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lundi 8 juillet 2024

BD - Les premiers « sans dents » à la mode Rabaté

Les héros de Pascal Rabaté viennent tous de classes sociales très populaires. Limite quart monde parfois. Pour certains ce sont ces fameux « sans dents » qui ont tant coûté à la popularité d’un Président de la République, pourtant de gauche… Des « sans dents » que Pascal Rabaté mettra en scène dans un de ses films. Il n’en était pourtant pas à son coup d’essai. Au début des années 90, il a décliné en trois albums chez Vents d’Ouest, la vie mouvementée de la famille Visons.

Une trilogie qui avait pour titre Les pieds dedans et qui vient de ressortir en format poche et en noir et blanc pour un prix minime. Seul regret, le dessin de Rabaté à ses débuts, précis et très travaillé, n’est pas idéalement mis en valeur dans ce format un peu trop réduit. Reste le fond, et là rien n’a changé. On découvre avec un plaisir non dissimulé l’histoire de cette famille qui cherche par tous les moyens à s’en sortir, tout en en faisant le moins possible.

Des escrocs à la petite semaine, obligés de trouver des combines pour nourrir leurs quatre enfants en attendant que la mère Chartier, leur viager, accepte de casser sa pipe. Dans la première histoire, un héritage inespéré leur tombe dessus. Encore va-t-il falloir écarter le cousin qui lui aussi aimerait emménager dans le pavillon de banlieue pompeusement nommé « Mon rêve ».

Les deux autres histoires sont à l’avenant, avec son lot de magouilles typiquement françaises, comme transvaser dans le supermarché, à l’abri des regards des vigiles, le contenu d’un baril de lessive à bas prix avec des mets luxueux. Des « sans dents » avant l’heure. Et qui sont sans doute encore plus nombreux 30 ans plus tard.

« Les pieds dedans » (édition poche en noir et blanc), Vents d’Ouest, 144 pages, 10 €

samedi 11 décembre 2021

BD - Adorables cambrioleurs


Pascal Rabaté revient avec bonheur à la bande dessinée dans ce roman graphique d’une incroyable beauté. En 1962, trois jeunes fils de notables, d’une ville côtière en Bretagne, croisent le chemin d’une jeune femme lumineuse. Odette, jolie, aguichante. Et surtout cambrioleuse professionnelle qui cherche des bras pour l’aider dans ses larcins. Elle va faire chanter le trio. 


Cette BD très politique sur les différences de classes sociales et l’envie de tout renverser, va dériver vers la belle histoire d’amour avant de presque finir tragiquement. Presque, car les cons et les bourgeois ne l’emportent jamais dans la France Rabaté. 

« Sous les galets la plage », Rue de Sèvres, 25 €

samedi 1 septembre 2018

BD - L’amour est à la ferme


La misère sexuelle des agriculteurs. On a beaucoup écrit sur le sujet et une chaîne de télévision en a même fait une émission très rentable. Mais dans « Didier, la 5e roue du tracteur », Rabaté (scénario) et Ravard (dessin) racontent surtout l’amour à la ferme. Ces coups de foudre improbables entre traite matinale des vaches et soirée télé soporifique. Didier, 45 ans, en net surpoids, adepte de la bibine et souffrant de cruelles crises d’hémorroïdes (la poésie de la campagne) exploite sa ferme avec sa sœur, Soizic, un peu plus jeune, responsable et active. Deux cœurs solitaires. Si elle se contente de travailler tentant d’oublier sa vie sexuelle mise sous l’éteignoir, lui voudrait absolument tenir une femme dans ses bras. Pour la vie. Ou au moins une fois... 

Avec l’aide d’un voisin ruiné qui a trouvé refuge dans leur ferme, il s’inscrit sur un site de rencontre. « Coquinette » répond. Le début des ennuis. On pourrait se moquer de ces paysans, l’obèse, le moche aux oreilles décollées et la vilaine au gros nez. Mais rapidement on se prend d’affection pour eux, on découvre qu’ils ont beaucoup de cœur et de tendresse. Et pas que pour leurs vaches. Un petit bijou de sensibilité qui sent bon le foin coupé, le lait fraîchement tiré et le purin. La vie, quoi ! 
« Didier, la 5e roue du tracteur », Futuropolis, 17 €

vendredi 16 septembre 2016

BD : La guerre n'est pas zen dans "La déconfiture" de Rabaté

déconfiture, débâcle, rabaté, guerre, allemands, futuropolis
Pascal Rabaté, après avoir réalisé quelques films, revient à ses premières amours, la bande dessinée. Sans détour, il aborde de front "La déconfiture" de l'armée française en juin 1940 lors de l'avancée des troupes allemandes. Cette débandade ou déculottée, on la vit à travers l'expérience de Vildegrain, soldat du 11e régiment. A moto, il tente d'éviter les balles des mitraillettes des Stukas. Laissé à l'arrière, il ne parvient plus à retrouver son régiment. Une errance sur des routes inhospitalières, remplies de cadavres, d'autres soldats perdus avec les hordes de "boches" aux fesses. Un récit clinique sur la faillite d'un pays, sa résignation. Dessiné simplement, sans grands effets ni recherches de vérité historique, la force de certaines cases vaut largement celles de Tardi sur la précédente guerre. Dur, mais authentique.
"La déconfiture" (tome 1), Futuropolis, 19 €

mercredi 28 octobre 2015

BD : Souvenirs d'été et des vacances de Prudhomme et Rabaté



Souvenez-vous. Il y a un peu plus d'un mois, vous bronziez sur une plage de sable fin. Au soleil, loin des frimas et des soucis. Le bon temps. Nostalgique ? Alors plongez-vous sans tarder dans cet album signé Rabaté et Prudhomme. Il sent l'ambre solaire et les coquillages ramenés par les enfants en fin de journée. Les deux compères, pour se mettre totalement dans le bain, on simplement trainé quelques jours sur une véritable plage, ont ouvert leurs oreilles et croqué les scènes qui se déroulaient sous leurs yeux ébahis. Cela donne 120 pages d'une grande tendresse, instantanés des vacances de ces fameux Français moyens, souvent décriés mais qui restent le but ultime de la majorité d'entre nous. Il y a le pêcheur aux crevettes, le papy bien content d'observer tant de poitrines dénudées, les jeunes aux regards concupiscents, les femmes fatiguées de faire semblant, celles qui se cachent derrière une serviette pour se mettre en maillots, d'autres qui bronzent entièrement nues. Une journée à la mer, toute simple, sans rebondissement ni héros valeureux. Pourtant cela se lit comme un roman à suspense, de ceux dont on ne peut lâcher la lecture une fois entamé.

« Vive la marée », Futuropolis, 20 €


jeudi 9 octobre 2014

BD : La vengeance du cocu


rabaté, lingue sale, province, vents d'ouest
Pascal Rabaté aime les petites gens. Il n'a pas son pareil pour raconter des histoires anodines et pourtant passionnantes. Il écrit dessine, réalise... Un homme à tout faire qui regorge de projet, de récits, d'épopées. Le scénario du « Linge sale » il aurait pu le dessiner mais il a préféré confier la création graphique de ce cocu magnifique à Gnaedig. Le cocu c'est Pierre Martino. Ce gentil mari, quand il découvre sa Lucette dans les bras de Verron, pète les plombs. Il va chercher un fusil, s'engouffre dans la chambre d'hôtel adultère et tire sur le couple enlacé. Pas de chance, il s'est trompé de porte. Dans sa fuite il blesse un gendarme. 20 ans plus tard, il sort de la Santé et reprend son histoire là où il l'avait laissé. Mais entre temps Lucette s'est mariée avec Verron, a eu des enfants, qui eux même sont en couple... Pas grave pour Martino, il dégommera tout le monde ! Excellent de la première à la dernière page.

« Le linge sale », Vents d'Ouest, 19,50 €

jeudi 24 janvier 2013

BD - Crève saucisse ou la vengeance du cocu immergé



Aimer la bande dessinée peut vous amener à faire les pires bêtises. Prenez Didier, le héros de « Crève Saucisse » de Pascal Rabaté et Simon Hureau. Il adore la BD. Son salon en est rempli. Classiques ou modernes. Une véritable passion. 
Ce boucher jovial, marié et père d'un petit garçon a tout pour être heureux. Si ce n'est le désamour de sa femme. L'été dernier, en vacances, elle a craqué. Pendant que Didier pêchait tranquillement en bord de mer, elle le trompait avec un ami d'enfance. Rabaté, habitué aux peintures sociales grinçantes, aborde le vaudeville avec son sarcasme habituel. 
Le boucher, cocu, se défoule dans la chambre froide. Armé de son plus beau hachoir, il lacère les carcasses de bœuf en hurlant « Crève salaud ! » Surpris par son gamin, il transforme son imprécation en « Crève saucisse » qui donnera son titre à l'album. De plus en plus amer, le boucher va trouver dans une de ses BD l'idée géniale qui lui permettra de se venger et de retrouver l'amour de sa femme. Un Gil Jourdan de Tillieux dont quelques extraits sont redessinés par Hureau.
« Crève saucisse », Futuropolis, 17 €

lundi 3 juillet 2006

BD - Les petits ruisseaux des petits vieux


Pascal Rabaté en signant ce récit complet de 96 pages a placé la barre très haut. Il a ciselé une histoire envoûtante avec pour héros un retraité, pêcheur et veuf. Cela semble ne pas payer de mine, mais rapidement on est subjugué par les petites histoires de Pierre. Il passe ses journées à pêcher avec son copain Edmond et le soir il regarde la télé. Mais Edmond meurt brutalement. Pierre décide alors d’aller à un rendez-vous de son copain avec une dame rencontrée dans une agence. Car Pierre aussi se sent de plus en plus seul. Peut-on tomber amoureux à près de 70 ans ? Est-ce bien raisonnable d’essayer de retrouver ses souvenirs d’enfance ? S’endormir pour toujours est-ce la solution ? Plus le récit avance, plus le lecteur s’identifie totalement à ce vieux monsieur conscient d’avoir encore un peu de ressources. Le bonheur se trouve peut-être tout simplement à un croisement de départementale ? Si ce n’était pas de la BD, on lui donnerait le Goncourt. Et pourquoi pas après tout ? (Futuropolis, 15,90 €)