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mercredi 12 août 2015

Cinéma - "Floride", le pays de la mémoire morte


Joli film sur la maladie, 'Floride' de Philippe Le Guay offre deux excellents rôles à Sandrine Kiberlain et Jean Rochefort dont ce sera sans doute la dernière apparition.


"J'ai la mémoire qui flanche" chantait Jeanne Moreau. Claude Lherminier (Jean Rochefort) aurait pu lui aussi fredonner cette chanson populaire dans ses ultimes moments de lucidité. Il aime chanter des ritournelles avec sa fille Carole (Sandrine Kiberlain), notamment quand ils roulent ensemble dans la vieille décapotable, une Renault portant le doux nom de Floride. La Floride est omniprésente dans l'esprit de Claude, vieil homme de plus de 80 ans, vivant seul dans sa grande maison près d'Annecy. En plus de la voiture, il adore la Floride car elle produit le meilleur jus d'orange. Pour son petit-déjeuner, il demande systématiquement à son aide-ménagère si c'est bien du jus de Floride. Il n'aime que celui-là. Une Floride qu'il idéalise, avec palmiers et soleil à volonté. Un état américain où vit son autre fille. Elle va peut-être bientôt venir en France. À moins que ce ne soit lui qui y aille.


Adorable méchant
Sous des airs de comédie, ce film est une réflexion intelligente sur la maladie d'Alzheimer, même si jamais son nom n'est prononcé, les liens de la famille et le passé. Claude, affaibli physiquement, n'est pourtant pas totalement dépendant. Son aide-ménagère, seule présence humaine dans son immense maison où la nuit il semble voir revenir quelques fantômes de son enfance, sert autant à le surveiller qu'à lui permettre de passer ses nerfs. Au grand désespoir de Carole, obligée d'en trouver de nouvelles après les multiples démissions. Elle pourrait le mettre dans une maison de retraite spécialisée, mais elle ne parvient pas à se décider, persuadée que ce serait signer son arrêt de mort.
Souvent farceur et joyeux, Claude aime jouer quelques tours à ces femmes de l'ombre. La nouvelle, Ivona (Anamaria Marinca) est une Roumaine obligée de tout supporter de ce vieux monsieur souvent charmant, parfois abject. C'est une des conséquences de la maladie. Ceux qui ont la tristesse d'avoir un proche atteint d'Alzheimer redoutent ces moments. Le père aimant et protecteur se transforme alors en horrible monsieur capable des pires insultes. Voilà pourquoi Claude se met à détester sa fille qu'il croit "cupide". Deux facettes d'un même personnage qui permet à Jean Rochefort de briller. Il passe aisément de la bonhomie à la haine, de la gentillesse à la méchanceté. Au point de briser le couple de Carole et d'embarquer Ivona dans une rocambolesque opération de profanation de sépulture.
Philippe Le Guay a adapté avec Jérome Tonnerre une pièce d'Adrien Zeller. Grâce à des flashbacks, le spectateur se retrouve parfois dans la tête, la mémoire, du vieillard qui retombe en enfance. Il se souvient parfaitement de ces moments où il était dans les bois en culottes courtes. Par contre, ce qu'il a fait la veille ou le mois dernier est totalement effacé. Comme si seul le passé très éloigné surnageait dans sa mémoire trouble.
Toute la réussite du film, particulièrement émouvant quand il s'approche de la Floride, consiste à nous mettre dans la tête de Claude. On le comprend, on l'aime, on l'excuse. On se prépare aussi, car un jour, nous aussi nous serons vieux.

mercredi 13 mai 2015

DVD - Le Texas crépusculaire de "Cold in July"

Un citoyen ordinaire et deux vétérans de Corée dans “Cold in July”, polar tiré d'un roman de Joe R. Lansdale.

Trois stars pour un film aux trois ambiances. Ce polar de Jim Mickle a le gros avantage d’alterner les situations. Un début thriller, une suite comédie comique et un final explosif et sanglant. Un seul DVD mais quasiment trois films différents.
Richard Dane (Michael C. Hall, inoubliable Dexter à la télévision) est réveillé par l’intrusion d’un cambrioleur dans son salon. Marié un enfant, il descend au rez-de-chaussée avec le revolver légué par son père. Panique. Tir. Le voleur est abattu.
Richard devient un héros ordinaire dans ce Texas de la fin des années 80. Problème, le cambrioleur avait un père (Sam Shepard). Il vient de sortir de prison et se met à terroriser la famille de Richard. Ce sont les 20 premières minutes thriller, avec angoisse et terreur. Certains réalisateurs auraient tiré sur la ficelle jusqu’à plus soif. Mickle, passé par le cinéma d’horreur, est plus subtil. Il parvient à conclure la première partie sur une note d’espoir.

Mais la conscience de Richard lui joue des tours. Il se renseigne sur le cambrioleur et découvre qu’il ne correspond pas du tout au portrait de l’homme qu’il a abattu. L’affaire se complique. Pour tenter de démêler l’écheveau il fait appel à un détective privé (Don Johnson). L’ancien acteur de “Deux flics a Miami” joue à merveille sur son image de Texan pur et dur. Jamais pris de court, désamorçant toutes les situations compliquées par des réparties savoureuses, il est le ressort comique du film. Cela donne une demi-heure de franche rigolade. Mais cela ne dure pas. La suite est extrêmement violente et sanglante. Michael C. Hall se retrouve dans son élément avec une scène rouge sang digne de la série qui l’a fait connaître au monde entier. Enlevé, tonique, sans temps mort, “Cold in July” est un excellent divertissement réservé quand même aux plus âgés. La simple interdiction aux moins de 12 ans aurait sans problème pu être repoussé jusqu’à 16 ans.
Les bonus, communs aux deux éditions (DVD et blu-ray), offrent près de 20 minutes de scènes coupées qui, effectivement, n’apportent pas grand-chose au développement de l’intrigue.


« Cold in july », Wild Side, 19,99 euros



dimanche 12 avril 2015

Cinéma - "Jamais de la vie", le film noir de notre époque

Dans « Jamais de la vie », Pierre Jolivet entraîne le spectateur dans les affres de la survie en milieu économique sinistré. Avec Olivier Gourmet en justicier désespéré.


La banlieue. Un centre commercial. La nuit. Le parking est vide. Il ne reste qu’une voiture, celle du vigile. Il fait ses rondes, inlassablement. Comme un animal en cage. Franck (Olivier Gourmet) inspecte toutes les ouvertures, fume une clope, retourne à l’intérieur, passe par la salle de vidéo surveillance. Puis retourne dehors. Refaire sa ronde. Bis repetita ad vitam aeternam...


Pierre Jolivet, après le thriller ou la reconstitution historique, signe un film social sur la désespérance de notre époque en crise. Franck ne s’épanouit pas dans ce travail. Seule satisfaction, il est seul. Personne pour lui chercher des noises ou le commander. Il y sacrifie toutes ses nuits. Au petit matin, de retour dans son appartement dans une cité impersonnelle, il ingurgite une bonne quantité d’alcool pour sombrer dans un sommeil profond, sans rêve. Pas réparateur, mais comme un “reset” qui permet de recommencer le soir venu sans trop d’hésitation.
Cette non-vie il la subit, Franck n’a pas le choix. Longtemps au chômage, il a accepté ce CDD payé au minimum, malgré son expérience professionnelle d’ouvrier. La cinquantaine passée, en fin de droits, tout est bon pour payer le loyer.
Le réalisateur montre la vie de ces petites gens, prises à la gorge, incapables de s’en sortir, un quart-monde qui ne se soigne plus car c’est trop cher, qui n’a plus de projet pour la retraite si ce n’est de trouver un petit boulot d’appoint pour compléter une pension ridicule. Rarement la crise aura été filmée au plus près, sans fioriture. Sans le moindre signe positif aussi. Tout pousse au désespoir dans ce monde injuste qui offre tout aux plus riches et prend tout aux plus pauvres.

La crise, partout
Franck a coupé les ponts avec la société, les autres. Il se contente simplement d’aller régulièrement faire le point avec Mylène (Valérie Bonneton), l’assistante sociale qui lui a trouvé ce job peu reluisant. Elle lui demande de s’accrocher. Qu’un CDI, tel le Graal, est possible. Avec la possibilité, d’ici quelques années, de passer au service de jour.
Il s’en contente en ruminant ses luttes passées. Franck, avant de pointer au chômage, était responsable syndical dans une usine. Un bon ouvrier, investi, fier de son travail. Quand il a été question de fermer, il est allé au front, se battre pour sauver la boîte. Il a pris tous les coups, pour rien. Et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé blacklisté un peu partout.
En retrait, mais pas complètement indifférent. Il remarque le manège d’une voiture aux vitres teintées. Il va se passer quelque chose. Mais peut-il jouer les balances, lui qui ne supporte pas les flics ? Et s’il tentait d’en profiter. Après tout, perdu pour perdu...
Pierre Jolivet a construit son film autour du personnage de Franck, un rôle extrêmement fort, omniprésent, compliqué. Une personnification de ces millions d’hommes et femmes humiliés dans leur quotidien car incapables de s’en sortir financièrement et intellectuellement. Notre époque. Noire et désespérante.


Olivier Gourmet : la gueule de l’emploi

Fracassé par la vie. Olivier Gourmet, la voix grave et cassée, la calvitie avancée, a la gueule de l’emploi. Il endosse la personnalité de Franck, syndicaliste déçu et blasé, avec une présence rare. Cet acteur belge originaire de Namur est l’acteur fétiche des frères Dardenne. Son rôle dans Un fils lui a même rapporté un prix d’interprétation au festival de Cannes en 2002. Logiquement, il a franchi la frontière et perdu son accent pour devenir un des piliers des films français exigeants. Loin de surfer sur son succès, il n’a pas modifié ses exigences quant aux rôles qu’il accepte. Il est cependant de plus en plus présent alternant les réalisations où il occupe le premier rôle comme Jamais de la vie ou Terre battue avec des participations moins importantes comme L’affaire SK1 ou Grand Central.
Dans le film de Pierre Jolivet, il a la chance d’interpréter le genre de personnage qui habituellement est réservé aux grandes actrices : un être fragile et écorché vif au masculin, c’est trop rare dans le cinéma français. Un défi qu’il relève avec brio, comme ses prochains rôles à l’affiche en 2015, du film fantastique japonais à la reconstitution historique (guerre 14/18) à l’adaptation de Madame Bovary.

dimanche 1 juin 2014

Cinéma - Maléfique, une Jolie méchante

Grosse production de chez Disney, «Maléfique» revient sur l’histoire de la fée qui a jeté un sort à la Belle au bois dormant. Maléfique interprétée par Angelina Jolie.  


Star internationale qui fait rêver des millions de fans, Angelina Jolie semble avoir pris un pari très risqué en endossant le rôle de la méchante sorcière du conte de la Belle au Bois dormant. C’est un peu comme si elle endossait le costume de Dark Vador dans le prochain Star Wars (qui est également produit par Disney). Mais son personnage est-il véritablement méchant? «Elle est pleine de haine et de vengeance, explique l’actrice américaine lors d’une présentation dans un grand hôtel parisien.


Jeune, elle est pleine de bonne volonté. Mais elle est abusée et perd son humanité. L’idée du film est de comprendre qui est ce personnage et ne pas le juger. » Sans en dévoiler l’intrigue, il faut savoir que l’amour maternel est au coeur de cette superproduction de 200 millions de dollars. Angelina, pour entrer dans la peau du personnage, est passée par la case effets spéciaux. Cornes, prothèses sur le visage, maquillage: le résultat est bluffant. Dans sa robe noire, elle est véritablement impressionnante. « J’ai même fait peur à mes enfants » confie-t-elle.
Également productrice du film, elle a résolu son problème de garde en leur donnant un petit rôle de figuration, notamment dans la scène du baptême. «C’est la scène clé du film, celle où il fallait être le plus fidèle au dessin animé de 1959. Mais on a imaginé tout ce qui s’est passé avant.» Selon l’actrice, «le message est intéressant pour les enfants car ils sont attirés par les choses sombres. Malheureusement, il y a un véritable mal dans le monde, comme ces jeunes filles kidnappées au Nigeria. C’est d’une cruauté inimaginable. »
Maléfique, dans sa jeunesse, est une jeune fée au cœur pur. Elle protège une forêt et toutes les créatures magiques qui la peuplent. Quand le danger se précise, elle prend la tête d’une armée pour une des scènes les plus marquantes. Un combat dantesque, où la 3D est utilisée judicieusement par le réalisateur Robert Stromberg. Si c’est sa première réalisation, c’est un “grand” des effets spéciaux.
Un petit air d’Avatar
Remarqué dans Avatar de James Cameron, on retrouve un peu de son imaginaire dans la découverte de la forêt par la petite Aurore, la Belle princesse maudite par Maléfique. Pour interpréter cette nouvelle princesse Disney, les producteurs ont choisi Elle Fanning. Sa chevelure blonde et vaporeuse, son sourire enfantin, ses yeux émerveillés feront rêver des millions de petites filles.

Juste retour des choses car Elle Fanning a confié qu’elle avait «toujours rêvé d’être une princesse Disney. Ce film était vraiment excitant.» Compliqué aussi : «Le défi le plus important pour moi c’était les effets spéciaux. Quand on est debout sur une table devant un fond vert, il faut faire appel à son imagination.» Angelina Jolie, au contraire, adore. Au début du film, elle survole son royaume tel un rapace protecteur. «Vous me mettez sur une grue et je suis heureuse. J’adorerai voler, c’est la liberté ultime.»

samedi 31 mai 2014

Cinéma - Chacun cherche sa famille dans "Les drôles de poissons-chats"

Emouvante histoire que celles des « Drôles de poissons-chats » de Claudia Sainte-Luce.


Seule. Désespérément seule. Claudia (Ximena Ayala), la petite vingtaine, vit dans un garage transformé en chambre. Elle a un travail, démonstratrice dans un supermarché, mais pas de vie sociale. Cette orpheline a appris à se débrouiller très jeune. Pas de famille. Ni d'amis. Un soir, en rentrant pliée en deux par la douleur, elle tente de faire passer le mal avec quelques comprimés. Mais finalement elle se résout à consulter les urgences. C'est dans la promiscuité de ce service débordé (l'action se déroule dans une grande ville du Mexique) que sa vie bascule. Derrière le mince rideau de séparation, elle entend les discussions autour de Martha (Lisa Owen). La mère de trois filles et un garçon, visiblement habitués à l'hôpital. Martha, si faible qu'elle ne peut plus se lever, a cependant la force pour tourner la tête vers sa voisine et tirer un peu le rideau. Martha, mère courage, foncièrement optimiste malgré la maladie qui la ronge, ouverte et chaleureuse. Elle engage la conversation avec Claudia qui elle, doit simplement se faire opérer de l'appendicite. Claudia, peut-être à cause de la douleur ou plus simplement car on ne peut pas vivre éternellement barricadée dans sa solitude, se confie un peu à Martha.

Et comme si Martha n'en avait pas assez avec sa tribu turbulente, elle décide de prendre sous son aile protectrice cette jolie fille aux airs d'oiseau tombé du nid.

Le film de Claudia Sainte-Luce, de grave au début, se transforme en un tourbillon de vie dès qu'il entre dans la maison de Martha. Claudia, au sortir de son opération, est invitée à déjeuner. Elle se cale dans un coin et observe ces enfants bouillonnants. Alejandra, l'aîné, tente de concilier travail, éducation de ses frères et sœurs et quête du grand amour. Wendy, exubérante, mange comme quatre et déprime dans son corps trop gras. Mariana, belle et élancée, rêve devant les vedettes de la téléréalité. Armando, le petit dernier, est préposé à la lessive. Normal, malgré ses dix ans il mouille ses draps toutes les nuits. Claudia va se faire apprivoiser par Martha. Puis la jeune femme, telle une pièce manquante à un puzzle pourtant évident, va devenir essentielle dans l'équilibre de cette famille.
La réalisatrice a puisé dans ses souvenirs personnels pour raconter cette rencontre miraculeuse à plus d'un titre. Par petites touches elle va montrer l'évolution de Claudia de chat sauvage en animal domestique dévoué. Un récit universel de la vie familiale, naturelle ou rapportée. Un formidable message d'espoir au final particulièrement émouvant.



mercredi 19 février 2014

DVD - La totale de Jacques Tati en coffret chez Studiocanal

Studiocanal propose l'intégrale des œuvres restaurées de Jacques Tati dans un coffret DVD ou Blu-ray.

Perfectionniste, Jacques Tati n’a pas beaucoup tourné. Mais chacun de ses films fait partie du patrimoine cinématographique français. De « Jour de fête » à « Parade », Tati n’a que six longs-métrages à son actif. Avec les deux chefs-d’œuvre que sont « Les vacances de Monsieur Hulot » et « Mon oncle ». La restauration a pris de longues années. Avec le secours de toutes les nouvelles technologies numériques, les pellicules d’époque ont été analysées, traitées, nettoyées de certaines imperfections et défauts, « tout en veillant à ne jamais dénaturer l’œuvre originale ». Le résultat est éblouissant, donnant une nouvelle modernité à des films qui ont fait rêver et rire des millions de spectateurs. 
Pour chaque film des bonus sont proposés (versions colorisées, films didactiques par l’exégète Jacques Boudet) dont un long reportage de la chaîne de télévision américaine ABC sur le tournage de « Playtime » dans la ville moderne entièrement reconstituée en studio. Enfin découvrez les débuts de Jacques Tati. Simple clown burlesque dans « On demande une brute », il tient déjà son personnage de Jour de Fête dans les 15 minutes du très pédalant « École des facteurs ».