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jeudi 13 février 2025

BD - Le Brésil en ébullition quand Ava Gardner arrive pieds nus

Dieu qu'elle est belle ! Ava Gardner ne laisse personne indifférent. La star américaine a suscité nombre d'amours déçues. Belle au cinéma, belle dans la vie de tous les jours et, paradoxalement, encore plus belle quand elle est dessinée par Ana Mirallès. L'illustratrice espagnole, au style réaliste d'une finesse et d'une légèreté inégalée, a trouvé dans cette figure de la beauté un modèle d'exception. Et pour corser le tout, Ava n'est pas commode et sait toujours ce qu'elle veut. 

Cela permet au scénariste de cette BD, Emilio Ruiz (compagnon de la dessinatrice), de condenser un portrait de la star en relatant 48 heures de sa vie. 48 heures passées au Brésil en 1954. Elle a accepté de faire une tournée mondiale pour la promotion de son nouveau film, La comtesse aux pieds nus. Elle arrive dans un pays au bord de la rupture. Le président vient de mourir et la situation politique est explosive. Elle est admirée, mais reste un symbole de cette Amérique honnie par une bonne partie de la population. 

Tout se complique dès la descente de l'avion. Les journalistes et des dizaines de fans sont au pied de la passerelle. Presque une émeute. Ava est tripotée, chahutée. La police intervient mollement. Arrivée à l'hôtel, elle décide d'annuler la conférence de presse. Dès lors elle jouera en pays ennemi. Cela ne l'empêchera pas de faire quelques caprices (changer d'hôtel ou de chauffeur, visiter la ville en pleine nuit, boire plus que de raison...). On découvre une femme libre, déterminée et sûre d'elle. Même si elle est toujours torturée par son ex-mari, Frank Sinatra et courtisée par le milliardaire Howard Hugues. 

Cette BD, aux pages d'une beauté remarquable (mais c'est toujours le cas avec Ana Mirallès), refait vivre une époque où les réseaux sociaux ne faisaient pas la pluie et le beau temps chez les people. Une seule chose importait : le talent. Et Ava n'en a jamais manqué. 

"Ava, 48 heures dans la vie d'Ava Gardner", Dargaud, 112 pages, 22,50 €

samedi 17 août 2024

Cinéma - “MaXXXine” met Hollywood à feu et à sang

Maxine touche au but. Elle va enfin passer du porno au vrai cinéma. Un film d’horreur sur Hollywood, dernier d’une trilogie sur une jeune femme forte prête à tout pour réussir.


Et de trois. Troisième film de Ti West avec Mia Goth dans le rôle de Maxine Minx. Après X et Pearl, sortis en vidéo, le dernier volet de cette saga bénéficie d’un gros budget et passe enfin par la case cinéma. Petit rappel pour ceux qui ont raté les chapitres précédents. Maxine, comédienne aspirante, a vécu l’enfer durant son premier tournage X dans une ferme au Texas où toute l’équipe a été massacrée. Pearl, second film, raconte son enfance auprès de son père, un fou religieux.

On retrouve la jeune comédienne au cœur des années 80 dans MaXXXine alors qu’elle remporte un beau succès dans le porno. Mais elle veut plus, devenir une idole, une star de cinéma. Elle passe donc un casting et obtient le premier rôle d’un film d’horreur, la suite d’un premier opus plébiscité par le public. La chance de sa vie. Problème, c’est pile le moment où un tueur en série aux références sataniques terrorise Los Angeles et qu’un inconnu tente de la faire chanter.

Un film d’action, intelligent et bourré de références, MaXXXine c’est beaucoup de scènes gore, souvent très réussies, une présentation clinique et glauque de l’industrie du porno mais surtout une plongée dans les rouages de Hollywood, l’usine à films qui tourne à plein régime.

Le film intéressera plus particulièrement les cinéphiles amateurs de productions américaines car une bonne partie des scènes se déroule dans les studios Universal, avec façades en trompe-l’œil de ces villes désertes, seulement traversées par des machinistes ou quelques gardiens perdus. Ti West s’est fait plaisir en utilisant des décors mythiques comme le motel Bates et la maison de Psychose. Sans oublier les collines de Hollywood.


Un film dominé par la performance de Mia Goth mais qui offre une belle brochette de seconds rôles, de la cinéaste ambitieuse (Elizabeth Debicki) obligée de se battre avec les producteurs, tous des hommes avides d’argent et de chair fraîche, au détective ripou (Kevin Bacon) qui prend pas mal de coups, essentiellement de Maxine en passant par l’agent de la comédienne, plus humain qu’il n’y paraît (Giancarlo Esposito) et le formidable duo de flics composé par Michelle Monaghan et Bobby Cannavale. Entre hommage et véritable film d’horreur, plongée dans les années 80 et mise en avant de la lutte des femmes pour une meilleure reconnaissance dans la société, MaXXXine détonne dans la programmation assez morne de cet été 2024.

Film de Ti West avec Mia Goth, Elizabeth Debicki, Kevin Bacon, Bobby Cannavale, Michelle Monaghan

 

dimanche 14 mai 2023

BD - Hollywood, entre rêve et réalité

Ne jamais croire ce qui est montré dans les films américains. Cette usine à rêves dissimule une réalité souvent moins flatteuse. Zidrou la raconte dans des histoires courtes se déroulant dans le Hollywood des années 50. Maltaite se charge de la dessiner dans ce style à cheval entre un réalisme sans faille et des gueules caricaturales.

On croise dans ce premier recueil de récits parus dans Fluide Glacial une starlette un peu désespérée, persuadée que cette fois c’est la bonne elle va prendre son envol vers la gloire, un ancien cascadeur reconverti dans le hot dog et une jeune comédienne, d’origine asiatique, qui sera enfin filmée en gros plan.
De l’humour très noir qui frappe toujours là où ça fait le plus mal.

« Hollywoodland » (tome I), Fluide Glacial, 13,90 €

dimanche 8 janvier 2023

Cinéma - Pourquoi il ne faut absolument pas rater le film Babylon de Damien Chazelle avec Brad Pitt et Margot Robbie

Un film unique, comme rarement Hollywood et l'industrie du cinéma en produit. Une œuvre d'une extraordinaire ambition et d'un souffle, d'un brio, d'une force qui balaie tout sur son passage. Plonger dans l'univers de Babylon c'est se laisser envahir par une musique entraînante, des scènes osées et délirantes. Et une distribution époustouflante avec Brad Pitt et Margot Robbie en vedettes.

L'histoire en parallèle de plusieurs personnes qui ont participé à la fabrication de la légende du cinéma hollywoodien. Un grand acteur du muet (Brad Pitt), une jeune fille qui n'a pas froid aux yeux et qui va devenir une star (Margot Robbie), un jeune Mexicain (Diego Calva), homme de confiance d'un studio puis visionnaire de l'avenir du cinéma, un trompettiste noir (Jovan Adepo) ne vivant que pour sa musique, rencontrant la célébrité quand le cinéma devient parlant et musical. Plus de trois heures intenses pour raconter la grandeur et la décadence de ce qui allait devenir une industrie mondiale.

Dans ce film, son cinquième seulement, Damien Chazelle, rencontré ce samedi 14 janvier à Paris, a voulu y mettre "tout ce qui m'a choqué dans l'histoire d'Hollywood. On pensait que c'était une époque sage et glam, mais il y avait beaucoup d'histoires cachées autour du sexe, de la drogue, des mœurs." Une ambiance "punk-rock" qu'il a filmée dans une introduction qui devrait rester dans l'anthologie du cinéma. Une fête dans la villa d'un riche producteur. Tous les excès sont permis, encouragés. La musique est entraînante, l'alcool coule à flots, les hommes et femmes perdent toute inhibition, tous des artisans du cinéma muet de l'époque, se lâchent pour une nuit de folie. "Contrairement à Lalaland, il fallait cacher la chorégraphie de cette fête, explique le réalisateur. Donner l'impression que c'est spontané capter le côté fou. Nous avons beaucoup répété pour cela.

Brad Pitt, lors d'une conférence de Presse au Bristol, toujours ce samedi 14 janvier, a confirme le côté fou de la période racontée dans le film : "On croyait qu'à l'époque tout était à sa place dans un environnement stérile. Mais il y avait une absence totale de rèles, la liberté dans tous ses excès."  

Babylon va beaucoup plus loin dans l'aspect superficiel du délire de l'époque. Le film raconte aussi comment à cette époque, "à Los Angeles, n'importe qui pouvait faire n’importe quoi." Brad Pitt incarne une star du cinéma muet, volage, alcoolique mais aussi parfaitement conscient que si ses films attirent des millions de spectateurs, ce ne sont que des œuvres mineures. Il voudrait faire plus, mieux. Mais quand arrive le parlant, il voit son monde s'effondrer, délogé du devant de la scène par les comédiens passés par le théâtre. 

Il faut aussi voir ce film pour l'incroyable composition de Margot Robbie. Elle se donne à fond dans ce rôle physique. Sa beauté, sa présence, irradie tous les plans où elle intervient. Quand elle est brillante devant la caméra, mais aussi quand elle pète les plombs, brûle ses cachets en drogue ou au casino, jusqu'à se retrouver endettée auprès d'un gangster de la pire espèce. On découvre dans ce rôle un étonnant Tobey Maguire, véritable cauchemar ambulant entre folie furieuse et violence gratuite. 

samedi 16 mai 2020

Série télé - Les étranges pratiques de «Hollywood»


Si Hollywood, le cinéma et les grands studios font un peu moins rêver de nos jours, à la fin de la seconde guerre mondiale, cette ville était le symbole de la réussite, de la gloire et de la reconnaissance. Voilà pourquoi des centaines de jeunes hommes et femmes, une fois leur devoir de citoyen accompli, ont déferlé dans la région pour accéder au Saint-Graal: décrocher un contrat avec un studio. 


Cette mini-série sur Netflix de 7 épisodes signés Ryan Murphy (Glee, The Politician) plonge littéralement le spectateur au cœur de cette marmite en ébullition. On suit le parcours de quelques aspirants à la gloire, un réalisateur, un scénariste, plusieurs acteurs et actrices. Premier à entrer en scène, Jack (David Corenswet), tente vainement de faire de la figuration. Il a une belle gueule mais aucune expérience de comédien. 
Criblé de dettes, il accepte un boulot dans une station-service qui sert de couverture à un proxénète. Jack, bel étalon toujours prêt à rendre service, va gagner beaucoup d’argent et se faire des relations. Il va ainsi rencontrer la femme du propriétaire d’un studio et pouvoir faire ses preuves devant la caméra. Il sera rejoint au fil des épisodes par un scénariste, noir et homosexuel et un réalisateur qui veut permettre aux minorités d’exister à l’écran. Une comédienne, noire, va venir compléter le portrait de cette Amérique des années 50 très raciste et pas du tout tolérante. Pourtant dans la série, comme si tout se passait dans un monde parallèle, tous vont rencontrer le succès.
 Brillamment réalisé, avec des décors dignes des grosses productions de l’époque, «Hollywood» n’est pas le biopic réaliste d’une génération mais sa version rêvée si tolérance et ouverture d’esprit avaient eu droit de cité. 

mercredi 8 août 2018

Cinéma - Les dessous de Hollywood explorés dans "Under the silver Lake"



Présenté à Cannes, revenu bredouille, « Under the silver Lake » traite de pop culture selon son réalisateur, David Robert Mitchell. Cette culture omniprésente depuis un demi-siècle. Tout semble relié, de la dernière chanson à la mode aux séries cultes en passant par des produits aussi inutiles qu’addictifs.

On peut donc voir ce film, parfois un peu bavard dans ses démonstrations tarabiscotées, comme une critique en creux de la société capitalistique du paraître. La norme en Californie et plus particulièrement à Los Angeles, théâtre des événements vécus par Sam (Andrew Garfield). Jeune trentenaire oisif, il rêve de célébrité. Sans le sou, sous la menace d’une expulsion de son appartement dans une résidence fermée avec piscine au centre, il profite de la quiétude de sa terrasse.

Un peu comme dans « Fenêtre sur cour » (première référence aux chefs-d’œuvre du cinéma américain, il y en a des dizaines), il observe avec des jumelles une voisine qui nourrit ses perroquets topless ou la jolie Sarah (Riley Keough), blonde évanescente, se baignant en toute innocence dans l’eau claire.

Personnages troubles
Alors qu’un tueur de chiens sévit dans le quartier, Sam entre en relation avec Sarah grâce à son chien. Il obtient même un rendez-vous pour le lendemain. Mais quand il sonne à la porte 24 heures plus tard, l’appartement est vide. Sarah et ses deux locataires ont disparu.

La veille il a remarqué un mystérieux et très louche homme habillé en pirate. Sam, abandonnant tout, se lance donc à la recherche de belle blonde.

La quête du jeune homme le mène en divers endroits de Los Angeles. Dans des grottes cachées, sur des toits de buildings, dans des magasins de comics, au cœur de l’antre d’un artiste adepte de la théorie du complot. Il croise la route de personnages étranges, comme la Californie en regorge. Un ami qui ne met que des chemisiers de femmes, le roi des SDF et sa couronne en carton, un compositeur de génie, fou cloîtré dans sa maison-château, une ribambelle d’escort, starlettes s’occupant en attendant le rôle qui leur permettra de devenir célèbres.

C’est mystique et souvent abscons. Mais il ne faut pas regarder ce film avec des yeux réalistes. Laissez-vous bercer par le fantastique diffus et vous aurez alors l’impression de comprendre ce qui se passe sous la surface de ce fameux lac argenté.  

➤ « Under The Silver Lake », thriller de David Robert Mitchell (USA, 2 h 19) avec Andrew Garfield, Riley Keough, Topher Grace.

vendredi 5 août 2016

DVD et blu-ray : Les frères Coen entre hommage et critique d'Hollywood dans "Ave Cesar !"


Plus cinéastes qu'auteurs dans "Ave, César", les frères Coen ont surtout décidé de se faire plaisir en signant ce grand film sur le Hollywood des années 50. Un luxe de décors et de costumes, des acteurs toujours dans l'ironie, une intrigue sur fond de guerre froide, même si le tout semble un peu décousu, on est devant un grand film comme seuls savent les réaliser des Américains entre modernité et fascination du passé.
Sous prétexte de montrer le travail de "fixer" d'Eddie Mannix (Josh Brolin), "Ave, César" raconte une journée ordinaire de cet homme, employé par un grand studio pour surveiller les stars du moment. Il commence par rattraper la bévue d'une charmante starlette sur le point de se faire photographier dans des tenues et poses très compromettantes. Depuis son bureau, il gère tout ce qui se dit et fait sur les nombreux plateaux. Avec la volonté que tout se passe pour le mieux. En clair que les caprices des stars soient peu nombreux et l'investissement des actionnaires très rentable. Entre une charmante naïade spécialisée en comédie musicale aquatique (Scarlett Johansson) enceinte et incapable de savoir qui est le père, un acteur de légende cible de kidnappeurs, reconverti dans le péplum religieux (George Clooney) et un gentil cowboy obligé de tourner dans un vrai film avec de vraies répliques, les difficultés s'accumulent.
D'autant qu'il vient de recevoir une proposition d'emploi dans une tout autre branche : l'aviation. Un secteur en plein développement contrairement au cinéma qui risque de disparaître à brève échéance avec la montée en puissance de la télévision.

L'ensemble donne des impressions de film à sketches, avec quelques moments de bravoure comme la scène où un cinéaste lettré et distingué (Ralph Fiennes) tente d'apprendre à articuler au garçon vacher (Alden Ehrenreich) grimé en dandy portant le smoking. Moins convaincantes les scènes du complot communiste dans la demeure hyperluxueuse du danseur vedette Burt Gurney, interprété par Channing Tatum. De plus, l'idée d'un film sur la foi semble assez éloignée du résultat final. Car Eddie Mannix, qui se confesse chaque jour, est bien le seul véritable croyant au royaume du fric et des apparences. Pour preuve la scène finale de George Clooney, prouesse d'émotion, se terminant par un gag totalement inattendu.
"Ave César !", Universal, 17,99 € le DVD, 19,99 € le blu-ray.




samedi 30 avril 2016

Cinéma : Dalton Trumbo, sa vie est un scénario

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Il a remporté deux Oscars du meilleur scénario. Mais jamais en son nom propre. Américain et communiste, Dalton Trumbo a dû subir les foudres du maccarthysme. Jay Roach en a fait un film.

Si Hollywood a transformé le cinéma en véritable industrie, cela n'a pas empêché l'éclosion de talents singuliers. Pour faire un bon film, il faut de l'argent, des stars mais surtout et avant tout une bonne histoire. Même s'ils ne sont pas les plus célèbres, les scénaristes sont à la base de tous les succès. Une vérité qui a traversé les âges et les modes. Durant les années 50, en pleine Guerre froide, certains auteurs progressistes ont fait le choix d'adhérer au parti communiste. Un militantisme qui n'était pas du goût des plus « patriotes ». Sous prétexte de contrer un complot de l'intérieur, certains politiques ont stigmatisé ces artistes sur leurs choix politiques. Une liste noire a donc été élaborée sur dénonciation.
Liste noire
Des milliers d'hommes et de femmes qui ont tout perdu du jour au lendemain. Licenciés, chassés de leurs maisons, mis en prison : cette période peu reluisante de l'histoire des USA a pris fin dans les années 60 avec l'arrivée de Kennedy au pouvoir. Hollywood, pour faire un exemple, a convoqué dix créateurs devant une commission d'enquête du Congrès.
Parmi eux: Dalton Trumbo (Bryan Cranston). Écrivain, reconverti dans l'industrie cinématographique, il invente des histoires comme d'autres fument les cigarettes : les unes après les autres. Le film de Jay Roach, basé sur des documents d'archives, reprend minutieusement la descente aux enfers de cet homme pourtant exemplaire. Il perd son titre de scénariste le mieux payé au monde et passe une année en prison à subir les humiliations des gardiens et des autres détenus. A sa sortie, il est sur la liste noire. Interdiction aux producteurs de l'employer. Il devra accepter des travaux alimentaires, sous pseudonymes, pour subvenir aux besoins de sa famille. Cela ne l'empêche pas d'être toujours aussi brillant, il remporte ainsi deux oscars du meilleur scénario pour « Vacances romaines » (1953) et « Les clameurs se sont tues » (1957).
Le chemin sera long avant de pouvoir de nouveau signer de son véritable nom. Il reviendra sur le devant de la scène en participant à deux chefs-d'œuvre que sont « Spartacus » avec Kirk Douglas et « Exodus » d'Otto Preminger. Le film de Jay Roach est un biopic comme sait si bien les réaliser la fameuse industrie d'Hollywood. Avec beaucoup de pathos quand les relations du héros avec sa femme (Diane Lane) se dégradent ou qu'il doit faire face à la rébellion de sa fille adolescente (Elle Fanning dans un rôle à 1000 lieues de la petite princesse de Maléfique). L'homme est charmeur, borné, brillant et talentueux. Avec tant de qualités, on ne peut qu'avoir beaucoup d'ennemis.
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 Une peau de vache avec un beau chapeau
dalton trumbo, usa, communisme, scénariste, hollywoodLes fameux "dix d'Hollywood", scénaristes et réalisateurs américains accusés d'être membres du parti communiste, ont bataillé contre le syndicat des acteurs dirigé par John Wayne et Ronald Reagan. Mais leur pire ennemie fut Hedda Hooper (Helen Mirren). Ancienne actrice du muet, elle quitte le feu des projecteurs durant les années 40. Sa reconversion dans le journalisme lui permet de toujours briller en société. Elle tient une rubrique de potins sur le tout Hollywood. Rubrique très suivie. Mais elle est aussi très extrémiste dans ses avis. Elle profite de sa tribune et de sa notoriété pour détruire ceux qui ne lui plaisent pas. Dans le film, elle prend Dalton Trumbo comme tête de turc. Véritable peste, capable de tous les chantages pour arriver à ses fins, elle est la "méchante" du film. Pour l'interpréter, Helen Mirren fait des prouesses. Pas évident de jouer avec des chapeaux farfelus, signe de reconnaissance d'Hedda Hooper, qui, en plus de ses opinions politiques exécrables, manquait horriblement de bon goût.

lundi 8 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Hollywood sur Seine

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Fleur Pellerin ne laissera pas un souvenir impérissable au ministère de la Culture. Remplaçante un peu au pied levé d'Aurélie Filipetti partie avec perte et fracas, celle qui s'est imposée par ses connaissances en nouvelles technologies a souvent bafouillé et gaffé dans ses attributions.
La semaine dernière elle était à Hollywood pour "vendre" la production cinématographique française. Exactement, elle était chargée de vanter à de gros investisseurs, la hausse du crédit d'impôt sur les films étrangers, passé à 30 % au 1er janvier et désormais accessible aux productions de plus de 4 millions d'euros. On est passé d'une logique d'exception culturelle française à une simple volonté d'attirer les capitaux et les emplois sur notre sol.
Son déplacement s'est soldé par quelques annonces. Christopher Nolan (Inception, Interstellar) par exemple, tournera en France son prochain film. Logique puisqu'il s'agit de l'histoire de l'évacuation de Dunkerque durant la seconde guerre mondiale. Filmer dans les décors d'origines devait sans doute coûter moins cher que recréer le site en studio. En projet également, mais sans certitude, quelques scènes de deux films Marvel. Espérons qu'il s'agisse du nouveau Spider-Man. L'homme-araignée sur la Tour Eiffel ça aurait de la gueule.
Mais le meilleur, Fleur Pellerin l'a révélé à la fin du séjour : la suite de "Cinquante nuances de Grey" sera en partie réalisé chez nous. On retrouve bien là l'esprit français : défiscaliser une apologie du sadomasochisme. Le Marquis de Sade doit bien ricaner dans son tombeau.

mardi 3 février 2015

Livre - Aux sources des légendes hollywoodiennes

Dans « Hollywood Monsters », Fabrice Bourland revisite le Los Angeles des années 1930, celui de l'âge d'or du cinéma américain.

Les amateurs de cinéma américain d’avant-guerre vont adorer ce roman policier de Fabrice Bourland. Ses deux héros, dont c’est déjà la 6e aventure, quittent le smog londonien pour le soleil californien. Singleton et Trelawney, sortes de Holmes et Watson des années folles, délaissent la riviera française (où les bruits de bottes de Mussolini font résonnent un peu trop fort) pour un séjour réparateur au bord du Pacifique. Dans la capitale mondiale du septième art, ils vont croiser la route d’un loup-garou sur la Mulholland Highway à quelques centaines de mètres des rives du Malibu Lake. Ils se retrouvent plongés dans une enquête policière hors du commun où la victime, une jeune femme, cache dans son corsage un secret inavouable.
Perdus sur cette petite route, un brouillard dense limitant la visibilité, les deux amis ont la peur de la vie quand ils manquent de percuter un homme surgit des fourrés. « L'espace de quelques instants, le visage de celui que j'avais pris au premier abord pour un être humain fut à quelques pouces du mien » raconte Singleton. « c'était une sorte de créature fantastique, mi-homme mi-bête, échappée tout droit d'un conte populaire. Sa face tout entière, ses oreilles, son cou, de même que l'extrémité de ses membres, tout chez lui était recouvert d'une épaisse fourrure. Des poils bruns, longs et drus, pareils à ceux d'un chien... ou d'un loup. » A-t-il un lien avec le meurtre ? Que fuyait-il ? Les questions sont nombreuses et le formidable esprit de déduction des deux détectives va faire merveille au pays de flics dus à cuire.

Quelques stars du passé
Ce polar dense, aux entrées multiples, ne se contente pas de broder sur l’intrigue policière. On devine surtout l’envie de l’auteur de faire revivre une époque qu’il connaît sur le bout des doigts. Des tournages des films d’horreur des studios Universal, aux cabarets de freaks en passant par les soirées arrosées regorgeant de starlettes, « Monsters Hollywood » est une plongée dans un monde où l’insouciance, la joie et l’extravagance étaient les seuls mots d’ordre d’un milieu privilégié.
En plus de quelques monstres bien réels, on croise d’autres monstres sacrés comme Katharine Hepburn ou Dorothy Lamour dans ce roman qui prend parfois des airs de reportage dans le passé.

« Hollywood Monsters » de Fabrice Bourland, 10/18, 7,50 €

lundi 25 octobre 2010

BD - Un vibrant hommage au cinéma d'antan


Le cinéma américain, notamment hollywoodien, a fait rêver des dizaines de générations depuis ses débuts. Mais ce rêve glacé a souvent été à l'origine de bien des drames. Et dès sa naissance. C'est l'histoire que raconte Jack Manini dans « Hollywood », série dessinée par Marc Malès, un auteur aimant particulièrement dessiner les USA du début du XXe siècle. 

C'est un peu avant que débute l'album, en 1891. Max Lexter va présenter son invention au célèbre scientifique Thomas Edison. Un appareil montrant des images animés. L'inventeur du cinéma ne profitera pas de son innovation, Edison lui volant son brevet. Des années plus tard, Max tentera de prendre sa revanche. 

Il deviendra producteur et parmi les premiers à s'installer dans ce Hollywood légendaire. Une série qui devrait raconter l'émergence des studios et de l'industrie du 7e art, tout en gardant en filigrane cette histoire de vengeance à double tranchant. Un premier tome très prometteur.

« Hollywood » (tome 1), Glénat, 13,50 € 

lundi 26 janvier 2009

Roman - Star miniature dans L'usine à rêve de Hollywood racontée par François Rivière

François Rivière joue la nostalgie à fond dans ce roman relatant l'éphémère carrière d'un enfant-acteur dans « L'usine à rêves » du Hollywood des années 50.


En juin 1955, Charles Dulac est un gamin de 11 ans tout ce qu'il y a de plus mignon : « une chevelure blond châtain bouclant en désordre, un petit nez mutin et de bonnes joues dorées par l'éclat du soleil printanier ». Un gentil garçon, élevé par sa grand-mère, qui va voir le cours de son existence modifié quand il croise, sur les plages de Biarritz, la route d'un couple d'Anglais, Alex et Donnie Bliss. Charles va devenir Little Charlie et partir à la conquête d'Hollywood en compagnie de Donnie, la scénariste de cette série policière télévisée devenant rapidement un succès d'audience. Charles se souvient encore parfaitement de ces moments où il découvre le 7e art, la gloire, la vie. Une certaine vie. Pas simple et pleine d'excès.

Dans ce roman de François Rivière, c'est Charles le narrateur. De nos jours, il vit reclus dans sa grande villa en France sur la côte Atlantique. Il lit beaucoup et, régulièrement, se passe les bobines des aventures de Little Charlie. Il vit dans le passé mais pourtant n'ose pas affronter une certaine partie de son existence. Quand le petit Charlie a du interrompre sa carrière brutalement et trouver refuge à Bruxelles. Bruxelles où il décide aujourd'hui de se rendre, à la demande de Nico Pharrel, impresario belge qu'il a connu à Los Angeles et qui vit ses derniers jours, rongé par une longue maladie. Charles est réticent car Pharrel est l'homme qui lui a enlevé son plus grand amour, Teddy.

Apprenti acteur

Le roman alterne souvenirs très nostalgiques et redécouverte de Bruxelles par un Charles hésitant de plus en plus à affronter un Pharrel qui semble en savoir plus qu'il n'y paraît sur les secrets de Little Charlie. On se délecte de la découverte du métier de comédien par ce gamin de 12 ans, s'ouvrant à la vie après avoir vécu dans le giron d'une grand-mère possessive. Avant de traverser l'Atlantique, Charles prend des cours de comédie en Angleterre avec une certaine Binkie. « Nous nous enfermions dans le bureau de Binkie où elle déclamait des textes dont je devais ensuite apprendre par cœur certains passages. J'adorais ça. Pour la première fois de ma vie je m'amusais. Être un apprenti acteur était mille fois plus excitant que tout ce que j'avais connu jusqu'alors. »

Sous le charme de Teddy

Une fois à Hollywood, Little Charlie fait un carton. Le gamin, très entouré, va découvrir, en accéléré, tous les travers de la célébrité. A peine adolescent, il prend conscience de son homosexualité en tombant sous le charme d'un de ses partenaires, guère plus âgé que lui. Mais ce dernier l'ignore. Cruelle déception. « Il me fallut les trois semaines de tournage pour admettre que j'avais vécu tout seul mon premier coup de foudre. »

Peu de temps après, Teddy fera son apparition. Teddy, le playboy, toujours entouré de jolies filles, des starlettes en général. Teddy encore présent à l'esprit de Charles et qui va le hanter durant son voyage à Bruxelles.

Ce roman de François Rivière, par ailleurs spécialiste de littérature policière et scénariste de bande dessinée, décrit minutieusement le Hollywood des années 50 et le Bruxelles de nos jours. Avec en lien, le petit Charlie, enfant-acteur ayant oublié de grandir.

« L'usine à rêves » de François Rivière, Robert Laffont, 18 €