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dimanche 6 novembre 2022

Cinéma - Pétaouchnok, presque un « western » entièrement tourné dans les Pyrénées-Orientales

Le film Pétaouchnok, tourné dans les Pyrénées-Orientales, sort ce mercredi 9 novembre dans toutes les salles de France. L'occasion de découvrir une comédie d'aventure dans les paysages magnifiés des Pyrénées.

Les habitants des Pyrénées-Orientales reconnaîtront quelques endroits du département dans le film Pétaouchnok d'Etienne Leduc avec Pio Marmaï et Philippe Rebboh. Par exemple le café où la compagne de Ludo travaille est à Tautavel. C’est là que les scènes de village ont été tournées. Le ranch est celui de Las Caneilles à Tautavel aussi. On distingue aussi les tours du Moulin à Vent de Perpignan. Mais l’essentiel du film se déroule en pleine nature. De longues semaines passées dans la montagne, dans les environs des Angles. On est rapidement subjugué par la beauté des paysages.

Que cela soit dans les prairies dans les hauteurs, avec simplement quelques pics en décor ou au cœur de forêts qui semblent aussi profondes et sauvages que le grand nord canadien ou le long d’un cours d’eau, toutes les images sont belles et dépaysantes. Mais ce n’est pas un clip publicitaire pour la montagne.

Au contraire, Pétaouchnok c’est une vision réaliste et sincère d’une région qui sait encore être sauvage, pas toujours hospitalière, mais où les sensations sont démultipliées.

samedi 5 novembre 2022

Cinéma - Destination Pétaouchnok

 Rarement un film met autant en valeur le territoire des Pyrénées-Orientales où il a été tourné. « Pétaouchnok » d’Édouard Deluc avec Pio Marmaï et Philippe Rebbot en vedette doit beaucoup aux Pyrénées. L’histoire de deux chômeurs, persuadés qu’ils peuvent s’en sortir en proposant ce que leur région offre de mieux : ses paysages, la grandeur de ses montagnes. Ils vont se lancer dans le raid à cheval loin de la civilisation. Le film raconte leur première excursion, forcément mouvementée car totalement improvisée. Un séjour inoubliable pour la dizaine de participants, les autres personnages de ce film choral qui sort partout en France ce mercredi 9 novembre. Édouard Deluc et Pio Marmaï ont répondu à l’Indépendant lors de leur venue à Perpignan pour l’avant-première du film.

D’où vous est venue l’idée de ce film ?

Etienne Deluc : J’avais un désir de western esthétiquement mais c’est vrai que ça croise la comédie d’aventure et sociale. J’ai aussi apporté quelques idées d’Amérique latine où je traine pas mal mes basques, notamment les ponchos. C’est une esthétique un peu hybride mais on est dès le début plongé dans une ambiance western.

Comment avez-vous approché le personnage très borderline de Ludovic ?


Pio Marmaï : Ludo c’est quelqu’un qui est assez proche de moi. Edouard a écrit cette partition en pensant à moi donc il y a sans doute des échos dans ma logorrhée que je peux avoir quand j’interprète ce personnage. Il y a aussi quelque chose dans l’énergie, quelqu’un qui avance quoi qu’il arrive. Pourtant cela m’a demandé beaucoup de travail dans l’apprentissage du texte, de tenue, de précision dans la langue comme rarement j’ai fait. Paradoxalement, même si on a l’impression qu’il y a une sorte de foutraque et d’énergie, un peu chaotique par moment, c’était quand même un travail assez intense.

ED : Il y a aussi une forme de tension dans le personnage de Ludo qui est liée aux enjeux. Il y a des enjeux très forts par rapport à son ex-femme, sa fille. Au début du film c’est compliqué pour lui mais il peut gagner énormément. Il sent qu’il porte sur ses épaules non pas une ambition démesurée de faire fortune mais de retrouver un peu d’équilibre, notamment sentimental qui le tient en vie.

Est-ce compliqué de tourner avec des chevaux ?


PM : Moi je ne montais pas avant ces deux dernières années mais j’ai enchaîné les films avec les chevaux comme Les Mousquetaires (sorties en avril et décembre 2023) ou Tempête (sortie le 21 décembre). Après il y a différentes techniques de monte. Ce ne sont pas les mêmes selles quand on fait un film du XVIIe siècle ou contemporain. Pour être un bon cavalier il faut être capable de s’abandonner à l’animal et c’est quelque chose que j’ai appris à faire. Je suis plus proche des sports mécaniques, comme la moto. Ça c’est très concret car c’est moi qui dirige totalement le véhicule et pas inversement. Alors que monter un cheval cela demande une écoute, un rapport à soi et à l’existence que je n’aurais pas été capable de faire il y a quelques années. Mais c’était une très belle découverte. Tout ce que j’ai fait c’est essayer de m’adapter à un nouveau partenaire de jeu car sur le coup, dans le film, c’est un véritable partenaire, ce n’est pas un simple cheval de cinéma qui se déplace d’un point A à un point B, c’est très différent, on passe beaucoup de temps dessus dans des endroits qui sont quand même gigantesques, on fait beaucoup de plans larges, on se rend compte aussi de l’immensité à certains égards des Pyrénées.

ED : Pour 20 secondes à l’image il faut rester quatre à cinq heures sur le cheval. Sur certains plans on découvre des kilomètres et des kilomètres de vallée, on doit refaire la prise trois fois car il y a 11 chevaux et des mules et que tout ne se passe pas forcément bien. Il faut que les comédiens rencontrent les chevaux et au début ça a été un peu rocambolesque, la rencontre n’a pas pris entre chaque personnage et chaque cheval, il y a eu des petits incidents et le film raconte ça : « Tu parles bien à ton cheval si tu veux qu’il t’amène quelque part car il est sensible, il est comme toi. » C’est une donnée, on ne fait pas ce que l’on veut avec un cheval.


Quels types d’incidents ?


PM : Un trauma crânien, une épaule démise, mais ça c’est la base, tu veux faire du cheval, il faut que tu t’éclates le visage sur un caillou, c’est comme ça que ça rentre (rires). Le groupe est censé être des néophytes et c’est toujours plus simple de faire semblant de ne pas savoir monter. Si tu ne sais pas monter et que tu joues quelqu’un qui ne sait pas monter, tu vas au clash, ça c’est sûr. Mais ce n’était pas grave, personne n’est mort…


Pour le réalisateur, le plus compliqué à gérer entre les chevaux et les comédiens ?


ED : Globalement c’était très enthousiasmant. J’ai essayé de ne jamais oublier la chance que j’avais de faire le film que j’avais envie de faire dans des paysages pareils avec des comédiens qui donnent autant et généreusement. Ça se sent et je crois que le film il vibre de plein de choses que j’avais envie de raconter. Je pense que ce qui imprime le cœur des spectateurs c’est l’envie des comédiens de partager cette matière. Mais après c’est compliqué car on a une cinquantaine de techniciens, des ours, des chines, des comédiens, des comédiennes, il fallait le porter, ça c’est sûr, mais c’est jamais très simple de faire un film. Là, il était particulièrement compliqué à plein d’endroits mais je sentais bien qu’il se passait quelque chose et qu’après ça allait rester.


Vos meilleurs souvenirs de ce tournage ?

ED : Tout n’a pas été léger, il y a eu des coups de fatigue, mais tout était volontaire et globalement généreux. Moi j’ai pris un plaisir four dès le début du tournage au conseil régional quand j’entendais Pio faire ses trucs presque à la Lois de Funès. Il était incroyable, ses gestes, les sons qui sortaient se sa bouche, c’était fou et moi j’essayais de pas rire trop fort, avec en contrepoint la tête de Philippe. Le duo était là et j’avais totale confiance en eux et c’était encore plus beau de les voir en vrai. Il y a eu pleines de scènes savoureuse comme celle d ela valise avec Camille Chamoux. La scène du lac n’a pas été simple car ils rentrent dans une eau à 12 degrés mais je sentais qu’elle allait être très belle, elle dit quelque chose du rapport à la nature. Pour moi c’est très important tout en ayant ce soupçon de comédie de fantaisie puisque Pio entre dans l’eau cul nu et en santiags. La scène de la tente entre Pio et Philippe fonctionne très bien : il y a de la fantaisie, de l’émotion, ils sont beaux tous les deux ; je suis gâté.


Comment avez-vous formé ce duo ?


PM : Avec Philippe, il y a quelque temps qu’on avait envie de travailler ensemble car on fait partie des gens qui sont assez honnêtes. On s’est rencontré il y assez longtemps et on s’est vite dit qu’on avait envie de fabriquer un objet ensemble. Le fait qu’Etienne ait déjà tourné plusieurs films avec Philippe a fait que ce trio a pris de l’épaisseur, du sens. Mais il ne faut pas se rater, on n’a pas 36 occasion de faire des duos au cinéma. On ne va pas faire 15 duos avec Philippe dans notre vie. Je fais toujours attention à ça, de ne pas gâcher les choses.

Le tournage semble avoir été assez éprouvant : bivouac, pluie, humidité… comment ça c’est passé ?


ED : C’est un film d’aventure, ils ont signé pour ça ! Mais bien sûr que c’était un investissement physique réel. On montait à 2000 mètres d’atitude, soit à cheval, soit à pied soit en voiture pour rejoindre les décors. Etre à cheval toute la journée ou se baigner dans un lac c’est costaud. La pluie on a eu à la fois des orages magnifiques qu’on a voulu filmer, notamment la scène de casting de Camille Chamoux et d’Olivia Côte. On les voit jouer, on a l’impression qu’ils s’amusent mais c’est un boulot physique au-delà du talent que ça demande.


PM : ça reste du cinéma. C’est un luxe, on n’est pas dans une mine, il faut se rappeler les choses. Mais c’est pas la même chose quand tu tournes au milieu de nulle part, que tu as deux heures de trajet pour y arriver, que tu as des tempêtes, des blessures et que tu tournes dans un bureau en région parisienne. Mai quand tu es au milieu des Pyrénées, il y a déjà une dimension de décor simplement qui dépasse la séquence en elle-même que tu est en train d’incarner car quoi que tu fasses, ce qui est derrière toi, en fond, va parle quinze fois plus que soi on joue quelque chose dans cette pièce qui n’est pas dingue. Il y a quelque chose qui transcende une simple séquence de cinéma. On peut simplement se reposer sur ce que l‘on regarde, c’est assez agréable, ça joue beaucoup. En plus on sortait du covid. On a la chance de refaire des films et en terme de respiration c’était quand même un luxe.
ED. C’est tellement beau. Et on cherche à la filmer cette beauté. On se rendait régulièrement d’être dans des endroits incroyable, magnifique, qu’on était tous ensemble et qu’on avait une chance folle.


D’où venait cette envie de filmer les Pyrénées ?


ED : J’ai commencé l’écriture du film pour la cordillère des Andes car ma femme est Argentine et j’y passe du temps. Le première idée que j’avais eu c’était deux zigotos à l’aéroport de Santiago du Chili qui arrivaient en retard pour accueillir un groupe de touristes et traverser la cordillère et très vite en écrivant le scénario j’ai eu besoin de donner une réalité sociale à mes personnages. Après j’ai eu une envie d’ours et je suis parti en repérage dans les Pyrénées et très vite je suis entré dans la vallée de la Cerdagne, du Capcir et c’était acquis que c’était là que je voulais tourner, c’était sublime. Et j’aimais bien le côté transfrontalier avec l’Espagne. Je récupérais quelques chose de mon fantasme d’Amérique latine aussi. Après c’était presque des choix cornéliens entre deux décors magnifiques. On a essayé de rendre grâce à la majesté des décors.
PM : J’ai été très sensible au travail de Jeanne Lapoirie à l’image qui a réussi à nous montrer les Pyrénées dans toute leur majesté. A l’image, on sent vraiment un souffle et le film propose un dépaysement assez joyeux !


D’où vient le nom du film, Pétaouchnok ?


ED : Au début du projet c’était déjà un peu là. Ça racontait quelque chose d’une promesse d’aventure, de perdition, de lointain et de comédie dans la façon que ça sonne. Quand j’ai décidé du combo, les deux personnages, les ponchos, la traversée des Pyrénées à cheval, c’était assez net pour moi que ça devait appeler Pétaouchnok.


Vous envisagez une suite ?


ED : On ne demande que ça que le public réclame la beauté de ce duo, après je ne suis pas sûr qu’on satisfasse la demande parce qu’on réfléchira à deux fois avant de se fourvoyer dans une suite qui n’aurait pas de sens. On n’en est pas là, moi je voudrais juste que le public soit curieux de ce film. Quand on va chercher un film il vous donne d’autant plus c’est pourquoi c’est bien que les gens aillent en salle, la démarche change tout. On les invite à voir une comédie, d’aventures, de mésaventures, globalement les gens rient pas mal dans la salle, on a de très bons retours. Mais il y a plus que ça et si derrière les gens sont sensibles à notre poésie, humanité et ont envie d’un Pétouchnok 2 bien sûr qu’on le fera. Mais on était très contents de travailler ensemble car ça avait du sens.

 

 

mardi 13 juin 2017

Cinéma : Une famille unie autour du vin





Une année. Il faut une année complète pour « fabriquer » un vin. Mais il en faut beaucoup plus dans cette Bourgogne pour que le breuvage gagne ses lettres de noblesse. Il existe des crus où le vin doit être vite bu, d’autres où il ne gagne ses galons de grand cru qu’à l’issue de longues années de maturation, en fûts puis en bouteilles. Dans l’exploitation familiale au cœur d’une région devenue riche à force de faire des breuvages d’exception, le temps de la relève est venu. Le patriarche, malade, est hospitalisé depuis des années. Juliette (Ana Girardot) a pris la relève, un peu contrainte et forcée. Son jeune frère, Jérémie (François Civil), l’aide un peu, mais il est fort occupé par la naissance de son fils et le travail sur l’exploitation de son épouse.



Tout change quand Jean (Pio Marmai) est de retour. Jean, l’aîné, le grand frère protecteur ayant préféré faire le tour du monde que de rester les pieds collés à cette terre collante quand il pleut trop. Cela fait plus de quatre ans qu’il n’a pas donné signe de vie. Installé en Australie à la tête d’un immense vignoble, il revient du jour au lendemain, à quelques jours du début des vendanges. Du décès du père aussi. Mais la vigne, elle, se moque de la mort. Le raisin est arrivé à maturité. Il faut lancer la récolte. Un beau symbole de la suprématie totale et absolue, quoi qu’il arrive, de la vie sur la mort, de la continuité face à l’abandon.
Ce film « agricole » du réalisateur du « Péril Jeune» ou de « L’auberge espagnole » s’intéresse avant tout aux trois enfants, perdus face à l’enchaînement des difficultés. Car en plus des vendanges, il faut gérer l’héritage. Et les lois françaises font que pour conserver le domaine en l’état, il faut payer 500 000€ de droits de succession. Or les frères et la sœur, s’ils ont des problèmes de riches, n’en ont pas les moyens.
■ Réconciliations
De plus, Jean est partagé entre ces racines et sa nouvelle vie. Car s’il est revenu tenter de se réconcilier avec son père mourant, il a laissé en Australie une compagne et un petit garçon de 4 ans. Pour lui, il est évident qu’il faut vendre. Mais Juliette, pourtant toujours en admiration devant ce grand frère qui l’a aidé, éduqué et protéger, ne veut pas qu’il décide pour elle. Jérémie, hésitant, va tenter d’oublier les rancœurs contre son frère qui n’est même pas venu aux obsèques de leur mère.
Le film montre aussi, sur une année complète au fil des travaux de la vigne (de la taille aux vendanges) comment ces trois, éloignés par la force des choses, vont se retrouver et gagner en complicité. C’est au final le véritable intérêt de plus de « Ce qui nous lie », qui bascule de film ancré dans la réalité viticole pré- sente vers une histoire universelle sur la famille, ses joies, séparations et retrouvailles. Notamment quand, dans l’adversité, les trois, comme dans leur enfance heureuse, s’unissent et font face à toutes les difficultés.
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De la vigne au vin


Tout en consacrant l’essentiel de l’intrigue aux personnages, le film de Cédric Klapisch prend parfois des allures de documentaires quand il est question de la vigne et du vin. Les premières images montrent ces vignobles aux couleurs changeantes au fil des saisons. De l’austère dépouillement de l’hiver à vert tendre du bel été en passant par l’or de l’automne. La vigne, filmée sous toutes ses coutures, est presque un personnage à part entière, aux humeurs changeantes mais toujours au rendez-vous des saisons. Que cela soit la taille ou les vendanges, les propriétaires l’arpentent inlassablement, surveillant chaque cep et guettant le moindre signe de maladie jusqu’au jour du début des vendanges. En quelques scènes joyeuses, le réalisateur capte la dureté de cette période mais aussi sa joie liée au travail de groupe.
Ensuite vient le travail dans le chai. Le pressage, l’assemblage et le vieillissement. C’est aussi là, dans cette fraîcheur ancestrale que le vin est élaboré par petites touches personnelles, habitudes et goût des vignerons.
Sans verser dans la démonstration un peu trop pédagogique, on sort de ce film avec un savoir supplémentaire. Surtout on apprend que certains goûteurs-testeurs, dont ceux de la famille de Jean, Juliette et Jérémie, ne crachent pas. Au contraire, ils dégustent jusqu’au bout et profitent de cette ivresse divine provoquée par l’alcool. La fonction première du vin que des aristocrates de la dégustation ont trop souvent tendance à occulter.