La scène (imaginaire) se déroule dans la salle d’attente d’un médecin psychiatre. La porte s’ouvre, un homme, barbe bien taillée, costume classe, entre prudemment. Il regarde aux quatre coins de la pièce comme s’il inspectait une scène de crime. Il s’installe dans un coin et salue d’un bonjour laconique la seule personne présente, une femme entre deux âges. La blonde peu souriante tire avec avidité sur sa cigarette électronique malgré les messages d’interdiction.
Après dix minutes à se regarder en chiens de faïence, l’homme rompt le silence.
- Vous êtes là pour vous faire expertiser vous aussi ?
- Oui, décision de justice.
- Moi aussi. Comme si je n’étais pas plus équilibré que le juge qui tente de me faire tomber.
- À qui le dites-vous, répond la femme qui se déride un peu. Il paraît que j’ai un problème avec l’image de la violence...
- Je connais. Il suffit qu’on se montre un peu viril, tout le monde vous accuse de toutes les tares et on vous catalogue serial killer.
- Moi c’est juste un problème d’image. Je ne me suis jamais battue. Ce qui selon moi rend cette expertise encore plus idiote.
- Il paraît que l’expert va aussi nous interroger sur notre famille, pour comprendre d’où vient le mal.
- C’est sûr qu’avec mon père fallait filer droit. Il ne plaisantait pas. Mais j’essaie de couper avec lui. J’espère que cela m’aidera.
- Oh moi ma famille je lui dois tout. J’ai été bien élevé. Pas question que je dise du mal d’elle, même sous la contrainte.
Le psychiatre entre dans la salle d’attente. « Mme Marine Le Pen, c’est à vous. M. Alexandre Benalla, vous passerez juste après. »
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le lundi 2' septembre 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire