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dimanche 31 mars 2024

Cinéma - Surtout “Pas de vagues” chez le Mammouth

 Accusé de harcèlement par une élève, un jeune professeur voit ses idéaux s’évanouir. « Pas de vagues » est un film social assez sombre réalisé par Teddy Lussi-Modeste sur un scénario d’Audrey Diwan.



L’Éducation nationale est une machine gigantesque et complexe. Qui évolue lentement. Pour la désigner, Claude Allègre, ministre de tutelle, parle de « Mammouth ». C’était en 1997 et, depuis, cette administration a conservé cette image d’animal lent et appelé à disparaître. Pourtant le corps enseignant évolue, comme le montre le film Pas de vagues, réalisé par Teddy Lussi-Modeste sur un scénario écrit en collaboration avec Audrey Diwan. Histoire tirée de faits réels… Sa propre expérience quand il a commencé son premier métier de professeur de français.

Le film débute par la déclamation d’un poème de Ronsard, le célèbre Mignonne, allons voir si la rose. Explication de texte par Julien (François Civil), jeune prof chaleureux, patient et à l’écoute de sa classe. Certains élèves sont exubérants, d’autres chahuteurs. Leslie (Toscane Duquesne) est timide et réservée.

C’est pourtant elle qui envoie une lettre à la CPE de ce collège d’une banlieue défavorisée pour accuser Julien de harcèlement. Il lui aurait fait des avances. Une simple feuille qui va déclencher une réaction en chaîne dévastatrice. D’abord pour Julien. Qui nie ces accusations. Il les met sur une incompréhension de l’adolescente. Il demande à s’expliquer avec le père ou la mère. Mais c’est le grand frère qui vient et menace Julien des pires représailles. Il va dans la foulée porter plainte au commissariat. Les élèves sont entendus, la rumeur se répand. Julien suspecté, accusé, rejeté.

Un prof maladroit dans sa défense. Il est persuadé que la direction de l’établissement va le défendre. Mais au nom du fameux « Pas de vagues », on lui demande de faire profil bas. De bon prof, investi dans son métier, volontaire et novateur, Julien va se transformer en paranoïaque autoritaire. Au risque de saboter sa carrière, son couple, sa vocation.

Teddy Lussi-Modeste, le réalisateur, s’est inspiré de sa propre histoire. Il explique dans le dossier de presse qu’il ne voulait « pas coller aux événements tels qu’ils s’étaient déroulés dans la réalité. Je voulais coller aux émotions qui m’avaient traversé. » La peur, la culpabilité.

Rapidement la tension monte et le spectateur se retrouve plongé dans un thriller oppressant, avec un homme en danger et une menace réelle avec le frère violent qui veut « lui casser les jambes », mais aussi des dizaines de collégiens suiveurs, experts pour mettre la pression sur leur potentielle victime via les réseaux sociaux.

Pas de vagues est très actuel et explicite sur le malaise du corps enseignant. Même s’il y a plus de 50 ans, Les risques du métier avec Jacques Brel, racontait la même injustice.

Film de Teddy Lussi-Modeste avec François Civil, Shaïn Boumedine, Bakary Kebe


vendredi 29 décembre 2023

Cinéma - “Milady” ensorcelle les Trois Mousquetaires

Suite très attendue de l’adaptation au cinéma du roman d’Alexandre Dumas. Une seconde partie construite autour des errements de Milady. 


Enfin de retour ! Les Trois Mousquetaires repartent à l’assaut du box-office français. L’adaptation du roman a été scindée en deux parties. Après le succès du premier volet (3,3 millions d’entrées), place à la suite. Un long-métrage moins mouvementé et virevoltant.

Après la rencontre entre les quatre compagnons et la présentation des protagonistes, les adaptateurs se sont permis d’approfondir la personnalité de chacun. Avec la volonté de mettre en avant la belle et mystérieuse Milady interprétée par Eva Green. Du siège de La Rochelle aux bas-fonds de Paris en passant par le Louvre, les spectateurs seront entraînés dans des cavalcades, duels et combats épiques.

Les comédiens donnent tout dans cette grosse production française qui devrait faire rêver petits et grands. Le casting, qui a dérouté certains, trouve dans ce second opus toute sa justification. François Civil, jeune d’Artagnan fougueux et séducteur, devra écouter son cœur pour départager les deux belles du film : Milady et la charmante Constance (Lyna Khoudri). Les Mousquetaires, chacun dans leur style, sont attachants.

Vincent Cassel torturé et secret, Romain Duris enjôleur et Pio Marmaï bagarreur et bon vivant. Le roi est toujours interprété par le très étonnant Louis Garrel (presque le ressort comique du film…) et parmi les nombreux seconds rôles, notons la présence dans le premier volet de Raynaldo Houy Delattre, comédien d’origine audoise qui interprète Rochefort, un des sbires du cardinal Richelieu.

Et si vous voulez vous remettre le début de l’histoire en tête avant de rejoindre Milady, vous avez la possibilité de revoir la première partie sortie en vidéo chez Pathé dans des éditions riches de nombreux bonus.

Film de Martin Bourboulon avec François Civil, Eva Green, Pio Marmaï, Vincent Cassel, Romain Duris, Louis Garrel, Lyna Khoudri

dimanche 9 avril 2023

Cinéma - Retour brillant pour “Les trois mousquetaires”


D’Artagnan est au centre du premier volet de la nouvelle adaptation des Trois Mousquetaires au cinéma. Un retour gagnant des héros d’Alexandre Dumas dans ce film de Martin Bourboulon avec François Civil dans le rôle titre.

Forcément, pas beaucoup de surprise au niveau du scénario du film de Martin Bourboulon. L’immense majorité des Français connaît au moins les bases de l’intrigue des Trois Mousquetaires, chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas, déjà adapté au cinéma, à la télévision ou en bande dessinée une bonne centaine de fois. Compliqué donc d’apporter du nouveau dans cette histoire d’amitié virile et de combats incessants.

Mais c’est aussi le meilleur atout car ce récit est d’une force et d’une puissance à l’épreuve du temps. Rapidement on se laisse prendre par les aventures du jeune d’Artagnan, on tremble avec la reine de France, on rit avec Porthos. Car ce film, la première partie d’un diptyque (rendez-vous le 13 décembre pour la fin de l’aventure), est brillant.


Distribution plus que crédible, décors somptueux, reconstitution de l’époque fidèle et surtout combats à l’épée qui n’ont rien à voir avec les jolies chorégraphies du temps de Jean Marais ou Gérard Philipe. Chaque affrontement des Mousquetaires contre les gardes du Cardinal est proposé en plan séquence. La caméra à l’épaule, le réalisateur propose quelques tours de force plongeant le spectateur au cœur même de la mêlée.

La bonne surprise du film est aussi dans son interprétation. En mixant jeunes comédiens prometteurs et stars plus connues, Martin Bourboulon a vu juste.

Trois femmes remarquables

François Civil a cette innocence et insouciance typique du jeune d’Artagnan arrivant tout sourire de sa Gascogne natale. Charmeur avec les dames, ne se laissant pas marcher sur les pieds par les Parisiens arrogants, il trouve sa place entre bon camarade et chef de bande. Vincent Cassel et Romain Duris (Athos et Aramis), apportent sagesse et profondeur avec des personnages plus complexes.

Pio Marmaï, en endossant les rondeurs de Porthos, devient tonitruant et jovial. Jouisseur aussi. Le prototype du bon vivant toujours prompt à profiter d’un plaisir immédiat. Louis Garrel, en roi Louis XIII, est à la limite de la caricature. Mais cela apporte encore plus de crédibilité à son personnage légèrement mégalomane.

Enfin côté héroïne, c’est le sans-faute. Eva Green est la très mystérieuse et vénéneuse Milady, Vicky Krieps prête sa fragilité à la reine partagée entre deux amours et surtout Lyna Khoudri surprend dans son rôle de Constance, jeune beauté courtisée par un d’Artagnan sous le charme. Le public aussi.

Film français de Martin Bourboulon avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Eva Green, Louis Garrel, Vicky Krieps, Lyna Khoudri.
 

mardi 13 juin 2017

Cinéma : Une famille unie autour du vin





Une année. Il faut une année complète pour « fabriquer » un vin. Mais il en faut beaucoup plus dans cette Bourgogne pour que le breuvage gagne ses lettres de noblesse. Il existe des crus où le vin doit être vite bu, d’autres où il ne gagne ses galons de grand cru qu’à l’issue de longues années de maturation, en fûts puis en bouteilles. Dans l’exploitation familiale au cœur d’une région devenue riche à force de faire des breuvages d’exception, le temps de la relève est venu. Le patriarche, malade, est hospitalisé depuis des années. Juliette (Ana Girardot) a pris la relève, un peu contrainte et forcée. Son jeune frère, Jérémie (François Civil), l’aide un peu, mais il est fort occupé par la naissance de son fils et le travail sur l’exploitation de son épouse.



Tout change quand Jean (Pio Marmai) est de retour. Jean, l’aîné, le grand frère protecteur ayant préféré faire le tour du monde que de rester les pieds collés à cette terre collante quand il pleut trop. Cela fait plus de quatre ans qu’il n’a pas donné signe de vie. Installé en Australie à la tête d’un immense vignoble, il revient du jour au lendemain, à quelques jours du début des vendanges. Du décès du père aussi. Mais la vigne, elle, se moque de la mort. Le raisin est arrivé à maturité. Il faut lancer la récolte. Un beau symbole de la suprématie totale et absolue, quoi qu’il arrive, de la vie sur la mort, de la continuité face à l’abandon.
Ce film « agricole » du réalisateur du « Péril Jeune» ou de « L’auberge espagnole » s’intéresse avant tout aux trois enfants, perdus face à l’enchaînement des difficultés. Car en plus des vendanges, il faut gérer l’héritage. Et les lois françaises font que pour conserver le domaine en l’état, il faut payer 500 000€ de droits de succession. Or les frères et la sœur, s’ils ont des problèmes de riches, n’en ont pas les moyens.
■ Réconciliations
De plus, Jean est partagé entre ces racines et sa nouvelle vie. Car s’il est revenu tenter de se réconcilier avec son père mourant, il a laissé en Australie une compagne et un petit garçon de 4 ans. Pour lui, il est évident qu’il faut vendre. Mais Juliette, pourtant toujours en admiration devant ce grand frère qui l’a aidé, éduqué et protéger, ne veut pas qu’il décide pour elle. Jérémie, hésitant, va tenter d’oublier les rancœurs contre son frère qui n’est même pas venu aux obsèques de leur mère.
Le film montre aussi, sur une année complète au fil des travaux de la vigne (de la taille aux vendanges) comment ces trois, éloignés par la force des choses, vont se retrouver et gagner en complicité. C’est au final le véritable intérêt de plus de « Ce qui nous lie », qui bascule de film ancré dans la réalité viticole pré- sente vers une histoire universelle sur la famille, ses joies, séparations et retrouvailles. Notamment quand, dans l’adversité, les trois, comme dans leur enfance heureuse, s’unissent et font face à toutes les difficultés.
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De la vigne au vin


Tout en consacrant l’essentiel de l’intrigue aux personnages, le film de Cédric Klapisch prend parfois des allures de documentaires quand il est question de la vigne et du vin. Les premières images montrent ces vignobles aux couleurs changeantes au fil des saisons. De l’austère dépouillement de l’hiver à vert tendre du bel été en passant par l’or de l’automne. La vigne, filmée sous toutes ses coutures, est presque un personnage à part entière, aux humeurs changeantes mais toujours au rendez-vous des saisons. Que cela soit la taille ou les vendanges, les propriétaires l’arpentent inlassablement, surveillant chaque cep et guettant le moindre signe de maladie jusqu’au jour du début des vendanges. En quelques scènes joyeuses, le réalisateur capte la dureté de cette période mais aussi sa joie liée au travail de groupe.
Ensuite vient le travail dans le chai. Le pressage, l’assemblage et le vieillissement. C’est aussi là, dans cette fraîcheur ancestrale que le vin est élaboré par petites touches personnelles, habitudes et goût des vignerons.
Sans verser dans la démonstration un peu trop pédagogique, on sort de ce film avec un savoir supplémentaire. Surtout on apprend que certains goûteurs-testeurs, dont ceux de la famille de Jean, Juliette et Jérémie, ne crachent pas. Au contraire, ils dégustent jusqu’au bout et profitent de cette ivresse divine provoquée par l’alcool. La fonction première du vin que des aristocrates de la dégustation ont trop souvent tendance à occulter.