jeudi 27 février 2014

Cinéma : le fil si ténu de la vie dans "Le sens de l'Humour" de et avec Marilyne Canto

Comment aimer après un deuil ? Cette interrogation torture le personnage d'Élise, au centre du film "Le sens de l'humour" réalisé et interprété par Marilyne Canto. La cinéaste sera ce vendredi 28 février à 19 heures au Castillet pour présenter son premier long-métrage.
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Talentueuse actrice française vue dans de très nombreuses productions ces dix dernières années, Marilyne Canto passe pour la premières fois derrière la caméra. Son premier long-métrage, mais pas ses débuts à la réalisation puisqu'elle a déjà quelques courts-métrages à son actif. « Le sens de l'humour » est d'ailleurs la suite de « Fais de beaux rêves », césar en 2006.



On retrouve Élise, interprétée par Marilyne Canto, dans sa vie de mère hyper active. Conférencière au Louvre, elle élève seule son fils Léo (Samson Dajczman) âgé d'une dizaine d'années. Seule car le père est mort. Dans le court, Marilyne Canto filme le moment de la disparition. Dans « Le sens de l'humour », on les retrouve, quelques années plus tard, dans la continuité. La vie continue. Le travail, l'école. L'absence physique du mort s'est atténuée, dans la tête, c'est une autre histoire. Certes Élise a rencontré un homme, Paul (Antoine Chappey), bouquiniste aux Puces. Ils s'aiment. Physiquement essentiellement. Élise est plus que sur la réserve. Dure avec cet homme, n'hésitant pas à lui affirmer « Je ne t'aimerai jamais », elle ne semble avoir de l'amour que pour son fils.

Omniprésence de l'absent
Composé de longs plans-séquences, dans les rues de Paris, au Louvre ou dans l'appartement d'Élise, ce film pourrait-être catalogué de cérébral. A cause du personnage d'Élise Une femme pleine de doutes, comme effrayée par l'amour, l'attirance. Pas encore guérie du deuil, incapable de se « donner », comme coupable d'infidélité. Mais à côté, sa vie bouillonne. Samson Dajczman, dans le rôle de Léo, est d'une justesse trop rare dans le cinéma français. Lui aussi son père lui manque. Il n'en a que peu de souvenirs. Matériellement cela se résume à une clarinette qu'il peine à monter. Qu'il conserve dans son lit la nuit. Avec Paul le courant passe. Une réelle complicité s'installe entre eux. Élise apprécie. Et c'est peut-être cette amitié qui va lui permettre d'accepter cet amour.
Film épuré, quasi minimaliste parfois, « Le sens de l'humour » est une radiographie de la difficulté d'accepter d'aimer à nouveau. Comme si Élise, après un long moment de repli sur soi, tentait enfin de déployer le fil ténu de la vie, croire au bonheur, à la renaissance des sentiments. S'épanouir et enfin sourire aux autres, aux siens.

Maryline Canto sera vendredi 28 février à partir de 19 heures au Castillet pour une séance exceptionnelle de son film en partenariat avec l'Institut Jean Vigo qui dévoilera le programme du 50e festival Confrontation du 9 au 15 avril.

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