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dimanche 12 juillet 2020

Espéraza dans l'Aude : ces gros dinos si fascinants



 Jean Le Loeuf a mis pour la première fois les pieds dans l’Aude en 1989. Jeune étudiant chercheur en paléontologie à Jussieu à Paris, il ne se doutait pas que sa thèse de doctorat portant sur les vertébrés de la fin du crétacé en Europe allait bousculer sa vie, qu’il allait découvrir une nouvelle espèce de dinosaures et créer le musée des dinosaures qui 30 ans plus tard est toujours un des fleurons touristiques de la Haute-Vallée de l’Aude. Un enseignant avait trouvé un os de dinosaure dans une ancienne vigne à Bellevue, situé sur la commune de Campagne dur Aude. « Je suis arrivé pour y faire quelques fouilles. Le premier jour on a utilisé un tractopelle pour atteindre une certaine profondeur. Au bout de deux heures on a renvoyé l’engin à son propriétaire. J’ai trouvé 20 os de dinosaures en une semaine, soit la quantité que j’espérait trouver durant toute ma carrière… »

Jean Le Loeuf repart à Paris lesté de ces vestiges. Mais la place manque à l’université. Ainsi est né l’idée d’un musée des dinosaures couplé à un laboratoire de recherches. Rapidement le projet est lancé et en 1992, Jean Le Loeuf soutient sa thèse et deux mois plus tard devient directeur du tout nouveau musée des dinosaures d’Espéraza. Chance, c’est à cette époque que sort Jurassic Park au cinéma. Les dinos sont à la mode, le musée est rapidement trop petit. Une extension est ouverte en 2006. Jean Le Loeuf n’a pas perdu soin temps sur le terrain. Il a creusé à Bellevue et c’est une véritable mine qui s’offre à ses recherches. Et surtout, il découvre que les os sont « inédits ». Quelques années plus tard il a l’honneur de le baptiser ampelosaurus, le dinosaure des vignes. Une belle bête de 18 mètres de long et de 15 tonnes. 

Depuis 2016, en plus d’un squelette reconstitué et d’une statue criante de vérité réalisée par Claude Moreno, il est la vedette animée de la salle des dinosaures de l’Aude. Mais cet herbivore placide n’a rien à voir avec l’autre star du musée des dinosaures. Car si des os et un long cou c’est sympa, des griffes et des dents acérées dans la gueule du plus grand des dinosaures carnivores, c’est mieux. Une aile entière est dédiée au fameux T-Rex ou tyrannosaure et à son découvreur, Barnum Brown. 

Un effet saisissant

Ouverte en 2011, elle est entièrement réalisée par l’équipe du § M/usée des dinosaures qui a soigné la reconstitution des la vie de Brown, de son radeau qui lui permettait d’aller dans des endroits inaccessibles des rivières canadiennes à son bureau. Mais le clou de la visite reste l’animatronic d’un T-Rex, offerte par de généreux donateurs au musée. L’effet est saisissant car s’il est immobile quand le visiteur arrive près de son enclos, un capteur de mouvement lance le mécanique. La gueules s’ouvre, et un cri redoutable retentit dans tout le musée. Le visiteur, s’il a un peu d’imagination, a véritablement l’impression d’être retourné 66 millions d’années en arrière. Mais attention, comme dans les films de Spielberg, ces animaux éliminés de la surface de la Terre après la chute d’une météorite, ne voit pas dans le visiteur qu’une source de protéines. Ainsi était le quotidien des vertébrés de la fin du crétacé en Europe…

En pratique

Le musée des dinosaures d’Espéraza, Dinosauria, est ouvert tous les jours en été de 10 h à 19 h. Prix : adultes : 9 €, enfants (5-12 ans), étudiants, adultes handicapés : 6,50 €, billet famille : 27 € pour 2 adultes et 2 enfants (gratuit pour les moins de 5 ans). Tel : 04 68 74 26 88

Les dinosaures faisaient-ils des bulles avec leurs oreilles ? 

 Liés dinosaures ont toujours fait rêver les artistes. Romanciers, peintres et bien évidemment bande dessinée. Il est vrai que ces grosses bestioles ont tout pour amener du suspense dans une histoire, de l’action dans un récit tout en donnant l’occasion aux dessinateurs de laisser libre cours à leur imagination. 






Depuis l’an dernier, Dososauria propose en plus des expositions permanentes, une expo temporaire sur les dinosaures dans la bande dessinée. « Bulles de dinos » est un très complet florilège de leur représentation dans le 9e art. Jean Le Loeuf, aidé par quelques passionnés, a cherché dans les archives pour débusquer les premières représentations de dinosaures dans des récits illustrés. La plus ancienne planche est signée Robida et daterait de 1890. Il y décrit par le menu « une partie de chasse à l’époque tertiaire ». 
Les chasseurs, se transforment en gibier quand ils croisent ces monstres aux dents tranchantes. La première partie de l’expo montre les créations jusqu’en 1928. Nombre de dinosaures avaient des oreilles, preuve que la liberté créative peut faire parfois d’incroyables erreurs aux artistes… On peut surtout admirer l’agrandissement d’un dessin de Gus Bofa étonnamment moderne et paru dans le journal de Poilus La Baïonnette en 1918. Après 1928 et jusqu’en 1947, les dinosaures sont prétexte à des aventures très mouvementées. Zig et Puce, d’Alain Saint-Ogan, rencontrent un diplodocus en 1936. Dans les années 40, un artiste russe signant Mengden, multiplie les histoires comme « L’île de l’épouvante ». Mengden qui associe systématiquement gros dinosaures et jeune fille largement dévêtue et en détresse. 
Un thème très courant, au point que Bulles de dinos propose un panneau intitulé « Eros et dinos ».  Après guerre, tout héros de bande dessinée se doit à un moment de sa carrière de croiser la route des dinosaures. Certains régulièrement comme le téméraire Bob Morane dessiné par Vance ou Coria. Ou les héroïnes de Leloup et Walthéry, Yoko Tsuno et Natacha. Cette dernière dans son 18e album va en rencontrer des dizaines. Adèle Blanc-Sec aussi croise des squelettes de dinosaures ainsi que le célèbre ptérodactyle du premier album.

Dans les BD très récentes, Jean Le Loeuf a particulièrement apprécié l’adaptation du Monde Perdu par Christophe Bec, Negalyod de Vincent Perriot et la série humoristique de Bloz et Cazenove sur les dinosaures qui propose même dans un des recueils une planche sur l’ampelosaurus. 

Maurice Raptor, l’ancêtre



A l’entrée du musée, ne manquez pas Maurice Raptor. Installé à une table de café, il croque (sur papier avec un crayon), un autre dinosaure. Maurice est le premier dinosaure sculpté par Claude Roméro. Il était de l’ouverture en 1992, a passé quelques années dans un placard pour finir élégamment habillé dans le hall.

Menton carré ?

Quand Jean Le Loeuf a découvert l’ampelosaurus, il a rapidement été question d’en fabriquer un animatronic. En se basant sur des cousins, il a indiqué à l’artiste que la bête avait un menton carré. Jusqu’à l’an dernier. En réalité son museau est plutôt allongé. Voilà comment l’ampélosaure, après quelques dizaines d’années de célébrité a succombé à la chirurgie esthétique…

Œufs durs ou mollets ? 

Jamais les chercheurs n’ont retrouvé d’œuf de T-Rex. Un mystère qui semble sur le point d’être élucidé. La semaine dernière, des paléontologues ont déterminé avec certitude que certains dinosaures pondaient des œufs sans coquille. Ou exactement qu’elle était molle, comme les lézards. Ce n’est qu’une hypothèse. Mais elle devient de plus en plus plausible. Si le T-Rex devenu adulte semblait invulnérable avec ses dents et sa carapace, il n’en allait pas de même pour les bébés avant leur éclosion. 





mardi 7 février 2017

De choses et d'autres : l'art du laid


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Chaque week-end sur la radio France Info, Michel Serres, philosophe, converse avec Michel Polacco dans sa chronique « Le sens de l’info » et nous ouvre l’esprit. Ce dimanche il a abordé le thème de la beauté. « À mesure que le temps passe, le temps filtre de façon implacable, rejette les mauvaises productions et garde les meilleures. »
Entièrement d’accord. Voilà bien pourquoi il faut se précipiter sur le site du MOBA, le Museum of bad art que l’on peut aisément traduire par musée du mauvais goût. Créé par un antiquaire, il est exclusivement composé de peintures abandonnées par leurs créateurs. Le genre de toiles que l’on tente désespérément de vendre sur un vide-greniers et qui finit à la poubelle au terme de la journée, la croûte ne valant même pas que l’on récupère le support. Dans le genre laideur absolue, le MOBA reste le mètre étalon. Entre les anatomies ratées, les couleurs criardes et les compositions aléatoires pour ne pas dire délirantes, tout absolument tout est remarquable de mocheté.
J’ai une petite préférence pour la création intitulée « Giraffe at the beach » représentant, comme son nom l’indique une girafe les quatre pattes dans la mer. Mais cela ne vaut pas « A mariachi in Tienanmen Square ». L’artiste a repris la célèbre photo de l’homme seul face aux chars de l’armée chinoise sur la place Tien Anmen. Mais en le grimant en mariachi mexicain. Faut-il y trouver un sens caché ? S’il vous plaît M. Serres, éclairez-moi. 

mercredi 6 mai 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Chassez le gluten


La mode alimentaire du moment est au sans gluten. Quelques nutritionnistes, après des études poussées, ont décrété que le gluten est mauvais pour notre organisme. Selon eux, ce produit "attaque et détruit les villosités des parois du duodénum, revêtement interne de l'intestin grêle, empêchant ainsi une assimilation des aliments". Autre effet néfaste constaté : une inflammation chronique de l'intestin. N'avalez plus un gramme de gluten, vous ne vous en porterez que mieux.

Le "gluten free" devient le régime miracle pour perdre du poids et se sentir mieux dans sa peau. Donc terminé le pain, les pâtes, les pâtisseries, les gâteaux et les saucisses. Reste le riz, les viandes, le sarrasin, les légumes ou le maïs. Le lait ne contient pas de gluten. Mais le lactose le rend lui aussi difficile à digérer. Donc, le sans gluten s'accompagne souvent d'un sans lactose. Voilà comment on rend tabou ce qui a constitué l'ordinaire de millions d'humains depuis des siècles : une tranche de pain accompagnée d'un bout de fromage.


Cette remise en cause permet à quelques comiques d'imaginer les œuvres d'art dans un monde sans gluten. Le "Gluten free museum" montre le tableau avant/après. Ces deux paysans de Van Gogh dormant contre une meule de céréales d'un jaune éclatant se retrouvent étendus sur un sol nu et sombre. Les célèbres glaneuses de Millet n'ont plus rien à ramasser. Le poulbot de Willy Ronis court sans sa baguette sous le bras. Paradoxe, sans gluten Lucky Luke redevient politiquement incorrect, troquant son épi de blé contre la cigarette des premiers albums...

lundi 22 décembre 2014

Cadeaux de Noël : trois beaux livres marqués BD

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Écrite par Pierre Dubois, émérite elficologue barbu, « L'effroyable encyclopédie des revenants » fait suite à celle présentant les fantômes. La différence est infime, mais essentielle pour ce spécialiste de l'étrange et du surnaturel. Ces 230 pages à la mise en page particulièrement soignée, sont richement illustrées par Carine-M et Elian Black'Mor. Pleines planches en couleurs (essentiellement du rouge et du noir) ou dessins à l'encre de Chine s'intégrant dans les textes, ces « horreurs » sont paradoxalement très belles. Cette encyclopédie peut aussi se picorer par petits bouts. La table des matières donne les thèmes abordés et la liste des contes repris dans ces pages, comme « La chasse maudite », « L'auberge du Larzac » ou « Le revenant de la bouteille », hilarant récit de la mort et des obsèques de Toine, pilier de bar, fainéant et grand amateur de beuverie. Sa mort est consécutive à une bagarre avec une brouette malotrue : il finit noyé dans une fosse à purin... Alors il est revenu hanter ses copains de bistrot car « Ivre, mort et ivre mort, c'est bonnet blanc et blanc bonnet ».
« L'effroyable encyclopédie des revenants », Glénat, 39,50 €
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Gothique et violent, ce conte mélange habilement bande dessinée classique et récit littéraire. Hubert en a écrit le scénario, Gatignol donné vie graphiquement aux personnages. L'action se déroule dans une vallée isolée. Des géants y règnent en maîtres. Le plus grand d'entre eux, le roi, bafre en compagnie du reste de sa famille. Au menu : des humains. Crus ou cuits. De géants, ils sont devenus ogres. La reine, après avoir accouché de triplés dégénérés, est de nouveau enceinte. Mais au lieu de mettre au monde un fort et gros bébé qui lui aurait déchiré les entrailles, elle donne naissance à un petit avorton. Le roi lui ordonne de l'avaler sur le champ. Elle fait semblant et confie Petit à sa tante pour qu'elle l'élève dans le plus grand secret. Qui sont ces ogres ? D'où viennent-ils ? Petit va-t-il détrôner son père ? Toutes ces questions rythment les 150 pages qui peuvent se lire comme une simple BD ou un beau livre richement illustré.
« Petit », Soleil, collection Métamorphoses, 26 €
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Les Bidochon retournent au musée. Le couple des Français très moyens imaginé par Binet semble pourtant totalement imperméable à la beauté. Certes, mais quand il pleut, un musée est bien pratique pour pique-niquer à l'abri. Il suffit de dégotter une toile dans le style du « Déjeuner sur l'herbe » de Manet pour que l'illusion soit parfaite. Le grand écart est absolu mais très amusant. Binet, par ailleurs excellent peintre, a donné l'occasion à ses personnages de commenter vingt toiles exposées à Caen et Lyon. Tous les styles sont représentés, de « Vénus et Adonis » de Cornelis Van Haarlem au « Canapé » d'Antoni Tapies. Les œuvres sont reproduites pleine page, en vis-à-vis du dessin en noir et blanc de Binet. Ensuite, Patrick Ramade et Pierre Lacôte détaillent la vie de l'artiste, explicitent la peinture et la replacent dans son contexte historique. Voilà comment Raymonde et Robert Bidochon vont vous donner envie d'aller faire un tour dans ces deux musées. Non pas pour manger un sandwich au saucisson devant le « Coucher à l'italienne » de Jacob Van Loo, mais admirer ces chefs-d'œuvre de la peinture européenne, toutes époques confondues.
« Un 2e jour au musée avec les Bidochon », Fluide Glacial, 25 €

samedi 9 novembre 2013

BD - Une croûte au Musée du Louvre grâce à Etienne Davodeau


En signant un partenariat avec les éditions Futuropolis, le Musée du Louvre entend ouvrir ses murs à cet art, plus populaire, qu'est la bande dessinée. Si Yslaire ou De Crécy signent un bel hommage au classicisme, Étienne Davodeau s'est intéressé aux coulisses de l'institution. Dans ce roman graphique de plus de 130 pages, il parle de croûte, de peintres du dimanche, d'agent de sécurité et de fabricants de meubles. Fabien, le héros, gardien depuis 15 ans au Louvre, va rencontrer la famille de sa fiancée Mathilde, provinciale montée à Paris.
Dans cette France profonde il va devoir affronter les clichés (« Assis toute la journée, il faut une volonté d'acier pour pas s'endormir : ») et surtout être chargé de faire entrer au Louvre « Le chien qui louche », l'unique toile de l'aïeul, Gustave Benion, peinte en 1843. Comment la croûte d'un peintre du dimanche pourrait-elle être exposée à côté du « Radeau de la méduse » ? Une société secrète va pourtant faire le nécessaire pour que l'œuvre de Gustave Benion, soit accrochée aux murs du Louvre, en hommage à « ceux qui ont peint sans rencontrer la reconnaissance, les approximatifs des bords de rivières et autres aquarellistes des galeries marchandes... » Une ode humaniste aux artistes sans prétention.

« Le chien qui louche » Étienne Davodeau, Futuropolis et Louvre Éditions, 20 €

lundi 24 décembre 2012

Beau Livre - Fantomatique Bilal au Louvre



Le Musée du Louvre ouvre ses galeries aux auteurs contemporains de bande dessinée. Un partenariat mis en place depuis quelques années avec les éditions Futuropolis. Après David Prudhomme ou Bernard Yslaire, c'est Enki Bilal qui a eu carte blanche pour trouver l'inspiration dans ce temple de l'art. Autant dessinateur que peintre ou cinéaste, Bilal a arpenté les galeries simplement armé de son appareil photo. 
Des journées à s'imprégner de l'ambiance, à admirer les œuvres exposées et au final un travail sur 22 tirages. Et le résultat est résumé dans une phrase d'introduction : « C'est comme si au Louvre on respirait du fantôme. » Sur chaque œuvre, il a peint le portrait d'un fantôme directement concerné. Ces vies imaginaires donnent une force supplémentaire à des chefs-d’œuvre incontestables. Sur le tableau de la « Jeune orpheline au cimetière » de Delacroix, Bilal met en opposition le visage de Lantelme Fouache. Né en 1773, il est le père de Béatrix, le modèle. 
Elle pleure son père récemment décédé après être tombé dans un ravin. C'est elle qui l'a poussé : « Sept ans de viols discontinus étaient ainsi effacés. Ce matin-là, il avait commis celui de trop, et elle avait eu le courage. » Le livre présente, à côté du texte, le tableau de Bilal, la photo de « l'inspiration » et des dessins préparatoires. Un ensemble exposé à partir du 20 décembre (jusqu'au 18 mars) à la salle des Sept-Cheminées dans l'aile Sully. C'est la première exposition au sein des salles du Louvre consacrée à un auteur de bande dessinée.
« Les fantômes du Louvre » de Bilal, Louvre Editions et Futuropolis, 25 euros.