Parmi les genres littéraires, les écrivains français (parisiens essentiellement) ont inventé l’autofiction. Le principe : on se met en scène et on raconte son quotidien, en respectant ou pas la vérité. Une Américaine vient de frapper beaucoup plus fort. Nancy Crampton-Brophy, petite mamie de 68 ans aux cheveux blancs, publie des romans sentimentaux depuis quelques années. L’histoire finit généralement bien même si parfois les titres sont trompeurs et dignes de thrillers comme « Le mauvais flic ». L’héroïne fantasme au cours de longues pages sur le meurtre de son mari, premier indice du côté obscur de cette romancière peut-être pas si gentille que cela.
Elle avait déjà abordé le thème dans le très explicite « Comment tuer son mari ». Dans ce roman paru en 2011, son héroïne échafaudait de multiples stratégies pour se débarrasser de son époux encombrant.
Le mari de Nancy aurait peut-être dû sentir l’oignon quand le couple a commencé à battre de l’aile. Car en juin dernier, Dan, enseignant dans une école hôtelière, a été retrouvé tué par balles dans les cuisines. Immense chagrin de Nancy qui partage son malheur avec ses fans sur Facebook. « Je n’ai plus goût à rien » expliquait-elle. On ne sait pas si c’est un policier amateur de mauvaise littérature féminine qui a découvert le pot aux roses, mais toujours est-il que la semaine dernière, la gentille Nancy a été arrêtée et inculpée du meurtre de son mari.
Voilà comment cette femme a basculé de la fiction à la réalité. Un genre plus compliqué que les questionnements de Christine Angot sur la réapparition d’un de ses compagnons après quelques années d’absence. Elle en a tiré 190 pages et franchement, on ne vous les conseille pas... Pas plus que les romans de Nancy Crampton-Brophy, mais pour d’autres raisons.
Chronique parue le 18 septembre 2018 en dernière page de L'Indépendant
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