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lundi 28 août 2023

Cinéma - “La bête dans la jungle”, un film hypnotique

Un couple se retrouve dans une boîte de nuit tous les samedis soirs. La vie s’écoule, ils observent et espèrent durant de longues années.


Sous des aspects parfois expérimentaux, le film La bête dans la jungle de Patric Chiha reste le prototype de l’histoire d’amour triste. Elle, May, le remarque alors qu’elle n’a que 15 ans. Lui, John, est seul dans les gradins d’une fête locale estivale dans les Landes. Ils ont 15 ans. Elle voudrait danser. Pas lui. Il va lui confier un secret. Et ne plus se voir de l’été.

Des années plus tard, May est devenue une jeune femme aimant faire la fête en compagnie de sa petite bande d’amis. Nous sommes en 1979, les tenues sont extravagantes et le groupe va participer à l’inauguration d’une nouvelle boîte de nuit parisienne. Encore faut-il passer l’obstacle de la physionomiste (Béatrice Dalle dans un rôle de narratrice tragique). May, son sourire, son effronterie, sa joie de vivre, font céder toutes les difficultés. Le film débute véritablement quand elle entre dans cette vaste fosse peuplée de toutes les minorités sexuelles de l’époque, transpirant sur du disco, fumant, se droguant, dansant et plus si affinités. C’est là qu’elle le remarque. Il est comme absent, déconnecté de la folie ambiante. Elle va s’approcher de lui, lui rappeler ce secret qu’il lui a confié et le retrouver tous les samedis durant de longues années.

Entre amour platonique ou amitié fusionnelle, la relation entre May et John va évoluer. Il lui demandera de lui faire confiance. Il sait qu’un jour, son secret deviendra réalité. Le film, tout en suivant cette relation unique et parfois un peu hypnotique tant elle est pleine et fusionnelle, raconte aussi la France de la fin du XXe siècle. Espoir de l’élection de Mitterrand, angoisse face aux ravages du sida, gentrification de la capitale…

Deux rôles aux antipodes

Avec de longs morceaux musicaux pour illustrer ce temps qui passe mais n’a pas de prise sur May et John, comme s’ils étaient encore et toujours adolescents dans ce bal landais. Si May danse beaucoup, John, jamais, ne mettra les pieds sur la piste. Leur relation si particulière, incompréhensible par certains de leurs amis, ne les empêche pas d’avoir des amants ou maîtresses, de vivre presque normalement le reste de la semaine. Un film étrange (comme son titre), unique, magnifié par deux comédiens aux antipodes (Tom Mercier taciturne et mystérieux, Anaïs Demoustier joyeuse et extravertie) et véritable master class pour les cinéastes désireux de filmer des foules en train de danser.

Film de Patric Chiha avec Anaïs Demoustier, Tom Mercier, Béatrice Dalle

jeudi 16 juin 2022

Cinéma - Ce conduit souterrain est “Incroyable mais vrai”

Film énigmatique qui doit le rester, la dernière réalisation de Quentin Dupieux est fidèle à sa folie douce.


Mission quasi impossible de raconter Incroyable mais vrai, film de Quentin Dupieux. Exactement, il ne faut surtout pas dévoiler le ressort comique et dramatique de l’histoire. Se contenter de généralités, éluder le sujet, rester énigmatique et le moins précis possible. Donc, au début, Alain (Alain Chabat) et Marie (Léa Drucker) décident d’acheter une maison en banlieue parisienne. Une belle bâtisse moderne, spacieuse entourée d’un jardin arboré. Ils ont immédiatement un coup de cœur. 

Pourtant, selon l’agent immobilier qui fait visiter, ils n’ont pas encore vu le meilleur, ce petit plus qui donne tout son cachet à l’ensemble. Un agent immobilier très mystérieux, refusant d’en dire trop. Il faut le voir pour le croire, selon lui. Il conduit donc le couple dans la cave et ouvre une trappe qui donne sur un conduit s’enfonçant dans les profondeurs des fondations. 

Motus et bouche cousue

C’est à partir de ce moment que le critique de cinéma et scribouillard de service ne peut plus rien dévoiler du scénario. Qu’y a-t-il au bout de ce conduit ? Quel effet a-t-il sur les aventureux qui l’empruntent ? Vous ne saurez rien en lisant la suite de cet article qui peut concourir au grand prix national du journalisme creux et abscons. 

L’effet de surprise doit être préservé pour que le spectateur profite pleinement de la folie du réalisateur (également scénariste et monteur) et de l’évolution des personnages principaux, pris dans ce processus souterrain. Silence sur le conduit, mais on peut quand même parler un peu des amis du couple : le patron d’Alain (Benoît Magimel) et sa maîtresse du moment (Anaïs Demoustier). Eux aussi ont un secret à révéler. Mais dans le même ordre d’idée, mieux vaut ne pas dévoiler ce qui arrive à Benoît Magimel. 

Ce dernier est le meilleur ressort comique du film. Macho, arrogant, prétentieux : il se donne à fond dans ce rôle de composition. La distribution s’en tire d’ailleurs avec les honneurs dans cette histoire abracabradantesque. Alain Chabat reste le plus normal face à l’exceptionnel, Léa Drucker va être la plus influençable alors qu’Anaïs Demoustier, en charmante cruche de service (parfait pendant du macho), apporte ce côté populaire que l’on retrouve toujours dans un film de Quentin Dupieux. Enfin, dernier indice pour les amateurs d’animaux, il y a dans Incroyable mais vrai des chats, des fourmis et même des puces. Mais ces dernières sont électroniques.

Film français de Quentin Dupieux avec Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel et Anaïs Demoustier


mardi 7 décembre 2021

Cinéma - “La pièce rapportée” : jeu de massacre chez les riches


Film profondément politique par les sujets qu’il traite, La pièce rapportée d’Antonin Peretjatko est aussi (et avant tout) une comédie désopilante. En décidant de se moquer des très riches bourgeois qui vivent entre eux, cloîtrés dans des hôtels particuliers parisiens, le réalisateur de La loi de la jungle, force le trait de la caricature. 

Il a l’aide de deux comédiens exemplaires : Josiane Balasko et Philippe Katerine. La première interprète la très guindée et paralysée (elle est en chaise roulante après un accident de chasse.. à courre) Adélaïde Château-Têtard, veuve d’un industriel qui a fait sa fortune en travaillant avec nombre de dictateurs. Le second est son fils, Paul, quadra célibataire, rivé à son smartphone, à jouer à des jeux débiles. 

Quand Paul décide d’épouser Ava (Anaïs Demoustier, la fameuse pièce rapportée), guichetière dans le métro, la reine mère déprime. Mais il faut absolument un héritier à la dynastie. Ava, jeune fille simple, découvre le luxe. Et les plaisirs qui vont avec, comme prendre un amant (William Lebghil) et s’envoyer en l’air dans des palaces parisiens

Cette comédie, très visuelle, bourrée de références, aborde, en vrac, le ruissellement de l’argent, les habitus de classe, la dure condition des femmes de ménage et même l’avenir de la profession de détective privé. Foisonnant et hilarant.

Film français d’Antonin Peretjatko avec Anaïs Demoustier, Josiane Balasko, Philippe Katerine