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mercredi 24 mai 2017

BD : "Ter", la « Main d’or » du futur


Dans un futur que l’on imagine très éloigné, quand la civilisation se sera écroulée sur elle-même, une petite communauté survit sur un bout de terre. Pip, adolescent qui améliore l’ordinaire en pillant des tombes la nuit venue, découvre dans un caveau un homme nu. A son contact, il se réveille. Ne sait pas parler, n’a pas de mémoire. Seule indication : il a tatoué sur l’épaule droite le sigle « Main d’Or 1 ». Pip lui donne le nom de Mandor et le ramène à la maison. L’homme a la particularité de savoir réparer les objets cassés. Et même de connaître leur utilité, chose que Pip et sa sœur Yss ne savent souvent pas. Un récit de science-fiction signé Rodolphe, dessiné par Christophe Dubois, éclatant d’imagination dans les costumes ou les bestioles dangereuses qui vivent sur Ter. Un zeste de religion et nous voilà embarqués dans une saga prometteuse d’autant que la dernière image rebat toutes les cartes.
➤ « Ter » (tome 1), Daniel Maghen éditions, 16 €

lundi 22 décembre 2014

Cadeaux de Noël : trois beaux livres marqués BD

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Écrite par Pierre Dubois, émérite elficologue barbu, « L'effroyable encyclopédie des revenants » fait suite à celle présentant les fantômes. La différence est infime, mais essentielle pour ce spécialiste de l'étrange et du surnaturel. Ces 230 pages à la mise en page particulièrement soignée, sont richement illustrées par Carine-M et Elian Black'Mor. Pleines planches en couleurs (essentiellement du rouge et du noir) ou dessins à l'encre de Chine s'intégrant dans les textes, ces « horreurs » sont paradoxalement très belles. Cette encyclopédie peut aussi se picorer par petits bouts. La table des matières donne les thèmes abordés et la liste des contes repris dans ces pages, comme « La chasse maudite », « L'auberge du Larzac » ou « Le revenant de la bouteille », hilarant récit de la mort et des obsèques de Toine, pilier de bar, fainéant et grand amateur de beuverie. Sa mort est consécutive à une bagarre avec une brouette malotrue : il finit noyé dans une fosse à purin... Alors il est revenu hanter ses copains de bistrot car « Ivre, mort et ivre mort, c'est bonnet blanc et blanc bonnet ».
« L'effroyable encyclopédie des revenants », Glénat, 39,50 €
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Gothique et violent, ce conte mélange habilement bande dessinée classique et récit littéraire. Hubert en a écrit le scénario, Gatignol donné vie graphiquement aux personnages. L'action se déroule dans une vallée isolée. Des géants y règnent en maîtres. Le plus grand d'entre eux, le roi, bafre en compagnie du reste de sa famille. Au menu : des humains. Crus ou cuits. De géants, ils sont devenus ogres. La reine, après avoir accouché de triplés dégénérés, est de nouveau enceinte. Mais au lieu de mettre au monde un fort et gros bébé qui lui aurait déchiré les entrailles, elle donne naissance à un petit avorton. Le roi lui ordonne de l'avaler sur le champ. Elle fait semblant et confie Petit à sa tante pour qu'elle l'élève dans le plus grand secret. Qui sont ces ogres ? D'où viennent-ils ? Petit va-t-il détrôner son père ? Toutes ces questions rythment les 150 pages qui peuvent se lire comme une simple BD ou un beau livre richement illustré.
« Petit », Soleil, collection Métamorphoses, 26 €
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Les Bidochon retournent au musée. Le couple des Français très moyens imaginé par Binet semble pourtant totalement imperméable à la beauté. Certes, mais quand il pleut, un musée est bien pratique pour pique-niquer à l'abri. Il suffit de dégotter une toile dans le style du « Déjeuner sur l'herbe » de Manet pour que l'illusion soit parfaite. Le grand écart est absolu mais très amusant. Binet, par ailleurs excellent peintre, a donné l'occasion à ses personnages de commenter vingt toiles exposées à Caen et Lyon. Tous les styles sont représentés, de « Vénus et Adonis » de Cornelis Van Haarlem au « Canapé » d'Antoni Tapies. Les œuvres sont reproduites pleine page, en vis-à-vis du dessin en noir et blanc de Binet. Ensuite, Patrick Ramade et Pierre Lacôte détaillent la vie de l'artiste, explicitent la peinture et la replacent dans son contexte historique. Voilà comment Raymonde et Robert Bidochon vont vous donner envie d'aller faire un tour dans ces deux musées. Non pas pour manger un sandwich au saucisson devant le « Coucher à l'italienne » de Jacob Van Loo, mais admirer ces chefs-d'œuvre de la peinture européenne, toutes époques confondues.
« Un 2e jour au musée avec les Bidochon », Fluide Glacial, 25 €

lundi 23 juin 2008

BD - Fantastique urbain dans "La légende du Changeling"


Pierre Dubois ne vit pas dans notre monde. Ce grand spécialiste des elfes, lutins et autres petits peuples de la forêt a définitivement tiré un trait sur la modernité et notre monde dédié à la technologie. Son combat contre l'oubli des légendes anciennes lui donne l'occasion de signer de plus en plus de scénarios de bande dessinée, support sans limite pour représenter ces êtres et mondes imaginaires. 

Cette fois, il s'est associé à Xavier Fourquemin dessinateur français à l'imagination débordante. « Le Mal-venu », premier tome de la Légende du Changeling débute dans cette campagne anglaise de la fin du 19e siècle. La misère est de plus en plus présente et la famille Jobson est obligée de quitter ce pays de bocages pour les bas-fonds de Londres. Un monde totalement nouveau pour le jeune Scrubby Jobson. 

Cet enfant, qui a beaucoup appris auprès d'un ermite, le chasseur sauvage ou homme vert. Mais que valent les enseignements d'un sorcier dans cette ville en proie au crime, en pleine révolution économique et sociale ?

« La légende du Changeling » (tome 1), Le Lombard, 13 € 



samedi 17 mai 2008

BD - Sorcière volante


Dessinée par Christophe Dubois, cette série imaginée par Nicolas Pona est un étrange mélange de fantastique (dragon), de révolution (le pays est à feu et à sang), d'amazones (les héroïnes sont de redoutables guerrières) et de récit à la Jules Verne (le plus gros de ce second album se passe dans un ballon dirigeable). 

Sur les immensités gelées de ce qui ressemble à la Sibérie, Ajjer, la guerrière rouge qui vient de tuer le roi-dragon et lui dérober son dernier œuf est capturée par Frimas, guerrier chamane à la tête d'une bande de révolutionnaires. Elle est emmenée dans un vaisseau des airs baptisé Héria. 

Ce dirigeable est le véritable héros de cet album. Héroïne exactement puisque c'est sa figure de proue en bois, dotée de conscience, qui lui permet de s'élever dans les airs. Héria qui convoie malgré elle ces révolutionnaires, alors qu'elle vient de dérober un trésor avec l'aide de son capitaine. Son rêve c'est de se retirer sur une île chaude et y édifier un temple pour la vénérer. 

Ce vaisseau sorcière a en effet la fâcheuse tendance à se prendre pour une déesse. Une multiplication des personnages pour une série qui, en s'éloignant de son propos initial, gagne en originalité. Il reste quand même en fond les querelles de pouvoir, mais l'épopée d'Héria permet une parenthèse étonnante dans le cycle principal.

« Le cycle d'Ostruce » (tome 2), Le Lombard, 13 €

vendredi 19 janvier 2007

BD - Révolution rouge dans "Le cycle d'Ostruce"

Un oeuf de dragon, une amazone tout de rouge vêtue, une charmante voleuse et une révolution sanglante : tels sont les ingrédients du premier tome du « Cycle d'Ostruce », nouvelle série de la collection Portail du Lombard. Le récit est signé Nicolas Pona, le dessin Christophe Dubois. La toile de fond c'est donc la révolution russe du début du 20e siècle. 

Mais le tsar est un dragon et un descendant est sauvé par Ajjer, une redoutable amazone, un oeuf, symbole de l'espoir du camp tsariste. Dans les terres enneigées, elle tente de mettre l'oeuf à l'abri. En chemin elle héritera de la protection d'une jeune voleuse car Ajjer massacre à tour de bras...

Le cycle d'Ostruce, Le Lombard, 13 euros

samedi 23 décembre 2006

Roman - La vie, la vraie… selon Jean-Paul Dubois

Au rythme des changements de président de la République, Jean-Paul Dubois retrace la vie de Paul Blick : « Une vie française ».


Ce roman de Jean-Paul Dubois fait partie des rares œuvres qui vous imprègnent totalement, laissant forcément une trace longue et indélébile au plus profond de votre être. Paul Blick, héros omniprésent de ces 350 pages, débute son récit le jour de la mort de son frère aîné, Vincent. Il a huit ans, Vincent venait d’en avoir dix. De ce jour, les parents de Paul abdiquent toute joie de vivre. Paul, ne voit qu’un seul et unique intérêt à la mort de son aîné : il peut accaparer un carrosse doré qui lui faisait envie depuis des années. Une trahison, acte fondateur du début de ses mémoires en même temps que De Gaulle fonde la Ve république qui le suivra jusqu’à aujourd’hui, 44 ans et quelques présidents plus tard.

Mai 68 et après…

L’adolescent suivra une scolarité simple et anonyme jusqu’à l’arrivée de mai 68, l’année de sa terminale. Il est le premier sur les barricades de la ville rose, allant même jusqu’à briser les vitrines du garage de son père avec des pavés on ne peut plus symboliques. De ce grand chambardement, il gardera un engagement politique résolument anarchiste. Il n’a jamais voté et ne le regrettera jamais, trouvant dans les années qui passent mille bonnes raisons de ne pas avoir donné sa voix au nobliau Giscard, à Mitterrand et ses pratiques monarchiques ou Chirac en 2002 « qui n’était pas grand-chose face à l’Autre qui était encore moins ». Mais cela n’empêche pas Paul Blick de tout faire pour voler de ses propres ailes et trouver sa place dans cette société qu’il supporte plus qu’il ne cautionne. Premier boulot dans un hebdomadaire sportif. Il signe ses premiers compte-rendus de rugby. Il rencontre surtout la fille du patron, Anna, et en tombe follement amoureux. Il mettra du temps à la conquérir, parviendra à évincer le fiancé officiel pour finalement l’épouser, un compromis qu’il regrettera longtemps. Deux enfants naîtront de cette passion : Vincent (prénom évident pour Paul) et Marie.

Arbres immobiles.

Il abandonnera les bords de terrain pour se consacrer entièrement à l’éducation de ses petits pendant que la mère, executive women avant l’heure, reprend une société de son père pour lui donner un coup de fouet et atteindre « une croissance à deux chiffres ». La scolarisation des enfants lui laisse un peu plus de temps libre et il se remet à la photographie, ne fixant sur sa pellicule que des arbres, calmes et immobiles. Il trouvera dans ces représentations une philosophie de la vie qu’il résume en quelques mots : « Je vois la vie comme un exercice solitaire, une traversée sans but, un voyage sur un lac à la fois calme et nauséabond. Parfois, sous l’effet de notre propre poids, nous glissons vers le fond. Lorsque nous le touchons, lorsque nous sentons sous nos pieds la substance molle et écœurante de nos origines, alors nous éprouvons la peur ancestrale qui habite tous les têtards voués à l’abattoir. Une vie n’est que ça. Un exercice de patience, avec toujours un peu de vase au fond du vase. »

La vieillesse.

Les photos des arbres, regroupées dans un livre luxueux, lui donne une indépendance financière inespérée. Il vieillira inexorablement, avec son cortège de deuils, de petits bonheurs et de désillusions. Mort du père, lente agonie de la mère, disparition de sa femme dans un accident d’avion : la vie ne lui fait pas de cadeaux. Avec la ruine au bout du chemin et la folie de sa fille. Et l’amour ? Il résume amèrement ce sentiment : « Nous avons tous la faiblesse de croire que chaque histoire d’amour est unique, exceptionnelle. Rien n’est plus faux. Tous nos élans du cœur sont identiques, reproductibles, prévisibles. Passé le foudroiement initial, viennent les longues journées de l’habitude qui précèdent le couloir infini de l’ennui. »

Si ce roman de Jean-Paul Dubois est parfois émouvant, il est également souvent comique. L’auteur parvient à faire alterner scènes bouleversantes et sketches hilarants. Comme une vie bien remplie offre normalement à tout homme qui se respecte, qu’il soit Français ou de n’importe qu’elle autre nationalité.

« Une vie française », Jean-Paul Dubois, éditions de l’Olivier, 21 € (également en poche chez Points)