Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
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mercredi 8 août 2018
Cinéma - Les dessous de Hollywood explorés dans "Under the silver Lake"
Présenté à Cannes, revenu bredouille, « Under the silver Lake » traite de pop culture selon son réalisateur, David Robert Mitchell. Cette culture omniprésente depuis un demi-siècle. Tout semble relié, de la dernière chanson à la mode aux séries cultes en passant par des produits aussi inutiles qu’addictifs.
On peut donc voir ce film, parfois un peu bavard dans ses démonstrations tarabiscotées, comme une critique en creux de la société capitalistique du paraître. La norme en Californie et plus particulièrement à Los Angeles, théâtre des événements vécus par Sam (Andrew Garfield). Jeune trentenaire oisif, il rêve de célébrité. Sans le sou, sous la menace d’une expulsion de son appartement dans une résidence fermée avec piscine au centre, il profite de la quiétude de sa terrasse.
Un peu comme dans « Fenêtre sur cour » (première référence aux chefs-d’œuvre du cinéma américain, il y en a des dizaines), il observe avec des jumelles une voisine qui nourrit ses perroquets topless ou la jolie Sarah (Riley Keough), blonde évanescente, se baignant en toute innocence dans l’eau claire.
Personnages troubles
Alors qu’un tueur de chiens sévit dans le quartier, Sam entre en relation avec Sarah grâce à son chien. Il obtient même un rendez-vous pour le lendemain. Mais quand il sonne à la porte 24 heures plus tard, l’appartement est vide. Sarah et ses deux locataires ont disparu.
La veille il a remarqué un mystérieux et très louche homme habillé en pirate. Sam, abandonnant tout, se lance donc à la recherche de belle blonde.
La quête du jeune homme le mène en divers endroits de Los Angeles. Dans des grottes cachées, sur des toits de buildings, dans des magasins de comics, au cœur de l’antre d’un artiste adepte de la théorie du complot. Il croise la route de personnages étranges, comme la Californie en regorge. Un ami qui ne met que des chemisiers de femmes, le roi des SDF et sa couronne en carton, un compositeur de génie, fou cloîtré dans sa maison-château, une ribambelle d’escort, starlettes s’occupant en attendant le rôle qui leur permettra de devenir célèbres.
C’est mystique et souvent abscons. Mais il ne faut pas regarder ce film avec des yeux réalistes. Laissez-vous bercer par le fantastique diffus et vous aurez alors l’impression de comprendre ce qui se passe sous la surface de ce fameux lac argenté.
➤ « Under The Silver Lake », thriller de David Robert Mitchell (USA, 2 h 19) avec Andrew Garfield, Riley Keough, Topher Grace.
jeudi 3 avril 2014
Cinéma - Claude Lelouch au tournant de sa vie
44e film de Claude Lelouch, Salaud, on t'aime parle de vie, d'amour et de mort. Le cinéaste admet avoir beaucoup mis de lui dans le personnage interprété par Johnny Hallyday.
Claude Lelouch l’admet bien volontiers : « j’avais très envie de faire ce film. Mais j’ai mis 50 ans à le préparer. » 50 ans, soit la carrière d’un réalisateur français que l’on adore ou que l’on déteste, pas de demi-mesure avec Lelouch. Le personnage principal, Jacques Kaminsky (Johnny Hallyday), reporter de guerre à la retraite retiré dans une immense maison isolée dans la montagne, est miné par l’absence de ses filles.
Lors de la présentation de son 44e film à la presse aux Rencontres cinématographiques du Sud à Avignon fin mars, le réalisateur d'« Itinéraire d’un enfant gâté » a fait un parallèle avec son succès des années 80. « Jean-Paul Belmondo cherchait à fuir sa famille alors que Johnny Hallyday cherche à la réunir. Il achète cette maison pour donner l’occasion à ses filles de venir le voir. La maison est quelque chose d’essentiel dans la famille. J’en ai acheté une en Normandie pour que mes enfants continuent à venir. » Dans le film, le photographe achète la maison et garde au passage l’agent immobilier, Nathalie (lumineuse Sandrine Bonnaire). Une nouvelle histoire d’amour pour ce baroudeur au cœur cabossé.
Chanteurs de canapé
Là aussi, Claude Lelouch a mis un peu de son histoire personnelle dans le scénario. « J’ai eu sept enfants de cinq femmes différentes... Je me suis dit que cela pourrait faire un bon scénario. Je n’ai pas été un bon papa. Pendant 50 ans j’ai terriblement souffert d’aimer plus la caméra que mes proches. J’avais envie de régler un compte avec moi-même. » Pour Claude Lelouch, au-delà de la famille, «mes emmerdes préférées», le sujet du film est la mort, « sur la force de la mort, de l’importance de réussir sa mort. La mort est la plus belle invention de la vie » explique le réalisateur qui parvient une nouvelle fois à nous étonner dans ce film aux multiples rebondissements.
Un film qui repose beaucoup sur un casting alléchant. En plus de Johnny Hallyday, Lelouch a retenu Eddy Mitchell pour le rôle du vieux copain. Le duo marche merveilleusement bien. Ils font une scène d’anthologie quand ils reprennent la chanson d’un vieux western qu’ils regardent ensemble une énième fois dans le canapé.
Côté personnages féminins, outre Sandrine Bonnaire, on retrouve une pléiade d’actrices, de la confirmée Irène Jacob à la jeune et prometteuse Jenna Thiam, sans oublier Valérie Kaprisky méconnaissable. Un film plein de symboles, l’aigle qui scrute l’agitation des humains, le réveillon dans une étable, la collection d’appareils photos, dont la dernière scène, belle et harmonieuse mais qui risque d’en faire tousser certains.
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Johnny est-il bon ?
Une grande partie de la promotion du film est basée sur la présence de Johnny Hallyday au générique. Le choix n’a pas été facile pour Claude Lelouch. Force est de constater que le vieux rocker, s’il n’est pas excellent au niveau du jeu (contrairement à son vieil ami Eddy Mitchell, parfait dans le rôle du médecin confident), apporte un ton particulier à l’ensemble.
« Johnny, c’est la révélation du film » affirme le réalisateur. « Tout le monde avait peur de lui, notamment les assureurs, mais je sais qu’il était le personnage du film. En réalité, c’est lui le gamin de l’histoire. Sandrine Bonnaire tombe amoureuse de lui car c’est ce qu’elle aime dans cet homme. Elle ose se lancer car le fond est bon, le cœur est bon. »
Reporter de guerre, baroudeur, intrépide, dans la réalité « il a peur des femmes, il a peur de ses filles. » Pour obtenir le meilleur résultat possible, Claude Lelouch a utilisé quelques subterfuges. Comme le premier baiser entre Sandrine Bonnaire et Johnny Hallyday. « Il ne savait pas qu’elle allait l’embrasser. Ainsi j’ai pu filmer la surprise dans son regard. ». Une scène spontanée comme Lelouch sait si bien les distiller dans ses films. Johnny a même improvisé cette réplique à la fin d’un repas de famille tendu « Putain, mais j’ai raté ma vie ! » A méditer par tous les pères distants avant qu’il ne soit trop tard.
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