Il y a un peu de « Captain Fantastic » dans le nouveau film de Debra Granik. Après « Winter’s Bone » qui se déroulait en partie dans les forêts du Missouri, elle plante de nouveau sa caméra dans la forêt pour « Leave no trace ». Mais cette fois ce sont les zones froides et humides de l’Oregon et de l’État de Washington, sur la côte nord-ouest des USA, qui servent de décor à cette histoire de survivalisme.
Will (Ben Foster), vétéran, et sa fille adolescente, Tom (Thomasin Harcourt McKenzie), fuient la civilisation. Ils vivent sous une bâche dans le parc naturel proche de la banlieue de Portland, récupèrent l’eau de pluie, cueillent des champignons, font pousser quelques légumes et s’entraînent à se cacher. Car il est interdit de vivre dans ce parc national.
Quand le nécessaire manque, ils vont en ville se ravitailler. Will touche sa pension de vétéran et revend les médicaments que le service de santé lui délivre pour cause de traumatisme post-conflit. Pilules qu’il cède à des SDF.
La première partie du film se concentre sur cette survie précaire, entre paradis (les bons jours) et lutte contre le froid et l’humidité (tout le reste du temps). Repérés, capturés, le père et sa fille sont séparés. Quand ils arrivent à se retrouver ensemble, ils fuient de nouveau, plus au nord, dans des forêts encore moins hospitalières.
Superbe symphonie naturelle, ce film d’une grande beauté, est avant tout la description du traumatisme d’un homme, persuadé que pour survivre au monde, il faut le fuir. Une réalité qu’il veut imposer à sa fille.
➤ « Leave no trace » de Debra Granik (USA, 1 h 49) avec Thomasin McKenzie, Ben Foster.
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
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mercredi 19 septembre 2018
mercredi 14 juin 2017
DVD et blu-ray : L’Amérique du porte à porte
Comme dans tout film américain indépendant qui se respecte ces trois dernières années, il y a une référence à Donald Trump dans « American Honey », plongée grâce à la caméra mobile et virevoltante d'Andrea Arnold dans une jeunesse qui tente de survivre avec de petits boulots. Présenté à Cannes l’an dernier, il sort en vidéo alors que le milliardaire est entre temps arrivé au pouvoir.
Star (Sasha Lane) croise Jake (Shia LaBeouf) sur le parking d’un supermarché et trouve que ses habits ressemblent à ceux de maître du monde aux cheveux peroxydés. Par contre, le reste est très éloigné : longue tresse, percings aux sourcils,tatouages apparents.Pourtant Jake n’a qu’un but dans la vie, comme Trump, « faire de l’argent ». Il est vendeur de magazines, fait du porte à porte avec sa bande de démarcheurs tous plus barjots les uns que les autres, coachés par Crystal (Riley Keough), la patronne qui empoche 80% des ventes en échange du gîte, du couvert et du transport.
Ce road trip à travers les USA, des quartiers les plus huppés aux zones infâmes,repaires de fumeurs de crack, ne fait pas dans l’esthétique. Par contre, si vous êtes en manque d’une bouffée de réalisme social sans compromis, vous apprécierez ce long film (2 h 30) mais sans la moindre longueur tant on est immergé dans le quotidien de cette troupe hétéroclite. On apprécie l’attirance de Star pour Jake, les fractures de certaines vendeuses comme Pagan (Arielle Holmes) obsédée par Dark Vador ou QT, ancienne d’un gang du Panama.
Et puis il y a les rencontres. Émouvante avec un camionneur rêvant de bateau, décalée avec les trois cowboys qui ne savent plus quoi faire de leur fric ou si triste avec ces trois enfants laissés à l’abandon par une mère défoncée à la meth. Une Amérique sans masque ni maquillage,personnifiée par une majorité d’acteurs amateurs qui ont certainement connu les mêmes galères avant de se retrouver devant la caméra d’Andrea Arnold.
➤ « Américan Honey », Diaphana, 19,99 €
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