Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
dimanche 7 octobre 2018
Polar - Lettres ou pas lettres d'Hercule Poirot
Sophie Hannah, romancière anglaise, a accepté le défi de marcher sur les traces d’Agatha Christie. Elle a hérité du plus fameux des personnages de la Reine du crime : Hercule Poirot. «Crime en toutes lettres » est le troisième roman des nouvelles enquêtes du détective belge aux moustaches savamment gominées. Il enquête sur la mort d’un vieil homme dont la famille accumule les secrets. Un roman brillant, digne d’Agatha Christie, mais avec un peu plus de féminisme dans une Angleterre vieillotte et décidément trop macho pour notre époque.
Tout commence par une altercation entre Hercule Poirot et une belle inconnue. Cette dernière reproche au détective de lui avoir envoyé une lettre calomnieuse. Dedans, il l’accuse du meurtre de Barnabas Pandy. Or, non seulement elle affirme n’avoir jamais tué personne, mais en plus elle ne sait pas qui est ce Barnabas Pandy. Poirot, interloqué, tente de se défendre. En vain. Il ne peut donc pas lui dire que cette lettre n’est pas de lui. Et que lui aussi ne connaît pas de Barnabas Pandy.
Tout se complique quand trois autres personnes viennent elles aussi clamer avec véhé- mence, dans les bureaux de Poirot, leur innocence dans ce meurtre. Car être accusé par le célèbre Hercule Poirot, n’est pas sans conséquence à l’époque. Face à cette multiplication de faux grossiers, Hercule Poirot décide d’enquêter avec son ami l’inspecteur Catchpool qui endosse le rôle de narrateur. Rapidement, il découvre que le fameux mort, un vieil homme, a été découvert noyé dans sa baignoire. Mais la police a classé l’affaire, simple accident domestique.
Questions sans réponses
Avec sa pugnacité légendaire, Poirot va remonter la piste, se demander s’il ne s’agit pas effectivement d’un meurtre déguisé. Mais qui est le criminel parmi les quatre désignés coupables ? Les pièces du puzzle se mettent petit à petit en place. Au lecteur de tenter de se faire une idée sur la finalité du roman. Avec quelques questions qui reviennent en boucle : qui a tué Barnabas Pandy ? A-t-il été véritablement assassiné ? Qui a imité la signature de Poirot ? Pour quel motif le faussaire a-t-il voulu attirer l’attention du détective belge ? Réponse dans le dernier chapitre comme tout bon Agatha Christie.
Pourtant c’est bien Sophie Hannah qui a écrit ce roman, on le voit au rôle tenu par quelques femmes, loin des caricatures de l’époque. Notamment la futée Fee, serveuse dans un restaurant mais qui se verrait bien inspectrice de police si la loi l’y autorisait. Faute de mieux, elle aide l’inspecteur Catchpool à fournir des indices à un Poirot toujours aussi amusant dans ses manières guindées.
➤ « Crime en toutes lettres » de Sophie Hannah, Le Masque, 20,90 €
mardi 24 juillet 2018
Polar - Toute puissante justice
Le personnage principal de «Reconnu coupable », roman policier de John Fairfax, pourrait donner des leçons à notre classe politique. William Benson, étudiant en philosophie, est accusé du meurtre d’un jeune homme après une rixe dans un bar. Il clame son innocence mais est quand même condamné. Le prix de sa réhabilitation passe par la reconnaissance de sa culpabilité. 16 ans plus tard, il est enfin libre, a suivi des études de droit et compte s’installer à son compte comme avocat. Benson est innocent mais avoue un meurtre qu’il n’a pas commis pour avoir les armes de sa défense. Les politiques actuels devraient en prendre de la graine.
Au lieu de se défausser sur des fusibles ou nier l’évidence, être droit dans ses bottes, assumer pour mieux repartir est une option qui visiblement n’existe pas dans ce milieu où tout doit aller très vite et selon leur propre scénario.
Passé cette parenthèse liée à l’actualité, le roman est passionnant. Benson, marqué pas son incarcération, n’a pas changé dans sa volonté, mais il a découvert un monde qu’il ne soupçonnait pas : celui des condamnés qui jamais plus n’auront la possibilité de vivre sans se faire mettre sur le dos l’étiquette infâme d’ancien prisonnier. Sa première cliente est une femme accusée d’avoir tué son patron. Avant le procès il mène l’enquête et ses nouveaux amis (les détenus relâchés), se révéleront d’une grande utilité.
➤ « Reconnu coupable » de John Fairfax, Éditions du Masque, 8 €
lundi 31 juillet 2017
Livres de poche : l’imagination de Brussolo ensoleille votre été
lundi 17 avril 2017
Livres de poche : premiers romans et coups de maître
En pleine mer, au sud des Philippines, Marc Meneric disparaît. Du moins, c’est ce qu’indique sa montre GPS, qu’il portait comme tous les autres employés de la société de prospection minière. Son frère, Vincent, lobbyiste dans la même entreprise en Afrique, décide de retracer le parcours enregistré par la montre pour tenter de le retrouver. Un premier roman de Philippe Rouquier au rythme implacable.
➤ « Tant pis pour le sud », éditions du Masque, 8,50 €
Un soir de pluie à Bristol, un petit garçon est renversé par un chauffard qui prend la fuite. L’enquête du capitaine Ray Stevens ne donne rien. Après cette nuit tragique, Jenna a tout quitté et trouvé refuge dans un cottage battu par les vents. Mais plus d’un an après les faits, Kate, une inspectrice de la criminelle, rouvre le dossier du délit de fuite. Le premier livre de Clare Mackintosh a connu un immense succès en Angleterre.
➤ « Te laisser partir », Le Livre de Poche, 8,10 €
Le 26 avril 1986, dans la centrale de Tchernobyl, quelque chose vient de se passer. Le monde ne sera plus jamais le même pour ces hommes et femmes, personnages principaux de ce roman de Darragh McKeon. Salué par ses pairs, Colum McCann et Colm Tóibín en tête, et par la critique, ce texte révèle un immense talent littéraire. Il a été élu meilleur Premier roman étranger 2015 par le magazine Lire.
➤ « Tout ce qui est solide se dissout dans l’air », 10/18
vendredi 4 novembre 2016
Roman : Un Poirot tout frais

■ Avant le meurtre
Après un premier essai concluant, voici la seconde enquête du nouvel Hercule Poirot. Toujours accompagné de l’inspecteur Catchpool, le narrateur de l’histoire, Poirot se rend en Irlande à la demande de lady Athelinda Playford. Cette vieille dame un peu extravagante, écrit des romans policiers destinés à la jeunesse. Dans ce domaine coupé de l’extérieur, les tensions sont vives entre les différents protagonistes. Il y a les deux enfants de lady Playford, l’aîné un peu niais affublé d’une femme très intéressée par l’argent et la seconde, jolie et vive, fiancée à un médecin américain passionné par l’œuvre de Shakespeare. On trouve aussi le secrétaire de la romancière, gravement malade et soigné par une infirmière dévouée corps et âme, un notaire et l’associé de ce dernier, chargé de gérer les droits de la maîtresse de maison.
Lors du repas du soir, Poirot comprend que lady Playford l’a fait venir car elle redoute que l’on attende à sa vie. Et effectivement, après les repas, quelqu’un est assassiné. Ce genre de roman vaut surtout par les fausses pistes que l’auteur répand au gré des pages. Sans cesse on espère démasquer le meurtrier avant Poirot. Et on se trompe tout le temps. Preuve que Sophie Hannah a parfaitement intégré les techniques d’Agatha Christie, experte en fausses pistes et coups de théâtre de dernière minute.
➤ « La mort a ses raisons » de Sophie Hannah, Éditions du Masque, 20,90 €
dimanche 10 juillet 2016
Polar : il n'y a pas de passé simple
« Il n'y a pas de passé simple » par François- Henri Soulié, éditions du Masque, 7,90 €
lundi 8 juin 2015
Polar - Fitz au paradis des nantis
lundi 21 juillet 2014
Livre - Fuite désespérée dans "Monstres en cavale" de Cloé Mehdi au Masque
Chaque année, les éditions du Masque, en association avec le festival de Beaune, publient un premier roman policier inédit. Véritable creuset de talent, ce prix permet à des auteurs en devenir de mettre le pied à l'étrier. Le cru 2014 est exemplaire de la démarche. « Monstres en cavale » est un gros bouquin de 600 pages, denses et bourrées d'invention. Pourtant son auteur, Cloé Mehdi, n'a que 22 ans. Elle a remporté quantité de concours de nouvelles avant de se lancer dans ce récit au long cours. Malgré son jeune âge, elle a quasiment 10 ans d'expérience... Et sans doute beaucoup plus d'années à occuper le devant de la scène littéraire noire. Sans être à proprement parler un polar, « Monstres en cavale » évolue dans un monde où les héros sont recherchés par la police alors que les forces de l'ordre et les autorités ont tout de salauds en puissance. Le personnage principal, Damien, est un jeune homme de 18 ans. A peine majeur mais déjà 6 années derrière les barreaux. Damien, à 13 ans, est devenu l'assassin le plus précoce de France. Un soir, quand sa mère rentre dans le petit pavillon de banlieue, elle découvre Damien sur le pas de la porte. Recouvert de sang il vient de tuer son père et sa petite sœur. Sous son bras, il a encore la tête de cette dernière qu'il a consciencieusement découpé. Après un procès retentissant, il est incarcéré en prison.
vendredi 28 février 2014
Thriller - La vie, la mort... un jeu !
Après « Eden » et « Sentinelle », la trilogie du Complex est enfin bouclée avec « Génération ». A la manœuvre, Denis Bretin et Laurent Bonzon, qui, quand ils écrivent en duo, abandonnent leurs prénoms pour le plus claquant Bretin & Bonzon. Le seul reproche que l'on peut leur faire, c'est la lenteur. Pas dans l'action du roman. Non, dans la parution de cet épilogue tant attendu de tous les lecteurs des deux premières parties de cette vaste saga fantastico-policière. Cinq ans c'est long. On retrouve donc les flics Renzo Sensini et Roman. Le bel Italien impassible au passé mystérieux et l'informaticien, un peu mou, trop gras et timide, mais à l'intelligence acérée et compétences techniques sans limite. Le duo travaille à Interpol. Du moins Roman car Renzo vient de démissionner.
jeudi 28 novembre 2013
Romans policiers - L'Amérique au noir avec John Brandon et Michael Connelly
Au pays du libéralisme absolu, pas toujours évident de survivre en restant dans la légalité. Surtout quand on est des péquenots du fin fond de l'Arkansas. Swin et Kyle ont deux parcours parallèles. Deux jeunes Américains, issus d'un milieu pauvre, sans diplômes ni plan de carrière. Leur histoire est racontée dans Little Rock, polar de John Brandon. Après diverses errances et petits boulots, ils finissent, comme beaucoup, à trouver une situation dans le trafic de drogue. Un travail comme un autre dans cette Amérique où le commerce est roi, surtout s'il y a de la demande. Et en matière de drogue, on peut faire confiance aux Américains, ce n'est pas demain la veille que le marché s'effondrera. Au hasard des rencontres et des dépannages, Swin et Kyle vont se retrouver « employés » d'un certain Frog. Ils ne le connaissent pas, mais lui obéissent au doigt et à l'œil. Un jour ils se retrouvent dans le même camion pour convoyer quelques cartons au contenu illicite. Ils ne savent pas qu'ils font également partie du deal. Fournis comme main d'œuvre à Bright, officiellement responsable de l'entretien d'un parc naturel, officieusement gros dealer de la région. Swin et Kyle, aux caractères pourtant opposés (l'un est impulsif, l'autre beaucoup plus raisonné), vont devenir collègues, puis amis. Ils semblent avoir enfin trouvé cette stabilité qui leur manquait tant. 80 % de leur temps est consacré au parc. Nettoyer, accueillir les touristes, chasser les jeunes fêtards. Pour le reste, ils font du transport. Comme avec Frog.
Si l'Arkansas est paumé, la Californie attire toujours autant les ambitieux. Les détraqués aussi, Harry Bosch, le flic imaginé par Michael Connelly en sait quelques chose. Romancier prolixe, Connelly est devenu une valeur sûre de la littérature noire. Les éditions Calmann-Lévy rééditent toute son œuvre dans une collection dédiée. Vient de sortir « Wonderland Avenue », roman du début des années 2000. Dans une préface inédite, l'auteur avoue que ce titre est « probablement un de mes romans préférés. J'adore les histoires où le passé surgit de terre et nous rattrape dans le présent. » Le passé c'est l'humérus d'un enfant retrouvé par un promeneur dans un bois de Wonderland Avenue. Bosch va se lancer à la recherche de l'histoire de cette petite victime innocente. Une enquête très éprouvante mais inoubliable. Enfin pour les accros de Michael Connelly, ne manquez pas également dans la collection Points le gros volume (1000 pages, 14,50 €) reprenant deux enquêtes de l'avocat Mickey Haller, « La défense Lincoln » et « Le verdict du plomb ».
samedi 2 février 2013
Polar - Affrontement de dames sous la plume d'Alexis Lecaye
Alexis Lecaye prolonge ses histoires de « Dames ». Jeannette, la policière, va affronter d'autres femmes, parfois pires qu'un tueur en série.
mercredi 21 novembre 2012
Polar - Adolescentes transparentes
vendredi 13 juillet 2012
L'immense succès du petit livre de poche
Folio, 40 ans, 5000 titres
samedi 2 avril 2011
Thriller - Carré de dames pour Alexis Lecaye
Il les aura toutes faites. Débutant par la « Dame de cœur », Alexis Lecaye boucle son carré avec la « Dame de trèfle ». Quatre romans policiers pour imposer un style et des personnages. Le lecteur retrouve donc le commissaire Martin, son équipe et ses emmerdes. Car ce flic de haut vol, plus près de la cinquantaine fatiguée que de la quarantaine épanouie, accumule les ennuis personnels. Un métier prenant, des horaires impossibles et une réticence à entrer dans un moule auront eu raison de son couple. Marion l'a quitté. Avec le bébé. C'est cet enfant qui a tout compliqué. Déjà père d'une Isabelle âgée aujourd'hui de 20 ans et elle aussi jeune maman, Martin semble avoir paniqué face à ces nouvelles responsabilités. C'est dans cet état d'esprit que le lecteur fidèle retrouve son héros. Car ne nous y trompons pas, la série des « Dames » s'apparente fort au feuilleton, même si les « méchants » changent à chaque titre.
Fugitive et stripteaseuse
La « Dame de trèfle » c'est peut-être Camille, à moins que ce ne soit Armony. La première, caissière dans un petit magasin parisien, s'enfuit dès qu'elle aperçoit sur le trottoir Jean-René, un Canadien, père de sa fille. Dans sa fuite, elle monte durant quelques instants, par la force, dans la voiture d'Armony. Cette stripteaseuse n'a pas la vie facile en ce moment. En plus de se produire dans un peep-show, elle vit dans sa voiture, expulsée de son appartement dont elle n'arrive plus à payer le loyer. Camille lance un SOS à Armony. Elle lui confie les numéros de téléphone de ses enfants et de son avocat. Puis elle quitte la voiture. Les destins de ces deux femmes vont désormais être liés, pour le meilleur et le pire.
Martin intervient le lendemain, quand Camille est retrouvée, grièvement blessée au pied d'un pont dans une mare de sang. Suicide ? Jeannette, l'adjointe de Martin a des doutes. Ils sont rapidement confirmés par le fait que le sang n'est pas d'elle. La machine policière se met en marche pour identifier la victime de ce qui semble être une tentative de meurtre.
Quasiment au même moment, après une journée d'hésitation, Armony se décide enfin à contacter la police car personne ne répond aux numéros de téléphone. Mais elle n'a décidément pas de chance puisqu'elle tombe sur un jeune flic mal luné, qui met en doute ses déclarations et qui, pour couronner le tout, la met en garde à vue. Armony, au bout du rouleau, tente de se suicider dans sa cellule crasseuse.
Secte et ennemi invisible
L'avancée d'une enquête policière dépend parfois de peu de choses. Cette fois c'est Jeannette qui va relier le témoignage d'Armony et la tentative de meurtre sur Camille. Un peu trop tard malheureusement. Armony s'est évaporée dans la nature. Et il n'y a pas que les policiers qui la recherchent, le Canadien, gourou d'une secte, est sur sa piste lui aussi. Il sait qu'elle seule pourra lui livrer un indice pour récupérer les enfants.
Un roman policier captivant à plus d'un titre. L'intrigue est prenante mais on est surtout fasciné par les différents personnages. Armony en premier lieu, Jeannette aussi alors que le Canadien fait froid dans le dos. Pour la bonne bouche gardons le commissaire Martin. Il est un peu moins efficace car submergé de doutes. Il aime toujours Marion mais n'hésite pas à répondre aux avances d'une amie de sa première femme. Un piège en fait, fomenté par un mystérieux ennemi. Martin va devoir enquêter tout en étant lui même suspecté par la Police des polices de tentative de meurtre. Pas facile, mais pas insurmontable pour un héros digne de ce nom...
« Dame de trèfle », Alexis Lecaye, Le Masque, 20 €
Polar - Carré de dames
Quatrième enquête pour le commissaire Martin imaginé par Alexis Lecaye. Il est aux prises avec le gourou d'une secte et un ennemi invisible.
Il les aura toutes faites. Débutant par la « Dame de cœur », Alexis Lecaye boucle son carré avec la « Dame de trèfle ». Quatre romans policiers pour imposer un style et des personnages. Le lecteur retrouve donc le commissaire Martin, son équipe et ses emmerdes. Car ce flic de haut vol, plus près de la cinquantaine fatiguée que de la quarantaine épanouie, accumule les ennuis personnels. Un métier prenant, des horaires impossibles et une réticence à entrer dans un moule auront eu raison de son couple. Marion l'a quitté. Avec le bébé. C'est cet enfant qui a tout compliqué. Déjà père d'une Isabelle âgée aujourd'hui de 20 ans et elle aussi jeune maman, Martin semble avoir paniqué face à ces nouvelles responsabilités. C'est dans cet état d'esprit que le lecteur fidèle retrouve son héros. Car ne nous y trompons pas, la série des « Dames » s'apparente fort au feuilleton, même si les « méchants » changent à chaque titre.
Fugitive et stripteaseuse
La « Dame de trèfle » c'est peut-être Camille, à moins que ce ne soit Armony. La première, caissière dans un petit magasin parisien, s'enfuit dès qu'elle aperçoit sur le trottoir Jean-René, un Canadien, père de sa fille. Dans sa fuite, elle monte durant quelques instants, par la force, dans la voiture d'Armony. Cette stripteaseuse n'a pas la vie facile en ce moment. En plus de se produire dans un peep-show, elle vit dans sa voiture, expulsée de son appartement dont elle n'arrive plus à payer le loyer. Camille lance un SOS à Armony. Elle lui confie les numéros de téléphone de ses enfants et de son avocat. Puis elle quitte la voiture. Les destins de ces deux femmes vont désormais être liés, pour le meilleur et le pire.
Martin intervient le lendemain, quand Camille est retrouvée, grièvement blessée au pied d'un pont dans une mare de sang. Suicide ? Jeannette, l'adjointe de Martin a des doutes. Ils sont rapidement confirmés par le fait que le sang n'est pas d'elle. La machine policière se met en marche pour identifier la victime de ce qui semble être une tentative de meurtre.
Quasiment au même moment, après une journée d'hésitation, Armony se décide enfin à contacter la police car personne ne répond aux numéros de téléphone. Mais elle n'a décidément pas de chance puisqu'elle tombe sur un jeune flic mal luné, qui met en doute ses déclarations et qui, pour couronner le tout, la met en garde à vue. Armony, au bout du rouleau, tente de se suicider dans sa cellule crasseuse.
Secte et ennemi invisible
L'avancée d'une enquête policière dépend parfois de peu de choses. Cette fois c'est Jeannette qui va relier le témoignage d'Armony et la tentative de meurtre sur Camille. Un peu trop tard malheureusement. Armony s'est évaporée dans la nature. Et il n'y a pas que les policiers qui la recherchent, le Canadien, gourou d'une secte, est sur sa piste lui aussi. Il sait qu'elle seule pourra lui livrer un indice pour récupérer les enfants.
Un roman policier captivant à plus d'un titre. L'intrigue est prenante mais on est surtout fasciné par les différents personnages. Armony en premier lieu, Jeannette aussi alors que le Canadien fait froid dans le dos. Pour la bonne bouche gardons le commissaire Martin. Il est un peu moins efficace car submergé de doutes. Il aime toujours Marion mais n'hésite pas à répondre aux avances d'une amie de sa première femme. Un piège en fait, fomenté par un mystérieux ennemi. Martin va devoir enquêter tout en étant lui même suspecté par la Police des polices de tentative de meurtre. Pas facile, mais pas insurmontable pour un héros digne de ce nom...
« Dame de trèfle », Alexis Lecaye, Le Masque, 20 €
lundi 7 juin 2010
Polar - Hyper gagne dans "Discount de Bretin et Bonzon
Prise d'otages destroy dans un hypermarché. Bretin et Bonzon signent un polar rigolard où la société de consommation en prend pour son grade.
La ménagère de moins de 50 ans, cœur de cible des publicitaires et de tout gérant de grande surface, est la véritable héroïne de ce roman de Denis Bretin et Laurent Bonzon. Dans « Discount », elle s'appelle Dany. Employée dans un hypermarché, Dany vient de prendre du galon. Son mérite professionnel n'y est pour rien. Par contre, les fellations qu'elle prodigue à son patron dans le local de la photocopieuse... Dany qui rêve d'évasion, de grande vie. A Copacabana, avec quelques millions d'euros, histoire de voir venir.
Mais le problème de Dany, ce matin, c'est Tattoo. Son mec, l'officiel. Elle en a été privée durant 18 mois. Un séjour en prison pour un braquage qui a mal tourné. Tattoo qui a eu l'idée du siècle. Le jour même de sa sortie, il braque une banque avec son frère surnommé Le Castor. Pour une fois, tout se passe bien mais le soir, en allant récupérer sa dulcinée à son boulot, c'est la cata. Le Castor qui attend sur le parking de l'hypermarché, se fait contrôler par deux policiers venus récupérer une kleptomane. Il panique et dessoude les deux flics. Il va annoncer la bonne nouvelle à son frère à l'intérieur alors que les renforts rappliquent, toutes sirènes hurlantes. Les deux malfrats décident de s'enfermer dans le magasin, prenant en otage les quelques personnes qui s'y trouvaient encore.
Otages, ô désespoir !
On entre alors dans la seconde partie du roman, le huis clos qui verra les différents protagonistes révéler leur véritable personnalité. En plus des deux frères, on retrouve donc le directeur de l'hyper, Berthelon, vieux lubrique qui ne raisonne qu'en terme de promotion et de techniques de vente, Dany qui se dit que décidemment, Tattoo et son idiot de frère ne sont pas des cadeaux, un vigile assez rapidement dépassé par les événements, la jeune kleptomane, Oriane Montalembert, punkette gothique révoltée qui est en réalité l'héritière d'une grosse fortune, Leïla, une gloire finissante de la télé réalité ne tenant plus que par la coke qu'elle sniffe à haute dose et son imprésario, mutant sans cœur entre un proxénète et un esclavagiste. Un échantillon finalement très représentatif de l'Humanité d'autant que s'y rajoute Robby, 30 ans, vierge, fan absolu de Leïla. Il s'est glissé incognito dans le bâtiment pour rencontrer la femme de ses rêves.
Ce cocktail va rapidement faire des étincelles car il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Pris au piège, Tattoo veut être pris au sérieux par les forces de l'ordre. Il annonce qu'il exécutera un otage si on ne satisfait pas à ses désirs. Reste à savoir par qui commencer. C'est l'occasion d'un premier grand déballage. Pour Oriane, le vigile s'impose : « Exécuter un vigile, je suis désolé, mais c'est dans l'ordre des choses. » Berthelon approuve, soulignant « la réévaluation de 6 % de la prime de risque en début d'année. » Un vigile qui n'entend pas se laisser faire et propose Leïla : « Flinguer une popstar, une finaliste de Star & Strass, c'est clair qu'on vous prendrait pas pour des rigolos. » Là c'est l'imprésario qui met son grain de sel, désirant protéger sa marchandise, il suggère le nom de Berthelon : « Sérieux, pour l'impact, il faut toujours privilégier le local de l'étape. »
Finalement c'est le directeur qui l'emporte quand il révèle qu'Oriane est la fille d'un notable, la plus grosse fortune du département. Et c'est à son papa que Tattoo va finalement réclamer 40 millions de rançon et une voiture, une Gran Torino rouge pour faire plaisir au Castor, fan de séries télé et notamment de Starsky et Hutch. Bien évidemment rien ne va se dérouler comme prévu et cette nuit dans l'hyper va se transformer en massacre. Reste à savoir qui va buter qui, avec quelles armes, pourquoi et qui en réchappera au final. Le lecteur n'est pas déçu, les deux auteurs multipliant les trouvailles comme les publicitaires des slogans idiots mais accrocheurs.
« Discount » de Bretin et Bonzon, Editions du Masque, 16 €
lundi 20 juillet 2009
Polar - Istambul tremble
Le 17 août 1999, un tremblement de terre frappe la Turquie. Dans les décombres, le commissaire Orkan découvre le cadavre d'un homme égorgé.
La ville d'Istambul est au centre de ce roman policier qui a pour premier mérite de mieux nous faire connaître la Turquie. Larif Marsik, l'auteur, décrit un pays encore à la croisée de son destin. Entre la tentation islamiste, la rigueur des militaires contrôlant toujours le pouvoir et l'envie d'émancipation d'une partie de la population, les choix sont cruciaux et périlleux. Et pour s'immerger dans cette réalité turque rien de tel que ce polar qui se déroule au lendemain du terrible tremblement de terre du 17 août 1999. Des milliers de victimes, des villes entièrement détruites, l'incapacité du pouvoir à prévoir puis à réagir.
Dans la nuit du 17 août, la terre tremble. Un seul des trois personnages principaux est sur place au moment de la secousse. Le commissaire Orkan, est surpris en plein sommeil. Son immeuble résiste, il descend dans la rue et découvre l'étendue des dégâts : « Jamais silence aussi bruyant. Istambul, grouillante, populeuse, frénétique, devenue presque figée de stupeur. Orkan marchait, tanguait plutôt, au milieu d'une tempête urbaine où des murs incertains formaient des vagues monstrueuse, prêtes à vous engloutir. Partout les mêmes scènes de ces habitants précipités hors de chez eux aux premières secousses, aux premiers signes du chaos, qui attendaient, implorant l'aide d'Allah, de la police, de l'armée. » Orkan va participer aux premiers secours. C'est dans ce cadre qu'il découvre sous des gravats le corps d'un jeune homme. Mais il n'est pas mort écrasé : il a la gorge tranchée. Malgré l'état d'urgence, Orkan va décider d'enquêter, de retrouver l'identité du mort et démasquer son assassin.
Sibel l'infirmière
A côté du récit policier classique, Larif Marsik va décrire la vie à Istambul à travers les sensations de deux autres personnages. Sibel, d'origine turque, est infirmière en France. Elle arrive le lendemain du tremblement de terre, membre d'une délégation de la Croix rouge devant estimer l'ampleur des secours à mobiliser. Rapidement elle est dépassée par l'horreur de la situation. Ainsi, un soir, en rentrant, « elle s'allongea sur le lit. Elle ferma les yeux. Des ombres apparurent. Celles de ces gens qui criaient, qui pleuraient. Elle frémit en constatant qu'elle ne pouvait rien pour eux. »
Mehmet le dealer
Mehmet lui n'a pas choisi de venir à Istambul. Fils d'émigré turc venu fournir une main d'oeuvre bon marché à l'Allemagne, il ne connaît pas le pays. Dealer pour une petite bande, il doit fuir Berlin après une transaction avortée avec des Polonais ayant décidé de se venger. Il débarque lui aussi le lendemain de la secousse, après des heures de trajet en bus. Un cousin d'un ami lui a trouvé une chambre. Le soir, seul, il prend conscience de sa situation. « Quelque chose d'indéfinissable s'empara alors de lui. Un mélange de fatigue, de désespoir. Il se mit à frissonner. Sa vie basculait. Il n'y pouvait rien. Il prit peur. »
Ces trois vont rapidement se croiser. Sibel est la cousine d'Orkan. Un soir, ils dîneront au restaurant et iront boire un verre dans un club où Mehmet a trouvé un travail de vigile. Ce chassé-croisé va se poursuivre au gré de l'enquête du flic, des doutes de l'infirmière ayant décidé de rester à Istambul, abandonnant travail et mari français, et de la descente aux enfers du dealer tombé sous la coupe de la mafia locale. Avec en toile de fond ce pays gangrené par la corruption, les lourdeurs de la religion et la mainmise de la mafia sur une bonne partie de l'économie. C'était la Turquie d'il y a dix ans. Il y a de fortes chances pour que tout y soit encore rigoureusement d'actualité.
« Tremblement de terre », Larif Marsik, Éditions du Masque, 6,50 € (Ce livre a obtenu le Prix du roman d'aventures 2009)
mercredi 15 avril 2009
Thriller et fantastique - La Sentinelle du Complex
La prédiction de l'avenir est au centre de la seconde partie de la trilogie Complex, signée de Denis Bretin et Laurent Bonzon.
Celui qui connait l'avenir peut dominer le monde. Ce précepte, qui n'a jamais été mis en pratique, est au centre de ce roman, entre thriller et épopée fantastique. « Sentinelle » de Denis Bretin et Laurent Bonzon est la seconde partie de la trilogie « Complex ». L'action débute en 2001. Un prêtre grec, officiant dans une petite chapelle dans les sous-sols du World Trade Center, reçoit tous les matins un appel d'une femme. Angela, vivant seule avec sa fille, a des visions. Elle les raconte et se confie à cette oreille attentive. Le 10 septembre, tôt le matin, Angela téléphone au numéro habituel. Tombe sur le répondeur, débite une longue tirade en une langue ancienne et se met à réciter une liste de 2985 noms. Les identités des 1985 personnes qui trouveront la mort, le lendemain, dans l'attentat des deux tours jumelles. Dans cette liste, le prêtre grec.
Trois ans plus tard, deux agents de la police fédérale chargés d'enquêter sur les attentats découvrent le message sur le répondeur. S'ils comprennent rapidement à quoi correspond la liste de noms, ils ont plus de difficulté pour faire traduire le préambule. Une universitaire va se charger de la traduction de ce texte qui parle des « colonnes jumelles, très hautes, ils vont les toucher de leurs ailes, les deux rapaces envoyés des extrémités de la terre. » Plus loin Angela explique que « l'orgueilleuse aux larges rues va s'agenouiller, la cité aux mille tours, mise à bas, écrasée à terre ». Les deux agents, Andy et Geoffrey se lancent à la recherche de cette femme qui avait prédit l'attentat. Mais ils ne sont pas seuls à tenter de la retrouver. Angela, devenue SDF, à moitié folle, recluse dans un entrepôt, peignant sans discontinuer une fresque représentant le Tsunami qui ravagera l'Asie du Sud-Est quelques mois plus tard.
Le retour de Renzo
Ce début de roman, passionnant, voit également l'intervention, quelques années plus tard, de Crawford, le dirigeant d'une société de conseil, Oracle. Lui aussi est à la recherche d'Angela. Elle semble posséder un pouvoir qui l'intéresse au plus haut point. Il faut en fait attendre presque 150 pages pour faire le lien avec le premier roman, « Eden ». Le personnage principal du premier opus, le commissaire Renzo Sensini qui avait mené l'enquête dans cette affaire de manipulation génétique et d'éco-terrorisme. Il est en Grèce, pour quelques jours de repos. C'est là qu'il retrouve Iva Neves, une « ennemie » tombée sous le charme de ce flic bourru. Bretin et Bonzon vont placer au fil des chapitres leurs pions pour cette gigantesque partie d'échecs de dimension mondiale.
Des milliardaires avides de pouvoir, des flics dévoués mais dépassés par les événements, une entreprise, Oracle, aux ramifications planétaires et aux buts mystérieux et Renzo Sensini vont être au centre de cette course poursuite pour tenter de « posséder » cette femme, sorte de descendante de la Pythie de la mythologie. Un suspense crescendo pour un roman qui se dévore. On est impatient de connaître la fin, le dénouement. Mais le lecteur n'a pas le don d'Angela...
« Sentinelle », Laurent Bonzon & Denis Bretin, Editions du Masque, 20 euros v






















