
➤ « 7 héros », Delcourt, 15,50 €
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout

Blake et Mortimer, Alix, Michel Vaillant, Lucky Luke... Cela fait plus d'un demi-siècle que ces personnages de BD vivent des aventures trépidantes. Ils n'ont pas pris une ride. Leurs créateurs par contre ont tous passé la main à des auteurs plus jeunes. Ces derniers ont modernisé les séries tout en restant fidèles à l'univers d'origine.
En cette fin d'année 2012, une salve de titres de « grands anciens » envahit les rayons des librairies. Premier à tirer (toujours plus vite que son ombre), Lucky Luke dès octobre. Le cowboy solitaire animé par Morris durant près de 70 aventures, a changé de dessinateur. Achdé se charge de faire vivre l'éternel duel entre le héros et l'irrésistible quatuor des Dalton. Le succès d'une reprise doit beaucoup à la qualité du scénario. Lucky Luke à ce niveau bénéficie de ce qui se fait de mieux avec le duo Pennac Benacquista. Deux écrivains de renom au service d'une série où l'ombre de Goscinny plane toujours.
Les deux autres grosses sorties de la fin d'année (le tirage de base est largement supérieur à celui du prix Goncourt) est à mettre à l'actif de Yves Sente, repreneur attitré des plus gros best-sellers du 9e art. En moins d'un mois il aligne un Blake et Mortimer (« Le serment des cinq lords ») et un XIII (« L’appât »). Les deux héros de Jacobs, nés en 1946 dans les pages de l'hebdomadaire Tintin, symboles du style british, sont figés dans les années 50. Juillard dessine cet épisode après Ted Benoit ou René Sterne.
Plus jeune, XIII a pulvérisé des records de vente durant les années 80. L'espion imaginé par Van Hamme et Vance, a repris du service toujours grâce à Yves Sente et Jigounov au dessin.
Si la BD est un secteur économique florissant, elle le doit beaucoup à ces héros indémodables. Pour preuve la résurrection de Michel Vaillant ou Iznogoud cette année. Et le meilleur est à venir en 2013. Spirou fête ses 75 ans dans un feu d'artifices de parutions alors qu'Astérix, pour la première fois ne sera plus dessiné par Uderzo. Ferri (scénario) et Conrad (dessin) auront la lourde tâche de relancer le Gaulois le plus célèbre de la planète.
Dossier paru dans Bol d'Air, supplément culturel de l'Indépendant.
- Yves Sente, le serial-repreneur
Rien ne va plus au pays des super-héros. Elections truquées, coup d'Etat de certains, fuite des autres : c'est la panique. « Comix Remix » de Hervé Bourhis s'achève avec de plus en plus de références politiques sans oublier une bonne dose d'action et des sentiments très humains. Le héros, John-John, un enfant doté d'un super pouvoir, choisit le camp de la corporation avec Mr Spice contre les clandestins menés par sa mère. Ce que John-John ne sait pas c'est que Mr Spice est à l'origine de l'assassinat de son père.
Les super-héros voudraient régner en maîtres absolus sur la ville, mais la population se révolte. De plus, des entrailles de la cité, surgit une attaque violente et inattendue d'un papillon géant menant une armée de chenilles. Cela bouleverse l'avenir de toutes les communautés. Ce troisième et dernier album de 80 pages clôt cette série étonnante.
Bourhis s'il conserve un peu l'esprit des comics américains, l'illustre d'un dessin s'approchant plus de Reiser que des maîtres anatomistes d'outre-Atlantique. Un décalage déroutant durant les premières pages, mais très vite l'intrigue et les rebondissements prennent le dessus.
("Comix Remix", Dupuis, 15 €)
On trouvera dans chaque chapitre une longue biographie des divers auteurs suivi de plusieurs exemples de leurs créations. On relira donc avec plaisir des gags du savant Cosinus, des aventures des Pieds Nickelés du temps de Forton et les exploits de Zig et Puce au XXIe siècle sous la plume d'Alain Saint-Ogan, l'exemple d'un petit jeune pas repris dans ce gros volume de 288 pages : un certain George Rémi signant ses planches Hergé... (Omnibus, 31 €)