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mercredi 22 janvier 2025

Cinéma - Le secret du père de “La fille d’un grand amour”

Le premier film d’Agnès de Sacy, « La fille d’un grand amour », avec François Damiens et Isabelle Carré a été en grande partie tourné dans les Pyrénées-Orientales, au pied des Albères.

Retour aux sources pour Agnès de Sacy, scénariste de cinéma depuis une vingtaine d’années. Elle s’inspire de son histoire familiale pour réaliser son premier long-métrage, La fille d’un grand amour. Un film mélodramatique, avec François Damiens et Isabelle Carré en vedette, tourné en grande partie à Bages et Perpignan à l’automne dernier. Une histoire qui tourne autour du coup de foudre mais aussi des secrets de famille et des vies cachées, voire gâchées.

Le sujet est né au début des années 90, quand Agnès de Sacy, élève à la FEMIS, la prestigieuse école de cinéma parisienne, réalise un film dans le cadre de son cursus étudiant sur le thème « Filmer vos parents ». Elle interroge son père et sa mère sur leur première rencontre à la fin des années 50 dans une boutique parisienne. Ce documentaire, elle va en montrer, au début du film, la fabrication, avec deux comédiens dans le rôle des parents. François Damiens est Yves, le père, Isabelle Carré, Ana, la mère. Ils racontent ce coup de foudre, donnent deux versions assez différentes de cette première rencontre. Mais au moment du film, cela fait longtemps qu’ils sont divorcés.

Un mas au pied des Albères

Nous sommes au début des années 90, Yves travaille dans une banque à Paris, Ana est antiquaire dans la région de Perpignan dans un grand mas au pied des Albères. Ce film va être le bon motif pour permettre à Yves de passer un week-end en Catalogne, découvrant la nouvelle vie de son ancienne épouse. Retrouvailles qui vont rapidement virer à la dispute. La suite, racontée (subie plus exactement) par Cécile (Claire Duburcq), la fille, double fictionnel de la réalisatrice, est pleine de rebondissements, de drames, de lourds secrets (notamment de la part d’Yves) et de moments de joie.

Très personnelle, cette histoire de famille compliquée, a été tournée en grande partie dans la maison même du père de la réalisatrice. Un superbe mas, avec vue sur les Albères, régulièrement montrées dans le film quand François Damiens et Isabelle Carré se promènent dans les vignes alentour. Une région qu’Isabelle de Sacy connaît bien, sa famille maternelle ayant toujours vécu là. Elle y a passé de nombreuses vacances, enfant. Elle y aime notamment la lumière, unique. Et effectivement, ce film est lumineux, de plus en plus éclairé par ce grand amour et la libération, par la parole et l’écrit, de la mère et du père d’Agnès de Sacy.

Film d’Agnès De Sacy avec Isabelle Carré, François Damiens, Claire Duburcq


Agnès de Sacy : “Un amour passionnel”


Venues présenter en avant-première, début décembre, le film au cinéma Castillet de Perpignan, Agnès de Sacy et son interprète, Isabelle Carré, sont longuement revenus sur ce film qui les touche professionnellement et personnellement.

Isabelle Carré : « Le film raconte le fait qu’on a droit aux secondes chances. Mon personnage y croit. Elle a une sorte de foi qu’elle s’est construite elle-même. Elle croit qu’en étant libre, dans la tolérance, c’est possible. »

Agnès de Sacy : « Ce sont deux personnes qui ont eu une histoire singulière, c’est leur histoire. Il y a des personnes séparées qui ne se retrouveront jamais, qui refont leur vie. Il se trouve qu’eux deux, sont deux personnes qui ont eu un amour tout à fait singulier et extrêmement passionnel. »

Isabelle Carré : « J’ai beaucoup évolué grâce à l’écriture de romans. Je n’ai aucune frustration à être au service des auteurs, mais il était temps pour moi de dire mes mots. Raconter mes propres histoires m’a aidé à trouver une autre voix, à changer, évoluer et acquérir de la confiance. »

Agnès de Sacy : « François Damiens est un grand émotif, un hypersensible et c’est un homme dans sa maladresse qui est bouleversant. Je voulais, sans aucun mot, qu’on comprenne pourquoi cette femme l‘aime. En face j’avais Isabelle Carré qui est une Rolls, une actrice d’une précision, d’une rapidité et d’une intelligence rares. Les réunir m’a paru évident. »

À propos de la maison du tournage : « C’est un personnage. Je l‘ai cherchée avec mon chef opérateur et ma décoratrice, se souvient Agnès de Sacy. On a visité plusieurs mas dans la région pour finir par tourner dans la maison où habitait mon père et qui était évidemment celle qui m’inspirait quand j’écrivais. On était en repérage et on dormait à la maison et à chaque fois qu’on revenait, mon père me demandait « Mais pourquoi vous ne tournez pas ici ? » Il revenait dessus en me taquinant. Et puis l’équipe m‘a convaincue. C’est un grand bonheur de tourner dans un espace qu’on connaît intimement. »

mercredi 23 août 2023

En vidéo - “Les complices” maladroits du tueur à gages


Entièrement tourné dans l’Hérault, notamment dans les environs du lac du Salagou, Les complices de Cécilia Rouaud est une comédie trépidante dotée d’un trio d’une belle complémentarité. Max (François Damiens) est un tueur à gages au chômage : depuis peu, dès qu’il voit une goutte de sang, il tombe dans les pommes. Pourchassé par son organisation qui veut l’éliminer, il va recevoir l’aide de ses voisins, Karim (William Lebghil) et Stéphanie (Laura Felpin). 

Si lui est gentil, prévenant et cool, elle est dynamique, énervée et agressive. Employés (esclaves plus exactement), dans une société d’immobilier, ils vont permettre à Max de découvrir le monde du travail réel. Qui se révélera au final tout aussi violent que son organisation d’assassins. Le scénario, qui se cherche un peu par moments, hésitant entre les deux intrigues et les deux mondes, est finalement plus futé que décousu.

 L’humour est bombardé de tous côtés. François Damiens est parfait en être froid, calculateur et sans la moindre empathie, William Lebghil excelle dans son interprétation d’un gentil petit faon harcelé pas ses supérieurs hiérarchiques et Laura Felpin, pour son premier rôle au cinéma, imprime comme une urgence à toutes ses scènes. 

La sortie en vidéo du film (M6 Vidéo), offre un seul et unique bonus, mais très marrant. L’interview des trois comédiens et de la réalisatrice. Ce n’est plus de la promo mais un formidable concours de vannes et de potacheries hilarantes. 

lundi 6 février 2023

DVD et blu-ray – Aventures à la française avec Jack Mimoun

Superbes décors, cascades impressionnantes, trésor légendaire : quand un humoriste français décide de revisiter le film d’aventures genre Indiana Jones, il ne lésine pas sur les moyens. Mais il sait aussi que sa meilleure chance de rencontrer le public est de caser entre les scènes d’action un maximum de gags. Malik Bentalha, au scénario, à la réalisation (aidé de Ludovic Colbeau-Justin) et dans le rôle principal s’en tire avec les honneurs.

Son Jack Mimoun et les secrets de Valverde manque un peu d’originalité, mais offre de grands moments d’un comique absolu. Son personnage d’aventurier à la petite semaine, affabulateur et manipulateur, est déjà une source de situations humoristiques puissante. Mais en intégrant dans le film Jérôme Commandeur et François Damiens, il prend carrément le risque de perdre la vedette. Dans les rôles d’un producteur télé pleutre et d’un pilote d’hélicoptère frappadingue, les deux rigolos explosent le niveau des rires.

Vraie comédie, presque film d’aventures, espérons que Jack Mimoun reviendra pour une seconde quête. Sa sortie en vidéo chez Pathé offre en bonus un petit documentaire sur les coulisses du tournage en Thaïlande. Pas toujours de tout repos : météo capricieuse, bestioles énervées et surtout un Jérôme Commandeur toujours au taquet pour faire éclater de rire ses partenaires.

mercredi 6 septembre 2017

Cinéma : A la recherche du père perdu

ÔTEZ-MOI D’UN DOUTE. De l’importance de la filiation dans le film de Carine Tardieu. 


Pas facile, quand à 40 ans passé, alors qu’on est sur le point de devenir grand-père, on découvre que l’on a deux pères. Erwan (François Damiens) découvre le pot aux roses lors d’une consultation médicale. Son père, étant porteur d’une maladie rare héréditaire, des analyses sont nécessaires avant la naissance de la fille de Juliette (Alice de Lencquesaing). Mais au moment du compte-rendu final, le généticien révèle que l’enfant ne peut pas être porteur de la maladie pour la bonne et simple raison qu’il n’y a aucun lien de filiation entre Erwann et son père.


Remue-méninges dans la tête de ce veuf, propriétaire d’une société de déminage des bombes découvertes. Car son père (Guy Marchand) il l’adore. Vieux pêcheur qui refuse de partir à la retraite, il se désespère de le voir seul. Après bien des hésitations, Erwann contacte une détective privée. Dans un premier temps il veut qu’elle découvre qui est le père de l’enfant que porte sa fille (tout ce qu’elle sait de lui, c’est que c’était un soir de beuverie et qu’il était déguisé en Zorro...), mais finalement met aussi son cas personnel dans le contrat. Et rapidement il découvre que son géniteur est un ancien bénévole de la MJC fréquentée par sa mère, avant son mariage. Un certain Joseph (André Wilms), par ailleurs père d’Anna, médecin.
Le film de Carine Tardieu devient un extraordinaire sac d’embrouilles car Erwann et Anna ont récemment fait connaissance et le démineur a craqué pour la blonde toubib. Et comme cette dernière n’est pas insensible à son charme maladroit, la situation, de quasi vaudevilesque au début, se transforme en possible catastrophe incestueuse.
■ Beaucoup plus qu’une simple comédie
Alors simple comédie bourrée de quipropos ? Que nenni. La réaliatrice va beaucoup plus loin dans l’exploration des rapports familiaux. Car en plus de cet amour compliqué entre deux êtres qui pourraient avoir le même père, il y a aussi une belle et profonde ré- flexion sur le rôle de père.
Et dans l’affaire, il y en a quatre. Le supposé, qui sait mais n’a jamais rien révélé à cet enfantt qu’il a élevé comme s’il était de lui ; le probable, qui n’était au courant de rien et qui regrette le temps perdu ; Erwann en plein doute, ayant sacrifié sa vie sentimentale pour élever sa fille à la mort de sa femme et le dernier, le mystérieux, celui qui a mise enceinte Juliette décidée à élever son enfant seule.
Il y a beaucoup de pistes de réflexion dans ce film simple, interprété avec sensibilité par une distribution brillante et au diapason.
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Estéban, comique né


Le film de Carine Tardieu s’appuie sur trois couples. Un classique (Damiens - De France), un générationnel (Marchand -Wilms, les deux pères) et un improbable formé par la fille du démineur (Alice de Lencquesaing) et le stagiaire (Estéban). La fille d’Erwann, enceinte jusqu’aux yeux, travaille dans une association d’insertion de personnes en difficultés sociales. Le stagiaire, Didier, c’est elle qui l’a placé dans l’entreprise de son père.
A ses risques et périls, car il est une véritable catastrophe ambulante. Maladroit, lâche, idiot et à la dégaine rendant élégant Quasimodo, il a aussi une forte propension à aimer les déguisements. Il aime bien celui de Zorro. Or, la future mère n’a absolument aucune idée de l’identité du père si ce n’est qu’il a été conçu un soir de beuverie, avec un homme déguisé en Zorro...
Il est toujours difficle au cinéma d’interpréter les idiots. Pierre Richard a placé la barre très haut depuis le Grand Blond. Mais Estéban s’en tire à merveille. Ce jeune homme, à l’élocution si particulière (on dirait qu’il a deux fois trop de dents dans la bouche) et aux longs cheveux noirs aime tromper son monde. Si quand il fait du cinéma, il se fait appeller Estéban, quand il monte sur scène avec son groupe rock, il devient David Boring.
En réalité son véritable état-civil est plus simple. Pour l’administration il se nomme Michael Bensoussan. Et il a de qui tenir pusique son père n’est autre que le cinéaste Philippe Clair. Qui lui aussi a changé de nom pour signer la floppée de films mémorables dont «Par où t’es rentré, on t’a pas vu sortir» avec le regretté Jerry Lewis. Estéban, hillarant dans le film de Carine Tardieu, a hérité de son père cette dérision à toute épreuve.
➤ Comédie de Carine Tardieu (France, 1 h 40) avec François Damiens, Cécile de France, André Wilms

jeudi 30 juin 2016

Cinéma : Filme, c'est du belge !

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Des comédies les plus délirantes aux films d'auteurs à forte connotation sociale en passant par l'animation, le cinéma belge n'en finit pas de tailler des croupières aux autres productions européennes. Et n'est pas prêt de s'arrêter.

Un pays, deux langues et une production cinématographique incroyablement dynamique. La Belgique, en plus d'être le centre de l'Europe, s'impose depuis deux décennies comme le nouvel Hollywood du Vieux continent. Il ne se passe pas un mois sans qu'un ou plusieurs films belges ne sortent sur les écrans français. Plus dynamique que l'Italie ou l'Espagne, presque au niveau de l'Allemagne, le cinéma belge semble représenter l'autre "exception culturelle" après la France. Au dernier festival de Cannes, les frères Dardenne participaient une nouvelle fois à la compétition. Déjà lauréats de deux palmes, les cinéastes du réel font partie de la branche sociale et politique comme Lucas Belvaux ou Jaco Van Dormael. Des films engagés, détonants, à l'écoute de notre société, qui n'hésitent pas à dénoncer, à dire tout haut ce que la majorité pense mais n'ose pas exprimer. "La fille inconnue" avec Adèle Haenel est revenu bredouille de la Croisette, mais on pourra découvrir cette histoire d'une jeune toubib pleine de doutes le 12 octobre dans toutes les salles de France.
Plus jeune mais tout aussi talentueux, Felix Van Groeningen prouve que les créateurs Flamands ne traînent pas à la remorque des Wallons. Après une "Merditude des choses" décoiffant, il frappe un grand coup avec Alabama Monroe, distribué par les Catalans de Bodega, vainqueur du César du film étranger et nominé aux Oscars. Sa dernière production, "Belgica" sorti en mars dernier, raconte l'épopée d'un bar musical de légende. Une plongée dans la jeunesse belge des années 90-2000.
Collé-serré à l'actu
Plus récent quant à son propos, "Black" (sortie le 24 juin, uniquement en e-cinéma) plonge le spectateur dans la guerre des gangs de la banlieue de Bruxelles. Une histoire d'amour sur fond de lutte entre Noirs et Arabes très révélatrice de l'état réel d'un pays qui a engendré les filières islamistes responsables des attentats de novembre dernier à Paris.

Côté comédie désenchantée, Bouli Lanners et sa bonne bouille rafle tout. Acteur principal de "Tous les chats sont gris" (sortie le 15 juin) il joue et réalise aussi "Les premiers les derniers" (en DVD le 29 juin). Mais le cinéma Belge c'est également, et avant tout pour les fans, des films inclassables, totalement barrés. En juillet, ne manquez pas "Je me tue à le dire" de Xavier Seron. Coproduction franco-belge, on retrouve cependant beaucoup de cet humour grinçant typique outre-Quiévrain. Michel vit avec sa mère. Cette dernière est malade. Se pourrait-il que Michel ait lui aussi un cancer du sein ? Sur cette simple question, réalisateur et acteurs partent loin, très loin dans le délire introspectif.
Le titre du film de Vincent Bal est tout un poème : "La vie est belge" surfe aussi sur cette mode de la belgitude des choses. Le 14 juillet, la bataille entre deux fanfares, l'une flamande, l'autre wallonne permettra de découvrir, en musique, l'incroyable antagonisme de ces ressortissants d'un même pays que tout oppose à cause d'une frontière linguistique infranchissable.

Et comme le cinéma belge ne daignerait se contenter d'une seule niche, ne manquez pas la sortie le 29 juin de "La tortue rouge". Un dessin animé de Michael Dudok de Wit d'une extraordinaire poésie. Fluidité du dessin, beauté des paysages, couleurs lumineuses, cette histoire d'un naufragé sur une île déserte vaut largement toutes les superproductions des grands studios américains.
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ADAPTATIONS De la planche à l'écran
Quoi de plus logique que la Belgique, pays de la bande dessinée par excellence (Tintin, Spirou...) utilise ce trésor national pour dynamiser sa production cinématographique. Mais ces pépites ne restent pas toujours dans le giron belge. Tintin adapté par Spielberg, les Schtroumpfs par les studios Sony et le Marsupilami de Franquin s'est animé sous la réalisation d'Alain Chabat.
Les vieux classiques ont également les honneurs du grand écran. Avec plus ou moins de bonheur. Benoît Brisefer (avec Jean Reno et Gérard Jugnot) s'est révélé catastrophique. Tout aussi peu convaincant, mais aux chiffres de fréquentation faramineux (près de 2 millions d'entrées), Boule et Bill a même une suite en chantier.

On attend avec beaucoup plus d'impatience les versions filmées de séries moins connues du grand public, mais de très grande qualité. Il s'agit du second souffle de la BD belge, notamment des trouvailles des éditions Dupuis pour le magazine Spirou. Première en piste, Tamara. La jeune adolescente un peu boulotte, imaginée par Zidrou et dessinée par Darasse, tiendra le haut de l'affiche le 26 octobre. Avec Sylvie Testud (mais pas dans le rôle-titre), cette comédie sur l'amour et les formes, offre à Rayane Bensetti (Danse avec les Stars) le rôle de Diego, le benêt de service.

En 2017, ce sera au tour de la série "Seuls" d'être portée au cinéma. Pas une comédie pour une fois, mais un conte entre science-fiction et fantastique. Dans une grande ville (Bruxelles dans la BD), plusieurs enfants se réveillent et découvrent que les adultes ont disparu. Directement inspiré de "Sa majesté des mouches", le scénario de Fabien Vehlmann s'étire déjà sur une dizaine de tomes avec Bruno Gazzotti au dessin. Le tournage vient de s'achever et tout ce que l'on sait c'est que Dodji, un des meneurs de la bande, sera interprété par Stéphane Bak.

Enfin, pour l'anecdote, Pierre-François Martin-Laval (Les Profs, 1 et 2) serait en plein travail d'écriture sur l'adaptation de Gaston Lagaffe. On lui souhaite bien du plaisir tant le personnage de Franquin est atypique.
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 Belges et cultes
Le cinéma belge a cela de passionnant qu'il parvient à enfanter des monstres impossibles à classer dans une case si ce n'est celle des "films cultes". Dans cette longue liste d'OFNI (objets filmés non identifiés) deux titres se détachent.
C'est arrivé près de chez vous. Premier succès de Benoît Poelvoorde datant de 1992, ce faux documentaire de Rémy Belvaux est tourné à la manière de l'émission "Strip-tease". Des journalistes suivent Ben, tueur à gages spécialisé dans l'élimination des personnes âgées. En noir et blanc, d'un mauvais goût assumé, avec des scènes d'une horreur absolue, le film est la première pierre à l'édifice du cinéma belge catégorie "Improbable mais complètement culte".
Dikkenek. 15 ans plus tard, Olivier Van Hoofstadt relève le gant. Son "Dikkenek", (gros cou en bruxellois) mélange de sonorités bruxelloises et de liégeoises (mais le public français ne capte pas encore la différence) tente peut-être de réconcilier deux communautés fratricides et impose François Damiens comme acteur comique d'exception. Ses mimiques quand il photographie de jeunes femmes nues, sa réplique "Man ? Claudy à l'appareil, dis, je viens de m'faire carjacker !" (accent liégeois) ou son récurrent "C'est excessivement énervant" (accent bruxellois) sont presque rentrés dans le langage courant d'une certaine génération. En clair, tout est bon dans "Dikkenek", ce qui n'est pas le cas de la fricadelle...

vendredi 11 mars 2016

Cinéma : De l'inconfort d'être raisonnable

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François Damiens risque de sombrer dans la folie dans "Des nouvelles de la planète Mars", un film de Dominik Moll sur notre société contemporaine aseptisée à l'extrême.


Les nuits de Philippe Mars (François Damiens) sont plus belles que ses journées. Cet informaticien, qui code 10 heures par jour, la nuit venue, rêve qu'il est astronaute. Il flotte dans l'espace, voit sa ville illuminée la nuit, se rapproche de l'immeuble impersonnel où il habite. Il est sur le point de se voir en train de dormir, le top en matière de rêve guidé quand son téléphone sonne. C'est sa femme qui à 5 heures du matin, vient lui déposer les affaires de leurs deux enfants, Sarah et Grégoire. Séparés, ils ont gardé de bons rapports. Pratique pour l'ancienne épouse qui peut ainsi mener sa carrière de journaliste en toute tranquillité. Dans son entreprise, Philippe est l'élément compétent sur qui on peut toujours s'appuyer. De plus il ne dit jamais non. Quand son boss lui demande d'aller superviser un projet qui fait du surplace, il rechigne mais accepte finalement. Comme toujours.
Oreille coupée
Phillipe va devoir "chaperonner" Jérôme (Vincent Macaigne), très compétent mais légèrement asocial. Totalement l'inverse de lui. Jérôme fait tout dans l'excès, au travail comme dans sa vie privée. Résultat il se sent martyrisé et déprécié. Comme souvent dans les grandes sociétés, le terreau fertile des psychoses de Jérôme se transforme en violent burn-out. Il lance un hachoir à viande sur le boss. Ce dernier l'évite. Pas l'oreille de Philippe. Après une opération de "raccommodage" au cours de laquelle il croit discuter avec ses parents morts depuis un an, Philippe est de nouveau réveillé en pleine nuit. Cette fois c'est Jérôme qui, après s'être échappé de l'asile psychiatrique, lui demande de l'héberger pour une nuit. Tout le film repose sur la personnalité si raisonnable de Philippe. Il tente de dire non mais au final se fait toujours avoir. Soit par faiblesse, soit par le fait accompli. Quand sa sœur lui demande de garder durant une semaine son petit chien, il est ferme : pas question. Alors elle part, résignée, mais laisse l'animal dans l'entrée, persuadée que Philippe, trop bon trop con, s'en occupera malgré tout. Et c'est ce qu'il fait. Jusqu'à sa rencontre avec Chloé (Veerle Baetens, déjà vue dans "Alabama Monroe"), presque petite amie de Jérôme, phobique mais qui n'a pas sa langue dans la poche. Une comparaison va faire prendre conscience à Philippe de l'enfermement dans lequel il se maintient volontairement en refusant tout excès ou dérogation à la norme. Le film devient alors une sorte de brûlot révolutionnaire light et Philippe découvre la vie. Tout simplement.
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François Damiens, tant de chemin parcouru
mol,damiens,mars,macaigneQu'il semble loin le temps des caméras cachées de François l'Embrouille. Pourtant si François Damiens a percé en France, c'est avant tout dans ce genre très compliqué des caméras invisibles. Belge plein de toupet, il a frôlé le pire dans ses "performances" où il devenait souvent odieux et dégueulasse. Après avoir piégé ses compatriotes, il s'exporte en France pour Canal +. Il décide également, de piéger quelques célébrités. Une sorte de carte de visite qui a rapidement mis la puce à l'oreille de certains réalisateurs. Mais au début, on ne lui demande de ne faire que du François l'Embrouille. Il multiplie les personnages caricaturaux, râleurs et désagréables. Le sommet sera sans doute son interprétation de paysan-photographe de charme dans "Dikkenek", film belge culte où il se fait "carjacker" en plein Bruxelles. Mais Damiens a un fort potentiel dramatique. Sous ses airs de méchant grognon se cache un véritable comédien. Il sort des sentiers battus dans "L'arnacoeur" en jouant le copain de Romain Duris. Plus récemment il devient émouvant dans "Les Cow-boys", film sur un père qui fait tout pour tenter de sauver sa fille partie faire le djihad. C'est ce François Damiens que Dominik Moll a souhaité. Papa un peu dépassé, employé modèle, citoyen exemplaire, il ne sait pas dire non. Un grand naïf très sympathique. Jérôme (Vincent Macaigne) a failli couper l'oreille de Philippe (François Damiens) avec un hachoir, en plein open space.

jeudi 3 septembre 2015

Cinéma - Dans la famille divine, la fille...

Dieu habite Bruxelles et il a une fille. À dix ans, elle ne supporte plus la méchanceté de son père. Elle va rédiger 'Le tout nouveau testament' avec six apôtres.


Le surréalisme est belge. Ceux qui en doutent changeront d'avis en regardant le formidable film de Jaco van Dormael Le tout nouveau testament. Ce conte, entre loufoquerie et profonde réflexion sur la religion part d'un constat tout simple : "Dieu existe. Il habite Bruxelles". Pour corser le tout, Dieu (Benoît Poelvoorde) vit dans un trois pièces avec sa femme Déesse (Yolande Moreau) et sa fille Ea (Pili Groyne). Cette dernière a dix ans, des tendances gothiques et un sérieux problème relationnel avec son père. Il est vrai que ce dernier est le dernier des salauds. Il tyrannise sa femme, frappe sa fille et ne prend du plaisir qu'en inventant des lois contrariantes pour les humains. Un peu éméché, il décide par exemple que la tartine de confiture tombe toujours du côté confiture ou que la file d'attente d'à côté va toujours plus vite que celle où on est. La meilleure : "une contrariété en entraîne toujours une autre...»


Le début du film est un feu d'artifices de trouvailles et de gags. Benoît Poelvoorde fait un festival, campant un être imbuvable, foncièrement méchant, imbu de sa personne et tyrannique. Pourtant il n'a pas de pouvoir spécial. Il est simplement l'utilisateur du grand ordinateur qui crée et gère l'Humanité. Ea, la fameuse fille de Dieu dont personne n'a jamais entendu parler, décide de reprendre les choses en main. Elle va pirater l'ordinateur de son père et, histoire de bien l'énerver, rendre publique la date de décès de chaque humain. Ensuite elle bloque le système informatique et rejoint le monde réel (à travers un tunnel entre deux machines à laver...) pour recruter six apôtres chargés de rédiger le tout nouveau testament. Sur Terre, la connaissance du nombre d'années, de mois ou de jours qu'il reste à vivre à chacun va bousculer la société. Certains attendront comme si de rien n'était, d'autres vont vivre à 100 à l'heure. Dieu est fou de rage : il n'a plus son arme ultime pour faire marcher droit ses disciples.
La suite du récit se partage entre les rencontres entre Ea et ses apôtres, un assassin (François Damiens), une bourgeoise (Catherine Deneuve) ou un obsédé (Serge Larivière) et la découverte de la dure réalité du monde par un Dieu toujours aussi colérique mais sans le moindre pouvoir car privé de son précieux ordinateur. On plonge parfois dans des scènes d'une grande beauté, très poétiques, comme la danse de la main coupée ou les arabesques d'une nuée d'étourneaux.
Pour ce qui est de la morale de l'histoire (il y en a forcément une puisque le sujet est la religion), elle pourra en étonner certains. Mais elle peut se résumer par cet extrait du tout nouveau testament : "La vie c'est comme sur une patinoire, il y a beaucoup de gens qui tombent." Après avoir vu le film de Jaco Van Dormael, on se relève plus facilement.
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 Benoît Poelvoorde, bête et divin

Le personnage lui va comme un gant. Benoît Poelvoorde dans la peau de Dieu est une évidence. Du moins, celui du récit de Jaco Van Dormael, un Dieu bête et méchant. Dans son appartement misérable, il mène la vie dure à sa femme et sa fille. Elles n'ont pas le droit de sortir, doivent ne regarder que des compétitions sportives à la télévision et obéir au doigt et à l'œil. Le prototype du beauf intégral. Avec les pouvoirs de Dieu... Avant de martyriser les milliards d'hommes et de femmes, il a tenté quelques expériences comme remplir les rues de Bruxelles de girafes ou les salles de cinéma de poules. Mais rien ne vaut une contrariété pour énerver ses disciples. Clope au bec, bière sous la main, en peignoir et chaussons, Dieu ricane tout seul quand il décide, en tapant simplement sur son clavier, que les emmerdements vont toujours par paire... Benoît Poolvoerde dans sa démesure habituelle permet à tout en chacun de détester ce créateur abject, dénué d'empathie et hostile à tout changement.
Heureusement, sa fille...

jeudi 18 décembre 2014

CINEMA : Une "Famille Bélier" qui fait du bien

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Ne boudons pas notre plaisir. Le film d’Éric Lartigau est optimiste, réjouissant et émouvant. C’est suffisamment rare par les temps qui courent...

"Mes chers parents... » Les trois premiers mots de la chanson finale du film « La famille Bélier » vous restera longtemps en tête tant sa charge émotionnelle est intense. Interprétée par Louane Emera, elle arrachera même quelques larmes aux plus sensibles. Le long-métrage d’Éric Lartigau parvient à jouer sur deux cordes sensibles : la comédie et le drame. Un travail d’équilibriste délicat dans lequel il s’en tire à merveille.
Les Bélier exploitent une ferme familiale. Des vaches, quelques fromages en vente directe. Rien d'exceptionnel si ce n’est qu’ils sont presque tous handicapés. Sourds et muets exactement. Le père Rodolphe (François Damiens), la mère Gigi (Karin Viard) et le fils Quentin (Luca Gelberg).
  • Un film universel
     
Tous handicapés sauf Paula (Louane Emera), qui entend et parle. Elle sert d’interprète perpétuel à sa famille. Conséquence cette jeune fille de 16 ans se retrouve à passer des commandes au téléphone entre deux cours et est réquisitionnée par ses parents pour traduire une consultation chez le médecin. Un gynécologue plus précisément, pour une scène d’anthologie (il y est question de mycose, de crème, de champignons, de vagin en feu et de poêlée, le tout dans la jolie bouche de l’innocente Paula).
Une fois le cadre posé, il ne reste plus qu’à lâcher l’élément perturbateur, en l’occurrence un beau Parisien dans le lycée de Louane. Elle le retrouve au cours de chant du professeur Thomasson, un Éric Elmosnino, archétype du blasé, coincé en province à son grand désespoir, à tenter de donner l’envie de chanter à une « chorale d’escalopes panées ».
Or, Paula a une voix d’exception. Le professeur veut absolument qu’elle progresse pour tenter de rejoindre la Maitrise de Radio France, école d’excellence. Problème : c’est à Paris et cela implique qu’elle abandonne sa famille... si dépendante d’elle.
Par les nombreux thèmes évoqués, le film frôle l’universel. De l’émancipation de la fille à la solitude de la mère, de la réussite à Paris à la vie tranquille en campagne, du don de Paula au handicap du reste de sa famille... Le tout servi par des interprètes excellents.
Louane Emera pour son premier rôle est très convaincante mais elle est à bonne école avec François Damiens et Karin Viard, hilarants malgré leur silence. On aurait pu craindre qu’ils en fassent des tonnes côté gestes et mimiques mais ils ont parfaitement intégré le langage des gestes à leurs tonitruantes, mais silencieuses, sorties.
Le film, en cette période de fêtes familiales, de fin d’année devrait contenter toutes les générations.