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dimanche 12 avril 2015

Cinéma - "Jamais de la vie", le film noir de notre époque

Dans « Jamais de la vie », Pierre Jolivet entraîne le spectateur dans les affres de la survie en milieu économique sinistré. Avec Olivier Gourmet en justicier désespéré.


La banlieue. Un centre commercial. La nuit. Le parking est vide. Il ne reste qu’une voiture, celle du vigile. Il fait ses rondes, inlassablement. Comme un animal en cage. Franck (Olivier Gourmet) inspecte toutes les ouvertures, fume une clope, retourne à l’intérieur, passe par la salle de vidéo surveillance. Puis retourne dehors. Refaire sa ronde. Bis repetita ad vitam aeternam...


Pierre Jolivet, après le thriller ou la reconstitution historique, signe un film social sur la désespérance de notre époque en crise. Franck ne s’épanouit pas dans ce travail. Seule satisfaction, il est seul. Personne pour lui chercher des noises ou le commander. Il y sacrifie toutes ses nuits. Au petit matin, de retour dans son appartement dans une cité impersonnelle, il ingurgite une bonne quantité d’alcool pour sombrer dans un sommeil profond, sans rêve. Pas réparateur, mais comme un “reset” qui permet de recommencer le soir venu sans trop d’hésitation.
Cette non-vie il la subit, Franck n’a pas le choix. Longtemps au chômage, il a accepté ce CDD payé au minimum, malgré son expérience professionnelle d’ouvrier. La cinquantaine passée, en fin de droits, tout est bon pour payer le loyer.
Le réalisateur montre la vie de ces petites gens, prises à la gorge, incapables de s’en sortir, un quart-monde qui ne se soigne plus car c’est trop cher, qui n’a plus de projet pour la retraite si ce n’est de trouver un petit boulot d’appoint pour compléter une pension ridicule. Rarement la crise aura été filmée au plus près, sans fioriture. Sans le moindre signe positif aussi. Tout pousse au désespoir dans ce monde injuste qui offre tout aux plus riches et prend tout aux plus pauvres.

La crise, partout
Franck a coupé les ponts avec la société, les autres. Il se contente simplement d’aller régulièrement faire le point avec Mylène (Valérie Bonneton), l’assistante sociale qui lui a trouvé ce job peu reluisant. Elle lui demande de s’accrocher. Qu’un CDI, tel le Graal, est possible. Avec la possibilité, d’ici quelques années, de passer au service de jour.
Il s’en contente en ruminant ses luttes passées. Franck, avant de pointer au chômage, était responsable syndical dans une usine. Un bon ouvrier, investi, fier de son travail. Quand il a été question de fermer, il est allé au front, se battre pour sauver la boîte. Il a pris tous les coups, pour rien. Et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé blacklisté un peu partout.
En retrait, mais pas complètement indifférent. Il remarque le manège d’une voiture aux vitres teintées. Il va se passer quelque chose. Mais peut-il jouer les balances, lui qui ne supporte pas les flics ? Et s’il tentait d’en profiter. Après tout, perdu pour perdu...
Pierre Jolivet a construit son film autour du personnage de Franck, un rôle extrêmement fort, omniprésent, compliqué. Une personnification de ces millions d’hommes et femmes humiliés dans leur quotidien car incapables de s’en sortir financièrement et intellectuellement. Notre époque. Noire et désespérante.


Olivier Gourmet : la gueule de l’emploi

Fracassé par la vie. Olivier Gourmet, la voix grave et cassée, la calvitie avancée, a la gueule de l’emploi. Il endosse la personnalité de Franck, syndicaliste déçu et blasé, avec une présence rare. Cet acteur belge originaire de Namur est l’acteur fétiche des frères Dardenne. Son rôle dans Un fils lui a même rapporté un prix d’interprétation au festival de Cannes en 2002. Logiquement, il a franchi la frontière et perdu son accent pour devenir un des piliers des films français exigeants. Loin de surfer sur son succès, il n’a pas modifié ses exigences quant aux rôles qu’il accepte. Il est cependant de plus en plus présent alternant les réalisations où il occupe le premier rôle comme Jamais de la vie ou Terre battue avec des participations moins importantes comme L’affaire SK1 ou Grand Central.
Dans le film de Pierre Jolivet, il a la chance d’interpréter le genre de personnage qui habituellement est réservé aux grandes actrices : un être fragile et écorché vif au masculin, c’est trop rare dans le cinéma français. Un défi qu’il relève avec brio, comme ses prochains rôles à l’affiche en 2015, du film fantastique japonais à la reconstitution historique (guerre 14/18) à l’adaptation de Madame Bovary.

lundi 13 janvier 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Du sex-appeal du scooter et du casque de François Hollande

Mille mercis M. le président !
Vos frasques extraconjugales mettent en exergue un fait qui m'enchante : pour emballer une actrice, rien ne vaut le sex-appeal d'un scooter et d'un casque intégral. Des nuits entre le premier personnage de l'Etat et la jolie Julie, Closer ne montre rien. Pour fantasmer, le magazine people n'offre à ses lectrices et lecteurs qu'un mystérieux homme casqué et en scooter.
Il se trouve que je ne me déplace qu'en scooter. Certes je n'ai pas de garde du corps chauffeur, mais la frime en deux-roues, ça me connaît. Comme j'ai en plus l'insigne honneur de ne guère être plus grand que le président et ne pas avoir un corps gracile (version politiquement correcte du sobriquet gros patapouf), impossible d'éviter le transfert. 
Et me voilà, au guidon de mon 50 cm3, à m'imaginer séduire mes idoles sur grand écran. Si Julie Gayet n'a jamais attiré mon attention, et encore moins Carla Bruni, j'espère de tout mon cœur que Marina Foïs, Valérie Lemercier ou Valérie Bonneton (mon trio de tête dans la catégorie actrices belles, intelligentes et ne se prenant pas au sérieux) sont sensibles au bruit du moteur deux-temps.
Et quand Hervé Morin de l'UDI prétend au micro de RTL que "Hollande a un peu plus discrédité la fonction présidentielle avec son casque et sa mobylette", c'est qu'il n'a rien compris. Car pour ne rien vous cacher, c'est en ramenant chez elle ma future épouse, à l'arrière de mon scooter voilà presque 20 ans, que notre histoire d'amour a véritablement commencé.