Dieu qu'elle est belle ! Ava Gardner ne laisse personne indifférent. La star américaine a suscité nombre d'amours déçues. Belle au cinéma, belle dans la vie de tous les jours et, paradoxalement, encore plus belle quand elle est dessinée par Ana Mirallès. L'illustratrice espagnole, au style réaliste d'une finesse et d'une légèreté inégalée, a trouvé dans cette figure de la beauté un modèle d'exception. Et pour corser le tout, Ava n'est pas commode et sait toujours ce qu'elle veut.
Cela permet au scénariste de cette BD, Emilio Ruiz (compagnon de la dessinatrice), de condenser un portrait de la star en relatant 48 heures de sa vie. 48 heures passées au Brésil en 1954. Elle a accepté de faire une tournée mondiale pour la promotion de son nouveau film, La comtesse aux pieds nus. Elle arrive dans un pays au bord de la rupture. Le président vient de mourir et la situation politique est explosive. Elle est admirée, mais reste un symbole de cette Amérique honnie par une bonne partie de la population.
Tout se complique dès la descente de l'avion. Les journalistes et des dizaines de fans sont au pied de la passerelle. Presque une émeute. Ava est tripotée, chahutée. La police intervient mollement. Arrivée à l'hôtel, elle décide d'annuler la conférence de presse. Dès lors elle jouera en pays ennemi. Cela ne l'empêchera pas de faire quelques caprices (changer d'hôtel ou de chauffeur, visiter la ville en pleine nuit, boire plus que de raison...). On découvre une femme libre, déterminée et sûre d'elle. Même si elle est toujours torturée par son ex-mari, Frank Sinatra et courtisée par le milliardaire Howard Hugues.
Cette BD, aux pages d'une beauté remarquable (mais c'est toujours le cas avec Ana Mirallès), refait vivre une époque où les réseaux sociaux ne faisaient pas la pluie et le beau temps chez les people. Une seule chose importait : le talent. Et Ava n'en a jamais manqué.
"Ava, 48 heures dans la vie d'Ava Gardner", Dargaud, 112 pages, 22,50 €


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Les fameux "dix d'Hollywood", scénaristes et réalisateurs américains accusés d'être membres du parti communiste, ont bataillé contre le syndicat des acteurs dirigé par John Wayne et Ronald Reagan. Mais leur pire ennemie fut Hedda Hooper (Helen Mirren). Ancienne actrice du muet, elle quitte le feu des projecteurs durant les années 40. Sa reconversion dans le journalisme lui permet de toujours briller en société. Elle tient une rubrique de potins sur le tout Hollywood. Rubrique très suivie. Mais elle est aussi très extrémiste dans ses avis. Elle profite de sa tribune et de sa notoriété pour détruire ceux qui ne lui plaisent pas. Dans le film, elle prend Dalton Trumbo comme tête de turc. Véritable peste, capable de tous les chantages pour arriver à ses fins, elle est la "méchante" du film. Pour l'interpréter, Helen Mirren fait des prouesses. Pas évident de jouer avec des chapeaux farfelus, signe de reconnaissance d'Hedda Hooper, qui, en plus de ses opinions politiques exécrables, manquait horriblement de bon goût.


