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mardi 27 août 2024

Rentrée littéraire - Trois génies se rencontrent à Londres en 1938


Le 19 juillet 1938, à Londres, Stefan Zweig, écrivain autrichien en exil, a organisé la rencontre entre Sigmund Freud et Salvador Dalí. Durant quelques heures, trois génies du XXe siècle ont discouru sur le devenir du monde, des arts ou de la politique.

C’est Clémence Boulouque qui a imaginé ce conclave de grands esprits si dissemblables. Freud est lui aussi en exil. Chassé de son pays par les nazis. Dalí, qui est accompagné de Gala, semble vénérer l’inventeur de la psychanalyse. Même si le peintre catalan, fidèle à son credo, est incapable d’apprécier autre chose que sa propre personne. La romancière joue parfaitement de l’incongruité du conclave.

Freud, vieillissant, malade, semble s’amuser des saillies de ce fou. Ce dernier, avant même de pénétrer dans le salon de Freud, a une révélation : « Voilà ma prophétie : le cerveau de Freud a la forme d’un escargot. Une sorte de spirale que l’on pourrait extraire avec une fourchette. » Escargots contre anguilles, c’est un des passages, succulents, de ce texte.

Reste les considérations de Zweig sur la situation de l’Europe, la persécution des Juifs, la montée du fascisme. Des passages graves, très éloignés des excentricités de Dalí, comme pour rappeler que rares sont ceux qui arrivent à deviner les catastrophes avant qu’elles ne soient inéluctables. Il suffit de savoir lire le langage des ombres.
« Le sentiment des crépuscules », Clémence Boulouque, Robert Laffont, 176 pages, 19 €

samedi 13 juillet 2024

En vidéo - “Daaaaaalí !” de Quentin Dupieux

 

Quentin Dupieux doit être un fan du jeu des 7 familles. Il s’en crée régulièrement de nouveaux. « Dans la famille de mes films sortis en 2024, je voudrais le 2e ». C’est Daaaaaalí ! qui vient de sortir en DVD et blu-ray chez Diaphana.

« Dans la famille des Dalí, je voudrais le 4e ». C’est Édouard Baer, après Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Pio Marmaï et avant Didier Flamand.

Cette comédie, aussi absurde que loufoque, voit plusieurs comédiens interpréter le peintre catalan. L’édition en vidéo est agrémentée de nombreux bonus comme un entretien avec Quentin Dupieux, Jonathan Cohen et Édouard Baer, Daaaaaalí à la plage, un extrait du documentaire Filmer fait penser réalisé par Charles Bosson, ainsi qu’une rencontre avec Salvador Dalí, reportage réalisé par Pierre Jourdan en 1971 et extrait des archives de l’INA.

jeudi 19 octobre 2023

Polar - Le roman noir d’un tableau de Salvador Dalí retrouvé à Collioure

Un mystérieux tableau, attribué à Dalí, plusieurs meurtres, à Barcelone et Collioure : Laurence Haloche raconte la Côte Vermeille des années 80 dans ce polar intitulé « L’ombre du temps ».


Collioure est la cité des peintres de la côte catalane. Dans ce roman policier se déroulant en 1985, la découverte d’un tableau attribué à Salvador Dalí provoque un enchaînement d’événements qui prennent leur source dans les années 60 à Madrid, voire quelques années plus tôt. Le premier chapitre raconte comment en ce jour de Noël de 1963, dans un quartier chic de Barcelone, un couple est retrouvé assassiné dans sa villa. Un gynécologue de renom et sa femme. 22 ans plus tard, à Collioure, le commissaire Marianne De Puech, récemment nommée à Perpignan, prépare les obsèques de sa mère. Un tracas pour cette femme qui a sacrifié sa vie privée pour sa carrière. D’autant qu’elle doit également surveiller les écarts de sa sœur, mère de deux enfants, aussi dilettante que Marianne est rigoureuse.

Tableau de jeunesse

A ça s’ajoute l’arrivée de son ancien amour de jeunesse, journaliste de passage à Collioure pour réaliser un documentaire sur la Retirada et la transformation temporaire du château royal en prison. La coupe est pleine ? Non car elle doit également enquêter sur le meurtre d’un religieux espagnol, retrouvé égorgé dans sa chambre d’hôtel. Sans compter l’affaire du tableau de Dalí. C’est sa sœur qui lors d’une émission sur France 3 a prétendu que la toile intitulée « Des anges au-dessus d’un volcan », dans la famille depuis des années, exposée au bar des Templiers, est un Dalí. Une effervescence médiatique dont se serait bien passée la cité balnéaire en pleine fête de la Saint-Vincent et son célèbre feu d’artifice. Un spectacle et une foule qui désespèrent la policière : « Ce déluge d’éclats de couleurs avait toujours profondément ennuyé Marianne. À quoi bon viser les étoiles à coups de pétards aussi tonitruants que vantards ? Elle préférait à ce cirque pyrotechnique le jaune du soleil aveuglant à midi, le rouge d’un crépuscule incandescent, les reflets d’argent qu’allume la lumière sur la mer… Une déflagration naturelle qui avait été pour tant d’artistes de renom une attraction autrement plus inspirante. »

Pour l’intrigue de son premier roman policier, Laurence Haloche, journaliste au Figaro, multiplie les pistes et rebondissements, mais ressuscite surtout la vie typique (et agitée) du Collioure des années 80. Le tout à travers les yeux de Marianne, femme flic en plein doute personnel. Son retour dans sa région natale est plus compliqué qu’elle ne le croyait. Son couple se délite, sa sœur semble de plus en plus compromise dans des affaires louches et ce prétendu tableau revient trop souvent sur le devant de la scène. C’est notamment cette toile que le religieux retrouvé assassiné voulait voir et expertiser.

Dalí et Collioure, le rapprochement est étonnant. Le lecteur en déroulant les fils de l’enquête menée par Marianne, découvrira que ce n’est pas tant la toile, une œuvre de jeunesse de Dalí, que le cadre qui intéresse le religieux. Que ce tableau occupe une importance capitale dans la vie de la mère de Marianne et qu’il explique bien des ombres dans la vie de ses parents, des réfugiés républicains espagnols. En mêlant la grande Histoire à celle très personnelle de Marianne, Laurence Haloche transforme son polar en réflexion profonde sur l’hérédité et la famille.

« L’Ombre du temps » de Laurence Haloche, Les Presses de la Cité, 21 €

mercredi 18 octobre 2023

BD - « Avant Gala », premier tome d’une trilogie en bande dessinée sur Dalí

Après Picasso, Julie Birmant et Clément Oubrerie s’attaquent à un autre géant de la peinture espagnole : Dalí. Le 1er tome de cette trilogie raconte sa vie « Avant Gala ».

Se lancer dans une biographie dessinée de Dalí est forcément synonyme de challenge graphique excitant pour l’illustrateur. Clément Oubrerie a relevé le défi et s’en tire avec plus que les honneurs, proposant quelques planches avec des visions « daliniennes » du plus bel effet. Il s’était déjà attaqué au monde du jeune Picasso (Pablo, quatre tomes chez Dargaud) avec la même complice, la scénariste, Julie Birmant.

Le premier tome de cette trilogie (tome 2 en avril 2024, tome 3 en octobre 2024) raconte la jeunesse de Dalí (Avant Gala). De Figuèras à Madrid en passant par Paris, les auteurs montrent un jeune homme très lunatique, parfois pleutre, souvent extravagant, perdu dans ses pensées, toujours original. Si son père accepte de l’envoyer faire les Beaux-Arts à Madrid, c’est pour honorer la mémoire de sa femme, la mère tant aimée de Dalí. C’est là qu’il rencontre ses premiers amis artistes, Federico Garcia Lorca et Luis Bunuel. Bunuel qui lui ouvrira les portes de Paris, capitale des surréalistes. 

Le jeune Dalí, encore sans moustache mais déjà très torturé par son image publique, va s’épanouir parmi ces fêtards dans limites. Même si son rigorisme, sa vénération pour certains anciens, va rapidement le détourner de la bande où un certain Picasso commence à se faire un nom.

L’album vaut aussi pour les nombreuses anecdotes de jeunesse, quand il était à Figueras, déjà obnubilé par quelques figures, des mantes religieuses aux horloges. Julie Birmant, sans véritablement donner les clés de la psyché de Dalí (mais qui oserait s’attaquer à un tel chantier), permet en plusieurs petites touches de définir l’Homme qui deviendra le grand peintre puis le parfait exploiteur de son engouement populaire pour devenir riche à millions. Mais ce sera le propos Des tomes suivants.

« Dalí » (tome 1), Dargaud, 88 pages, 19 €

samedi 24 septembre 2022

BD - L’or de Dali


Seconde partie de l’histoire de Salvador Dali et la guerre d’Espagne. Pas un biopic mais une œuvre de fiction dans le cadre de la collection Jour J qui utilise les ressorts de l’uchronie pour revisiter notre passé. Grâce à Dali, les Franquistes sont sur le point de perdre la guerre.

Mais le peintre est enlevé dans sa maison de Cadaqués et torturé. Il ne dira rien et parviendra même à s’évader pour aller mettre en lieu sûr l’or des Républicains. Une histoire surréaliste avec des homards, des espions russes, quelques anarchistes et de méchants nazis s’affrontant de Lisbonne à Perpignan.

Le scénario est signé Duval et Pécau avec une mise en images par un dessinateur Brésilien réaliste très talentueux : Arlem Renato.

« Jour J » (tome 47), Delcourt, 14,95 €

vendredi 4 février 2022

BD - Salvador Dali en guerre le "Jour J"


La collection Jour J qui propose de réécrire l’Histoire à la mode uchronie, se devait de s’intéresser un jour à la guerre d’Espagne. Il aura fallu attendre le 46e volume pour que Duval et Pécau, les scénaristes, se penchent sur cet épisode fondateur de l’Europe. 


Et comme ils sont joueurs, ils ont décidé de bombarder au centre de l’intrigue le formidable, l’incroyable, le totalement déjanté Dali

Dali qui clamait partout qu’il ne faisait pas de politique, décide dans l’album de revoir sa position quand il apprend que les Franquistes ont exécuté son grand ami Garcia Lorca. Il va mettre au point un plan démoniaque pour changer le cours de l’histoire. 

De la très grande BD d’aventure, surréaliste, dessinée par Arlem.

« Jour J » (tome 46), Delcourt, 14,95 €

lundi 11 mars 2013

BD - Luisa Casati, la muse égoïste


La marquise Luisa Casati a toujours baigné dans le monde des arts. Cette richissime héritière italienne a dilapidé sa fortune et est morte en étant quasiment à la rue. Mais avant, quelle vie, quel faste, que de jouissances ! La vie de cette extravagante, que certains comparent à Lady Gaga, a toujours été dans l'excès. Mariée très jeune, elle trompe allègrement son triste mari avec un poète. Puis elle rejoint Paris et accumule les conquêtes et les tenues extravagantes. Sans pudeur, elle devient un modèle de choix pour les peintres les plus en vogue. Son corps se retrouve sur les tableaux de Dali, les photos de Man Ray et sert de base pour les créations du styliste Poiret. Ce biopic est l'œuvre de Vanna Vinci, dessinatrice italienne certainement inspirée par cette Casati, muse égoïste à la chevelure flamboyante.
« La Casati », Dargaud, 16,45 euros

jeudi 29 novembre 2012

BD - Baudoin dessine la biographie de Dali, génie graphique



Dessinateur exigeant, un peu à part dans le milieu de la bande dessinée, Edmond Baudoin signe une biographie dessinée de Salvador Dali que n'aurait certainement pas reniée le maître de Cadaquès. L'album, publié dans le cadre de la collection Aire Libre de Dupuis, en collaboration avec le Centre Pompidou, est en vente au moment où s'ouvre une grande exposition autour de l’œuvre du peintre catalan aux longues moustaches recourbées.
Un génie ou un fou ? L’œuvre de Dali plaide pour la première solution. Son parcours et ses extravagances ont brouillé son image auprès du grand public. Edmond Baudoin, dans ces 140 pages en noir et blanc, parsemées de quelques fulgurances colorées ne donne pas de réponse. C'est le regard subjectif d'un artiste sur un autre artiste.
Baudoin, tout en suivant une trame chronologique fidèle, se permet quelques incartades dans le récit. Il se met en scène pour justifier cette vision particulière. A sa compagne lui faisant remarquer que ses interprétations de certains tableaux « sont très fantaisistes. Des trahisons », il répond, expliquant ainsi toute sa démarche graphique : « C'est parce que je suis fou comme lui. Je joue moi aussi à la paranoïa critique et j'ai ainsi la prétention de mettre en images l'inconscient de Dali à l'instant de la création. »
Cette BD, plus que d'autres, est à lire à deux niveaux. L'histoire, logique et rationnelle. Mais aussi juste les dessins, les illustrations, tirées de tableaux. Une vision uniquement graphique tout aussi riche et intéressante.
« Dali par Baudoin », coédition Dupuis/Editions du Centre Pompidou, 22 euros.