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mardi 23 janvier 2024

Littérature - Romain Puértolas, aux basques de Xavier Dupont de Ligonnès, invente le « roman-quête »

Ancien policier devenu romancier à succès, Romain Puértolas raconte comment il a retrouvé l’homme le plus recherché de France : Xavier Dupont de Ligonnès. Une fantaisie littéraire parfois plus sérieuse qu’il n’y paraît.


Un matin de 2023, Romain Puértolas, romancier vivant seul dans sa maison ariégeoise, découvre avec stupeur sur la terrasse d’à côté son voisin en robe de chambre en train de siroter un café. Sans doute un locataire Airbnb car il ne l’a jamais vu auparavant. Il le connaît pourtant. Parfaitement. Ce ne peut être que Xavier Dupont de Ligonnès, l’homme suspecté d’avoir tué sa femme et ses quatre enfants à Nantes en 2011.

Pas de chance pour le présumé tueur d’avoir loué pile à côté de l’homme qui a passé des années à tenter de résoudre ce mystère criminel. La suite de ce premier contact mène le romancier tout droit face à la cour d’Assises de Toulouse. Accusé de meurtre. Du meurtre de Xavier Dupont de Ligonnès avec un couteau à dessert.

Passés par Carcassonne

On retrouve dans les premières pages de ce roman truculent tout le brio de Romain Puértolas, écrivain qui sait faire rire son lecteur. L’étonner aussi. Jusqu’au dernier chapitre. Cette affaire est racontée à la première personne par le romancier, mais aussi par Xavier Dupont de Ligonnès (ou du moins ce que le romancier pense avoir découvert du fuyard durant sa cavale). On découvre aussi les différentes phases du procès avec le combat de coqs entre un procureur chipoteur et un avocat grandiloquent. Un quatrième segment du roman intéressera les addicts aux documentaires sur les criminels célèbres, l’enquête menée par Romain Puértolas durant près de 20 ans, quand il était simple flic, puis romancier à succès.

Ceux qui n’aiment pas rire des faits divers tragiques apprécieront ces pages où on découvre comment il a préparé les assassinats, couvert sa fuite, pourquoi il s’est délibérément laissé repérer à Roquebrune-sur-Argens, ce qu’il y est allé chercher. Pures spéculations d’un flic déjà titillé par la fiction, mais crédible de bout en bout. On serait presque tenté de compatir avec lui à ses rares erreurs, être rassuré quand il parvient enfin à quitter la France et refaire sa vie (et faire le bien), loin de la sinistre terrasse de la maison nantaise.

Sauf que Dupont de Ligonnès, en 2023, est toujours en France, à quelques mètres de Romain Puértolas. Dans cette maison ariégeoise « découverte au cours d’une excursion bucolique, après une rencontre dans un Cultura de Carcassonne. » Carcassonne, ville par où est passée Dupont de Ligonnès qui l’avoue sous la pression : « Je suis tombé sur cette baraque paumée au fond de l’Ariège alors que je cherchais une planque. J’ai eu un accident à Carcassonne, il y a quelques semaines, vraiment pas de bol. » Plus que pas de bol puisque c’est aussi la fin de sa cavale.

En mêlant parties romancées et véritable enquête sur le terrain, Romain Puértolas semble inventer le « roman-quête », forme de narration hybride qui mélange à tire-larigot pure invention parfois rocambolesque et faits vérifiés, établis, garantis 100 % authentiques.

On pourrait s’offusquer de ce subterfuge destiné à séduire deux publics aux goûts différents. Mais avec Romain Puértolas, qui retrouve dans ce roman le foisonnement imaginatif qui l’a propulsé au sommet avec son Fakir, il faut toujours s’attendre à être séduit, amusé et essentiellement surpris.

« Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès » de Romain Puértolas, Albin Michel, 288 pages, 19,90 €

vendredi 1 septembre 2023

Roman français - Chômeur et enquêteur


Se retrouver au chômage du jour au lendemain peut avoir de graves conséquences sur sa santé mentale. Démonstration avec le cas du narrateur de ce roman très déconcertant de Laurent Rivelaygue. Le titre, Il faut toujours envisager la débâcle,  donne l’idée générale. 

Journaliste dans une revue spécialisée dans la logistique, il perd son boulot. Sa femme lui met la pression, son fils ne comprend pas. Il évite Pole Emploi et ses conseillères et se met à rêver de roman. Espoir vite anéanti par son manque d’imagination et d’inspiration. Il va donc se contenter de mener une enquête autour d’un fait divers non résolu : les crimes du Grêlé.

 Problème, à force de se renseigner sur les serial-killers, il va découvrir que le pire d’entre eux se cache dans le 3e tiroir de son bureau. À partir de ce moment, le roman part dans des délires hilarants, avec un héros de plus en plus à l’Ouest, incapable de faire la différence entre le réel (sa femme en colère) et ce qui relève de son imaginaire (Dupont de Ligonnès qui mange un sandwich la nuit dans sa cuisine). 

De l’humour absurde et un peu désespéré qui fait du bien à nos zygomatiques. 

"Il faut toujours envisager la débâcle" de Laurent Rivelaygue, Calmann Lévy, 270 pages, 19,50 €