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dimanche 4 septembre 2022

Cinéma - Jumeaux au grand cœur

Le film débute comme une simple comédie, bourrée de gags et de rebondissements. Pourtant, Jumeaux mais pas trop, de Wilfried Meance et Olivier Ducray, change progressivement de catégorie pour apporter une belle émotion à cette histoire de retrouvailles fraternelles. Et, du coup, les deux comiques de service, Ahmed Sylla et Bertrand Usclat se transforment en excellents comédiens, capables d’aller chercher de l’émotion pour transcender cette belle histoire qui vire à la fable sociale et politique. 

 Grégoire Beaulieu (Bertrand Usclat), est la caricature du jeune homme politique de droite très ambitieux. En pleine campagne électorale, il va découvrir, grâce à la malice de l’ADN, qu’il a un frère en tout point son opposé. Anthony Girard (Ahmed Sylla) est réparateur informatique. Aussi noir que Grégoire est blanc. Pourtant, la science est formelle : ils sont frères. Et jumeaux qui plus est. 

Passé le quiproquo de base, Grégoire et Anthony vont tenter de comprendre comment leurs parents ont pu les séparer. Une longue enquête qui va les rapprocher et, finalement, leur apprendre que leur origine est un peu plus compliquée que l’histoire officielle. Tout le film repose sur l’entente entre les deux acteurs. 

Lors d’une avant-première, à Perpignan, Ahmed Sylla  expliquait à propos de Bertrand Usclat qu’il était « très content de ne pas l’avoir connu avant. Ça rajoute quelque chose au film puisque c’est la relation de deux frères qui se retrouvent. Des premières répétitions au dernier jour de tournage, c’est une vraie belle rencontre. » Et Bertrand Usclat de renchérir : « Nos personnages ont le même parcours que nous car, dans nos carrières respectives, on vient d’endroits vraiment différents. »

Film de Wilfried Meance et Olivier Ducray, avec Ahmed Sylla, Bertrand Usclat, Pauline Clément

 

dimanche 10 mai 2015

Livre - L'entité meurtrière d'un certain Jérôme Fansten

Jérôme Fansten est deux. Le romancier raconte comment il cherche à tuer ses pères avec son frère fantôme, issu comme lui d'un viol collectif.

Roman inclassable avec de véritables moments de réalité vraie, le « Manuel de dramaturgie à l'usage des assassins » est un tour de force dans le petit monde de la littérature française, tendance autofiction. Jérôme Fansten est scénariste de cinéma. Cela fait mieux qu'écrivain dans les soirées bobos. Même si les scénaristes sont les moins importants des créateurs dans le long et couteux processus de fabrication d'un long-métrage.
Il profite à plusieurs titres de cette soirée organisée par une grosse société de production française. Premièrement il boit et mange à l'œil. Mais ça, c'est l'apanage de 90 % des participants. Ensuite il trouve des clients pour fourguer de la cocaïne, sa principale source de revenus. Écrire des scénarios cela ne nourrit pas son homme. Encore moins des romans... Dernier intérêt de sa présence voyante dans ce cocktail mortellement ennuyeux : il se forge un alibi du tonnerre. Qu'il compte renforcer en séduisant une jolie blonde (ou brune, ou rousse, ou chauve... aucune importance) et passer le reste de la nuit dans son lit.
Jérôme Fansten a besoin d'un alibi car au même moment il est en train de saboter l'installation électrique de la villa d'un certain Pelletier, homme politique d'extrême-droite. Quand Pelletier entendra du bruit dans le hall et allumera la lumière, cela provoquera une superbe explosion qui le projettera à plusieurs dizaines de mètres de son habitation. Un meurtre parfait maquillé en bête accident. Et comme Jérôme Fansten était au même moment en train de roucouler avec une certaine L., il ne peut pas être inquiété.

Le vrai du faux
Le romancier, en empruntant les codes de l'autofiction, interpelle le lecteur. Pas de doute, il a réellement couché avec L. De même, ses dialogues sur la situation du cinéma avec des collègues ou ses considérations de romancier incompris avec son éditeur, Stéphen Carrière, semblent vrais à 100 %. Mais alors pourquoi s'accuse-t-il d'un meurtre ? Et comment le croire quand il explique qu'en fait, Jérôme Fansten est deux ?
L'idée géniale du roman est là. Sa mère, tombée enceinte après un viol collectif (Fansten aime le glauque), a accouché de jumeaux chez elle, seule. Elle a décidé de ne déclarer à l'état-civil qu'il seul enfant. Depuis 30 ans, Jérôme Fansten est une entité composée de deux frères qui vivent au grand jour à tour de rôle. Cela permet à l'entité de tomber amoureux de L. tout en tuant Pelletier, un des participants au viol collectif et potentiel père de l'entité...

« Atrophie du sens moral »
Cela semble compliqué mais le roman est limpide. Notamment car l'auteur est d'une grande clairvoyance sur les ressorts de la dramaturgie des histoires inventées. Comme il le fait remarquer, alors que la police criminelle enquête sur la mort de Pelletier, « Le crime le plus débile devient parfait s'il n'a pas de suites. Le crime le plus élaboré est une barbarie merdeuse si l'assassin se fait choper. » Jérôme Fansten cherche donc ses pères. Pour les éliminer. Comme une vengeance posthume pour les souffrances endurées par la mère et l'entité. On en déduit que ce romancier est un beau salaud. Erreur : « De nos jours, l'atrophie du sens moral est plus ou moins compensée par un profond conformisme, associé à une grande capacité de dissimulation. J'ai l'intuition que ces traits de caractère, quoi qu'on en dise, expliquent la société. Toutes les sociétés. » Et s'il y avait plus d'entités Jérôme Fansten que l'on croit dans notre entourage ?

« Manuel de dramaturgie à l'usage des assassins » de Jérôme Fansten, Anne Carrière, 21 euros

dimanche 18 novembre 2012

Billet - Quand l'ADN est au service de la haine


Redoutable ADN. Son analyse permet de résoudre des affaires criminelles très anciennes. Exemple avec l’arrestation hier à Nice d’un gendarme, convaincu du meurtre d’une étudiante en 1995 à Lille. Les enquêteurs ont remonté la piste grâce à l’analyse d’un poil pubien retrouvé dans une baignoire.

La technique n’apparaît cependant pas infaillible. Au Soudan, en 2007, Wael est suspecté du meurtre de Wasel. Les enquêteurs sont certains de sa culpabilité. Mais incapables de la prouver. Ils ne trouvent qu’une seule trace d’ADN sur la victime. La sienne. Qui s’avère être aussi celle de Wael : ils sont jumeaux. L’acquittement vient d’être prononcé. Une page Facebook en hommage à Wasel a même été créée... par Wael. Encore plus compliqué que « Faux-semblants», le film de David Cronenberg (photo ci-dessus).
L’analyse ADN est à la portée de tous. Moyennant finances. Quantité de sociétés sur le net vous assurent une analyse en toute «confidentialité». Car le marché le plus porteur concerne surtout des maris pris de doute. Contre quelques centaines d’euros et deux prélèvements ADN, vous obtiendrez un test de paternité incontestable. Mieux, une société propose un «test d’infidélité». Il faut se transformer en détective: la société analyse «les profils ADN contenus dans un élément suspect (sous-vêtement, préservatif, chemise, mouchoir etc.)» Même les cocus peuvent se prendre pour des Experts... Mais que c’est glauque quand l’ADN se transforme en haine!

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant

jeudi 18 octobre 2012

BD - Jumeaux aurifères dans les "Chambres noires" de Yomgui et Bleys


Société secrète, savant fou, recherche de la pierre philosophale, spectres et envoûtements : « Chambres noires » d'Olivier Bleys (scénario) et Yomgui Dumont (dessin) est un savant cocktail de tous ces ingrédients, avec un zeste d'hommage aux feuilletons de la fin du 19e siècle. La famille Pénouquet gagne sa vie en photographiant des vivants en compagnie des fantômes de leurs ancêtres. Ce n'est pas forcément très honnête, mais cela ne fait pas de mal.
Dans le précédent album, les jumeaux Louise et Tristan sont enlevés par la Salamandre, une confrérie secrète pour le rétablissement de la royauté. Pour arriver à ses fins, la Salamandre a besoin de beaucoup d'argent. Or, dans les reins de certains jumeaux, des pépites d'or se développent. Menacés d'être disséqués comme de simples rats de laboratoires, les jumeaux seront secourus par le reste de la famille et une armada de spectres.
L'ambiance développée dans ces albums est unique. Un fantastique de fantaisie qui est tout sauf enfantin.
« Chambres noires » (tome 3), Vents d'Ouest, 13,90 €