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vendredi 17 janvier 2025

BD - Mutation liberticide pour "Les Salamandres"

Graham Gomez a une vie quelconque. Dans ce futur proche, il ne lui reste pourtant plus beaucoup d’opportunités pour profiter de l’existence. Ancien journaliste, un peu trop critique de la société, il a dû rendre sa carte de presse. Il s’est reconverti en boucher. Pas longtemps. La viande est devenue interdite.

Il rêve d’avoir en enfant avec son épouse. Encore faut-il qu’il décroche l’agrément nécessaire. Frustré, il ne peut même plus se soûler, l’alcool, comme la viande, étant prohibé de cette société surveillée de partout.

Alors il se déchaîne sur les derniers exclus : les salamandres. Des humains qui ont muté. Graham se moque d’eux en les traitant de crapauds. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il va lui aussi se transformer. Cette fable futuriste, assez pessimiste, est écrite par Julien Frey. Au dessin, on retrouve Adrian Huelva déjà à la manœuvre sur la série U4. Une nouvelle version de la lutte d’un individu contre le totalitarisme de la société qui nous pend au bout du nez. Ce n’est pas spécialement optimiste, même si un embryon d’espoir subsiste.

De la SF intelligente qui fait fonctionner les méninges du lecteur ouvert et pas trop dupe.
« Les salamandres », Bamboo Drakoo, 120 pages, 19,90 € (parution le 8 janvier)

vendredi 10 février 2023

BD - Les destins contrariés de « Monsieur Apothéoz » et de ses connaissances


Théo est persuadé qu’il est victime d’une malédiction. Son nom lui porte malheur. Théo Apothéoz, comme son père et son grand-père, ne parvient pas à trouver sa place dans notre société. Des destins brisés. Ce roman graphique écrit par Julien Frey et dessiné par Dawid est foisonnant et plein de surprises. Tout débute par l’enfance de Théo. Dans cette petite ville de province, son père, installé comme boulanger, parvient à survivre malgré un alcoolisme destructeur.

Théo, lui, est amoureux de Camille. Une jeune fille qui joue du violon. Mais après un coup du sort (la malédiction des Apothéoz…), Théo et son père déménagent vers la grande ville. C’est là qu’il vivote de petits boulots dans un appartement hérité d’une tante. Se morfondant après la perte de son amour de jeunesse.

La rencontre avec un auteur de livres en développement personnel va lui donner l’occasion de reprendre sa vie en main. Même si le destin, souvent est cruel et la malédiction contagieuse. Une histoire entraînante, des rebondissements en pagaille, des amitiés fortes, une amour puissant : Monsieur Apothéoz est le prototype du scénario très élaboré et cependant coulant de source.

Le dessin de Dawid est tout en délicatesse. Pinceau léger et couleurs délavées donnent un ton primesautier à cette BD pourtant assez sinistre par bien des sujets abordés.

«Monsieur Apothéoz», Vents d’Ouest, 19 €


lundi 11 juin 2018

BD - Une bande dessinée retrace l'oeuvre et le parcours d'Edouard Luntz, cinéaste maudit


Un cinéaste peut-il disparaître ? Du moins son œuvre ? La question est lancinante dans cette BD de Julien Frey et Nadar. Édouard Luntz a signé une dizaine de courts-métrages avant de passer au long. Rapidement il rencontre le succès. Au point de signer avec la Fox. Ce sera « Le grabuge », tourné au Brésil. Un autre film maudit. Budget dépassé, trop long, remonté par le producteur. Procès, victoire du réalisateur français, mais sortie confidentielle et copie à jamais perdue.

Julien Frey est allé jusqu’au Brésil pour tenter de voir ce film. Étudiant en cinéma, il a failli travailler avec Luntz.. C’est un peu pour rattraper cette occasion manquée qu’il a écrit cette BD passionnante sur le milieu du cinéma, impitoyable.

➤ « Avec Édouard Luntz », Futuropolis, 23 €.

mardi 18 février 2014

BD - Papiers courts chez Delcourt

A l'heure où l'ogre numérique menace de tout dévorer sur son passage, notamment le livre imprimé sur du bête papier, certains auteurs ont volontairement lancé une expérience digne du siècle dernier : créer une revue de BD. Lewis Trondheim est derrière ce projet intitulé « Papier ». Cela ressemble à un livre de poche de 200 pages, du noir et blanc simple et un générique entre valeurs sûres, petits jeunes et découvertes internationales. Le second numéro vient de sortir (disponible dans les librairies spécialisées). On retrouve une longue histoire politique de Trondheim himself, mais les deux véritables pépites sont placées au début et à la fin. En ouverture de ce numéro sur la famille, Pénélope Bagieu, dans un style moins léché, plus torturé, revient sur la mort de son père et les jours qui ont suivi. En fin de volume, Julien Frey (dessin de Mermoux) raconte sa première rencontre avec son père. Rien que pour ces deux histoires complètes, Papier mérite votre attention et montre toute l'étendue des talents de la BD actuelle.

« Papier » (numéro 2), Delcourt 9,95 €