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mercredi 22 janvier 2025

Cinéma - Le secret du père de “La fille d’un grand amour”

Le premier film d’Agnès de Sacy, « La fille d’un grand amour », avec François Damiens et Isabelle Carré a été en grande partie tourné dans les Pyrénées-Orientales, au pied des Albères.

Retour aux sources pour Agnès de Sacy, scénariste de cinéma depuis une vingtaine d’années. Elle s’inspire de son histoire familiale pour réaliser son premier long-métrage, La fille d’un grand amour. Un film mélodramatique, avec François Damiens et Isabelle Carré en vedette, tourné en grande partie à Bages et Perpignan à l’automne dernier. Une histoire qui tourne autour du coup de foudre mais aussi des secrets de famille et des vies cachées, voire gâchées.

Le sujet est né au début des années 90, quand Agnès de Sacy, élève à la FEMIS, la prestigieuse école de cinéma parisienne, réalise un film dans le cadre de son cursus étudiant sur le thème « Filmer vos parents ». Elle interroge son père et sa mère sur leur première rencontre à la fin des années 50 dans une boutique parisienne. Ce documentaire, elle va en montrer, au début du film, la fabrication, avec deux comédiens dans le rôle des parents. François Damiens est Yves, le père, Isabelle Carré, Ana, la mère. Ils racontent ce coup de foudre, donnent deux versions assez différentes de cette première rencontre. Mais au moment du film, cela fait longtemps qu’ils sont divorcés.

Un mas au pied des Albères

Nous sommes au début des années 90, Yves travaille dans une banque à Paris, Ana est antiquaire dans la région de Perpignan dans un grand mas au pied des Albères. Ce film va être le bon motif pour permettre à Yves de passer un week-end en Catalogne, découvrant la nouvelle vie de son ancienne épouse. Retrouvailles qui vont rapidement virer à la dispute. La suite, racontée (subie plus exactement) par Cécile (Claire Duburcq), la fille, double fictionnel de la réalisatrice, est pleine de rebondissements, de drames, de lourds secrets (notamment de la part d’Yves) et de moments de joie.

Très personnelle, cette histoire de famille compliquée, a été tournée en grande partie dans la maison même du père de la réalisatrice. Un superbe mas, avec vue sur les Albères, régulièrement montrées dans le film quand François Damiens et Isabelle Carré se promènent dans les vignes alentour. Une région qu’Isabelle de Sacy connaît bien, sa famille maternelle ayant toujours vécu là. Elle y a passé de nombreuses vacances, enfant. Elle y aime notamment la lumière, unique. Et effectivement, ce film est lumineux, de plus en plus éclairé par ce grand amour et la libération, par la parole et l’écrit, de la mère et du père d’Agnès de Sacy.

Film d’Agnès De Sacy avec Isabelle Carré, François Damiens, Claire Duburcq


Agnès de Sacy : “Un amour passionnel”


Venues présenter en avant-première, début décembre, le film au cinéma Castillet de Perpignan, Agnès de Sacy et son interprète, Isabelle Carré, sont longuement revenus sur ce film qui les touche professionnellement et personnellement.

Isabelle Carré : « Le film raconte le fait qu’on a droit aux secondes chances. Mon personnage y croit. Elle a une sorte de foi qu’elle s’est construite elle-même. Elle croit qu’en étant libre, dans la tolérance, c’est possible. »

Agnès de Sacy : « Ce sont deux personnes qui ont eu une histoire singulière, c’est leur histoire. Il y a des personnes séparées qui ne se retrouveront jamais, qui refont leur vie. Il se trouve qu’eux deux, sont deux personnes qui ont eu un amour tout à fait singulier et extrêmement passionnel. »

Isabelle Carré : « J’ai beaucoup évolué grâce à l’écriture de romans. Je n’ai aucune frustration à être au service des auteurs, mais il était temps pour moi de dire mes mots. Raconter mes propres histoires m’a aidé à trouver une autre voix, à changer, évoluer et acquérir de la confiance. »

Agnès de Sacy : « François Damiens est un grand émotif, un hypersensible et c’est un homme dans sa maladresse qui est bouleversant. Je voulais, sans aucun mot, qu’on comprenne pourquoi cette femme l‘aime. En face j’avais Isabelle Carré qui est une Rolls, une actrice d’une précision, d’une rapidité et d’une intelligence rares. Les réunir m’a paru évident. »

À propos de la maison du tournage : « C’est un personnage. Je l‘ai cherchée avec mon chef opérateur et ma décoratrice, se souvient Agnès de Sacy. On a visité plusieurs mas dans la région pour finir par tourner dans la maison où habitait mon père et qui était évidemment celle qui m’inspirait quand j’écrivais. On était en repérage et on dormait à la maison et à chaque fois qu’on revenait, mon père me demandait « Mais pourquoi vous ne tournez pas ici ? » Il revenait dessus en me taquinant. Et puis l’équipe m‘a convaincue. C’est un grand bonheur de tourner dans un espace qu’on connaît intimement. »

samedi 28 novembre 2015

Cinéma : Rêverie audoise des frères Larrieu

Tourné dans la Montagne noire, "21 nuits avec Pattie" des frères Larrieu est un film fantasmagorique sur la force sensuelle et érotique de la nature en été.


Pattie existe. Le personnage principal du nouveau film d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu n'a rien d'imaginaire. Les cinéastes français au parcours si singulier ont écrit ce scénario original (ils ont jusqu'à présent surtout adapté des œuvres littéraires comme "L'amour est un crime parfait" de Djian ou "Les derniers jours du monde" de Dominique Noguez) l'été dans la maison familiale de Castans dans la Montagne noire audoise. Cette amie racontait sans cesse ses conquêtes sexuelles, ses exploits avec les gars du pays, son goût pour le sexe, la chair, le plaisir. Un univers qui parle à ces créateurs filmant à la perfection la beauté féminine et les mystères de la passion. Pattie au centre de l'intrigue, il suffisait ensuite de dérouler une histoire qui s'adapte aux décors d'origine.

Le sexe parlé


Après les Pyrénées et les Alpes, les frères Larrieu ont décidé de filmer cette Montagne Noire qu'ils connaissent si bien pour y avoir passé tous les étés de leur enfance. A Castans, dans ce petit village aux pentes raides, entouré de forêts profondes et de légendes ancestrales, la mort et la vie font bon ménage. Et parfois, la barrière entre les deux états s'estompe au profit d'une situation plus complexe, où la raison est mise sous l'éteignoir des croyances. La mort, Caroline (Isabelle Carré) ne l'a jamais côtoyée. En vacances en Espagne en compagnie de son mari (Sergi Lopez) et ses deux filles, elle doit rentrer d'urgence pour s'occuper des obsèques de sa mère, Isabelle (Mathilde Monnier), morte d'une crise cardiaque. Entre la fille et la mère, cela n'a jamais été l'osmose ni le grand amour. Caroline va s'occuper des tracas administratifs (avis de décès, obsèques, mise en vente de la maison) et retourner bien vite au soleil de la Catalogne. C'est sans compter avec les facéties d'une morte qui aime s'évaporer… Le cadavre disparaît, la gendarmerie enquête, Caroline doit rester à Castans, qui justement est en pleine fête votive estivale.



Elle va donc cohabiter avec Pattie (Karin Viard), la meilleure amie, confidente et femme de ménage de sa défunte mère. Pattie qui ne s'embarrasse pas de fioritures pour entretenir la conversation. Elle parle de ce qu'elle connaît le mieux : le sexe. Et de comparer les techniques, mensurations et habitudes des divers hommes du village qu'elle croise et qu'elle semble avoir tous testés. Pour Caroline, introvertie et à la libido totalement morte, c'est un choc qui n'est pas sans effet. Quelques jours dans la nature exubérante de cette forêt audoise, entre arbres moussus et torrents rafraîchissants, vont changer la personnalité de la blonde Parisienne, sous le regard bienveillant de sa mère, fantôme agissant. Si les dialogues, notamment dans la jolie et élégante bouche de Karin Viard, sont d'une verdeur extrême (à ne pas mettre dans toutes les oreilles), les images restent sages. Belles comme un baiser chaste, préambule à'un déferlement de passion physique, que l'on imagine mais qui n'est pas montré.