jeudi 13 septembre 2018

Chronique - Cuistre, nom masculin


La bataille pour le perchoir a été de courte durée. À peine François de Rugy investi ministre de la transition écologique (trahison écologique disent les mauvaises langues), son poste de président de l’Assemblée nationale, l’un des plus recherchés dans le microcosme politique, attirait les convoitises dans le camp des députés marcheurs. Avec leur majorité absolue, ils sont les maîtres du jeu.

Le président du groupe, Richard Ferrand, vieux routier du PS et premier supporter du jeune président, s’est immédiatement positionné. Il connaît ses troupes. Obligé de démissionner de son ministère pour des affaires judiciaires encore en cours, il n’a pas abandonné son mandat de député. Ni ses ambitions. Bien au contraire. Mais dans le nouveau monde d’Emmanuel Macron, rien n’est évident. Quelques voix se sont élevées pour critiquer sa candidature. Voix féminines notamment. Barbara Pompili, ancienne élue écologiste longtemps liée à de Rugy (ils coprésidaient le groupe parlementaire vert lors de la précédente législature) a joué à fond la carte « Et si on élisait une femme au fauteuil de quatrième personnage de l’État ? » Question d’autant plus légitime que la compétence de Pompili est manifeste.

Une femme nouvelle pour incarner un parlement nouveau ? Perdu. Avec plus de 64 % des voix dès le premier tour Richard Ferrand l’emportait. Et ne pouvait s’empêcher de fanfaronner à l’issue du scrutin. La saillie n’a pas amélioré une image de marque déjà écornée par ses affaires immobilières.

Devant les journalistes, sourire en coin, il a osé cette formule : «Le choix s’est porté sur moi. Vous me pardonnerez de ne pas être une dame. » Non Monsieur Ferrand, vous n’êtes pas une dame, juste un cuistre, nom masculin.

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