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mardi 9 février 2016

Cinéma : "Chocolat", être humilié pour pouvoir exister

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Au début du XXe siècle, le clown « Chocolat » brillait sur les pistes des cirques avec son comparse Footit. Roschdy Zem signe le biopic du premier artiste noir célèbre. Humilié, mais célèbre.

Omar Sy est devenu l'acteur français le plus connu au monde. Comme Jean Dujardin après « The Artist », il s'est lancé dans une carrière américaine thésaurisant le succès d'« Intouchables ». A la différence que le colosse originaire de Trappes, après des années à jouer le « noir » de service dans des sketches bas de gamme, est considéré comme un comédien à part entière au pays de l'oncle Sam. Il participe ainsi à quelques-uns des plus gros succès de ces deux dernières années comme « Jurassic World » ou « X-Men, Days of Future Past ». Cela ne l'empêche de revenir en France pour tourner des scénarios soigneusement choisis. Il porte littéralement « Chocolat » le nouveau film de Roschdy Zem. Ce biopic du clown Chocolat a bien des ressemblances avec le parcours d'Omar Sy. A la fin du XIXe siècle, un jeune esclave est acheté à Cuba et placé dans une exploitation en Europe. Après de nombreux petits boulots, il découvre le cirque. Sa vigoureuse constitution et sa peau très noire lui permettent d'endosser le personnage d'un cannibale qui, accompagné d'une guenon, fait simplement peur aux enfants venus au cirque rire des péripéties des clowns. Un clown, justement, le repère et lui propose de devenir son compère de scène. Footit (James Thiérrée) sera le meneur et Chocolat l'Auguste.

Battu mais content
Un duo irrésistible quand Footit commence à maltraiter ce « nègre » selon le vocable de l'époque, qui encaisse les coups sans se révolter comme tout bon domestique qu'il est. Un rôle de composition pour Chocolat qui a pour véritable nom Rafaël Padilla. Une identité qu'il oublie face à la gloire, l'argent et les filles faciles. Chocolat dépense beaucoup à la table des casinos et se moque des brimades quotidiennes tant que le public rie. Footit y trouve son compte. Il gagne deux fois plus que la véritable vedette qui pour lui ne reste qu'un accessoire comme un autre. Le film, dans sa rudesse des rapports entre maître et esclave, permet au spectateur de découvrir la mentalité profondément raciste qui prospérait à l'époque dans cette France, si fière de ses colonies. Chocolat tente de se rebeller, de faire reconnaître son talent, mais l'éveil des consciences n'interviendra que bien plus tard, quand dans les années 60 un vaste mouvement de décolonisation a rendu honneur et indépendance à nombre de pays. L'image des Noirs auprès de la population changera radicalement, même si le film de Roschdy Zem dénonce en filigrane un certain racisme latent toujours très présent dans notre société. Le film permet à Omar Sy de s'illustrer dans des numéros hilarants et de donner une belle épaisseur à son personnage. Même si les auteurs ont pris quelques libertés avec la véritable histoire de Chocolat, la trame principale reste la même, de l'esclavage à la gloire puis l'oubli et la mort dans la misère.
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James Thiérrée, clown dans l'âme

chocolat,omar sy,zem,thierree,clown,gaumontSi Omar Sy a découvert l'univers du cirque et de la comédie clownesque à l'occasion du film de Roschdy Zem, James Thiérrée, son partenaire, est au contraire un pro de ce monde du cirque. Petit-fils de Charlie Chaplin, il a suivi ses parents dans les incessantes tournées du cirque familial. Très jeune il a arpenté la piste ronde en tant qu'acrobate, mime et... clown. Plus tard il prendra des cours de comédie et fera de nombreuses apparitions dans des films européens ou américains. Dans « Chocolat », c'est lui qui a mis au point les numéros du duo. Il a insufflé un peu de modernité et de surréalisme aux scénettes présentées au début du XXe siècle par les deux véritables artistes. Il a amplifié la grâce et l'agilité de Chocolat, gommant en partie sa gaucherie qui faisait tant rire le public, pour transformer chutes et fuites en ballet aérien. Son propre rôle est très physique. Mais cela ne fait pas peur à James Thiérrée, déjà remarqué dans le film « Mes séances de lutte » de Jacques Doillon. Déjà un duo fusionnel. Avec Sara Forestier, ils se battaient tout au long des 90 minutes du film, une lutte amoureuse déconcertante.

vendredi 3 octobre 2014

Cinéma : Muscles à gogo

Roschdy Zem filme les difficiles relations entre un père et son fils dans l'univers « Bodybuilder ».
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Beaucoup d'efforts, de transpiration et de douleur dans le troisième long-métrage de Roschy Zem. L'acteur est passé de l'autre côté de la caméra tout en continuant sa carrière de comédien. Pour preuve il s'est donné un second rôle dans « Bodybuilder ». Il y interprète le coach de Vincent Morel (Yolin François Gauvin), le gérant d'une salle de musculation. Il a 58 ans et un corps de rêve. Du moins pour ceux qui trouvent joli une masse musculaire maximale. C'est le cas de sa compagne, Léa (Marina Foïs), même si parfois il pousse le bouchon un peu loin. Vincent prépare les championnats de France. Cela implique un régime draconien et une hygiène de vie irréprochable. Il ne pense qu'à cela au point qu'en plein coït, il ne peut s'empêcher de regarder les veines saillantes sur ses biceps, comme si cette image l'excitait plus que le visage de Léa... Un culturiste est forcément narcissique. Un peu masochiste aussi. Mais parfois la vraie vie vous rattrape. Pour Vincent c'est l'arrivée dans sa salle de sport de son fils, Antoine (Vincent Rottiers). Cela fait des années qu'il ne l'a plus vu.



S'il réapparaît tout à coup c'est pour une bonne et simple raison : il a une bande de malfrats aux fesses. Antoine a essayé de faire des « affaires » avec eux. Les bénéfices ne sont pas au rendez-vous et la mise de départ dilapidée. Il préfère donc se mettre « au vert », loin de Lyon, dans ce petit village dans la banlieue de Saint-Etienne. Deux mondes radicalement différents vont devoir cohabiter dans un petit deux pièces. Si le père tente de rattraper ses erreurs du passé, le fils pense essentiellement à se dépêtrer de ses déboires financières.
Malgré des acteurs pleins de bonne volonté (notamment Yolin François Gauvin, véritable culturiste champion du monde et qui fait là ses débuts à l'écran), le film est un peu trop cousu de fil blanc. Comme si chaque personnage tentait d'agir comme un archétype absolu. Le jeune ne peut pas s'empêcher de voler dans les vestiaires du club, le père pardonne tout, même le pire. Et puis il y a tous ces hommes suants en mini slips, en train de déplacer des tonnes de fonte juste pour gagner un centimètre de tour de biceps... Il est très difficile d'avoir un gramme d'empathie pour ces hommes et femmes qui passent quatre heures par jour à se sculpter un corps. Ou plus exactement à le faire souffrir face à une immense glace. Moins glamour, c'est impossible...