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dimanche 7 avril 2024

Cinéma - « Sidonie au Japon », film zen et fantomatique


 

Sidonie (Isabelle Huppert) est la reine de l’évitement. Romancière célèbre mais qui n’a plus rien publié depuis des années, elle est invitée par son éditeur japonais pour y présenter son premier roman traduit en japonais.
Un séjour d’une semaine qui l’angoisse. Alors elle arrive avec une bonne heure de retard à l’aéroport, persuadée d’avoir fait le nécessaire pour rater son vol. Mais il est retardé et Sidonie s’envole finalement pour le Pays du soleil levant, l’inconnu.

Elle va passer une semaine en compagnie de Kenzo (Tsuyoshi Ihara), son éditeur, rigide, sévère, peu causant. Sidonie est plongée dans un monde dont elle n’a pas les clés alors que lui est en plein divorce, dépressif et mutique.
Le film d’Élise Girard prend une tournure plus étrange quand Sidonie croise le fantôme de son mari, mort dans un accident de la route quelques années auparavant.

Un fantôme bienveillant, qui va lui permettre d’oublier sa tristesse, retrouver goût à la vie (grâce aussi aux superbes paysages du Japon au printemps) et même de reprendre la plume.

Une histoire zen, optimiste, poétique et romantique. Mais avant tout fantastique dans tous les sens du terme.

 Film d’Élise Girard avec Isabelle Huppert, Tsuyoshi Ihara, August Diehl

mercredi 22 juin 2022

DVD et Blu-ray - "Les promesses" politiques

Présenté en compétition au dernier Festival du film politique de Carcassonne, Les promesses de Thomas Kruithof qui vient de sortir en vidéo chez Wild Side Vidéo, est une véritable plongée dans le mécanisme qui fait avancer les hommes politiques. En l’occurrence une femme, Clémence (Isabelle Huppert), maire d’une cité de banlieue parisienne. Au pouvoir depuis deux mandats, elle a publiquement annoncé un an avant la nouvelle élection qu’elle ne se représenterait pas. Sa première adjointe a été désignée par le parti pour lui succéder. En négociant des subventions avec un haut fonctionnaire, Clémence va recevoir une proposition de ce dernier qui va radicalement changer la donne. Un revirement qui va totalement désarçonner Yazid (Reda Kateb), son directeur de cabinet qui espère après l’élection un poste dans un ministère à Paris.

Le scénario permet de surfer sur plusieurs intrigues. La première, la plus importante, l’avenir de la cité. Mais on découvre aussi en filigrane les ambitions de Yazid, ses difficultés à gérer au quotidien son origine modeste dans un monde où même très efficaces, on reste avant tout issu d’une minorité. Le plus passionnant est l’analyse des décisions de Clémence, femme politique dont la complexité est remarquablement interprétée par Isabelle Huppert. Et dans les bonus, vous pourrez voir un long entretien avec le réalisateur.

mercredi 9 septembre 2020

Cinéma - Isabelle Huppert, daronne au pays des dealers

Isabelle Huppert joue à la Daronne qui berne flics et dealers dans ce film dont l’autre héros est le Paris populaire.


Ce film de Jean-Paul Salomé devait sortir initialement en mars. La Daronne bénéficie finalement d’une meilleure exposition puisque, depuis deux semaines, la fréquentation des salles de cinéma repart nettement à la hausse. Et cette comédie policière tirée d’un roman d’Hannelore Cayre devrait logiquement remplir les salles tant son côté drôle et irrévérencieux arrive à point nommé après une séquence de plusieurs mois de sinistrose sanitaire.

La Daronne, c’est Patience Portefeux (Isabelle Huppert). Interprète judiciaire, elle doit retranscrire en français les écoutes téléphoniques des dealers parisiens originaires du Maghreb. Sa parfaite connaissance de l’arabe lui permet de tout savoir sur les mouvements de cannabis entre Maroc et région parisienne.

Le début du film la montre lors d’une intervention au petit matin. Une descente où elle doit être au plus près pour indiquer aux policiers ce que se disent les suspects. Le reste de son travail est tout ce qu’il y a de plus tranquille. Très routinier même. Écouter les conversations de petits dealers n’est pas la chose la plus épanouissante. Mais c’est très instructif. Surtout quand on a quelques dettes laissées par un défunt mari.

Un rôle en or

Si Patience franchit toutes les lignes jaunes, c’est avant tout pour aider Khadidja (Farida Ouchani), l’aide-soignante qui s’occupe très bien de sa mère souffrant de la maladie d’Alzheimer. Son fils va être interpellé au cours d’une opération où plus d’une tonne de cannabis va être saisie. Patience va faire échouer l’opération et récupérer la marchandise.

A la tête de ce véritable trésor, elle va mettre au point une stratégie audacieuse pour le transformer en petites coupures pour assurer une fin de vie digne à sa mère et retrouver un peu de luxe dans sa vie. Patience va se transformer en Daronne (surnom donné par les policiers qui surveillent les trafics), une femme forte qui va devoir se faire une place dans ce milieu de machos qui n’apprécient que moyennement cette concurrence soudaine.

Fidèle au roman, le film offre un rôle en or à une Isabelle Huppert impeccable, entre petite-bourgeoise effacée quasiment fonctionnaire et dealeuse sans foi ni loi. Un film qui baigne dans le Paris populaire, où les communautés coexistent tant bien que mal dans une ville bigarrée et foisonnante. Avec notamment une superbe scène dans les rayons de Tati, grand magasin parisien qui depuis a fermé ses portes. Film sur le réveil d’une femme, on ressort de La Daronne avec des envies de bousculer le train-train du quotidien.

Film français de Jean-Paul Salomé avec Isabelle Huppert, Hippolyte Girardot, Farida Ouchani.

lundi 30 mars 2020

Exercice de rattrapage filmique en temps de confinement

Déjà plus de deux semaines sans cinéma. Deux semaines que les salles obscures sont désertes. Plus la moindre nouveauté. Normalement, si le fichu virus n’avait pas déferlé sur l’Europe, ce week-end on aurait pu aller voir « La Daronne », film de Jean-Paul Salomé avec Isabelle Huppert. J’ai eu la chance de le voir avant sa non-sortie en prévision d’une rencontre avec le réalisateur et l’interprète principale. Rencontre qui a été annulée de même que la sortie du film, bien avant la décision de confinement général. Espérons que cette excellente adaptation du roman d’Hannelore Cayre paru chez Métailié trouvera son public malgré une sortie décalée et toujours très hypothétique.
Pas de film cette semaine, mais ce n’était pas le cas les précédentes années. Et dans le lot, il y a certainement des œuvres que vous avez ratées au moment de leur sortie. Alors petit exercice de rattrapage dans le temps avec les films présentés en tête de la page cinéma de l’Indépendant.


En 2019, fin mars, sortait Le dernier amour de Benoît Jacquot. L’histoire de Casanova (Vincent Lindon) qui pour une fois n’arrivait pas à conclure la Charpillon (Stacy Martin) se refusant à lui. Vous pouvez louer le film pour 4,99 € sur UniversCiné ou CanalVOD.
En 2018, La prière de Cédric Khan permettait à un jeune acteur d’exploser en ce mois de mars. Anthony Bajon, avant même la sortie du film sur cette rédemption d’un petit loubard dans une communauté religieuse, venait de remporter l’ours d’argent de la meilleure interprétation masculine à la Berlinade. (location en streaming pour 3,99 € sur UniversCiné).
2017 : mars est placé sous le signe de la naissance et des Catherine avec Sage-femme de Martin Provost. Catherine Deneuve et Catherine Frot sont en dettes dans cette belle histoire de maternité, de famille et de femmes. (location pour 3,99 € sur UniversCiné)
Qui est Rosalie Blum ? Cette interrogation, le critique ciné de l’époque se la pose en mars 2016. Ce film de Julien Rappeneau, poétique et hilarant, met en vedette Noémie Lvovsky et aussi Sara Giraudeau et Alice Isaaz. (2,99 sur UniversCiné)
Mars 2015, Anaïs Demoustier tape dans l’œil du critique cinéma de l’Indépendant qui lui consacre un petit portrait intitulé « Une frimousse craquante ». La belle est au centre d’une histoire d’amour compliquée racontée dans A trois on y va de Jérôme Bonell. (Retrouvez la belle Anaïs en streaming sur MyTF1VOD pour 3,99 €).
Mars 2014 voit le succès d’un beau documentaire sur l’école. Mais n’importe laquelle. La cour de Babel de Julie Bertuccelli raconte une année scolaire dans une classe d’accueil destinée à recevoir les enfants étrangers qui ne maîtrisent pas le français. Pour 2,99 € vous pouvez réviser ce long-métrage sur UniversCiné.
Enfin en pleine fête de Pâques 2013, Guillaume Nicloux lance son film La Religieuse. Il y raconte la détermination d’une jeune femme à quitter les ordres où l’ont placé de force ses parents. Un film à revoir sur Arte Boutique pour 3,99 €. Ce retour dans le passé ne nous donne pas l’occasion de découvrir des nouveautés, mais au moins assouvi notre envie de films.

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Retour sur trois sorties de 1990, 1980 et 1970

Les films sortis depuis plus de 30 ans  sont également disponibles sur les service de VOD.
En mars 1990, Depardieu dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau faisait sienne la célèbre réplique, « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! ». (2,99 € sur LaCinetek)
 En mars 1980, un autre grand du cinéma est à l’affiche : Belmondo dans Le Guignolo de Georges Lautner. (2,99 € sur Orange ou CanalVOD)
Enfin en 1970 (avril exactement) sortait un film de Bernard Toublanc-Michel intitulé Le Petit Bougnat. Rien d’exceptionnel question scénario mais une adolescente de 14 ans pour la première fois à l’affiche crève l’écran. Elle fera une belle carrière sous le nom d’Isabelle Adjani... (2,99 € sur Orange ou CanalVOD).

mercredi 28 mars 2018

Cinéma : Électrisante Isabelle Huppert dans « Madame Hyde »


De ce film iconoclaste de Serge Bozon, on retiendra cette phrase prononcée par l’héroïne avec véhémence devant des élèves chahuteurs : « Un prof n’a pas besoin d’être aimé mais d’être compris. » Et il y a du boulot dans le cas de Madame Géquil (Isabelle Huppert), professeur de physique en totale perdition dans ce lycée technique. Non seulement elle est malmenée par les garçons, mais elle subit également les foudres des deux seules filles de la classe, exaspérées de ne pouvoir apprendre dans de bonnes conditions.

Au début on se croit plongé dans un film purement social sur les difficiles conditions de travail des profs. Ou, au choix, de l’incroyable hiatus entre les intentions des uns et les désirs des autres. Comme si enseignants et élèves se trouvaient sur deux planètes diffé- rentes. Madame Géquil tente donc de faire passer son message. En vain. Trop naïve, trop académique... Le genre de personnalité qui offre un boulevard aux perturbateurs. Comme Malik, un élève décrocheur comme il y en a des centaines dans un lycée de banlieue. Pourtant Madame Hyde ne lui en veut pas. Souffrant d’une maladie dégénérative, il ne se déplace que grâce à un déambulateur. Une fois ces premiers personnages présentés, le film bascule dans le surréalisme avec l’apparition du proviseur (Romain Duris), sorte de vaniteux égocentrique et du mari de Madame Géquil (José Garcia), homme au foyer d’une platitude et banalité rédhibitoires.

Coup de foudre
La bascule a lieu un soir de lune rousse dans un bâtiment préfabriqué abritant le laboratoire secret et personnel de la prof de physique. Alors qu’elle branche des appareils électriques, la foudre tombe sur la machinerie et électrocute la chercheuse. La nuit suivante, elle se lève, marche dans la rue et se transforme en boule de feu. Madame Géquil devient Hyde. Attention, ça va faire mal !

Le film de Serge Bozon aurait pu tourner au pastiche de la série B. Mais loin de son pré- cédent long-métrage (Tip Top, déjà avec Isabelle Huppert et complètement barré), Madame Hyde explore peu le fantastique. La transformation est brûlante la nuit, mais la journée, la prof dépassée se transforme en excellente pé- dagogue capable de se faire comprendre voire même d’être aimée, à l’opposé de sa déclaration liminaire.

Le seul inconvénient reste que le film, de fantaisiste, devient limite barbant. Presque un pensum, par moment, sur le vivre ensemble, l’interaction et l’avenir de l’éducation nationale. Comme si le réalisateur s’était perdu en cours de route, ou plus exactement s’était remis dans le droit chemin, comme Malik, abandonnant sa nonchalance pour une soif de savoir inextinguible.

 ➤ « Madame Hyde », comédie fantastique de Serge Bozon (France, 1 h 35) avec Isabelle Huppert, Romain Duris, José Garcia.

mercredi 7 mars 2018

Cinéma : Eva", fantasme de roman

Benoît Jacquot met en vedette Isabelle Huppert dans le film "Eva"


À la base il y a la faute originelle. Bertrand, assistant de vie (ou gigolo, cela n’est pas clair volontairement), se rend chez un de ses clients, un vieil écrivain anglais tombé dans l’oubli. Il est hasbeen chez lui et trop dark en France. Presque grabataire, malade, il se morfond, attendant la visite du beau Bertrand. Contre une forte somme d’argent, il lui demande de le rejoindre dans son bain. Bertrand est sur le point de le faire quand l’homme a une crise cardiaque. Bertrand le regarde mourir, sans intervenir. L’argent en poche, Bertrand prend la fuite en volant la dernière œuvre encore inédite du mort, une pièce de théâtre. Quelques années plus tard, Bertrand savoure le succès de la pièce à l’affiche depuis plusieurs mois. Il a simplement posé sa signature au bas du manuscrit. Un triomphe aussi simple que cela.

Mais le succès aidant, le propriétaire du théâtre réclame une seconde pièce. Tournant en rond, Bertrand décide d’aller s’isoler dans le chalet de ses futurs beaux-parents en Savoie. Il arrive de nuit, en pleine tempête de neige et découvre dans la chambre un couple. Eva et son client se sont installés. Le client sirote un whisky, Eva se prélasse dans la baignoire. Bertrand vire l’importun et propose à la belle prostituée de luxe de remplacer son client évanoui. Fin de non-recevoir d’Eva qui brise un cendrier sur le crâne du jeune prétentieux.

■ Rayonnante Isabelle Huppert
Le film de Benoît Jacquot, remake d’un long-métrage de Losey avec Jeanne Moreau, toujours adapté d’un polar de James Hadley Chase paru dans la Série Noire, donne à Isabelle Huppert l’opportunité de camper une femme belle et vénéneuse, vénale et touchante. L’actrice française, très présente ces dernières années, multiplie ces rôles de femmes mûres et mystérieuses. Elle excelle dans le genre, passant de la femme sûre d’elle, vendant son corps avec aisance, à l’épouse aimante prête à tout pour son mari en situation difficile. Dans ce jeu, l’intrusion de Bertrand ne va pas la perturber. Simplement elle avoue une certaine sympathie pour ce jeune homme plein de ressource, prétentieux et trop malléable.


Gaspard Ulliel, pour son premier film sous la direction de Benoît Jacquot, signe une performance très intéressante. Entre la faute originelle (le vol de la pièce) et la fin du film, il doit montrer toute l’ambiguïté du personnage et passer de l’effacé au triomphant puis à l’homme acculé. Un thriller tourné en Savoie, en hiver, renforçant le sentiment d’enfermement, de piège inéluctable. La tension est permanente et paradoxalement, on se croit parfois dans un roman de… Philippe Djian.

➤ « Eva », drame de Benoît Jacquot (France, 1 h 40) avec Isabelle Huppert, Gaspard Ulliel, Julia Roy.

vendredi 27 mai 2016

Cinéma : Machiavélique, "Elle" cache son jeu

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Présenté samedi à Cannes, dans les salles dès ce mercredi, le dernier film de Paul Verhoeven raconte la dérive d'une femme, victime et manipulatrice, jouée par Isabelle Huppert.

Est-elle perverse ? Manipulatrice ? Voire complètement folle ? Le personnage de Michèle (Isabelle Huppert), au centre du film "Elle" de Paul Verhoeven, restera longtemps une énigme pour le spectateur. Cela débute par des cris en arrière-plan de l'image fixe d'un chat noir. La caméra avance et on découvre une femme en train d'être violée par un homme cagoulé. Michèle, patronne d'une société de production de jeux vidéo, vient de se faire agresser chez elle. L'homme s'enfuit. Elle se relève comme si de rien n'était. Nettoie la pièce, jette ses habits, prend un bain où un peu de sang colore la mousse abondante. Une première scène choc avant de découvrir le quotidien de Michèle. Cette grande bourgeoise, froide et souvent arrogante, mène son entreprise d'une main de fer. Elle est associée à sa meilleure amie (Anne Consigny), par ailleurs épouse de son amant occasionnel. Déjà, le réalisateur casse les barrières de la bienséance avec cette histoire de tromperie purement physique. Ce qui n'empêche pas l'héroïne de draguer de façon éhontée, le soir de Noël, son voisin (Laurent Lafitte), marié à une sainte femme pratiquante (Virginie Efira) trop accaparée par la diffusion de la messe de Minuit pour voir ce petit jeu pervers.
Père serial killer
Par ailleurs, Michèle a un fils, grand dadais persuadé de s'affirmer en devenant père alors qu'il n'est que le jouet de sa copine du moment. Cela devient encore plus glauque avec les parents. La mère (Judith Magre), abominablement liftée, s'envoie en l'air avec un gigolo. Le père est en prison depuis plus de 30 ans après avoir massacré une trentaine de personnes un soir de folie dans sa paisible banlieue de province. Arrivé à ce niveau de bizarrerie, on se demande comment le réalisateur va pouvoir aller plus loin. Le violeur va alors de nouveau entrer en scène. Il envoie des messages à sa victime, viole de nouveau son intimité, la maltraite. Mais n'est-ce pas ce qu'elle désire au final quand elle reconnaît que "cette relation est tordue, c'est comme une maladie." Sans être trop démonstratif dans le sexe et la violence, le film de Paul Verhoeven est brillant car transgressif. L'angoisse est palpable dans nombre de scènes. Chaque personnage, de banal, se transforme par quelques attitudes ou réflexions en monstres de perversité en puissance. On devine ainsi ce qui a attiré le réalisateur à adapter ce roman de Philippe Djian. Bredouille à Cannes, "Elle" aurait pourtant largement mérité le prix d'interprétation féminine pour son actrice principale qui s'est donnée corps et âme dans cette incroyable descente aux enfers.
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 Paul Verhoeven, le Hollandais violent
Ses plus grands succès, il les a tournés aux USA. Pourtant Paul Verhoeven est Néerlandais et avant de connaître la gloire avec "Basic Instinct" ou "Robocop" il a tourné six longs-métrages dans son pays d'origine. Le dernier film européen, "Le quatrième homme" a quelques résonances avec "Elle". Sexe et violence (mais ce sont deux ingrédients omniprésents dans toute l'œuvre de Paul Verhoeven surnommé le 'Hollandais violent') mais également le côté pervers et machiavélique de l'héroïne. En 1983, la femme mante religieuse était interprétée par Renee Soutendijk. Jeune et belle, elle est au moins aussi dangereuse qu'Isabelle Huppert dans le film de 2016. Avant de s'attaquer au marché américain, Verhoeven a réalisé un film moyenâgeux d'aventure de commande, "La chair et le sang". Rutger Hauer et Jennifer Jason Leigh portent ce film de genre d'une rare subversité. Pour certains fans, c'est l'œuvre majeure du réalisateur, pour d'autres une simple ébauche de tous les thèmes de ses futures réalisations. Dans "Elle", au climat si trouble, on retrouve un peu de cette perversité angoissante. Comme si le cinéaste européen retrouvait ses racines en tournant pour la première fois en français.

jeudi 7 avril 2016

Cinéma : La liberté, un "avenir" intimidant

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Une femme découvre la liberté quand son mari la quitte et que sa mère meurt. Mais comment trouver sa place quand on se considère comme finie ? Un film comme un devoir de philosophie.


Jeune réalisatrice de 35 ans, Mia Hansen-Løve a déjà un beau CV derrière elle. Enrichie d'une prestigieuse récompense, celle de meilleure réalisatrice au dernier festival de Berlin pour "L'avenir". Ce film, directement inspiré de la vie de ses parents, est un long questionnement sur le sens de la vie et de l'enseignement. Nathalie (Isabelle Huppert) est professeur de philosophie. Elle vit dans un bel appartement parisien en compagnie de son mari, Heinz (André Marcon), lui aussi professeur. Nathalie a deux enfants devenus adultes et un parcours professionnel exceptionnel. Elle enseigne à des terminales et repère les meilleurs éléments comme Fabien qu'elle a poussé à devenir Normalien. Mais à l'orée de la cinquantaine, cette femme, au quotidien très formaté, voit son existence bouleversée.
Élève modèle
Premier signe, elle ne comprend plus ces jeunes en grève pour l'avenir de leur... retraite. Ensuite son mari lui apprend qu'il a rencontré une femme et va la quitter. Enfin sa mère (Edith Scob, lire ci-contre), tombe malade et devient dépendante. Quand elle meurt, ce sont toutes les chaînes de la vie de Nathalie qui se brisent. Elle se retrouve seule, sans rien devoir à personne. Un tourbillon de liberté qui la déstabilise. Elle va se tourner vers son petit prodige, Fabien, mais là aussi l'incompréhension règne en maître. Dans le rôle principal, Isabelle Huppert rend parfaitement le questionnement froid et très philosophique de cette femme perdue dans un monde qu'elle ne comprend plus. La faute à son embourgeoisement sans doute. Ou cette volonté d'être utile, de prendre en charge la vie de ses proches comme un défi permanent. Son tête à tête avec le chat de sa mère est à ce niveau très symbolique. Le film, parfois un peu trop bavard, retrouve grâce et luminosité quand Nathalie passe quelques jours dans le Vercors, dans la communauté libertaire fondée par Fabien. Une dernière évidence pour cette femme du passé qui a pourtant un avenir à construire. Lequel ? Le film ne le dit pas. Mais il reste positif, comme toutes les réalisations de Mia Hansen-Løve.
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Edith Scob : cinq décennies de seconds rôles
avenir,huppertDans le rôle de la mère dépressive et tyrannique de Nathalie, on retrouve un visage bien connu du cinéma français. Cela fait près de 50 ans qu'Edith Scob incarne un certain type de femme, racée et hautaine. Son premier rôle marquant, elle le doit à Georges Franju. Elle y interprète une des pensionnaires de l'asile psychiatrique de "La tête contre les murs". Ce même Franju lui offre un nouveau rôle de composition avec "Les yeux sans visage", film fantastique terrifiant. La frêle jeune fille va enchaîner les tournages, tant dans des productions populaires ("L'été meurtrier", "Sœur Thérèse.com") que des films d'auteurs, notamment avec Rivette ou Bunuel. Mais elle ne sera jamais en vedette. Une position qu'elle conservera au gré des décennies. Maintenant âgée de plus de 70 ans, elle est abonnée aux 'vieilles' psychorigides, voire carrément folles. Elle expliquait toute la difficulté d'aimer de Benoît Poelvoorde dans "Famille à louer". Dans "L'avenir", elle ne supporte pas les ravages du temps, se conduit comme une fillette capricieuse avec sa fille qui accourt au moindre problème. Elle est souvent dans le même registre, mais toujours avec justesse.

jeudi 10 décembre 2015

Cinéma : "Back home", vies fantômes


Comment continuer à vivre une fois que le pilier d'une famille disparaît ? Cette interrogation est au centre du film de Joachim Trier, avec Isabelle Huppert en vedette.



Photographe de guerre, Isabelle Reed (Isabelle Huppert), depuis des années, est souvent en reportage sur les points les plus dangereux de la planète. De longues absences au cours desquelles sa famille continue de vivre comme si de rien n'était. Ses deux garçons, Jonah (Jesse Eisenberg) et Conrad (Devin Druid), vont au lycée, s'amusent avec leurs copains sous la responsabilité de leur père Gene (Gabriel Byrne), professeur qui a fait un trait sur sa carrière d'acteur pour permettre à sa femme de vivre pleinement sa passion professionnelle. Au début du film, Gene est dans l'agence de presse qui employait sa femme pour préparer une exposition hommage. Isabelle, après des années à risquer sa vie au milieu des bombes, parfois blessée, avait enfin décidé de ne plus "partir". Un retour à la maison qu'elle a voulu définitif. Peu de temps après, elle se tue dans un accident de la circulation, à quelques kilomètres de sa maison. Une version officielle loin de la vérité. Isabelle s'est suicidée, lasse de cette non-vie. Comme si elle avait l'impression d'être de trop dans sa famille, qu'ils pouvaient vivre exactement de la même façon que quand elle n'était pas là.
Les fils et la mère
Ce postulat expliqué en début de film par le réalisateur norvégien Joachim Trier, est porté par des acteurs au jeu d'une rare intensité. Isabelle Huppert, en mère incomprise et photographe de talent, est celle qui doit jouer avec le plus d'intériorité. Au cours de flashbacks ou de rêves, elle semble comme absente, tout en étant présente. Un fantôme avant et après sa mort.
Gabriel Byrne, le mari, n'est pas le gentil fonctionnaire qu'il donne parfois l'impression d'être. Il a longtemps harcelé sa femme pour qu'elle cesse ses missions trop dangereuses. Pas par peur de la perdre (comme si leur amour s'était étiolé inexorablement), mais pour protéger leurs fils de cette mort redoutée qui pourrait les détruire.
Finalement, le drame a lieu et l'essentiel du film, très intimiste pour ne pas dire introspectif, raconte les parcours des fils, Jonah et Conrad. Le premier, brillant universitaire, sera professeur comme son père. Marié, il vient d'être papa d'une petite fille. Il bascule de l'autre côté de la famille au moment même où la préparation de l'exposition sur sa mère le pousse à replonger dans ses jeunes années. Il se remet dramatiquement en question, se découvrant plus complexe qu'il ne le croyait.
Quant à Conrad, il est l'archétype du lycéen renfermé sur lui. Brillant, intelligent, il a un gros problème avec la réalité. En permanence un casque sur les oreilles, mais sans la moindre musique, il s'écoute respirer, observe son entourage, tombe amoureux d'une cheerleader aussi idiote que mignonne, passe ses nuits à jouer en ligne à des jeux vidéos où, sous l'apparence d'un elfe ou d'un barbare, il trucide tout ce qui bouge. Incompris, tant par son père que ses professeurs. La puissance du film est là, dans cette description d'une cellule familiale bancale, en pleine décomposition en raison de l'omniprésence du fantôme de la mère absente. On craint parfois le pire, mais c'est un joli message d'espoir qui est délivré au final. La vie sera toujours plus forte que la mort, même quand elle s'allie avec les fantômes du passé. Isabelle (Isabelle Huppert) s'éloigne inexorablement de son mari Gene (Gabriel Byrne). Encore plus quand elle décide de ne plus partir en reportage.

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Jeunesse introvertie

Joachim Trier, après des films réalisés dans son pays d'origine et des succès d'estime dans les festivals (notamment à Cannes), passe à la vitesse supérieure. Une coproduction internationale, tournée en grande partie à New York, avec quelques acteurs de premier plan venus de divers horizons. Isabelle Huppert pour la partie française, Jesse Eisenberg en caution du "jeune acteur américain brillant et de séducteur". Mais la véritable révélation du film reste Devin Druid, l'interprète de Conrad, l'adolescent introverti. Il a composé un personnage complexe et torturé, refermé sur lui-même, incapable de communication, comme paralysé par la vie, la vraie. Pour déclarer sa flamme à la jolie Mélanie (Ruby Jerins), il écrit un long texte dans lequel il se dévoile sans pudeur. Mais au lieu de lui remettre en main propre, il le dépose sur le paillasson de l'entrée et s'enfuit en courant dans la rue, souriant, heureux d'avoir osé. Le réalisateur a parfaitement exploité cette pépite en devenir. Il en est pleinement conscient quand il confie "Je suis très fier d'avoir eu la chance de travailler avec Devin Druid avant que son talent ne s'impose à tous". Personne n'en doute et on reverra certainement cet acteur surdoué dans d'autres productions à la mesure de son aura.

dimanche 21 juin 2015

Cinéma - Duo majeur dans la fournaise de « Valley of love »

Gérard Depardieu et Isabelle Huppert à la recherche de leur enfant mort.


Petit dernier de la sélection française du dernier festival de Cannes, « Valley of love » de Guillaume Nicloux permet surtout de retrouver deux monstres sacrés du cinéma français dans un tête à tête brûlant. 35 ans après « Loulou » de Maurice Pialat, Isabelle Hupert et Gérard Depardieu se retrouvent face à face. Elle est toujours aussi lumineuse, il est encore plus massif. Passé la surprise des premières minutes, le charme (et surtout leur talent) agit. Totalement investis dans leurs deux rôles, on oublie leur statut de stars pour ne voir que deux parents en plein désarroi. La force aussi au scénario du réalisateur ténu mais prenant.

Dans un motel de la zone touristique de la Vallée de la Mort en Arizona, Isabelle (Isabelle Huppert) attend son ancien mari Gérard (Gérard Depardieu). Tous les deux acteurs, ils ont refait leurs vies depuis bien longtemps. Le seul lien qui leur restait c’était ce fils, Michaël. Isabelle l’a abandonné à 7 ans. Gérard a coupé les ponts peu de temps après sa majorité. Michael vivait à San Francisco en compagnie de son ami. Et une après-midi, il a mis fin à ses jours. Peu auparavant, il a écrit deux lettres destinées à Gérard et Isabelle. Il leur demande de passer une semaine en novembre dans la Vallée de la mort. De se rendre, ensemble dans divers lieux selon un ordre précis et alors, alors seulement, selon le contrat passé, ils pourront le voir une dernière fois. Et s’expliquer...

Si Isabelle croit dur comme fer à cette rencontre, Gérard est plus que sceptique. D’ailleurs, il ne peut pas rester la semaine complète. Il a un rendez-vous important jeudi.
Le film, tourné à minima, dans les véritables décors écrasés de chaleur (les comédiens, surtout Depardieu, suent à grosses gouttes), est d’une limpidité presque aveuglante. Pour le père, cette idée saugrenue de les réunir dans ce lieu étouffant est une vengeance parfaite. Juste une manigance pour qu’ils se disputent et souffrent encore et toujours. La mère est sur un tout autre registre. Persuadée d’avoir tout raté avec ce fils qui l’a rejetée, elle croit à cette ultime chance de retrouver l’enfant qu’elle a porté, aimé...
Alors ils en parlent. Déambulent dans les canyons, marchent sur les cailloux. Retrouvent l’air climatisé des chambres du Motel, font des cauchemars et repartent inlassablement le lendemain vers un nouveau point de vue, un nouveau très hypothétique rendez-vous, à la recherche d’un signe.
Isabelle Huppert et Gérard Depardieu sont excellents dans la peau de ces parents brisés par la perte de leur enfant. D’autant plus démolis qu’ils sont, tous les deux, totalement passés à côté de la vie de Michael. Alors si ce film peut servir au moins à une chose, c’est de rapprocher parents et enfants avant qu’il ne soit trop tard.

jeudi 12 juin 2014

Cinéma - "La Ritournelle" ou l'écart de la « petite bergère »

Le monde rural s'émancipe dans « La ritournelle », fable amoureuse de Marc Fitoussi avec Isabelle Huppert et Jean-Pierre Darroussin.


De la Normandie très british au Paris plus cosmopolite, « La Ritournelle » de Marc Fitoussi propose au spectateur un grand écart intellectuel réjouissant. Un film sur les affres amoureux d'un couple de ruraux à des années lumière des paysans solitaires et frustrés des émissions de téléréalité en vogue. A la campagne aussi on s'aime, on s'éloigne et parfois on est tenté par faire un accroc à son contrat de mariage. Une histoire universelle dans un milieu en pleine révolution, servi par deux acteurs d'une rare conviction.

Xavier Lecanu (Jean-Pierre Darroussin) est éleveur de charolaises. Ces vaches destinées à la viande sont dociles et robustes. Elle ont la belle vie dans les vertes prairies de son exploitation en Normandie. Régulièrement il participe à des concours où ses taureaux reproducteurs récoltent nombre de prix. Il s'occupe de ses bêtes avec sa femme, Brigitte (Isabelle Huppert). La cinquantaine, ses deux enfants hors du nid (et pas intéressés par la reprise de l'exploitation familiale), elle aimerait un peu plus de fantaisie dans une vie qui ronronne trop à son goût. Elle repousse cette envie, cette démangeaison qui prend physiquement la forme d'une plaque d'eczéma sur la poitrine. Mais quand des jeunes viennent fêter un anniversaire dans la maison d'à côté, Brigitte se surprend à rêver danse, musique, joie et émancipation. Un songe qui prend forme avec la visite de Stan (Pio Marmai), étudiant loin d'être insensible à la beauté de cette femme mûre et mystérieuse. Mais Brigitte n'ose pas. Et elle quitte la soirée avant de commettre l'irréparable.
Deux jours à Paris
Le lendemain, elle regrette et invente une consultation à Paris chez un dermatologue pour tenter de retrouver Stan. Avec sa petite valise cabine elle va passer deux jours dans la capitale entre rendez-vous ratés avec Stan et rencontre inopinée de Jesper (Michael Nyqvist), dentiste norvégien peu motivé par le congrès international motif de son séjour en France mais très barbant. Pendant que Brigitte se laisse faire la cour, Xavier découvre que le prétendu dermatologue a pris sa retraite. Soupçonneux il confie ses bêtes à son ouvrier agricole et rejoint Paris.
Cette histoire d'épouse lassée et de mari jaloux est beaucoup plus subtile qu'un banal marivaudage. Notamment dans les réactions du mari. Xavier a pour habitude d'appeler sa femme « Petite bergère ». Elle n'aime pas trop mais c'est toute la marque de l'amour fort et entier entre ces deux êtres qui se sont rencontrés à l'école d'agriculture. Le grand risque de Marc Fitoussi était de rendre crédible ses acteurs en ruraux. Jean-Pierre Darroussin, cela n'étonnera personne, est parfait dans ses habits de gentleman farmer. Isabelle Huppert réussi l'exploit de rendre son personnage de bergère rêveuse aussi désirable qu'attachant, malgré des habits qui ne la mettent jamais en valeur. Et en une scène muette, vers la fin, elle donne toute sa profondeur à ce personnage en quête de meilleur tout en conservant l'acquis. Belle et émouvante. Elle mérite son bonheur.
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Jean-Pierre Darroussin gentleman farmer

Acteur tout-terrain, habitué des petits rôles, fidèle à une bande, Jean-Pierre Darroussin éclabousse le film de son talent. Il porte cette histoire de Marc Fitoussi du début à la fin. Que cela soit dans la peau d'un paysan un peu rétrograde (en mode Jean-Pierre Bacri), du petit garçon encore amoureux de sa bergère, en mari jaloux espionnant sa femme ou en grand seigneur à la Raimu, il passe par tous les états avec une facilité et une authenticité déconcertantes. 
Ce n'est certainement pas le comédien le plus « bankable » du cinéma français, mais il est depuis longtemps dans le Top 5 des plus doués. Il sera de nouveau à l'affiche la semaine prochaine pour la sortie de « Au fil d'Ariane », dernière fantaisie de Robert Guédiguian. Il y interprète cette fois un chauffeur de taxi.
 

mercredi 12 février 2014

Cinéma - Escroc un jour, escroc toujours dans "Abus de faiblesse" de Catherine Breillat


Les artistes ont souvent besoin d'une muse pour enclencher le processus de création. Catherine Breillat, en découvrant Christophe Rocancourt et son histoire d'escroc de haut vol à la télévision a le coup de foudre artistique. Sa présence, son physique, son discours : tout dans cet homme sorti depuis peu de prison l'intéresse.
« Il m'inspire. C'est un personnage formidable » explique-t-elle à ses amis inquiet ce cette attirance. Rocancourt aussi est « inspiré » par cette cinéaste et romancière. Victime d'un AVC, elle est très diminuée physiquement, le côté gauche quasiment paralysé. Par contre sa main droite, celle qui sert à signer des chèques est parfaitement valide. En quelques années Rocancourt se fera « prêter » plus de 800 000 euros. Escroc un jour, escroc toujours.


De cette histoire, véritable descente aux enfers d'une femme faible, comme ensorcelée, Catherine Breillat en a fait un livre. Et maintenant elle vient de porter son histoire sur grand écran. Pour jouer son rôle, elle a fait confiance à Isabelle Huppert, habituée des challenges difficiles. De la première scène, son réveil après l'attaque, chute du lit, appel des secours avec cette affirmation déconcertante « Je suis à moitié morte » à l'acceptation de sa déchéance face à ses proches, elle est parfaite. Même les passages où l'excès doit être de mise sonnent juste.
Débutant brillant
Si Isabelle Huppert explose à l'écran par son professionnalisme, sa science du jeu, elle ne peut pourtant pas porter le film seule. Il lui fallait un partenaire à la hauteur. Catherine Breillat a choisi Kool Shen, ancien chanteur de NTM. Quasiment son premier rôle. La réalisatrice, comme au temps de Rocancourt (elle voulait l'avoir comme acteur dans un film avec Naomie Campbell qui ne se fera finalement pas) a certainement eu le coup de foudre artistique pour un débutant brut de décoffrage. Kool Shen ne joue pas l'escroc. Il est l'escroc. Tout dans ses répliques, ses attitudes, ses grandes tirades sur ses déboires financières transpirent l'homme manipulateur, sans foi ni honneur. En face, la victime se laisse faire. Surtout car il lui permet de retrouver ce qui lui le plus manqué durant sa rééducation : le rire. Un petit rire aigu, comme la fillette que la réalisatrice redevient quand elle est en présence de ce flambeur arrogant, vulgaire et sans limite.