Vincent la connait. C'est sa fan numéro 1, la plus fidèle, mais pas envahissante. Le chanteur de charme, en pleine préparation de son prochain Olympia (presque une routine pour lui), se détend en jouant au poker chez lui avec des amis. Sa petite amie du moment n'apprécie guère. Grosse scène de jalousie devant les convives. Insultes, bris de glace. Une fois seuls, rebelote. Mais cette fois c'est plus violent. Et l'accident bête. Un lourd trophée fracasse la tête de l'amour du moment.

Convoyeuse
Vincent, paniqué, ne sait que faire. Toutes les apparences sont contre lui, sa carrière ne survivra pas à un tel scandale. Il va avoir l'idée tordue de demander de l'aide à Muriel, une personne en qui il a totalement confiance. Ou du moins qui le vénère tellement qu'elle devrait accepter de l'aider sans poser de questions. Il ne la met pas exactement dans la confidence. Il lui demande simplement de transporter un « colis » en Suisse où la sœur de Vincent a une petite entreprise de crémation d'animaux morts... La scène clé du film se déroule en pleine nuit. Vincent sonne chez Muriel. La fan n'en croit pas ses yeux. Son idole, chez elle. En observant sa réaction, on comprend que le personnage de Muriel, magistralement interprété par Sandrine Kiberlain, est beaucoup plus complexe qu'imaginé au début. Fan vient de fanatisme, un dérangement mental de plus en plus évident. Le film, engagé comme une simple comédie sociale, va s'orienter vers le polar pur et dur, avec enquête policière, garde à vue, interrogatoires, tension et coups de théâtre. Une scénario très alambiqué, à la hauteur de la mythomanie de Muriel, experte en histoires improbables.
___________________________________________________
Sandrine Kiberlain au service de ses rôles

kiberlain, lafitte, elle l'adore, herryLongtemps, Sandrine Kiberlain est restée dans l'ombre. Une bonne actrice pour les seconds rôles, mais pas assez identifiable pour être vedette. La rousse filiforme, aux innombrables taches rousseurs prête plus à rire qu'à rêver. Elle accepte de jouer les fofolles avec un plaisir souvent non dissimulé. Cela donne des compositions brillantes dans « Tip Top » (une policière voyeuse et un peu naïve), « Pauline détective » (une journaliste spécialisée dans les faits-divers, tendance enquêtes à la Scoubidou) et surtout « 9 mois ferme » d'Albert Dupontel. Elle y incarne une juge d'instruction mise enceinte par un abominable délinquant. Sandrine Kiberlain explose dans un personnage en permanence au bord de la crise de nerfs. Une des rares actrices qui parvient à supporter la comparaison avec Dupontel, habitué lui aux excès en tous genres.
Dans « Elle l'adore », elle garde cet aspect un peu lunaire, mais parvient en quelques silences et regards troubles à faire deviner les profondes fractures de cette fan d'un chanteur de charme. Elle joue la folie, sans jamais se départir de son apparence de femme normale et consciente de ses faits et gestes. Une nouvelle palette à accrocher au vaste répertoire d'une comédienne pas toujours utilisée au maximum de ses possibilités qui sont immenses à en croire sa prestation dans le premier film de Jeanne Herry.

jeudi 27 mars 2014

Cinéma - George, marionnettiste en sursis dans "Aimer, boire et chanter", dernier film d'Alain Resnais

Trois couples et un malade. Avec cette configuration inhabituelle, Alain Resnais imagine nombre de combinaisons dans Aimer, boire et chanter, son dernier film.


George ! George ! George ! Elles sont trois, trois femmes mariées (Caroline Silhol, Sandrine Kiberlain et Sabine Azéma), toutes les trois de plus en plus obnubilées par ce fameux George, véritable vedette du dernier film d’Alain Resnais, « Aimer, boire et chanter ». Mais qu’a-t-il de si exceptionnel ce George dont tout le monde parle mais que l’on ne voit jamais ? Il est charmeur, vif, séduisant, plein d’allant... et condamné. Un cancer qui ne lui laisse que six mois à vivre.

Adaptée d’une pièce de théâtre anglaise, cette comédie met en scène trois couples. Colin (Hippolyte Girardot) est le médecin traitant de George. C’est lui qui vend la mèche à sa femme Kathryn qui s’empresse de le répéter à Jack (Michel Vuillermoz), meilleur ami du malade. Par ricochet, Tamara, femme de Jack l’apprend et l’annonce à Monica, l’ancienne compagne de George, aujourd’hui en ménage avec Simeon (André Dussollier), fermier. Des Britanniques aisés et cultivés, qui s’adonnent au théâtre en amateurs. Ils auront l’idée de proposer un rôle à George, histoire de lui changer les idées.
Quatre saisons
Alain Resnais a découpé son film au fil des saisons. L’annonce de la maladie se fait au printemps, les répétitions en été, les représentations en automne. L’hiver...
Rapidement, le rapprochement de George avec Tamara et Kathryn (actrices dans la pièce) va bouleverser leur quotidien. Elles vont tout faire pour l’aider et rapidement tomber sous le charme. Tamara, trompée par son mari, va se sentir désirée. Kathryn, qui s’ennuie mortellement, va redécouvrir la joie des imprévus. Quant à Monica, elle doute de plus en plus de son amour pour le paysan bougon et se met à regretter la vie avec George. Ce dernier, tel un marionnettiste se tenant hors cadre, manipule tout ce beau monde. Le paroxysme sera son idée de passer quinze jours de vacances à Ténérife. Il propose aux trois femmes du film de l’accompagner, séparément. Quand elles l’apprennent, elles sont sur le point de s’écharper. Les maris, trompés par anticipation, ils tombent dans les 36e dessous.
Comédiens impeccables, situations cocasses, rebondissement de dernière minute : “Aimer, boire et chanter” se laisse déguster comme un bon vin gouleyant, frais et plein de saveurs.
Alain Resnais s’est peut-être un peu reconnu dans cet homme de l’ombre, excellent directeur d’acteurs, obtenant ce qu’il veut d’hommes et de femmes fascinés par sa dextérité et son talent.

--------------------------------------------------------------------------------------
Resnais ne nous fera plus rêver...

Film posthume, « Aimer, boire et chanter » sera donc l’ultime chapitre de longue et riche filmographie d’Alain Resnais. Décédé le 1er mars, il n’aura pas vu la sortie de son film. Mais savait qu’il était déjà apprécié puisqu’il a été récompensé au Festival de Berlin par le prix du “film ouvrant de nouvelles perspectives”. Une reconnaissance de modernité pour un cinéaste qui n’a jamais cessé d’innover. Malade, il n’était pas à Berlin. Il s’en désintéressait même. Son producteur a confié que Resnais pensait déjà au scénario de son prochain long-métrage.
A l’écoute des nouvelles tendances, Alain Resnais aimait la bande dessinée. Il a collaboré avec Bilal et pour cette comédie anglaise, il a fait appel à Blutch, dessinateur de Fluide Glacial. Les scènes se déroulent dans quatre maisons différentes. Après les images réelles, la liaison avec les décors de théâtre se fait par l’entremise de grandes illustrations de Blutch. C’est lui aussi qui signe l’affiche avec un George toujours aussi énigmatique, planant au-dessus des trois couples, la tête invisible, dans les étoiles.