Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
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lundi 12 novembre 2018
DVD et blu-ray - Entrez dans la tête de Quentin Dupieux en revoyant « Au poste »
Ceux qui ont vu « Au poste », film assez inclassable de Quentin Dupieux au cinéma et qui ont apprécié cette histoire de suspect interrogé par un flic très pointilleux doivent absolument revoir ce petit chef-d’œuvre en cochant les commentaires audio du réalisateur. Ces 75 minutes sont en quelque sorte décryptées et sublimées par le scénariste, réalisateur et monteur du film. « Au poste » est par excellence un film d’auteur.
Une création très personnelle d’un homme qui a des idées très arrêtées sur son art. Donc il se retrouve seul en cabine à placer explications et anecdotes sur le film.
Contrairement aux doutes qu’il émet en début d’enregistrement, c’est toujours passionnant. Rien que pour l’explication (un homme en slip dirige un orchestre en plein champ), c’est bourré d’infos. Quentin Dupieux livre aussi quantité d’anecdotes, comment il a trouvé le plan sous le bureau (regardez pour comprendre), ou son obsession de faire avec les clichés du théâtre (porte, placards…).
Il ne cesse de saluer le talent de Grégoire Ludig et semble se prosterner devant le professionnalisme de Benoît Poelvoorde.
Une leçon de cinéma complétée par les premières répétitions du duo. A montrer dans toutes les écoles du 7e art.
« Au poste », Diaphana vidéo, 19,99 €
vendredi 4 mars 2016
Cinéma : La route de l'amour passe par le vin

Un film sur le vin, avec Benoît Poelvoorde et Gérard Depardieu en vedette : il n'y a que le duo Delépine/Kervern pour oser relever le défi. Les deux acteurs ne sont pas réputés pour leur tempérance quand il s'agit de profiter de la vie. Mais comme les réalisateurs ne crachent pas non plus sur un bon millésime, l'entente a visiblement été très facile à trouver entre les différents ego.
Forcément le tournage a dû parfois en être un peu affecté, mais qu'importent les aléas puisqu'il y a l'ivresse ? Le début du film se déroule en plein salon de l'agriculture. Jean (Gérard Depardieu), éleveur presque à la retraite, vient tenter une ultime fois sa chance au concours du plus beau taureau. Il voudrait que son fils Bruno (Benoît Poelvoorde) reprenne l'exploitation. Ce dernier, grand dépressif devant l'éternel, ne veut pas finir ses jours entre des vaches. Il veut profiter de la vie, trouver une femme. Son rêve ultime : être vendeur dans un magasin de jardinage.
Avec les cochons
Pour l'heure, il considère sa venue au Salon de l'agriculture comme des vacances. Sa seule et unique semaine de vacances durant toute l'année. Il va ainsi faire la route des vins avec son oncle (Gustave Kervern), sans quitter l'enceinte du Parc des expositions parisien. Cela donne une ouverture mémorable, où les deux paysans en goguette, s'enfilent quantité de verres, au point de finir à quatre pattes en compagnie de gentils porcelets, sous l'œil atterré des visiteurs parisiens.Jean récupère son fils dans un état lamentable et comme pour lui pardonner cette vie d'abnégation, lui accorde de faire véritablement la route des vins. Les voilà partis en taxi, avec Vincent Lacoste au volant. Un trio, trois générations, la France, du vin : les ingrédients permettent de multiplier les situations cocasses et délirantes.
Au bout du chemin, ils rencontrent Vénus (Céline Sallette), une jeune femme idéaliste qui vit dans des cabanes perchées sur des arbres. Elle comprendra ces trois hommes au parcours si différent et les aimera, chacun à sa façon. Le film, de road-movie excentrique, bascule dans la poésie la plus complète, avec quasiment un brin de référence divine (la sainte trinité, la vierge et l'enfant). Mais quoi de plus normal : le vin n'est-il pas le sang du Christ ?
Forcément inégal, ce long-métrage de Delépine et Kervern est cependant plus abouti que le précédent, entièrement centré sur la dérive d'un employé modèle interprété par le génial Michel Houellebecq (lire ci-dessous).
On retrouve l'écrivain dans ce film. Il n'a pas beaucoup de scène avec Depardieu. Dommage. On imagine la confrontation entre le frêle intellectuel, aux sentiments intériorisés et le massif acteur, au verbe haut et tonitruant. Cela devrait faire de sacrées étincelles. Pour un prochain film peut-être...
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Brillantes apparitions
Road movie déjanté, 'Saint-Amour' offre son lot de rencontres improbables. Les deux réalisateurs ont particulièrement soigné le casting de ces seconds rôles savoureux. A tout seigneur tout honneur, Michel Houellebecq, fidèle du duo, interprète un incroyable propriétaire de chambres d'hôtes. Lent et atone, il est irrésistible au cours de ces quelques minutes hors du temps. Bruno, potentiel candidat à 'L'amour est dans le pré', cherche l'âme sœur. Mais ne crache pas sur un coup en passant. Il croise la route d'une agent immobilière très professionnelle. Ovidie, ancienne star du porno, lui offre un peu de rêve. Juste par vengeance. Mais cela reste toujours du bon temps agréable à prendre.

C'est lui aussi qui raccompagne une jeune serveuse interprétée par Solène Rigot, terrorisée à l'idée de la dette à rembourser. Sans oublier Ana Girardot (en jumelles) ou Izia Higelin (en paraplégique). Comme des sketches de Groland, mais avec des acteurs professionnels et connus.
jeudi 21 janvier 2016
DVD : famille, je vous aime
Avec 'Une famille à louer', Jean-Pierre Améris réalise une comédie sensible.
Une mère de famille (Virgine Efira), obligée d'élever seule ses deux enfants issus de deux « coups de foudre » différents est contactée par un milliardaire dépressif et renfermé (Benoît Poelvoorde).
Accepterait-elle de louer sa famille pour qu'il se rende compte, durant trois mois, des effets positifs de la vie de famille ? « Il y a beaucoup de mon parcours dans ce film » explique Jean-Pierre Améris. « Avec Benoît Poelvoorde j'ai trouvé mon alter-égo. Durant l'écriture du scénario, c'était déjà lui. Il est d'ailleurs lui aussi maniaque et angoissé dans le vie. »
Le réalisateur a aussi abordé des thématiques plus pointues, comme ses références (les comédies américaines) et sa volonté de styliser au maximum le film. On est clairement dans la caricature parfois, mais les acteurs parviennent à donner une belle humanité à ces deux contraires que tout attire. A l'arrivée il y a un film sensible, dans l'air du temps (la famille recomposée) et tout public. « J'ai voulu un peu constituer ma famille idéale » confie Jean-Pierre Améris qui avouera qu'il n'aurait jamais imaginé pourvoir vire un jour autrement que seul... On rit à ces étonnements des uns et des autres, on est également touché car, comme le dit si bien Jean-Pierre Améris, « la comédie ce n'est pas juste de la grosse poilade. Cela doit aussi être émouvant. »
Pour la sortie en DVD de ce film, Studiocanal a soigné les bonus. Presque une heure de making of sont proposés sous forme de quatre petits films sur l'univers des divers protagonistes. On découvre d'abord ce qui inspire Jean-Pierre Améris, puis ces sont Virginie Efira et Benoît Poelvoorde qui parlent longuement de leurs personnages. Enfin vous saurez tout sur la fabrication des deux décors principaux : la maison toute de guingois de la jeune chômeuse et la villa froide et inhumaine du milliardaire.
« Une famille à louer », Studiocanal, 14,99 euros le DVD, 15,99 euros le blu-ray.
Une mère de famille (Virgine Efira), obligée d'élever seule ses deux enfants issus de deux « coups de foudre » différents est contactée par un milliardaire dépressif et renfermé (Benoît Poelvoorde).
Accepterait-elle de louer sa famille pour qu'il se rende compte, durant trois mois, des effets positifs de la vie de famille ? « Il y a beaucoup de mon parcours dans ce film » explique Jean-Pierre Améris. « Avec Benoît Poelvoorde j'ai trouvé mon alter-égo. Durant l'écriture du scénario, c'était déjà lui. Il est d'ailleurs lui aussi maniaque et angoissé dans le vie. »
Le réalisateur a aussi abordé des thématiques plus pointues, comme ses références (les comédies américaines) et sa volonté de styliser au maximum le film. On est clairement dans la caricature parfois, mais les acteurs parviennent à donner une belle humanité à ces deux contraires que tout attire. A l'arrivée il y a un film sensible, dans l'air du temps (la famille recomposée) et tout public. « J'ai voulu un peu constituer ma famille idéale » confie Jean-Pierre Améris qui avouera qu'il n'aurait jamais imaginé pourvoir vire un jour autrement que seul... On rit à ces étonnements des uns et des autres, on est également touché car, comme le dit si bien Jean-Pierre Améris, « la comédie ce n'est pas juste de la grosse poilade. Cela doit aussi être émouvant. »
Pour la sortie en DVD de ce film, Studiocanal a soigné les bonus. Presque une heure de making of sont proposés sous forme de quatre petits films sur l'univers des divers protagonistes. On découvre d'abord ce qui inspire Jean-Pierre Améris, puis ces sont Virginie Efira et Benoît Poelvoorde qui parlent longuement de leurs personnages. Enfin vous saurez tout sur la fabrication des deux décors principaux : la maison toute de guingois de la jeune chômeuse et la villa froide et inhumaine du milliardaire.
« Une famille à louer », Studiocanal, 14,99 euros le DVD, 15,99 euros le blu-ray.
jeudi 3 septembre 2015
Cinéma - Dans la famille divine, la fille...
Dieu habite Bruxelles et il a une fille. À dix ans, elle ne supporte plus la méchanceté de son père. Elle va rédiger 'Le tout nouveau testament' avec six apôtres.
Le surréalisme est belge. Ceux qui en doutent changeront d'avis en regardant le formidable film de Jaco van Dormael Le tout nouveau testament. Ce conte, entre loufoquerie et profonde réflexion sur la religion part d'un constat tout simple : "Dieu existe. Il habite Bruxelles". Pour corser le tout, Dieu (Benoît Poelvoorde) vit dans un trois pièces avec sa femme Déesse (Yolande Moreau) et sa fille Ea (Pili Groyne). Cette dernière a dix ans, des tendances gothiques et un sérieux problème relationnel avec son père. Il est vrai que ce dernier est le dernier des salauds. Il tyrannise sa femme, frappe sa fille et ne prend du plaisir qu'en inventant des lois contrariantes pour les humains. Un peu éméché, il décide par exemple que la tartine de confiture tombe toujours du côté confiture ou que la file d'attente d'à côté va toujours plus vite que celle où on est. La meilleure : "une contrariété en entraîne toujours une autre...»
Le début du film est un feu d'artifices de trouvailles et de gags. Benoît Poelvoorde fait un festival, campant un être imbuvable, foncièrement méchant, imbu de sa personne et tyrannique. Pourtant il n'a pas de pouvoir spécial. Il est simplement l'utilisateur du grand ordinateur qui crée et gère l'Humanité. Ea, la fameuse fille de Dieu dont personne n'a jamais entendu parler, décide de reprendre les choses en main. Elle va pirater l'ordinateur de son père et, histoire de bien l'énerver, rendre publique la date de décès de chaque humain. Ensuite elle bloque le système informatique et rejoint le monde réel (à travers un tunnel entre deux machines à laver...) pour recruter six apôtres chargés de rédiger le tout nouveau testament. Sur Terre, la connaissance du nombre d'années, de mois ou de jours qu'il reste à vivre à chacun va bousculer la société. Certains attendront comme si de rien n'était, d'autres vont vivre à 100 à l'heure. Dieu est fou de rage : il n'a plus son arme ultime pour faire marcher droit ses disciples.
La suite du récit se partage entre les rencontres entre Ea et ses apôtres, un assassin (François Damiens), une bourgeoise (Catherine Deneuve) ou un obsédé (Serge Larivière) et la découverte de la dure réalité du monde par un Dieu toujours aussi colérique mais sans le moindre pouvoir car privé de son précieux ordinateur. On plonge parfois dans des scènes d'une grande beauté, très poétiques, comme la danse de la main coupée ou les arabesques d'une nuée d'étourneaux.
Pour ce qui est de la morale de l'histoire (il y en a forcément une puisque le sujet est la religion), elle pourra en étonner certains. Mais elle peut se résumer par cet extrait du tout nouveau testament : "La vie c'est comme sur une patinoire, il y a beaucoup de gens qui tombent." Après avoir vu le film de Jaco Van Dormael, on se relève plus facilement.
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Le personnage lui va comme un gant. Benoît Poelvoorde dans la peau de Dieu est une évidence. Du moins, celui du récit de Jaco Van Dormael, un Dieu bête et méchant. Dans son appartement misérable, il mène la vie dure à sa femme et sa fille. Elles n'ont pas le droit de sortir, doivent ne regarder que des compétitions sportives à la télévision et obéir au doigt et à l'œil. Le prototype du beauf intégral. Avec les pouvoirs de Dieu... Avant de martyriser les milliards d'hommes et de femmes, il a tenté quelques expériences comme remplir les rues de Bruxelles de girafes ou les salles de cinéma de poules. Mais rien ne vaut une contrariété pour énerver ses disciples. Clope au bec, bière sous la main, en peignoir et chaussons, Dieu ricane tout seul quand il décide, en tapant simplement sur son clavier, que les emmerdements vont toujours par paire... Benoît Poolvoerde dans sa démesure habituelle permet à tout en chacun de détester ce créateur abject, dénué d'empathie et hostile à tout changement.
Le surréalisme est belge. Ceux qui en doutent changeront d'avis en regardant le formidable film de Jaco van Dormael Le tout nouveau testament. Ce conte, entre loufoquerie et profonde réflexion sur la religion part d'un constat tout simple : "Dieu existe. Il habite Bruxelles". Pour corser le tout, Dieu (Benoît Poelvoorde) vit dans un trois pièces avec sa femme Déesse (Yolande Moreau) et sa fille Ea (Pili Groyne). Cette dernière a dix ans, des tendances gothiques et un sérieux problème relationnel avec son père. Il est vrai que ce dernier est le dernier des salauds. Il tyrannise sa femme, frappe sa fille et ne prend du plaisir qu'en inventant des lois contrariantes pour les humains. Un peu éméché, il décide par exemple que la tartine de confiture tombe toujours du côté confiture ou que la file d'attente d'à côté va toujours plus vite que celle où on est. La meilleure : "une contrariété en entraîne toujours une autre...»
La suite du récit se partage entre les rencontres entre Ea et ses apôtres, un assassin (François Damiens), une bourgeoise (Catherine Deneuve) ou un obsédé (Serge Larivière) et la découverte de la dure réalité du monde par un Dieu toujours aussi colérique mais sans le moindre pouvoir car privé de son précieux ordinateur. On plonge parfois dans des scènes d'une grande beauté, très poétiques, comme la danse de la main coupée ou les arabesques d'une nuée d'étourneaux.
Pour ce qui est de la morale de l'histoire (il y en a forcément une puisque le sujet est la religion), elle pourra en étonner certains. Mais elle peut se résumer par cet extrait du tout nouveau testament : "La vie c'est comme sur une patinoire, il y a beaucoup de gens qui tombent." Après avoir vu le film de Jaco Van Dormael, on se relève plus facilement.
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Benoît Poelvoorde, bête et divin
Le personnage lui va comme un gant. Benoît Poelvoorde dans la peau de Dieu est une évidence. Du moins, celui du récit de Jaco Van Dormael, un Dieu bête et méchant. Dans son appartement misérable, il mène la vie dure à sa femme et sa fille. Elles n'ont pas le droit de sortir, doivent ne regarder que des compétitions sportives à la télévision et obéir au doigt et à l'œil. Le prototype du beauf intégral. Avec les pouvoirs de Dieu... Avant de martyriser les milliards d'hommes et de femmes, il a tenté quelques expériences comme remplir les rues de Bruxelles de girafes ou les salles de cinéma de poules. Mais rien ne vaut une contrariété pour énerver ses disciples. Clope au bec, bière sous la main, en peignoir et chaussons, Dieu ricane tout seul quand il décide, en tapant simplement sur son clavier, que les emmerdements vont toujours par paire... Benoît Poolvoerde dans sa démesure habituelle permet à tout en chacun de détester ce créateur abject, dénué d'empathie et hostile à tout changement.
Heureusement, sa fille...
jeudi 20 août 2015
Cinéma - Poelvoorde cherche une 'Famille à louer' et découvre la puissance de l'amour
Superbe comédie de Jean-Pierre Améris sur les familles recomposées d'aujourd'hui.
Violette (Virginie Efira), mère célibataire, est criblée de dettes. Elle multiplie les petits boulots mais ne parvient pas à joindre les deux bouts. Prise en flagrant délit de vol de viande dans un supermarché, son procès est médiatisé. Cette mère qui a basculé dans la délinquance pour nourrir ses enfants émeut la France. Elle devient un symbole de la famille soudée. Paul-André (Benoît Poelvoorde), célibataire endurci, est riche à millions. Il n'a plus besoin de travailler depuis longtemps. Dans sa grande maison il s'ennuie. En découvrant le témoignage de Violette à la télévision, il a l'impression de comprendre ce qui lui manque le plus dans cette vie morne : une famille.
L'idée du scénario est venue à Jean-Pierre Améris de son expérience personnelle. Comme Paul-André il a longtemps refusé de s'engager, de s'investir dans une descendance. Mais l'amour est venu contrecarrer ses projets. Il l'a raconté en juillet dernier à Perpignan lors de l'avant-première de son film au Castillet. Il rencontre celle qui va devenir sa compagne. Mais elle a déjà des enfants. Et le voilà propulsé de solitaire un peu ours à chef de famille.
C'est cette évolution de la mentalité du héros qui est au centre du film. Il faut bien l'avouer, au début le personnage de Paul-André est très antipathique. Il semble penser que tout s'achète. Comme si l'amour, la bonté, l'amitié n'existaient pas. Benoît Poelvoorde a donné une épaisseur à cet homme, mal dans sa peau depuis son enfance et son rejet par sa mère (remarquable Edith Scob). Violette, plus solaire et impulsive, va mettre du temps à dompter ce grand timide introverti. Elle saura lui expliquer que la famille ce n'est pas un concept abstrait mais une boule d'énergie et d'amour qui ne cesse d'évoluer. Elle sera tendre ou dure en fonction des circonstances.
Virginie Efira change complètement de registre, abandonnant sa distinction habituelle pour des expressions et des poses dignes des plus effrontées des cagoles du Sud. Cela finit -forcément- en histoire d'amour, même si le chemin sera long et tortueux pour que le riche bourgeois décèle toute la richesse d'une vie de famille simple et sans majordome, en l'occurrence François Morel dont on ne dira jamais combien il est précieux dans ce type de réalisation.
Violette (Virginie Efira), mère célibataire, est criblée de dettes. Elle multiplie les petits boulots mais ne parvient pas à joindre les deux bouts. Prise en flagrant délit de vol de viande dans un supermarché, son procès est médiatisé. Cette mère qui a basculé dans la délinquance pour nourrir ses enfants émeut la France. Elle devient un symbole de la famille soudée. Paul-André (Benoît Poelvoorde), célibataire endurci, est riche à millions. Il n'a plus besoin de travailler depuis longtemps. Dans sa grande maison il s'ennuie. En découvrant le témoignage de Violette à la télévision, il a l'impression de comprendre ce qui lui manque le plus dans cette vie morne : une famille.
Amour et énergie
Mais pour être sûr de faire le bon choix, il préfère tester avant de s'engager. Paul-André contacte Violette et lui propose cet étonnant marché : il efface toutes ses dettes si elle accepte de lui louer sa famille durant un mois. Cela implique qu'il s'installe chez elle, fasse comme s'il était son compagnon et s'occupe des deux enfants qui deviendraient de fait un peu les siens. Un peu comme si un Duquesnoy se mettait en (faux) ménage avec une Groseille.L'idée du scénario est venue à Jean-Pierre Améris de son expérience personnelle. Comme Paul-André il a longtemps refusé de s'engager, de s'investir dans une descendance. Mais l'amour est venu contrecarrer ses projets. Il l'a raconté en juillet dernier à Perpignan lors de l'avant-première de son film au Castillet. Il rencontre celle qui va devenir sa compagne. Mais elle a déjà des enfants. Et le voilà propulsé de solitaire un peu ours à chef de famille.
C'est cette évolution de la mentalité du héros qui est au centre du film. Il faut bien l'avouer, au début le personnage de Paul-André est très antipathique. Il semble penser que tout s'achète. Comme si l'amour, la bonté, l'amitié n'existaient pas. Benoît Poelvoorde a donné une épaisseur à cet homme, mal dans sa peau depuis son enfance et son rejet par sa mère (remarquable Edith Scob). Violette, plus solaire et impulsive, va mettre du temps à dompter ce grand timide introverti. Elle saura lui expliquer que la famille ce n'est pas un concept abstrait mais une boule d'énergie et d'amour qui ne cesse d'évoluer. Elle sera tendre ou dure en fonction des circonstances.
Virginie Efira change complètement de registre, abandonnant sa distinction habituelle pour des expressions et des poses dignes des plus effrontées des cagoles du Sud. Cela finit -forcément- en histoire d'amour, même si le chemin sera long et tortueux pour que le riche bourgeois décèle toute la richesse d'une vie de famille simple et sans majordome, en l'occurrence François Morel dont on ne dira jamais combien il est précieux dans ce type de réalisation.
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