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lundi 19 septembre 2022

Cinéma - “Revoir Paris”, thérapie pour tenter de revivre

Comment se reconstruire après avoir été blessée dans un attentat terroriste ? Réponse dans ce film exceptionnel d’Alice Winocour.

Alors que le procès de l’attentat de Nice s’est ouvert cette semaine, quelques jours après le verdict de ceux de Paris, ce film d’Alice Winocour permet de se replonger dans cette ambiance qui a longuement tétanisé la France. Librement inspiré des actions terroristes contre des terrasses de café et le Bataclan, Revoir Paris est une plongée dans la tête d’une des victimes, Mia (Virginie Efira).

Attention, on ne ressort pas de ce film intact. La force de l’interprétation, la justesse des réactions, la beauté de certaines réactions risquent de durablement vous rester en tête. La réalisatrice, directement impliquée dans les attentats de Paris (son frère était au Bataclan), a fait un choix radical pour raconter l’horreur. « Ce n’est pas tant l’attentat lui-même qui m’a intéressé, explique-t-elle dans le dossier de presse, mais les traces qu’il a laissées chez les victimes. Aucune d’entre elles n’a une vision globale de l’attaque, mais seulement des bribes, des images désordonnées, comme les fragments d’un miroir éclaté. »

Les premières minutes montrent la vie parisienne de Mia. Au guidon de sa moto, elle va travailler et retrouve, le soir, son compagnon, médecin. Il doit partir en urgence à l’hôpital. Elle rentre seule. Comme il pleut, elle s’arrête dans une brasserie attendre la fin de l’orage. C’est là que sa vie bascule. Les premiers tirs, une blessure au ventre, puis un grand trou noir.

Rencontre avec les autres victimes 

Trois mois plus tard, elle ose revenir à Paris. Mais ne se souvient plus de la soirée fatale. Juste quelques flashes. Des images fugitives. Une fête d’anniversaire dans la salle où elle buvait un verre en attendant, deux jeunes touristes asiatiques croisées sur le chemin des toilettes. Les pieds du terroriste, quand elle se cache sous les tables renversées, les balles qui claquent.

Pour tenter de se réapproprier sa vie, son passé, Mia revient à Paris, va sur les lieux de l’attentat, rencontre des membres de l’association des victimes, dont Thomas (Benoît Magimel), celui dont on fêtait l’anniversaire. Lentement, comme à reculons, Mia va se souvenir, retrouver des détails, comprendre ce qu’elle a fait. Comment elle a pu survivre, avec qui elle s’est cachée. Presque une enquête policière dans une mémoire bloquée.

Virginie Efira, dans ce rôle compliqué, entier, signe une de ses meilleures prestations. L’ancienne animatrice télé belge s’est métamorphosée depuis quelques années en brillante comédienne. Cette nouvelle prestation la place très largement au-dessus de toutes ses consœurs. Un film inoubliable, très éloigné de tout manichéisme, qui paradoxalement, malgré le sujet, redonne espoir dans la vie et envie de revivre, tout simplement.

Film français d’Alice Winocour avec Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin.

 

jeudi 16 juin 2022

Cinéma - Ce conduit souterrain est “Incroyable mais vrai”

Film énigmatique qui doit le rester, la dernière réalisation de Quentin Dupieux est fidèle à sa folie douce.


Mission quasi impossible de raconter Incroyable mais vrai, film de Quentin Dupieux. Exactement, il ne faut surtout pas dévoiler le ressort comique et dramatique de l’histoire. Se contenter de généralités, éluder le sujet, rester énigmatique et le moins précis possible. Donc, au début, Alain (Alain Chabat) et Marie (Léa Drucker) décident d’acheter une maison en banlieue parisienne. Une belle bâtisse moderne, spacieuse entourée d’un jardin arboré. Ils ont immédiatement un coup de cœur. 

Pourtant, selon l’agent immobilier qui fait visiter, ils n’ont pas encore vu le meilleur, ce petit plus qui donne tout son cachet à l’ensemble. Un agent immobilier très mystérieux, refusant d’en dire trop. Il faut le voir pour le croire, selon lui. Il conduit donc le couple dans la cave et ouvre une trappe qui donne sur un conduit s’enfonçant dans les profondeurs des fondations. 

Motus et bouche cousue

C’est à partir de ce moment que le critique de cinéma et scribouillard de service ne peut plus rien dévoiler du scénario. Qu’y a-t-il au bout de ce conduit ? Quel effet a-t-il sur les aventureux qui l’empruntent ? Vous ne saurez rien en lisant la suite de cet article qui peut concourir au grand prix national du journalisme creux et abscons. 

L’effet de surprise doit être préservé pour que le spectateur profite pleinement de la folie du réalisateur (également scénariste et monteur) et de l’évolution des personnages principaux, pris dans ce processus souterrain. Silence sur le conduit, mais on peut quand même parler un peu des amis du couple : le patron d’Alain (Benoît Magimel) et sa maîtresse du moment (Anaïs Demoustier). Eux aussi ont un secret à révéler. Mais dans le même ordre d’idée, mieux vaut ne pas dévoiler ce qui arrive à Benoît Magimel. 

Ce dernier est le meilleur ressort comique du film. Macho, arrogant, prétentieux : il se donne à fond dans ce rôle de composition. La distribution s’en tire d’ailleurs avec les honneurs dans cette histoire abracabradantesque. Alain Chabat reste le plus normal face à l’exceptionnel, Léa Drucker va être la plus influençable alors qu’Anaïs Demoustier, en charmante cruche de service (parfait pendant du macho), apporte ce côté populaire que l’on retrouve toujours dans un film de Quentin Dupieux. Enfin, dernier indice pour les amateurs d’animaux, il y a dans Incroyable mais vrai des chats, des fourmis et même des puces. Mais ces dernières sont électroniques.

Film français de Quentin Dupieux avec Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel et Anaïs Demoustier