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dimanche 22 mai 2022

Cinéma - Deux hommes, deux femmes, deux films


Deux des films français en compétition officielle ou présenté en première au festival de Cannes sont sortis cette semaine en salles. Deux œuvres ambitieuses s’appuyant sur des comédiens investis, des oppositions entre homme et femme. Si Frère et sœur d’Arnaud Desplechin explore la haine entre Marion Cotillard et Melvil Poupaud, Don Juan de Serge Bozon est une variation sur la séduction avec Virginie Efira et Tahir Rahim.

Que s’est-il passé durant l’enfance de Louis (Melvil Poupaud) et Alice (Marion Cotillard) ? Ils se détestent au point de ne plus supporter d’être ensemble dans la même pièce. Aujourd’hui adultes, la grande comédienne et le romancier provocateur restent irrémédiablement sur leurs positions. Même quand leurs parents meurent. Bloc de haine et d’incompréhension, le film d’Arnaud Desplechin nous questionne profondément sur nos rapports avec la famille. Sur nos blessures inguérissables aussi. La tension, la haine, entre frère et sœur donne une ambiance lourde à cette histoire de rupture. Un film magnifié par deux comédiens au sommet de leur art. Marion Cotillard, loin de ses ratés américains, retrouve toute la subtilité de ses débuts. Sa fragilité aussi, cachée par une rudesse de façade. Melvil Poupaud, encore plus atteint, plus déchiré par cette situation, est plus qu’à la hauteur de sa partenaire.

Virginie Efira  se démultiplie

Don Juan de Serge Bozon n’est pas en compétition. Présenté dans le cadre de Cannes Première, le film est sorti ce lundi. Un homme, une femme : le schéma est classique pour ce drame qui flirte avec la comédie musicale. Laurent (Tahir Rahim), comédien, va se marier avec Elise (Virginie Efira). Mais sur le seuil de la mairie, elle fait marche arrière. Désespéré, le comédien tente de séduire toutes les femmes qu’il croise. Car elles ressemblent à Elise. Mais ce n’est pas parce qu’il interprète Don Juan qu’il a du succès. Cette légende inversée (l’homme est rejeté par les femmes), est un peu laborieuse. Virginie Efira est merveilleuse de duplicité, Tahir Rahim moins à l’aise dans ce rôle d’homme déstructuré.

Frère et sœur, film français d’Arnaud Desplechin avec Marion Cotillard, Melvil Poupaud

Don Juan, film français de Serge Bozon avec Virginie Efira et Tahir Rahim 

mercredi 28 mars 2018

Cinéma : Électrisante Isabelle Huppert dans « Madame Hyde »


De ce film iconoclaste de Serge Bozon, on retiendra cette phrase prononcée par l’héroïne avec véhémence devant des élèves chahuteurs : « Un prof n’a pas besoin d’être aimé mais d’être compris. » Et il y a du boulot dans le cas de Madame Géquil (Isabelle Huppert), professeur de physique en totale perdition dans ce lycée technique. Non seulement elle est malmenée par les garçons, mais elle subit également les foudres des deux seules filles de la classe, exaspérées de ne pouvoir apprendre dans de bonnes conditions.

Au début on se croit plongé dans un film purement social sur les difficiles conditions de travail des profs. Ou, au choix, de l’incroyable hiatus entre les intentions des uns et les désirs des autres. Comme si enseignants et élèves se trouvaient sur deux planètes diffé- rentes. Madame Géquil tente donc de faire passer son message. En vain. Trop naïve, trop académique... Le genre de personnalité qui offre un boulevard aux perturbateurs. Comme Malik, un élève décrocheur comme il y en a des centaines dans un lycée de banlieue. Pourtant Madame Hyde ne lui en veut pas. Souffrant d’une maladie dégénérative, il ne se déplace que grâce à un déambulateur. Une fois ces premiers personnages présentés, le film bascule dans le surréalisme avec l’apparition du proviseur (Romain Duris), sorte de vaniteux égocentrique et du mari de Madame Géquil (José Garcia), homme au foyer d’une platitude et banalité rédhibitoires.

Coup de foudre
La bascule a lieu un soir de lune rousse dans un bâtiment préfabriqué abritant le laboratoire secret et personnel de la prof de physique. Alors qu’elle branche des appareils électriques, la foudre tombe sur la machinerie et électrocute la chercheuse. La nuit suivante, elle se lève, marche dans la rue et se transforme en boule de feu. Madame Géquil devient Hyde. Attention, ça va faire mal !

Le film de Serge Bozon aurait pu tourner au pastiche de la série B. Mais loin de son pré- cédent long-métrage (Tip Top, déjà avec Isabelle Huppert et complètement barré), Madame Hyde explore peu le fantastique. La transformation est brûlante la nuit, mais la journée, la prof dépassée se transforme en excellente pé- dagogue capable de se faire comprendre voire même d’être aimée, à l’opposé de sa déclaration liminaire.

Le seul inconvénient reste que le film, de fantaisiste, devient limite barbant. Presque un pensum, par moment, sur le vivre ensemble, l’interaction et l’avenir de l’éducation nationale. Comme si le réalisateur s’était perdu en cours de route, ou plus exactement s’était remis dans le droit chemin, comme Malik, abandonnant sa nonchalance pour une soif de savoir inextinguible.

 ➤ « Madame Hyde », comédie fantastique de Serge Bozon (France, 1 h 35) avec Isabelle Huppert, Romain Duris, José Garcia.