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vendredi 21 janvier 2022

De choses et d’autres - Mal au casque

 

Un éleveur turc, pour diminuer le stress de ses vaches laitières, a tenté une expérience. Il en a équipé certaines de casques de réalité virtuelle. Tout en restant à l’étable, elles avaient l’impression de se balader dans de vertes prairies. Résultat, les deux mammifères équipés ont produit en moyenne 27 litres chaque jour contre seulement 22 pour les ruminants bien conscients de leur enfermement.

 

Je pense qu’il faut absolument étendre cette expérience à bien des secteurs de notre société sclérosée pour gagner en productivité. Chaque enseignant, entre deux cours, en salle des profs où il boit des cafés debout, devra porter un casque VR qui le propulsera au bord de la Méditerranée, transformant le petit noir en mojito, le chauffage d’appoint en soleil brûlant et les revendications des collègues syndiqués en musique techno. Une fois de retour en classe, il sera plus détendu et aussi efficace que son ministre de tutelle.


De même, les livreurs de pizza et autres repas issus des chaînes de restauration rapide, pour bien comprendre qu’ils sont l’avenir économique de notre pays puisqu’ils représentent la moitié du million de créations d’entreprises en 2021, devront, entre deux commandes, s’entraîner grâce à la réalité virtuelle à troquer leur vélo pour une Ferrari et vivre par procuration des conseils d’administration des géants du CAC40.

Et même moi je vais demander à ma direction d’être équipé. Avec un casque VR me plongeant en pleine séance du dictionnaire à l’Académie française, je suis certain de faire moins de fautes. Et de trouver facilement le sommeil.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 21 janvier 2022

mercredi 30 août 2017

Cinéma : La grosse déprime du "petit paysan"


La maladie frappe souvent à l’aveugle. Pour les humains mais aussi chez les animaux. Pierre (Swann Arlaud), la trentaine, a repris la ferme de ses parents qui vivent toujours sur place. Célibataire, il consacre tout son temps à son troupeau de vaches laitières. Quand il entend à la télévision que certains animaux en Belgique sont atteints d’une mystérieuse fièvre hémorragique (maladie aussi mystérieuse que la vache folle à ses débuts), il redoute le pire. Alors au moindre signe inquiétant, il appelle son vétérinaire pour être rassuré. Pascale (Sara Giraudeau) joue alors un double rôle. Elle rassure l’éleveur sur la santé de ses vaches et s’enquiert de sa propre santé, de son équilibre, les amours, la solitude car elle reste avant tout sa petite sœur.


Le film, qui s’ouvre par une scène de cauchemar, raconte dans un premier temps cette vie simple, près de la nature, si exigeante aussi. Mais la passion et l’osmose forte entre Pierre et son troupeau font qu’il se sent très à l’aise. Jusqu’au jour où une de ses bêtes se met à saigner du dos. Le premier signe de la fameuse maladie. Le monde de Pierre s’écroule, toute sa vie bascule. Fils de paysan (des éleveurs de vaches laitières), Hubert Charuel a directement puisé dans ses souvenirs pour écrire ce film, son premier.
Dans les années 90, quand des dizaines et des dizaines de troupeaux contaminés par la maladie de la vache folle étaient abattus en prévention, ses parents vivaient dans une tension permanente. Il raconte que sa mère, toujours en activité, lui a confié «Si ça arrive chez nous, je me suicide. » Le suicide dans le monde paysan. Cela aurait pu être le sujet particulièrement d’actualité ces dernières années de ce film.
■ Réalisme
Mais Hubert Charuel est un indé- crottable optimiste. Son héros, face à la maladie, ne veut pas baisser les bras. Il tente dans une sorte de pied de nez au destin de cacher la maladie de la vache. Il l’isole du troupeau, persuadé qu’il n’y aura pas de contagion. Inéluctablement, la vache meurt. Il fait disparaître la carcasse (les paysans solitaires sont pleins de ressources) et déclare simplement à la gendarmerie, comme c’est obligatoire, que sa vache s’est échappée. A la mort d’une seconde bête, il va jusqu’à voler un animal chez un voisin qui a totalement robotisé son exploitation.
Finalement ce sera sa sœur qui va réussir à lui faire entendre raison. La fin a des airs de documentaires. Comme certaines scènes pas simulées comme l’auscultation du cul d’une vache par Sara Giraudeau ou le vêlage délicat mené de main de maître par Swann Arlaud. Un film dans le concret, le réel, le difficile. Car l’agriculture traverse une grave crise. La seule solution pour s’en sortir reste la force morale des hommes et femmes qui la façonnent depuis des siècles. S’il est une « morale » à retenir de ce long-métrage qui a remporté la semaine dernière le grand prix au festival du film francophone d’Angoulême, c’est bien celle-là. 
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Petite entreprise et histoire familiales



Comment, quand on est fils de paysan, devient-on réalisateur de cinéma ? Facile. Il suffit d’avoir des parents cools et un réel talent. Hubert Charuel a donc réussi le concours de la Femis (école nationale du cinéma, section production) avec la bénédiiction de ses parents et a utilisé une partie de sa propre histoire pour ce premier film d’une forte humanité. Comme pour définitivement tirer un trait sur ce futur auquel il semblait promis comme trop de fils de paysan. Il a fait un autre choix.
Une histoire familiale qu’il assume et revendique. Pour preuve, quand il cherche un décor pour le film, il va naturellement dans la ferme de ses parents. Même si la salle de traite est très exiguë, au point de faire cauchemarder le directeur de photographie et encore plus le cameraman. De même c’est avec une sorte d’évidence qu’il a demandé à ses parents de jouer dans le film. Son père dans le rôle du père de Pierre, sa mère endosse le costume strict d’une contrôleuse de qualité. Le plus cocasse étant le grand-père, interprétant un vieux voisin qui semble un peu zinzin bien qu’il comprenne tout ce qui se passe dans l’exploitation de Pierre.
Pour interpréter ce dernier, Swann Arlaud a fait plusieurs séjours d’immersion dans des exploitations en activité. Il a découvert un monde inconnu mais a tiré son épingle du jeu, les éleveurs formateurs regrettant même son départ tant, en quelques jours, il était devenu efficace et travailleur. Conséquence, il a remporté le prix du meilleur acteur au festival du film d’Angoulême. 
➤ « Petit Paysan », drame de Hubert Charuel (France, 1 h 30) avec Swann Arlaud, Sara Giraudeau, Bouli Lanners.

lundi 29 février 2016

Cinéma : Et Jacqueline devint une star...

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Omniprésente bien que muette, Jacqueline, "La vache" du film de Mohamed Hamidi, crève l'écran. Tout comme son propriétaire, Fatah (Fatsah Bouyahmed).


Le cinéma, s'il doit faire réfléchir sur les maux de notre monde, peut aussi distraire et émouvoir. Sans s'affranchir du premier principe. Ils sont trop rares les films qui tout en faisant passer un excellent moment aux spectateurs, les éduquent, les enrichissent et œuvrent en catimini à construire une société tolérante et apaisée. Ne boudez pas cette chance ni votre plaisir, précipitez-vous dans les salles qui programment "La vache" de Mohamed Hamidi. Vous en sortirez avec des étoiles dans les yeux, quelques larmes et une formidable envie de vous dépasser, tel le héros de ce road-movie en tous points remarquable. Fatah (Fatsah Bouyahmed) cultive son jardin et prend soin de Jacqueline, sa vache, dans ce petit village du bled algérien. Il vit chichement mais heureux, à bichonner sa Tarentaise placide et vaillante, auprès de sa femme et de ses deux filles.
La faute à la poire
Ce modeste paysan, en plus de fredonner les tubes des années 80 avec son accent (hilarante version de "Li dimons de minuit"...) rêve de participer au Salon de l'agriculture de Paris. Comme il l'explique à ses amis, c'est un peu "La Mecque des paysans". Le jour où il reçoit son invitation, pour lui et Jacqueline, il saute de joie. Problème : le déplacement n'est pas pris en charge. Il demande l'aide du village. Tous se cotisent pour payer la traversée en bateau. Mais arrivé à Marseille, c'est à pied qu'il va rejoindre la capitale. Un homme et une vache sur les routes... Toute ressemblance avec "La vache et le prisonnier" n'est pas fortuite. Mohamed Hamidi, scénariste et réalisateur du film, avoue un hommage au chef-d'œuvre de Verneuil. Il fallait donc un acteur à la forte personnalité pour supporter la comparaison avec Fernandel. Fatsah Bouyahmed impose son personnage de paysan rêveur et un peu naïf avec une virtuosité de tous les instants. Gringalet, chauve et timide, il attire immédiatement la sympathie. Dans son périple, il recevra l'aide de plusieurs personnes, sans jamais rien demander. Il succombe aux plaisirs locaux, notamment une eau-de-vie de poire qui va lui gâcher la vie et permettre de créer une réplique prochainement culte : "C'est la faute à la poire !" Jacqueline, épuisée par le voyage, doit rester quelques jours au repos. Fatah trouvera étable et table accueillante chez Philippe, un comte ruiné (Lambert Wilson), bourru et pédant au premier abord mais qui lui aussi succombera à la gentillesse de Fatah. Le film se termine en apothéose au Salon de l'agriculture, avec une séquence très émouvante, preuve que tout n'est pas perdu si un tel film parvient à faire pleurer les Français grâce à une histoire d'Arabes et de ruminant.
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Jamel Debbouze, militant de l'humour

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Producteur et interprète du film de Mohamed Hamidi, Jamel Debbouze ne s'est pas économisé pour assurer la promotion de ce film qu'il qualifie de "réconciliateur, rassembleur, drôle et touchant". Auréolé du Grand prix au Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez en janvier dernier, "La vache" signe la seconde collaboration entre l'acteur franco-marocain et le réalisateur d'origine algérienne. En 2011, ils étaient unis dans la belle aventure de "Né quelque part", l'histoire d'un jeune obligé de retourner au bled. Cette fois le héros fait le chemin inverse, abandonnant la vie simple et rurale de son village pour se frotter à la frénésie de la société européenne. Le message est à chaque fois le même : montrer au public que l'on peut vivre en bonne harmonie, malgré nos différences. L'aventure de Fatah induit aussi une série de belles rencontres. La France montrée dans le film pourrait sembler un peu trop angélique mais dans la réalité, il se trouve certainement plus d'hommes et de femmes capables de s'entraider, sans tenir compte de l'origine, la couleur de peau ou la religion, que de racistes rejetant en vrac tout ce qui n'est pas "de souche". Dans 20 ou 30 ans, espérons qu'aux générations futures restera cette image de la France et pas celle des intégristes de Daech ou des identitaires repliés sur leurs valeurs rances.

samedi 25 juillet 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Tourisme agraire


Le tourisme autour de l'agriculture a mis du temps à s'imposer dans certains départements très ruraux. Aujourd'hui le vacancier en mal d'authenticité en a pour son argent. Les plus concernés optent pour le gîte à la ferme. Comme dans un vieux film de Georges Rouquier (« Farrebique », chef-d'œuvre du documentaire), on assiste aux travaux quotidiens des hôtes, de la traite des vaches aux moissons en passant par la collecte des œufs dans la basse-cour. Œufs dégustés le lendemain matin au petit-déjeuner arrosés de lait cru au goût incroyablement différent de celui des grandes surfaces. D'autres formules existent. Un peu plus didactiques et, il faut bien le dire, attrape-touristes. Lors de notre séjour dans ce département verdoyant du centre de la future grande région, nous avons failli visiter les allées du plus grand marché aux bestiaux du coin. Failli seulement. Deux événements nous en ont dissuadés.
La semaine précédente, un bovin s'est échappé de son box, foncé à l'aveuglette et encorné un éleveur qui y a perdu la vie. Le quotidien local a beau préciser que « les touristes naviguent quant à eux dans un espace hautement sécurisé », j'aime trop les animaux pour finir embroché comme un bête matador. L'autre réserve vient de ma femme. Une précédente visite, en ravissantes tennis blanches, s'est mal terminée. Si au début le sol est immaculé, rapidement elle s'est retrouvée à patauger dans de la paille imbibée d'urine et de bouse. Les chaussures n'y ont pas survécu. L'authenticité c'est bien joli, mais uniquement chaussé de bottes en caoutchouc.

lundi 2 février 2009

BD - Taureau ET vache


Si Cauvin a un peu réduit sa production (il fut un temps où ce scénariste produisait un tiers des publications Dupuis), il ne se contente pas de ses titres vedettes (Tuniques Bleues, Cédric, Femmes en blanc...) et sait prendre des risques. 

Il lance une nouvelle série avec un dessinateur talentueux, David de Thuin, au trait simple et expressif. Un fermier, voulant augmenter son cheptel, achète un taureau sur un marché. Désiré, c'est le nom du bovidé, se révèle avoir un secret inavouable : mâle, il se sent vache. Il est incapable de se reproduire avec Rosette, la vache de la ferme. 

Sur cette idée farfelue, Cauvin propose 46 pages d'un dialogue savoureux, plein de sous-entendus formant une jolie ode à la différence.

« Coup de foudre » (tome 1), Dupuis, 9,45 €