Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
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vendredi 8 mai 2020
De choses et d’autres - Le temps est venu…
En mode « Moi, président… » Nicolas Hulot a publié sous forme de tribune dans Le Monde d’hier une longue liste de propositions pour un avenir plus radieux. 100 idées qui commencent toutes par « Le temps est venu… »
L’ancien animateur télé, chantre de l’écologie (et capitaliste éclairé) estime sans doute que le long confinement a été propice aux Français pour qu’ils fassent une introspection sur leur mode de vie.
Un luxe de propriétaire terrien que les locataires de F3 sous les combles n’ont pas pu développer, autrement préoccupés par les cris des voisins, les pleurs du petit dernier et l’angoisse de se prendre un PV de 135 euros à leur 3e sortie de la journée pour ne pas péter les plombs.
Si certains souhaits ne sont que la reformulation de son programme politique, d’autres font un peu figure de journal intime d’une gamine de 12 ans. Que penser de « Le temps est venu de nous réapproprier le bonheur » quand plus de 12 millions de Français sont au chômage partiel ?
Et quand il dit « Le temps est venu d’applaudir la vie », c’est en opposition aux applaudissements pour le personnel soignant tous les soirs à 20 heures ?
La dernière est sans doute la plus horrible : « Le temps est venu de créer un lobby des consciences ». J’ai toujours eu en horreur le mot lobby, symbole des agissements sournois et cachés d’une minorité uniquement préoccupée par ses petits intérêts.
Mais, comme le dit ironiquement un journaliste de l’Opinion sur Twitter : « C’est sympa à Hulot de permettre à des élèves de CM2 de décrire leur monde rêvé ». En fait, pour Nicolas Hulot, le temps est surtout venu de se faire oublier.
lundi 10 septembre 2018
Chronique - L'été fut chaud
Quel été mes aïeux ! Il suffit qu’on décide de la mettre en veilleuse durant deux mois pour que l’actualité se déchaîne. Passons sur la victoire de l’équipe de France de football au Mondial (la deuxième, presque la routine) Par contre, l’affaire Benalla, c’était du pain béni pour le moqueur en puissance qui aime martyriser son clavier et le pouvoir. Mais comme le fameux moqueur prend aussi des vacances, il s’est contenté de voir ça de loin, oubliant les milliards d’idées provoquées par cette histoire de nervi énervé viré. Même Hulot le gentil ami des oiseaux, du bio et des bobos n’a pas attendu mon retour pour claquer la porte du gouvernement. Alors du coup, il me reste quoi à moi pour y puiser mon fiel ? L’UDI au Barcarès ? Rugy au gouvernement ? Collomb à l’Intérieur (ça au moins ça n’a pas changé). Désolé, je n’aime pas tirer sur les ambulances. Je me voyais sécher sur la reprise comme un collégien face à sa traditionnelle rédaction de rentrée, terrorisé à l’idée de raconter « comment se sont passées vos vacances ? » (faut-il ou non parler du baiser que l’ado a volé à Kimberley le soir du 15 août entre deux explosions de feu d’artifice ?), quand le miracle est venu de Pyongyang. De notre Gégé national plus exactement. Depardieu, expert en bouffe, pinard et dictateurs. Après une belle histoire d’amour avec Poutine, il semble l’avoir trompé avec ce qui se fait de mieux en matière d’oppresseur du peuple : Kim Jong-un. L’ami Gérard (en compagnie de Yann Moix, autre intellectuel français un chouïa clivant) était dans les tribunes pour assister au traditionnel défilé militaire de l’armée de Corée du Nord. Mais pourquoi cette fascination pour des hommes marchant parfaitement droit ? Sans doute parce que lui, il y a longtemps qu’il ne peut plus le faire, marcher droit.
Michel Litout
(Chronique parue le 10 septembre 2018 en dernière page de l'Indépendant)
jeudi 18 mai 2017
De choses et d'autres : le grand écart de Nicolas Hulot
Habitué à être sur le devant de la scène depuis ses aventures télévisuelles, Nicolas Hulot a finalement décidé de franchir le pas et de passer aux responsabilités. Longtemps agitateur d’idées, inlassable défenseur de la nature, écologiste pur et dur, il agissait dans l’ombre, avait d’excellents rapports avec les présidentes (Sarkozy puis Hollande), mais n’avait jamais osé se frotter au difficile rôle de ministre.
Emmanuel Macron (ou Édouard Philippe ?) a décroché la lune en persuadant ce « people » de rejoindre le gouvernement. Avec le titre de ministre d’État en plus. Mais avant de prendre les premières décisions, il va falloir qu’il fasse connaissance avec ses collègues. Il ne sera pas évident pour le ministre Hulot de trouver des points de convergence avec son chef direct, le Premier ministre « homme de droite » qui a longtemps travaillé pour Areva, le géant de l’industrie nucléaire.
De même, si l’ancien présentateur d’Ushuaia est sollicité pour soutenir certains candidats de « La république en marche », il pourrait se retrouver en meeting dans le Gard à faire l'article pour Marie Sara face à Gilbert Collard, la Torera qui « pique » des toros contre l’avocat qui défend les hommes. Un sacré grand écart pour ce pionnier de l’écologie médiatique.
Mais le pire serait qu’Emmanuel Macron, lui demande de se charger de la réouverture des chasses présidentielles, une des nombreuses promesses du candidat Macron quand il est intervenu devant les chasseurs français le 15 mars dernier.
(Chronique parue le 18 mai en dernière page de l'Indépendant)
mercredi 19 février 2014
DVD - La totale de Jacques Tati en coffret chez Studiocanal
Studiocanal propose l'intégrale des œuvres restaurées de Jacques Tati dans un coffret DVD ou Blu-ray.
Perfectionniste, Jacques Tati n’a pas beaucoup tourné. Mais chacun de ses films fait partie du patrimoine cinématographique français. De « Jour de fête » à « Parade », Tati n’a que six longs-métrages à son actif. Avec les deux chefs-d’œuvre que sont « Les vacances de Monsieur Hulot » et « Mon oncle ». La restauration a pris de longues années. Avec le secours de toutes les nouvelles technologies numériques, les pellicules d’époque ont été analysées, traitées, nettoyées de certaines imperfections et défauts, « tout en veillant à ne jamais dénaturer l’œuvre originale ». Le résultat est éblouissant, donnant une nouvelle modernité à des films qui ont fait rêver et rire des millions de spectateurs. Pour chaque film des bonus sont proposés (versions colorisées, films didactiques par l’exégète Jacques Boudet) dont un long reportage de la chaîne de télévision américaine ABC sur le tournage de « Playtime » dans la ville moderne entièrement reconstituée en studio. Enfin découvrez les débuts de Jacques Tati. Simple clown burlesque dans « On demande une brute », il tient déjà son personnage de Jour de Fête dans les 15 minutes du très pédalant « École des facteurs ».
jeudi 19 septembre 2013
Roman - Bruno Tessarech raconte la vie de nègre en service commandé
Écrivain sans succès, Louis survit en rédigeant les livres des autres. Un boulot de nègre disséqué par Bruno Tessarech dans un roman hilarant.
Écrire n'a jamais aidé à faire bouillir la marmite. Dans l'imagerie populaire être romancier c'est travailler chez soi, à son rythme, sans contrainte. La réalité est plus complexe. Fin de mois difficiles, refus des éditeurs, manque d'inspiration : tout concourt à rendre le créateur neurasthénique. Louis, le personnage miroir du roman de Bruno Tessarech, est en plein doute. Incapable de finir un roman mal emmanché, délaissé par sa compagne, il ne trouve même plus la volonté pour faire le ménage. Le salut viendra d'un vieil ami éditeur. Un de ces faiseurs de livre qui sent les envies du public. Un ancien taulard sur la voie de la rédemption, belle gueule télégénique, veut raconter son expérience. Louis est contacté. Il sera son nègre. Une première expérience pour cet écrivain dans une impasse personnelle. Avec beaucoup d'humilité, il va se donner la chance de raconter les histoires d'un autre puisqu'il n'a plus l'imagination d'inventer celles de ses personnages fictifs. Loin d'être des mercenaires sans cœur, les nègres s'investissent souvent plus que de raison dans les biographies de stars légendaires ou éphémères. Louis va passer de longues heures avec son taulard, peu bavard, un peu intimidant. Et finalement le romancier va se lancer dans un exercice risqué : réinventer l'histoire d'un homme. La formule infaillible pour plaire. On a beau être connu, intègre, entier, enjoliver l'enfance ne fait de mal à personne. Et quand on commence, difficile de s'arrêter.
Le premier boulot de nègre de Louis fut un échec retentissant. Pas en raison de la qualité du texte, irréprochable, mais de la mauvaise promotion de l'auteur officiel. Sur papier il vante les mérites de la réinsertion, dans la réalité il vient de se reconvertir dans le négoce international, pris par la patrouille « avec plusieurs pains de shit dans le coffre de sa voiture ».
Le chirurgien et l'écologiste
Quelques mois plus tard, nouveau contrat. Louis est chargé de romancer la vie d'un grand chirurgien. Seul problème, de taille : sa spécialisation. Allez faire rêver les foules avec des touchers rectaux et des opérations de la... prostate. Malgré son investissement total, le livre écrit par Louis ne paraîtra pas. Mais cela ne le décourage pas, lui qui est toujours en panne d'inspiration et dont l'existence est dramatiquement morne : « Je n'avais aucun rendez-vous. Ma vie était creuse. Vivre ou écrire, il fallait choisir. Comme j'en étais incapable, le résultat n'était pas glorieux. Je ne vivais plus, et je n'écrivais guère. » Bruno Tessarech étant tout sauf un dépressif chronique, son roman reprend du souffle avec l'écriture du livre d'un des chantre de l'écologie française. On rit beaucoup au portrait de cet éternel jeune homme scrutant la fonte de la calotte glaciaire avec autant d'attention que son début de calvitie. Et pour Louis c'est le jackpot. Des dizaines de milliers d'exemplaires vendus et suffisamment d'argent pour se consacrer à son œuvre. A la différence près que sa réputation dans le milieu négrier lui offre nombre de contrats de plus en plus conséquents... et difficiles à refuser. Car même les nègres ont leurs auteurs stars !
Bruno Tessarech dévoile au passage quelques secrets, comme ce jeu de glisser au sein de chaque biographie, dans le 2e paragraphe de la page 207, une indiscrétion très people totalement exclusive. Cet « Art nègre » ne déroge pas à la règle, preuve que c'est bien lui qui l'a écrit.
« Art nègre » de Bruno Tessarech, Buchet-Chastel, 15 €
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