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vendredi 1 septembre 2023

Roman français - Chômeur et enquêteur


Se retrouver au chômage du jour au lendemain peut avoir de graves conséquences sur sa santé mentale. Démonstration avec le cas du narrateur de ce roman très déconcertant de Laurent Rivelaygue. Le titre, Il faut toujours envisager la débâcle,  donne l’idée générale. 

Journaliste dans une revue spécialisée dans la logistique, il perd son boulot. Sa femme lui met la pression, son fils ne comprend pas. Il évite Pole Emploi et ses conseillères et se met à rêver de roman. Espoir vite anéanti par son manque d’imagination et d’inspiration. Il va donc se contenter de mener une enquête autour d’un fait divers non résolu : les crimes du Grêlé.

 Problème, à force de se renseigner sur les serial-killers, il va découvrir que le pire d’entre eux se cache dans le 3e tiroir de son bureau. À partir de ce moment, le roman part dans des délires hilarants, avec un héros de plus en plus à l’Ouest, incapable de faire la différence entre le réel (sa femme en colère) et ce qui relève de son imaginaire (Dupont de Ligonnès qui mange un sandwich la nuit dans sa cuisine). 

De l’humour absurde et un peu désespéré qui fait du bien à nos zygomatiques. 

"Il faut toujours envisager la débâcle" de Laurent Rivelaygue, Calmann Lévy, 270 pages, 19,50 €

dimanche 29 mars 2020

BD. De l’absurde et de l’émotion

Pour cette sélection dominicale de BD à lire sur papier ou en numérique sur une des nombreuses plateformes permettant d’acheter instantanément un album, sans quitter sa maison et même son canapé, c’est le grand écart. D’un côté une série de gags absurdes dans un milieu ne se prêtant que très peu à une enquête policière (un service de comptabilité), de l’autre une bonne grosse dose d’émotion dans le 8e titre de la série Boule à Zéro de Zidrou et Ernst racontant la lutte d’une petite fille contre le cancer.


Paul, comptable de son état à la Cotoprep, est retrouvé mort à son bureau par ses collègues. Deux policiers se rendent dans l’entreprise pour enquêter.
La commissaire Linguine et son adjoint Pichard vont alors se heurter à un monde qu’ils ne soupçonnaient pas : la vie en entreprise, avec guerre des services (logistique contre marketing), vie propre de l’écosystème de la machine à café et action forte et symbolique des délégués du personnel.

Bref, dans ces 100 gags imaginés par James et dessinés par David de Thuin on se moque beaucoup du travail dans ces grosses boîtes, au détriment de la découverte de la vérité sur ce meurtre à la compta.



Depuis quelques jours le personnel soignant des hôpitaux est mis sur un piédestal qu’il n’aurait jamais dû quitter. Car ce n’est pas qu’en temps de pandémie que médecins, infirmières et aides-soignantes se dévouent corps et âme pour les malades. La preuve dans ce nouvel album de Boule à Zéro. Zita, la petite héroïne de la série, atteinte d’un cancer, vit depuis dix dans ce service avec d’autres malades de son âge. La première partie de l’album voit le départ de Moïse, son colocataire de chambre.

Orphelin, il vient d’être adopté, malgré sa leucémie. Un coup au moral pour Zita. La suite est pire encore. Elle croit voir un fantôme dans sa chambre. Un certain Dali, disparu depuis 10 ans. Mais qui est-il ? Les BD qui arrivent à vous émouvoir à ce point sont rares, alors préparez vos mouchoirs et dégustez. 

« Meurtre à la compta », Delcourt - Pataquès, 9,95 €
« Boule à zéro » (tome 8), Bamboo, 10,90 €


vendredi 27 mars 2020

Série Télé - Enquête sombre et froide dans le passé de l’Islande


L’avantage de Netflix, c’est que l’offre de série ne se limite pas aux productions US et tricolores. On peut aussi découvrir quantité de productions en provenance des quatre coins du monde. C’est parfois étonnant d’exotisme (Corée, Thaïlande, Turquie, Brésil) et puis il y a les pros du polar, généralement des pays nordiques. Suède et Danemark dominent mais il ne faut pas négliger l’Islande. Tout petit pays par sa population, immense par la superficie et la grandeur de ses paysages, l’Islande est le cadre des « Meurtres du Valhalla », imaginée par Ottar Nordfjord diffusée depuis peu sur Netflix. Huit épisodes de 45 minutes pour une série véritablement découpée en deux parties. Au début, Kara (Nína Dögg Filippusdóttir) se rend sur une scène de crime. Un homme a été poignardé en pleine nuit sur un quai de Reykjavik. Les yeux de la victime ont été lacérés après le meurtre. Quand un second cadavre est découvert, la police est sur les dents et Magnus (Sigurður Skúlason), le patron, demande l’aide d’un cador Danois, Arnar (Björn Thors). 
Enquête classique dans les cinq premiers épisodes avec assassin démasqué. Mais il y a encore trois épisodes, eux beaucoup plus sombres. Car derrière cette série de meurtres, il y a les agissements d’un autre « monstre dans la nuit » (titre du dernier chapitre). Les deux personnages principaux vont alors devoir aller bien au-delà de leurs prérogatives de policiers islandais pour le mettre hors d’état de nuire. 
La série, un peu longue et trop classique au début, devient brillante dans son final. Avec cerise sur le gâteau des décors enneigés d’un gigantisme qu’aucune major hollywoodienne ne pourrait reproduire.

mardi 18 septembre 2018

De choses et d'autres - De la fiction à la réalité

Parmi les genres littéraires, les écrivains français (parisiens essentiellement) ont inventé l’autofiction. Le principe : on se met en scène et on raconte son quotidien, en respectant ou pas la vérité. Une Américaine vient de frapper beaucoup plus fort. Nancy Crampton-Brophy, petite mamie de 68 ans aux cheveux blancs, publie des romans sentimentaux depuis quelques années. L’histoire finit généralement bien même si parfois les titres sont trompeurs et dignes de thrillers comme « Le mauvais flic ». L’héroïne fantasme au cours de longues pages sur le meurtre de son mari, premier indice du côté obscur de cette romancière peut-être pas si gentille que cela.

Elle avait déjà abordé le thème dans le très explicite « Comment tuer son mari ». Dans ce roman paru en 2011, son héroïne échafaudait de multiples stratégies pour se débarrasser de son époux encombrant.

Le mari de Nancy aurait peut-être dû sentir l’oignon quand le couple a commencé à battre de l’aile. Car en juin dernier, Dan, enseignant dans une école hôtelière, a été retrouvé tué par balles dans les cuisines. Immense chagrin de Nancy qui partage son malheur avec ses fans sur Facebook. « Je n’ai plus goût à rien » expliquait-elle. On ne sait pas si c’est un policier amateur de mauvaise littérature féminine qui a découvert le pot aux roses, mais toujours est-il que la semaine dernière, la gentille Nancy a été arrêtée et inculpée du meurtre de son mari.

Voilà comment cette femme a basculé de la fiction à la réalité. Un genre plus compliqué que les questionnements de Christine Angot sur la réapparition d’un de ses compagnons après quelques années d’absence. Elle en a tiré 190 pages et franchement, on ne vous les conseille pas... Pas plus que les romans de Nancy Crampton-Brophy, mais pour d’autres raisons.

Chronique parue le 18 septembre 2018 en dernière page de L'Indépendant

dimanche 10 mai 2015

Livre - L'entité meurtrière d'un certain Jérôme Fansten

Jérôme Fansten est deux. Le romancier raconte comment il cherche à tuer ses pères avec son frère fantôme, issu comme lui d'un viol collectif.

Roman inclassable avec de véritables moments de réalité vraie, le « Manuel de dramaturgie à l'usage des assassins » est un tour de force dans le petit monde de la littérature française, tendance autofiction. Jérôme Fansten est scénariste de cinéma. Cela fait mieux qu'écrivain dans les soirées bobos. Même si les scénaristes sont les moins importants des créateurs dans le long et couteux processus de fabrication d'un long-métrage.
Il profite à plusieurs titres de cette soirée organisée par une grosse société de production française. Premièrement il boit et mange à l'œil. Mais ça, c'est l'apanage de 90 % des participants. Ensuite il trouve des clients pour fourguer de la cocaïne, sa principale source de revenus. Écrire des scénarios cela ne nourrit pas son homme. Encore moins des romans... Dernier intérêt de sa présence voyante dans ce cocktail mortellement ennuyeux : il se forge un alibi du tonnerre. Qu'il compte renforcer en séduisant une jolie blonde (ou brune, ou rousse, ou chauve... aucune importance) et passer le reste de la nuit dans son lit.
Jérôme Fansten a besoin d'un alibi car au même moment il est en train de saboter l'installation électrique de la villa d'un certain Pelletier, homme politique d'extrême-droite. Quand Pelletier entendra du bruit dans le hall et allumera la lumière, cela provoquera une superbe explosion qui le projettera à plusieurs dizaines de mètres de son habitation. Un meurtre parfait maquillé en bête accident. Et comme Jérôme Fansten était au même moment en train de roucouler avec une certaine L., il ne peut pas être inquiété.

Le vrai du faux
Le romancier, en empruntant les codes de l'autofiction, interpelle le lecteur. Pas de doute, il a réellement couché avec L. De même, ses dialogues sur la situation du cinéma avec des collègues ou ses considérations de romancier incompris avec son éditeur, Stéphen Carrière, semblent vrais à 100 %. Mais alors pourquoi s'accuse-t-il d'un meurtre ? Et comment le croire quand il explique qu'en fait, Jérôme Fansten est deux ?
L'idée géniale du roman est là. Sa mère, tombée enceinte après un viol collectif (Fansten aime le glauque), a accouché de jumeaux chez elle, seule. Elle a décidé de ne déclarer à l'état-civil qu'il seul enfant. Depuis 30 ans, Jérôme Fansten est une entité composée de deux frères qui vivent au grand jour à tour de rôle. Cela permet à l'entité de tomber amoureux de L. tout en tuant Pelletier, un des participants au viol collectif et potentiel père de l'entité...

« Atrophie du sens moral »
Cela semble compliqué mais le roman est limpide. Notamment car l'auteur est d'une grande clairvoyance sur les ressorts de la dramaturgie des histoires inventées. Comme il le fait remarquer, alors que la police criminelle enquête sur la mort de Pelletier, « Le crime le plus débile devient parfait s'il n'a pas de suites. Le crime le plus élaboré est une barbarie merdeuse si l'assassin se fait choper. » Jérôme Fansten cherche donc ses pères. Pour les éliminer. Comme une vengeance posthume pour les souffrances endurées par la mère et l'entité. On en déduit que ce romancier est un beau salaud. Erreur : « De nos jours, l'atrophie du sens moral est plus ou moins compensée par un profond conformisme, associé à une grande capacité de dissimulation. J'ai l'intuition que ces traits de caractère, quoi qu'on en dise, expliquent la société. Toutes les sociétés. » Et s'il y avait plus d'entités Jérôme Fansten que l'on croit dans notre entourage ?

« Manuel de dramaturgie à l'usage des assassins » de Jérôme Fansten, Anne Carrière, 21 euros

samedi 8 novembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Raccrochez

Splendeurs et misères de la téléréalité. Hier matin, alors que tout le monde glosait sur la prestation de François Hollande la veille sur TF1, une petite information de rien du tout a chamboulé les discussions à la machine à café, au bistrot, dans les cours de récréation... Dans un hôtel de Boulogne-Billancourt en région parisienne, au cœur de la nuit, un couple se dispute. Le ton monte, la femme se saisit d'un couteau et en porte plusieurs coups au niveau du thorax de l'homme. En pleurs, elle descend à la réception prévenir les secours.
Depuis hier matin elle est en garde à vue et risque une mise en examen pour "tentative d'homicide" - l'homme a été touché au niveau du cœur et des poumons.
Le fait divers n'a rien d'exceptionnel, la personnalité de la présumée coupable par contre sort de l'ordinaire. Il s'agit de Nabilla, la jeune vedette des "Anges", rendue célèbre après sa cultissime réplique "Allô, non mais allô quoi !"
Même si cet épisode sanglant n'implique pas forcément la fin de la carrière médiatique de Nabilla, il lui sera difficile de rebondir après. Déjà, D8 a préféré déprogrammer dans l'urgence les rediffusions de l'émission "Touche pas à mon poste" où elle officie en tant que chroniqueuse.
Il se peut fort qu'elle soit obligée de faire une étape par la case prison. Reste que le milieu de la téléréalité est souvent peu regardant sur la morale, il se trouvera donc certainement des producteurs peu scrupuleux pour lui proposer de filmer son incarcération et sa détention. The show must go on. Jusqu'à la nausée.

dimanche 18 novembre 2012

Billet - Quand l'ADN est au service de la haine


Redoutable ADN. Son analyse permet de résoudre des affaires criminelles très anciennes. Exemple avec l’arrestation hier à Nice d’un gendarme, convaincu du meurtre d’une étudiante en 1995 à Lille. Les enquêteurs ont remonté la piste grâce à l’analyse d’un poil pubien retrouvé dans une baignoire.

La technique n’apparaît cependant pas infaillible. Au Soudan, en 2007, Wael est suspecté du meurtre de Wasel. Les enquêteurs sont certains de sa culpabilité. Mais incapables de la prouver. Ils ne trouvent qu’une seule trace d’ADN sur la victime. La sienne. Qui s’avère être aussi celle de Wael : ils sont jumeaux. L’acquittement vient d’être prononcé. Une page Facebook en hommage à Wasel a même été créée... par Wael. Encore plus compliqué que « Faux-semblants», le film de David Cronenberg (photo ci-dessus).
L’analyse ADN est à la portée de tous. Moyennant finances. Quantité de sociétés sur le net vous assurent une analyse en toute «confidentialité». Car le marché le plus porteur concerne surtout des maris pris de doute. Contre quelques centaines d’euros et deux prélèvements ADN, vous obtiendrez un test de paternité incontestable. Mieux, une société propose un «test d’infidélité». Il faut se transformer en détective: la société analyse «les profils ADN contenus dans un élément suspect (sous-vêtement, préservatif, chemise, mouchoir etc.)» Même les cocus peuvent se prendre pour des Experts... Mais que c’est glauque quand l’ADN se transforme en haine!

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant

mardi 4 décembre 2007

BD - Histoires de meurtres

Véritablement passionnante et étonnante cette nouvelle série, écrite par Didier Convard et dessinée par Denis Falque. Ne croyez pas qu'il s'agit d'une nouvelle biographie d'un tueur en série ayant sévit il y quelques années. Certes on pourrait le croire en découvrant les première planches, se déroulant en 1980 sur le bassin d'Arcachon. Un jeune homme tente de séduire une adolescente. Face à son refus, il lui attache les chevilles avec une ficelle et lui met un baillon dans la bouche. Puis... 

Changement radical d'ambiance dans la séquence suivante. De nos jours, le maire d'une grande ville donne un bal à l'occasion de ses 20 ans de mariage. En pleine soirée, un inconnu lui remet un DVD. Dessus, l'assassinat de sa jeune maîtresse, une étudiante en journalisme. Le maire demande à un ami policier de récupérer l'ordinateur portable de la jeune femme. Bien que persuadé qu'il réalise une énorme bêtise, le policier s'exécute. Il perturbe ainsi sa propre enquête sur le tueur à la ficelle, un assassin qui habituellement tue des prostituées en plein air après leur avoir attaché les chevilles. 

Magouilles politiques, chantage, secrets inavouables : cette série, outre une intrigue pleine de rebondissements, explore un monde peu mis en valeur par la BD.

"Le protocole du tueur", Glénat, 9,40 €