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samedi 6 avril 2024

BD - Magie désertique dans le second tome de Nécromants

 


Olivier Gay a commencé sa carrière comme romancier. De polar puis de fantasy, tout en accumulant les travaux de commande. Un formidable créateur d’univers qui frappe une nouvelle fois en lançant la série Nécromants dans la collection Drakoo de chez Bamboo.

Toujours dessinée par Tina Valentino, Italienne surdouée, la série se déroule dans une sorte de pays des mille et une nuits avec un peu plus de magie et de fantastique. Le héros, Acher, est un nécromant. Pas le meilleur du royaume. Mais il reçoit le renfort d’un trio de fantômes puissant. Dans la seconde partie de cette aventure inaugurale, il va affronter un terrible sorcier revenant. C’est superbement dessiné et bourré d’humour. De la fantasy classique mais diablement efficace.t

« Nécromants » (tome 2), Bamboo Drakoo, 48 pages, 14,90 €

mercredi 15 juillet 2020

Cinéma - La danse macabre d’Été 85

 Alex (Félix Lefebvre) et David (Benjamin Voisin), un amour évident dès la première rencontre.  Photo Jean-Claude Moireau

Qui aurait cru que François Ozon réalise un film d’amour de vacances ? Le réalisateur de drames psychologiques souvent torturés (Une nouvelle amie, L’amant double) précise dans le dossier de presse du film Été 85 qu’il a assumé « les codes d’un teen movie. J’ai filmé une romance entre garçons de façon très classique et sans ironie, pour rendre cette histoire d’amour universelle. » Mais cela reste du Ozon malgré tout. Et d’entrée, le narrateur parle de cadavre et de la mort d’une façon plus générale. Amour et mort, la vie quoi… 

Au Tréport, station balnéaire populaire de Normandie, en ce début d’été 85, les jeunes hommes et filles veulent oublier l’année scolaire. Même s’ils sont encore en pleine orientation. Alex (Félix Lefebvre), fils de docker, a des talents littéraires. Son professeur de français (Romain Duris) va tout faire pour qu’il continue afin de décrocher ce Bac A qui lui tend les bras.  Ses parents, préféreraient qu’il trouve un travail. Nous sommes au début des années 80, le chômage de masse pointe son nez, l’inquiétude des «pauvres» est palpable. 

David le sauveur 

Avant de décider, Alex emprunte un petit bateau à un ami et va en mer. Un orage gronde, la coque de noix chavire. Panique sous les embruns. Heureusement, David (Benjamin Voisin) arrive, fendant les flots à la barre de son voilier baptisé Calypso, et le sauve. La suite, c’est effectivement une belle histoire d’amour que François Ozon raconte dans le détail, mais avec pudeur. David, fils d’une commerçante (Valeria Bruni Tedeschi), a un an de plus qu’Alex. Lui, contre son gré, a arrêté les études pour reprendre la boutique créée par son père décédé brutalement un an plus tôt. Les deux jeunes adultes passent la soirée ensemble. Ciné, virée à moto, boîte de nuit. Tout ce qu’il faut pour faire fonctionner la fabrique aux souvenirs. Le spectateur de plus de 50 ans apprécie. François Ozon, lui, se fait plaisir. Il a reconstitué le décor et l’ambiance de ses 17 ans. 


Pressé de choisir son avenir, Alex coupe la poire en deux. Il continue ses études, mais cet été il va travailler. Chez David. Durant six semaines, c’est le bonheur le plus complet pour ce couple lumineux et rayonnant. Cependant cette bluette entre deux jolis garçons ne suffit pas pour retenir l’attention des spectateurs. Le film de François Ozon a parlé de cadavre. Qui est mort ? Dans quelles circonstances ? Pas Alex en tout cas, puisqu’il est dans peau du narrateur et que le film débute par son procès. 

Loin donc d’être un simple film à l’eau de rose, Été 85 nous parle aussi de promesse, d’engagement et de folie. Pas la folie dévastatrice mais celle consciente, qui nous permet, parfois, de dépasser les limites et de se sentir un peu plus vivant que le reste de nos connaissances. Alex, au cours de cet été 85, avait vraiment besoin de se sentir vivant, quitte à réaliser la pire folie que même ses romanciers préférés n’auraient pas osé imaginer. Un film qui aurait certainement brillé au dernier festival de Cannes si un certain coronavirus n’avait pas confisqué le tapis rouge.

Film français de François Ozon avec Félix Lefebvre, Benjamin Voisin, Philippine Velge


mercredi 30 novembre 2016

De choses et d'autres : Se méfier des belles images

béziers, ménard, gay, mariage, sida
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Plusieurs maires ont décidé d’interdire l’affichage des panneaux de la campagne du gouvernement sur la prévention du Sida. En cause, le public ciblé : les homosexuels. Les photos montrent deux hommes tendrement enlacés avec ce message de prévention : « Avec un amant, avec un ami, avec un inconnu : les situations varient. Les modes de protection aussi ». Les élus - tous de droite bien évidemment – s’insurgent : « Atteinte à la dignité » et « risque de heurter la sensibilité de l’enfance et de la jeunesse ». Une censure dénoncée par la ministre de la Santé.
A Béziers aussi la campagne est mal vue. Mais le maire, ancien président de Reporters sans frontières, a préféré dé- tourner les affiches plutôt que de les censurer. Un homme et une femme, jeunes et romantiques, se regardent dans les yeux avec ce slogan : « S’aimer, se donner, tout donner : l’amour ça se protège. Fidélité ».
Problème pour Robert Ménard, certains opposants ont cherché à connaître la provenance de cette photo. Après enquête des limiers du net, il s’avère qu’elle est extraite d’une série, libre de droits, intitulée « Tia et Mark wedding » du photographe australien Matthew Jake Kane. Ce dernier souligne l’ironie de l’utilisation du cliché. Pour cause, le modèle, jeune homme très beau, est ouvertement gay.
Moralité (défendue bec et ongles par Robert Ménard), toujours se méfier des images, elles ne reflètent pas forcément la réalité.

samedi 27 août 2016

Cinéma : L'inexorable envie de fuite en avant de "Rester vertical"

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Face à l'adversité il faut "Rester vertical", titre du film d'Alain Guiraudie au cours duquel ses personnages semblent en permanence chercher un ailleurs inaccessible.




Si "L'inconnu du lac" a fait scandale lors de sa sortie, "Rester vertical", dernier film d'Alain Guiraudie ne devrait pas lui non plus passer inaperçu. Le réalisateur filme des scènes d'amour sans détour, avec un réalisme qui se moque des apparences et des codes du genre. Côté politique, il aborde également des sujets très clivants comme l'euthanasie assistée ou, de façon indirecte, la GPA, gestion pour autrui réclamée par la communauté homosexuelle. Reste que ce n'est pas l'essentiel du film, ancré dans le réel, mais avec surtout des personnages déboussolés, perdus dans leur propre vie qu'ils n'assument plus.
La fermière et le scénariste
Le héros, Léo (Damien Bonnard) est un scénariste en perdition. Son producteur lui réclame un début d'histoire, quelques scènes, juste de quoi justifier les nombreuses avances déjà consenties. Mais Léo est sec. Il erre sur le Causse Méjean, homoncule dans une nature grandiose. Il croise le chemin de Marie (India Hair), jeune bergère. Elle surveille son troupeau de brebis, un fusil à l'épaule. Les attaques de loups se multiplient. Léo et Marie, presque comme dans un film romantique à la "Farrebique", se plaisent, s'aiment. Le scénariste abandonne ses tracas d'écriture pour vivre le parfait amour dans cette ferme appartenant au père de Marie, Jean-Louis (Raphael Thiéry). Un an plus tard, Léo cache pourtant bien des choses à Marie, la mère de son enfant. Il va régulièrement dans une petite bourgade pour tenter de rencontrer Yoann, jeune éphèbe qu'il rêve de faire apparaître dans son prochain film. Léo a la sexualité aussi sinueuse que les routes de Lozère où est tourné le film, comme toujours dans les créations d'Alain Guiraudie, parfait exemple de récits politiquement non corrects. Quand Marie quitte la ferme, abandonnant le bébé à un Léo désemparé, le film bascule dans la fable sociale grinçante. Un homme seul, avec un bébé, sans domicile fixe ni revenus ? Difficile de s'intégrer dans le paysage français policé. La suite du film consiste à plusieurs allers-retours entre la ferme sous la menace des loups, le marais poitevin et une druidesse très nature, et Brest, sa grisaille et ses clochards. En passant par Séverac-le-Château, village d'Aveyron où Léo fausse compagnie à des gendarmes, personnages récurrents de tous les films de Guiraudie. Pour boucler cette histoire, il fallait l'intervention d'un élément extérieur fort. Le loup, dont la menace a plané tout le long du film peut entrer en scène.
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Partir, toujours partir
rester vertical,gay,guiraudie,berger,loupMoins extravagant que ses précédents longs-métrages, "Rester vertical" d'Alain Guiraudie charme par ces magnifiques paysages d'une nature dure et généreuse. Les scènes sur Causse donnent une furieuse envie d'aller s'y balader, seul, comme Léo, avec un simple petit sac à dos. À moins que les plus bucoliques ne préfèrent les promenades en barque dans le marais poitevin noyé de soleil. Images et décors d'une rare beauté, contrepoints d'une histoire âpre. Cinquième film d'Alain Guiraudie, "Rester vertical" a parfois des ressemblances avec "Le roi de l'évasion", son troisième long-métrage. Léo, recherché par son producteur puis par les gendarmes, au lieu de faire face à l'adversité, choisit la fuite. Dans "Le roi de l'évasion" aussi le personnage principal prenait ses jambes à son cou quand la situation devenait trop compliquée. Autre ressemblance entre les deux films, le milieu social. Il y est beaucoup question de paysans et de personnes isolées. Et d'envie de tout plaquer pour aller vivre ailleurs, mieux, forcément mieux. Quand Léo se retrouve bloqué dans des buissons, c'est comme quand Armand et Curly fonçaient dans les bois. Ils parvenaient à semer les chiens de la gendarmerie en marchant dans une rivière. Léo, de la même façon, disparaît aux yeux de son producteur en se plongeant dans le marais poitevin. Et puis il y a la question de l'homosexualité. Chez Alain Guiraudie, elle semble généralisée. Quasiment tous les personnages du "Roi de l'évasion" étaient homosexuels, du commissaire aux agriculteurs en passant par Armand, représentant de commerce. Même constat dans "Rester vertical où, étrangement, le père de Marie, ogre terrifiant, devient tout doux quand il avoue à Léo qu'il a envie de lui...

lundi 8 juin 2015

Polar - Fitz au paradis des nantis

Le héros décalé d'Olivier Gay, quitte l'Hexagone pour sa quatrième aventure. Danger permanent malgré le cadre idyllique : une ile paradisiaque dans l'Océan Indien.

Quand un écrivain tient un bon personnage, il s'y accroche et ne lâche pas l'affaire. Olivier Gay a débuté sa carrière avec un roman policier mettant en scène les déboires de Fitz, un dandy qui passe ses nuits dans les clubs à séduire les femmes et revendre de petites doses de cocaïne. Fitz, fataliste, pleutre, sans foi ni loi. Pas spécialement le héros auquel on aime s'identifier. Et pourtant...
Tout le talent d'Olivier Gay est de rendre sympathique ce prétentieux à qui on aimerait parfois fracasser une bouteille de vodka sur le crâne. Ses histoires de cœur, sa fidélité en amitié, ses gueules de bois lui confèrent un côté gros nounours qu'on désire protéger. Pour cette quatrième aventure, Fitz va délaisser les boites branchées de Paris pour se frotter aux plus grosses fortunes de la planète, sur une île paradisiaque dans l'Océan indien, au cours d'une vente aux enchères d'œuvres d'art rares et hors de prix.

Service à rendre
Mais tout commence par une soirée comme toujours dans la vie de Fitz. Il danse et drague, tout en repérant des clients potentiels. Pas de chance, la jolie nénette sur qui il flashe est en réalité une flic des stups. Heureusement une fusillade dans le club lui permet de prendre la poudre d'escampette. Chez lui, il est accueilli par un message de Bob, son ami hacker. Ils communiquent par ordinateurs interposés. Fitz a une dette envers Bob et ce dernier entend bien se faire rembourser. Il demande à Fitz de se faire passer pour un riche amateur d'art, de participer à la fameuse vente aux enchères et de profiter de son séjour sur l'ile pour poser un mouchard espion sur l'ordinateur du milliardaire organisateur.
Une mission à la OSS 117. Ou tendance San Antonio quand Frédéric Dard le faisait voyager aux quatre coins de la planète. Le roman est bourré d'ironie sur les doutes de Fitz. Il sait que la mission n'est pas sans risque. Comme il ne peut refuser, il décide de se préparer physiquement en demandant à son ami Moussah, colosse officiant comme vigile, de lui apprendre les rudiments du combat. « Pendant des années, je n'avais joué que le rôle de victime. Je m'étais laissé attacher, tabasser, tirer dessus, cogner dans la rue, dans mon appartement, sans jamais pouvoir riposter (…) J'avais envie, pour une fois, de ne pas me montrer aussi faible et ridicule que d'habitude. » Mais en deux jours, impossible de faire des miracles. Verdict de Moussah : « Y a des mecs doués, et des mecs pas doués. Toi, tu es juste irrécupérable. » Donc une fois sur l'île, Fitz va encore en prendre plein la tronche.
Par chance il est toujours aussi intelligent et est accompagné de Jessica, son ex petite-amie par ailleurs commissaire de police rompue, elle, à tous les arts martiaux. Autant roman psychologique que polar, « Trois fourmis en file indienne » fourmille de scènes cocasses, de personnages hauts en couleurs et de coups de théâtre alambiqués, grande spécialité d'Olivier Gay.

« Trois fourmis en file indienne », Olivier Gay, Éditions du Masque, 16 €

samedi 20 septembre 2014

Cinéma : “Pride” ou l’union des opprimés

Quand une association de gays et lesbiennes se mobilise pour des mineurs en grève, le résultat est émouvant.

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L’Angleterre durant les années 80 a vécu bien des drames avec l’accession au pouvoir de Margaret Thatcher. La fameuse dame de fer, en plus de laisser mourir les grévistes de la faim de l’IRA, a mené une véritable guerre contre les syndicats ouvriers. Exemple avec la grève des mineurs qui a duré plus d’une année. La solidarité a joué à fond, mais rapidement les familles, sans revenus, sont acculées. Les policiers de leur côté multiplient les arrestations et provocations. Dans ce contexte, quelques militants londoniens de la cause homosexuelle décident de collecter des fonds pour aider les mineurs.

Gallois compréhensifs
Problème : quand ils contactent les syndicats, ces derniers ne veulent pas de cet argent. Les clichés ont la vie dure dans les milieux populaires. En désespoir de cause, le groupe d’ami propose les fonds à un petit village gallois. Sur un malentendu, le comité de soutien aux mineurs accepte. Une grande aventure débute, avec beaucoup d’obstacles et une grande fierté à l’arrivée.



Réalisé par Matthew Warchus, ce film est un petit bijou de comédie sociale anglaise. Il prend le temps de planter le décor. D’abord dans la communauté gay en donnant du corps aux militants, de Jonathan (Dominic West) à Mark (Ben Schnetzer) excellent en idéaliste de la lutte des opprimés en passant par Joe (George Mackay), jeune gay qui vit dans le secret, famille intolérante oblige. Et puis il passe aux mineurs, du leader syndical (Paddy Considine) à Sian (Jessica Gunning), la femme de l’ombre.
Entre les bars gays du Londres à la pointe de la libération sexuelle et la salle des fêtes du petit village gallois, le gouffre est immense. Pourtant, à force d’ouverture d’esprit, de discussion et d’épreuves, les deux communautés vont se comprendre, s’apprécier. Ce ne sera pas sans heurts ni crise, mais même si au final les mines au Pays de Galles ne sont plus qu’un lointain souvenir, il restera dans les mémoires cette union des opprimés qui a beaucoup fait pour l’avancée des droits civiques au Royaume-Uni. Un choc des cultures sur une terre bouillonnante toujours prête à s’enflammer. Une incontestable réussite qui va bien au-delà des simples problèmes de lutte syndicale ou de tolérance.

lundi 3 mars 2014

BD - Jéromeuh, un garçon au poil

Jéromeuh (avec Meuh comme une vache qu'il n'est pourtant pas...) a commencé par dessiner sur un blog. Des gags où il se mettait en scène. Succès immédiat. Il est vrai qu'il aborde un sujet assez peu commun dans la bande dessinée : la vie en couple. Mais pas n'importe quel couple. Jéromeuh vit avec son « prince charmant, Philippe ». Après avoir décortiqué cette histoire d'amour dans un premier album, il revient avec des gags et histoires courtes qui voient l'arrivée d'une troisième pièce dans le puzzle : sa meilleure amie, blonde écervelée radicalement hétéro... 
La rencontre de ces trois est souvent explosive. Jéromeuh sert parfois de punching-ball entre les deux. Il doit faire preuve d'une grande diplomatie quand la belle, larguée par son mec, vient squatter chez les garçons. C'est finement observé, jamais vulgaire et au contraire presque trop romantique comme la demande en mariage ou l'hommage à Bernadette Laffont. Une BD qui prend aussi position, pour le mariage gay, contre les intolérants. Parce qu'on peut rire de tout, mais il y a des limites face à la bêtise...

« Un garçon au poil », Jungle, 13,95 €

dimanche 26 janvier 2014

Livre - Dealer en panique

Fitz, héros récurrent d'Olivier Gay, n'est pas recommandable. Dealer des nuits parisiennes, il attire autant les ennuis que les belles filles en quête d'un peu de rêve.

Pour cerner la personnalité de John-Fitzgerald Dumont, Fitz pour les intimes, il suffit de lire ce passage en début de roman. Après une sortie en boîte samedi soir très arrosée, une nuit torride en compagnie d'une élégante avocate rencontrée dans le cadre de son « travail » (Fitz est dealer de cocaïne), un dimanche chez ses parents (qui ignorent tout de ses activités délictueuses) accompagnée d'une amie cliente chargée de jouer le rôle de la fiancée officielle et la livraison en urgence de quelques grammes chez un député en vue, Fitz se lève vers midi. « 
J'avais toujours aimé le lundi. C'est ce jour-là, lorsque je pouvais rester sous la couette alors que les travailleurs de France et de Navarre se pressaient pour affronter une nouvelle semaine que je réalisais vraiment à quel point je menais une existence privilégiée. » Mais ce qui est vrai le lundi à midi, n'est pas toujours confirmé le lundi soir.

Cambrioleur ou tueur ?
Entretemps Fitz a boulotté quelques croissants, bu du café et fait une partie de jeu vidéo en ligne avec Bob (mystérieux hacker rencontré dans le cadre de ses deux précédentes enquêtes) avant d'aller se promener sur les Champs Elysées. Bob très curieux, est resté connecté. Il a la possibilité de voir et d'entendre ce qui se passe dans l'appartement de Fitz. Il assiste donc (et enregistre) l'arrivée d'un étrange cambrioleur. Ce dernier n'est pas là pour voler mais éliminer Fitz. La preuve ? Au téléphone, il demande à son interlocuteur : « Mais je fais quoi du corps ? », terrible phrase qui donne son titre au roman d'Olivier Gay. Bob prévient Fitz et lui recommande d'éviter de rentrer chez lui dans l'immédiat.
Voilà comment débute une sale semaine pour un héros qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Il trouve refuge chez son pote Moussah, vigile survitaminé pour des sociétés de gardiennage. Il embarque dans sa cavale la belle Deborah, professeur dans un collège, celle qui accepte de jouer le rôle de Mme Fitz contre quelques grammes de cocaïne et un bon restaurant. Le trio va tenter de comprendre ce qui a déclenché cet engrenage.
Un partie d'explication se trouve en première page des journaux. Le dimanche soir, Fitz a répondu en urgence à la demande pressante de Georges Venard, 37 ans, député de gauche, très actif dans la défense du mariage pour tous (il est gay et le revendique) mais également un peu accro à la poudre blanche. Quand Fitz s'est rendu chez lui, il a trouvé porte close. Dans l'immeuble il a croisé un homme, soupçonneux. Quand il apprend que Venard s'est suicidé chez lui, Fitz subodore une histoire plus compliquée, voire un meurtre déguisé. Mais comment se défendre quand on ne sait pas qui est son ennemi ?
Jeune auteur lancé dans le grand bain de l'édition après avoir remporté le prix du premier roman au festival de Beaune, Olivier Gay prouve qu'il tient la distance. Son coup d'essai, déjà transformé, se transforme en œuvre avec ce troisième polar. Fitz y acquiert un peu plus de profondeur psychologique. Un dealer par nécessité, pas toujours à l'aise dans ses baskets dans ses activités illégales. Il a tout du joueur de poker quand il lance une grosse opération de bluff pour se tirer des griffes de ceux qui veulent l'éliminer. Il y démontre aussi toute sa science de la stratégie qui en ferait un excellent joueur d'échecs.
Et comme Olivier Gay a de la suite dans les idées, il place en début et fin de roman, deux courtes séquences indépendantes chargées d'appâter le lecteur. En fait, les ennuis de Fitz ne font que commencer...

« Mais je fais quoi du corps ? », Olivier Gay, Le Masque, 16 €

mardi 14 juin 2011

BD - "Les petites histoires viriles" de Jéromeuh : le couple au masculin


Raconter sa vie en BD est toujours un peu délicat. Il faut savoir quoi dessiner pour intéresser le lecteur et trouver le ton juste. Un exercice encore plus compliqué quand on entend y dévoiler son quotidien de couple ... homosexuel. Jéromeuh, dans son premier album, s'en tire avec les honneurs. Sa force : l'humour et l'auto-dérision.

Car on peut être gay et romantique, voire fleur bleue. Le héros, oreilles décollées, petite barbe bien taillée, gros sourcils et sourire ravageur, a tendance a être soit expéditif, soit possessif. Le problème, ses compagnons aussi, et pas toujours à l'unisson. Il raconte ses plans drague, ses nuits agitées et ses petits matins joyeux, entre doux câlins et chant des oiseaux.

Des gags en une ou deux planches s'attaquant aussi au quotidien, entre salle de bain et cuisine en désordre. Une bonne part est faite aussi aux amies, ces filles elles aussi romantiques osant se confier à Jéromeuh, ce gay qui leur ressemble tellement. Et au final, le dessin rond et coloré de Jéromeuh renforce l'impression que cette BD, tout en étant ouvertement gay, s'adresse paradoxalement aux femmes...

« Les petites histoires viriles », Delcourt, 13,50 €