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mardi 1 avril 2025

BD - La dérive mortelle de l'extrême-gauche japonaise

"Banzai !" Le cri des samourais a été récupéré, dans les années 70, par les révolutionnaires japonais. Preuve qu'entre les idéologies extrémistes, il y a toujours moyen de trouver des points communs. Assez peu connue en Europe, l'épopée tragique de l'ARU, l'Armée rouge unifiée, est détaillée dans cette BD écrite par Frédéric Maffre et dessinée par François Ruiz. Le scénariste, passionné de cinéma nippon, a découvert l'existence de ce groupuscule violent d'extrême-gauche en visionnant certains films de l'époque qui y faisaient référence. Le second, dessinateur, avoue découvrir le sujet avec le scénario et s'être enthousiasmé pour les destins de ces jeunes hommes et femmes, aveuglés par leur idéal, au point de faire pire que la société qu'ils rejetaient. 

La scène d'ouverture est symbolique. En 1976, un jeune extrémiste, comédien raté de films érotiques dans la vie civile, décide de faire s'écraser son avion de tourisme sur la maison d'un homme d'affaires corrompu. Il rate son coup (mais pas son suicide) à quelques mètres près. Comme une répétition pour d'autres terroristes qui feront trembler le monde libre un jour de septembre 2001. 

Pour raconter cette révolution manquée, débutée en 1968, c'est un rescapé qui se confie à des journalistes. Il se souvent comment les militants politiques ont intensifié leurs actions, basculant de plus en plus vers la violence, comme la police et le gouvernement qui n'ont jamais cherché l'apaisement. Et comme en Occident, ce sont les rivalités intérieures qui seront les plus dommageables à la "révolution". Les quelques centaines de militants se divisent en petits groupuscules isolés. On suit notamment celui mené par Nagata et Mori. Une intellectuelle et un homme violent. Retirés dans un chalet dans la montagne avec une vingtaine de fidèles, ils vont mettre tous les militants à l'épreuve. La moitié d'entre eux vont mourir dans d'atroces souffrances. 

Le second passage emblématique est l'arrivée de Kozo Okamoto dans un camp palestinien au Liban. C'est de là que de nombreux terroristes vont partir pour tenter de faire fléchir l'Occident et l'ennemi absolu : Israël. Kozo deviendra un "héros" pour la mouvance quand il parviendra à tuer une dizaine d'innocents à l'aéroport de Tel Aviv. Des méthodes imaginées par des "gauchistes révolutionnaires", reprises de nos jours par des "intégristes religieux". C'est sans doute le côté les plus intéressant de la BD, ce parallèle entre les luttes sociales des années 70 et cette politique de la terreur absolue, chère au Hamas et autre Etat islamique, et son jusqu'au-boutisme. 

"Terorisuto", Glénat, 136 pages, 22,50 €

jeudi 6 mars 2025

BD - Découvrir la naissance de la littérature moderne japonaise

Si le tome 1 de la réédition dans le sens de lecture original de "Au temps de Botchan" était centré sur le roman de Natsume Soseki, le second tome se penche sur la vie et le début de l'oeuvre de Mori Ogai. 

Ce manga, un des premiers abordant l'histoire et la littérature japonaise, est écrit par Natsuo Sekikawa et dessiné par Jirô Taniguchi. Considérée à juste titre comme un des chef-d'oeuvre du maitre nippon, cette BD bénéficie d'une réédition dans son sens de lecture original. Lors de sa première version, elle avait été remontée pour ne pas dérouter les lecteurs européens. Depuis, les mangas ont conquis le monde et la lecture de la droite vers la gauche est entrée dans les moeurs, même sous nos latitudes. 

Le second tome débute par les obsèques de Futabatei Shimei, écrivain considéré par ses pairs comme un des précurseurs de la littérature japonaise moderne. Il a beaucoup étudié les oeuvres russes et s'est inspiré des textes qu'il a traduit pour rédiger son premier roman. Mort en mer sur le bateau qui le ramenait au pays, Futabatei est salué par les plus célèbres écrivains et journalistes de l'époque. Parmi eux Mori Ogai dont l'histoire d'amour contrariée avec une danseuse allemande est au centre de l'histoire. 

Les deux auteurs racontent cette histoire (déjà au centre du roman La danseuse publié en 1890) entre le jeune militaire japonais en formation en Europe et Elise, jeune danseuse allemande. Ils s'aiment. Promettent de se marier. Mais une fois revenu au pays, le soldat trahit la jeune femme. L'exemple parfait le la différence de culture entre Est et Ouest, entre Occident et Orient. Aujourd'hui le Japon a trouvé sa voie (après avoir perdu la guerre et enterré ses ambitions impérialistes), et après avoir été influencé par le modernisme européen, est en train d'imposer certains concepts de sa civilisation au reste du monde. 

"Au temps de Botchan", Casterman - Sakka, 256 pages, 20 €

mercredi 28 août 2024

Rentrée littéraire - Amélie Japon


33 ! L’impossible retour est le 33e roman d’Amélie Nothomb. Un titre énigmatique et un peu contradictoire : comme chaque mois de septembre, le nouveau roman de la célèbre Belge sera de retour en tête des ventes. Mais si ce texte parle de sa vie, il n’est pas du tout question de la rentrée littéraire mais d’un voyage au Japon. Le pays qu’elle affectionne le plus.

Même si elle y a vécu des expériences traumatisantes (se souvenir de Stupeur et tremblements). Amélie Nothomb, en 2023, retourne à Kyoto et Tokyo pour y servir de guide à une amie photographe. Quelques jours pour retrouver des sensations, des plaisirs, des ivresses incomparables. Assez différent de ses autres romans, ce récit alterne visite de temples, rencontres symboliques et réflexions, souvent édifiantes, sur le pays et ses habitants. Si l’amie est assez détestable, Amélie retrouve calme et sérénité dans ce monde comme figé dans les conventions.

Reste quelques fulgurances, comme cette réflexion quand elle entame la relecture d’un roman de Huysmans : « Bien plus que lire, relire est un acte d’amour. Prendre le risque de réexpérimenter un coup de foudre, s’agissant d’un acte aussi intime que la possession littéraire, c’est insensé. » On rit aussi quand elle raconte son passage dans le café des lapins et comment un léporidé, « adorable petite bête, vient déposer des crottes sur mon pied. » Bienvenue au Japon !
« L’impossible retour » d’Amélie Nothomb, Albin Michel, 164 pages, 18,90 €

jeudi 22 août 2024

Cinéma - “La mélancolie”, cause d’un deuil impossible


Mariée avec Fuminori (Kentaro Tamura) qui a un enfant d’un premier mariage, Watako (Mugi Kadowaki), bien que très réservée, est très heureuse depuis un an. Depuis qu’elle entretient une relation cachée avec Kimura (Shôta Sometani), lui aussi marié. Ils se voient chaque jeudi.

Au début du film, ils passent une journée dans un camping de luxe. Loin de la ville pour ne pas prendre le risque d’être vus ensemble. Le soir, ils se séparent, chacun rentrant chez lui, auprès de sa « moitié ». Sauf que Kimura se fait renverser par une voiture dans la rue et meurt deux jours plus tard. La mélancolie, film profond et quasi métaphysique de Takuya Katô raconte en réalité ce deuil impossible qui frappe la maîtresse. Pour Watako, c’est toute sa vie qui s’écroule du jour au lendemain. Mais elle doit continuer de faire semblant. Comme si l’amant était toujours là…

Forcément ce n’est pas sans conséquence pour la santé mentale de la jeune femme. Au point que Fuminori a des soupçons. Une partie vaudevillesque par chance assez rapidement évacuée par le réalisateur. Il est vrai que s’il est avant tout auteur de théâtre, ce n’est pas son style de prédilection. Bien au contraire, il fait dans le cérébral, réfléchi et très symbolique.

Le film, lent pour certains, intense pour d’autres, repose beaucoup sur le jeu de Mugi Kadowaki. La comédienne, déjà vue dans Aristocrats, malgré un jeu tout en retenue, parvient à faire comprendre au spectateur la tempête intérieure qui sape les bases de tout ce qui a fait sa vie jusqu’alors. Il est si facile de passer de la mélancolie à la culpabilité et terminer par le désespoir.

 Film japonais de Takuya Katô avec Mugi Kadowaki, Kentaro Tamura, Shôta Sometani 

lundi 20 mai 2024

Cinéma - “Comme un lundi” ou le supplice du travail infini

Les Japonais aiment le travail. Mais pas au point de répéter à l’infini une semaine intense. « Comme un lundi », une boucle temporelle cinématographique rigolote sur le milieu du travail au bureau. 

Tous les films sur le thème de la boucle temporelle ne se ressemblent pas. Heureusement.
Depuis Un jour sans fin, de nombreuses versions ont été proposées aux cinéphiles. Action, ados, SF, humour… il manquait dans cet édifice infini la comédie de bureau. Ce sont les Japonais, grands travailleurs devant l’éternel, qui ont décidé de se lancer dans ce projet de travail répétitif. Dans les bureaux exigus d’une petite agence de communication, ils sont sept à plancher sur une nouvelle campagne publicitaire pour une improbable soupe miso effervescente. Une occasion en or pour la jeune et ambitieuse Yoshikawa (Wan Mariu) de se faire remarquer par une société plus en vue. Elle postule pour un poste d’assistante d’une grande publicitaire et si ce projet est concluant, elle devrait enfin accéder au Graal professionnel.

Ce lundi 15 octobre, au matin, elle se réveille au bureau. Toute l’équipe, hormis le patron, Nagahisa (Makita Sports), a été rappelée le dimanche pour proposer de nouvelles idées le lundi. Avant d’aller les présenter, deux des employés demandent à Yoshikawa d’éviter de prendre un taxi. Ce qu’elle fait. Accident, présentation ratée. De retour de l’hôpital, ils lui expliquent qu’ils sont dans une boucle temporelle d’une semaine. Une semaine à finaliser le dossier. Et se réveiller le lundi… 15 octobre à devoir tout recommencer.

Le film de Ryo Takebayashi, malgré des moyens limités (une seule pièce, peu de comédiens, encore moins d’action), a le grand mérite de plonger le spectateur au cœur d’une petite entreprise japonaise. On découvre les habitudes des uns et des autres.

Puis le problème de la boucle devient obsédant. Les semaines passent et tous parviennent à prendre conscience de l’anomalie temporelle. Grâce à un petit signe, tout simple, sorte de clé mnémotechnique aux grands pouvoirs. Tous, sauf le patron. Or les employés sont persuadés que c’est lui, apeuré d’avoir bientôt 50 ans, qui est à l’origine de cette boucle temporelle. Mais comment la rompre s’il ne le veut pas, si le déni est plus fort que l’évidence ?

Une histoire qui débute comme un documentaire, se poursuit en comédie enlevée pleine de ces trouvailles comme dans The Office, série parfaite sur le travail de bureau et se prolonge par une réflexion philosophique sur le pouvoir d’aliénation des tâches répétitives. Original et jamais vu. Voilà pourquoi on ne peut que vous conseiller d’aller voir Comme un lundi. Tous les films sur le thème de la boucle temporelle ne se ressemblent pas. Heureusement.

Film de Ryo Takebayashi avec Makita Sports, Wan Marui

mardi 23 avril 2024

Cinéma - “Le mal n’existe pas” au cœur des forêts du Japon

Film écologique, naturaliste et familial, « Le mal n’existe pas » de Ryusuke Hamaguchi donne à voir un autre Japon, partagé entre nature préservée et ambitions touristiques luxueuses. 

Le film débute par un long travelling sur les cimes d’arbres. Mais à l’opposé de nombre de génériques de série, ce n’est pas vu du ciel et à partir d’un drone que c’est filmé. La caméra avance et capte l’image des branches qui cachent en partie le ciel. La beauté de la forêt, mais admirée à hauteur d’homme, tête renversée. Ou d’enfant. Car ils sont deux à sillonner sans relâche cette zone protégée du Japon : Takumi (Hitoshi Omika) et sa fille Hana (Ryo Nishikawa).

Le premier est homme à tout faire dans cette petite ville loin de la frénésie de la capitale. Il élève seul sa fille de 8 ans qui passe plus de temps à courir la nature qu’à faire ses devoirs. Ce début de film pourrait sembler trop lent, sans la moindre action (par exemple cinq minutes durant lesquelles Takumi scie du bois puis fend des bûches…). Sauf si on lâche prise et qu’on écoute la musique de Eiko Ishibashi.

Le film est un dérivé d’une collaboration entre cette compositrice et le réalisateur. Il a filmé cette splendide forêt pour illustrer des concerts en live. Des images qu’il a reprises en partie dans le film, y greffant une intrigue qui prend toute son ampleur dans la seconde partie.

Des promoteurs ont acheté une partie de la forêt et veulent y implanter un « glamping ». Le concept fait fureur : un mélange de camping et de glamour. Cela apportera emplois et dynamisme économique. Mais lors d’une réunion de présentation du projet par deux jeunes investisseurs, les quelques habitants présents s’inquiètent surtout pour l’eau de la source qui alimente le village.

La fosse septique du « glamping » pourrait la polluer. Ils exigent que la fosse soit déplacée. Incompréhension des deux urbains. Le film se transforme en critique sociale et écologique. Car au Japon comme chez nous, les intérêts capitalistiques se moquent de la préservation de l’environnement. Et dans la suite de Le mal n’existe pas, Ryusuke retrouve la profondeur cinématographique de Drive my car. Les investisseurs sont parfaitement conscients que le projet est mal ficelé.

Mais une seule chose importe : le boucler le plus rapidement possible pour récupérer des subventions d’après crise sanitaire. La dernière partie du film voit les deux jeunes investisseurs revenir en forêt et tenter de persuader Takumi du bien-fondé de leur projet de glamping.

La confrontation de ces deux mondes et une fin totalement inattendue, toujours avec l’appui d’une bande-son virtuose, propulse ce film japonais vers le statut de chef-d’œuvre inattendu. Le Lion d’argent au dernier festival de Venise est dès lors tout à fait justifié.

Film de Ryusuke Hamaguchi avec Hitoshi Omika, Ryo Nishikawa, Ryûji Kosaka

 

dimanche 7 avril 2024

Cinéma - « Sidonie au Japon », film zen et fantomatique


 

Sidonie (Isabelle Huppert) est la reine de l’évitement. Romancière célèbre mais qui n’a plus rien publié depuis des années, elle est invitée par son éditeur japonais pour y présenter son premier roman traduit en japonais.
Un séjour d’une semaine qui l’angoisse. Alors elle arrive avec une bonne heure de retard à l’aéroport, persuadée d’avoir fait le nécessaire pour rater son vol. Mais il est retardé et Sidonie s’envole finalement pour le Pays du soleil levant, l’inconnu.

Elle va passer une semaine en compagnie de Kenzo (Tsuyoshi Ihara), son éditeur, rigide, sévère, peu causant. Sidonie est plongée dans un monde dont elle n’a pas les clés alors que lui est en plein divorce, dépressif et mutique.
Le film d’Élise Girard prend une tournure plus étrange quand Sidonie croise le fantôme de son mari, mort dans un accident de la route quelques années auparavant.

Un fantôme bienveillant, qui va lui permettre d’oublier sa tristesse, retrouver goût à la vie (grâce aussi aux superbes paysages du Japon au printemps) et même de reprendre la plume.

Une histoire zen, optimiste, poétique et romantique. Mais avant tout fantastique dans tous les sens du terme.

 Film d’Élise Girard avec Isabelle Huppert, Tsuyoshi Ihara, August Diehl

mercredi 6 mars 2024

Cinéma - Le saxo majeur de “Blue Giant”

Un film japonais d'animation (tiré d'un manga) de Yuzuru Tachikawa racontant la formation d'un groupe de jazz. 


Tiré du manga de Shinichi Ishizuka édité en France Chez Glénat, Blue Giant est le genre de réalisation qui va passionner les amateurs de jazz et sans doute créer des vocations. Pas forcément de musiciens, mais de nouveaux amateurs de cette musique qui a su au fil des décennies traverser les frontières et conquérir toutes les civilisations. Au Japon, le jazz ressemble presque à une religion. Les adeptes sont ceux qui vont dans les clubs, le clergé les musiciens.

Dai, jeune prodige du saxo, décide de quitter sa province pour tenter sa chance à Tokyo. Hébergé chez son meilleur ami, Tamada, il va faire des petits boulots la journée et répéter, seul devant le fleuve, tous les soirs. Ce qu’il aime dans le jazz, ce sont les solos d’improvisation. En allant dans un club, il croise la route de Yukinori, pianiste expérimenté. Ils ont le même âge, décident de répéter ensemble dans un club qui n’accueille plus de public. Manque un batteur. Dai va proposer le poste à Tamada, totalement novice mais enthousiasmé par l’idée. Le goupe Jass vient de naître et le film Blue Giant raconte sa progression jusqu’au sommet en moins de deux ans.

Si la première partie est un peu laborieuse (découverte de Tokyo, rencontre des membres, premières répétitions), la suite est véritablement enthousiasmante. Les longues scènes au cours desquelles le groupe joue à l’unisson sont un bonheur rarement atteint dans une fiction. Et les effets graphiques et de couleurs amplifient d’autant l’impression d’osmose entre les trois jeunes artiste, la musique, le public et les spectateurs qui se trouvent catapultés au cœur de ce jazz en images. 

 

mardi 26 décembre 2023

Cinéma – “L’innocence” des enfants incompris

Un des meilleurs films de 2023 sort entre les fêtes. "L’Innocence" de Kore-eda est un drame sur l’enfance incomprise.

À ceux qui doutent que le cinéma puisse être considéré comme un art à part entière, on ne peut que conseiller d’aller voir un film de Hirokazu Kore-eda pour s’en persuader. On peut débuter par Une affaire de famille, palme d’or à Cannes en 2018. Mais le plus simple reste de profiter de la sortie en salles ce mercredi de L’innocence, sa dernière réalisation, pour pénétrer dans son monde, sa magie cinématographique, sa rigueur scénaristique et ses allégories.

Un film qui n’a remporté « que » le Prix du scénario à la dernière édition de la grand-messe du cinéma sur la Croisette. Récompense plus que justifiée tant la construction du long-métrage est parfaite, exemplaire, sorte de bréviaire que l’on devrait montrer dans toutes les écoles de cinéma.

Le film est découpé en trois parties autonomes, trois fois la même histoire, mais vue par différents protagonistes : la mère du jeune Minato, le professeur Hori puis enfin le regard conjugué de Minato et son ami écolier, Eri. Trois pièces d’un même puzzle qui joue sur les apparences, l’incompréhension, le secret et la honte.

Comme une fresque sur toutes les difficultés rencontrées par deux jeunes garçons dans une école japonaise gangrenée par le harcèlement et la volonté de sa direction pour conserver sa bonne réputation. Le spectateur qui ose se laisser emporter par le récit se trouve ballotté entre plusieurs hypothèses avant tout remettre en ordre… et se retrouver encore plus déstabilisé par une fin plus qu’ouverte. Du grand art dans la construction, mais jamais gratuit, toujours au service du propos.

Premier point de vue, celui de Saori (Sakura Andô), mère de Minato (Soya Kurokawa). Elle élève seule ce gamin de plus en plus renfermé. Le père est mort dans un accident. Quelques détails vont alerter la maman inquiète. Minato a perdu une chaussure, s’est coupé les cheveux, seul dans la salle de bains ou a mis de la boue dans son thermos d’eau. Quand il revient blessé, elle se persuade que c’est son professeur, Hori (Eita Nagayama), qui le malmènerait en classe. Elle va tout faire pour qu’il soit renvoyé.

Deuxième acte avec le ressenti du fameux professeur. Un homme solitaire et romantique. Amoureux d’une hôtesse de bar, il est très attentif aux enfants dont il a en charge l’éducation. À plusieurs reprises, il prend la défense du jeune Eri (Hinata Hiiragi), le souffre-douleur de la classe. Minato ne serait pas le dernier à profiter de sa faiblesse. Obligé d’avouer des violences fictives, Eri va sombrer avant de tout comprendre.

C’est la fameuse troisième partie du film, celle qui va scotcher le spectateur dans son fauteuil, incrédule face à cette vérité qu’il n’a jamais envisagée. Un film coup de poing sur l’amitié secrète et incomprise entre deux enfants différents, dont la fin va longtemps hanter notre imaginaire.

Film japonais de Hirokazu Kore-eda avec Sakura Andô, Soya Kurokawa, Hinata Hiiragi, Eita Nagayama

jeudi 30 novembre 2023

Cinéma - “Perfect Days” ou la sérénité dans la propreté


Peut-on vivre tel un ermite dans une des plus grandes mégalopoles du monde, Tokyo ? Est-il possible de décider de revivre au quotidien une unique journée immuable, rythmée par les mêmes actions et rendez-vous ? Pour Wim Wenders, ces deux attitudes sont toute la vie de Hirayama (Koji Yakusho), un homme d’une déroutante simplicité, personnage principal de Perfect Days, film découvert au dernier festival de Cannes.

Une longue ode à la contemplation, au silence à la sérénité et à la simplicité de la nature. Pour faire passer ces émotions primaires, qui ont déserté les zones urbaines, le réalisateur allemand a fait confiance à ce comédien déjà remarqué dans The Third Murder de Kore-eda. Un excellent choix, Yakusho repartant de la Croisette avec le Prix d’interprétation masculine. Il incarne parfaitement cette immobilité répétitive volontaire. Avec la force de faire comprendre que ce n’est pas contraint.

Il a fait ce choix de solitude, de silence, de travail ingrat. Et cela passe par la répétition. La première demi-heure verra le montre se brosser les dents quatre fois, nettoyer une dizaine de toilettes publiques, boire toujours le même café en partant au boulot au volant de sa camionnette. Sa force : oublier, occulter le monde qui l’entoure. Se contenter de regarder le ciel en souriant, de photographier (sur des pellicules argentiques) les frondaisons des arbres, écouter des classiques des années 70 (Lou Reed et d’autres) sur des cassettes. Le spectateur pressé et moderne ne tiendra pas longtemps.
Celui qui est ouvert à la beauté et à la lenteur du monde, ressortira de la salle avec des batteries d’optimisme et de sérénité gonflées à bloc.


 Film de Wim Wenders avec Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano.



mercredi 11 octobre 2023

Un poche - La leçon du mal


Au début du roman La leçon du mal du romancier japonais Yûsuke Kishi, comme ses élèves, on est sous le charme de Seiji Hasumi. Ce professeur d’anglais dans un lycée de la banlieue de Tokyo a tout pour plaire. Jeune, sportif, investi dans le fonctionnement de son lycée. La première partie du roman ressemble à un documentaire sur la vie rêvée dans un lycée japonais.

Mais on devine rapidement que Hasumi n’est qu’une façade. Que derrière cet homme prévenant se cache un être plus torturé. Et plus l’intrigue progresse, plus on découvre que ce petit monde lycéen est très sombre. Car en plus d’Hasumi on découvre des élèves violents, des enseignants imposteurs et même une infirmière nymphomane.
Un thriller d’une exceptionnelle noirceur.

« La leçon du mal, 10/18, 624 pages, 10,10 €

jeudi 7 septembre 2023

BD - "Evol" ou l’opposé de l’amour

Si vous hésitez à plonger dans un manga, redoutant un trop grand choc de style graphique, vous pouvez aborder Evol de Atsuki Kaneko en toute tranquillité. Son trait, réaliste et expressif, se rapproche des meilleurs dessinateurs européens, de Moëbius à Manara en passant par Meyer.

Dans ce 3e tome (240 pages en noir et blanc d’une rare beauté), les trois jeunes héros se retrouvent acculés. Ils ont tenté de se suicider mais ont survécu et se sont réveillés avec des pouvoirs. Remontés contre tous ceux qui leur veulent du mal et les ont poussés au suicide, ils décident de former un trio de méchants prenant le nom d’Evol (l’inverse et le négatif de Love), décidés de mettre le feu à la ville.

Ils sont rapidement adulés par d’autres jeunes exclus et deviennent une véritable menace. Le scénario, très marqué par la psychologie adolescente, permet au lecteur de jongler entre le bien et le mal. Une série qui en plus parvient à se renouveler au fil des épisodes. (Delcourt/Tonkam, 19,99 €)

dimanche 30 juillet 2023

Cinéma - “The first slam dunk” ou le basket, école de la vie

Film d’animation japonais de Takehiko Inoue



Sorti au Japon au même moment qu’Avatar 2, The first slam dunk, film d’animation de Takehiko Inoue, tiré de son propre manga, a réalisé l’exploit de battre à plate couture au box office le film pourtant tant attendu de James Cameron. Il est vrai que la BD, omniprésente depuis des décennies, fait partie des mangas les plus vendus au Pays du Soleil levant. En France, c’est au cœur de l’été que ce film d’animation sort. Deux heures qui enchanteront les fans (les 31 tomes sont disponibles chez Kana) et d’une façon plus générale, les amateurs de basket. 

Le film se concentre sur le parcours de Ryota. Gamin, il est petit et pas forcément très bon. Il tente de ressembler à son grand frère, âgé de trois ans et très fort. C’est pour lui rendre hommage que Ryota va élever son niveau de jeu, se muscler et devenir un meneur d’exception. Le film raconte, en grande partie, la finale du championnat des lycées entre l’équipe de Ryota, Shohoku, et celle du lycée de Sannoh, imbattable depuis des années. Tous les points sont filmés, avec une technique d’animation visiblement basée sur de véritables prises de vue. 

Entre les différentes phases de jeu, le spectateur découvre comment Ryota est parvenu à ce niveau, malgré un complexe d’infériorité fort. Jamais il ne se sent à sa place. Comme s’il usurpait l’identité de son frère, le surdoué du rebond. Pourtant, malgré les difficultés (harcèlement, culpabilité, déracinement…), le jeune basketteur parvient à se hisser au plus haut niveau et c’est lui qui a le destin de son équipe en mains lors de cette finale. 

Impossible de ne pas se laisser prendre au jeu, de plonger dans le suspense de la partie, grâce à une bande-son rock du meilleur effet. 

jeudi 20 juillet 2023

Manga – Holyland, bienvenue au royaume des combats de rue


Trop violents les mangas ? Une généralisation parfois inexacte. C’est pourtant le cas avec Holyland (Dupuis - Vega, 8,35 €) dont les deux premiers tomes viennent de sortir. Une histoire de Kouji Mori, parue au Japon, il y a plus de 20 ans. L’occasion de découvrir cette saga prévue en 18 tomes, sorte de documentaire romancé sur les combats de rue dans les quartiers de Tokyo.

Combats par des lycéens, qui tentent de faire triompher leur établissement. Une violence exacerbée, gratuite, mais pas sans règles. Reste que les plus faibles sont souvent harcelés et tabassés, juste en servant de punching-ball. C’est le cas de Yu, le héros de Holyland. Petit, chétif, craintif, il est martyrisé au point d’avoir des envies de suicide. Mais en lisant un livre sur la pratique de la boxe, il décide de se défendre, de rendre les coups. Et la nuit, Yu se transforme en chasseur de Yankees (surnom donné aux voyous qui s’habillent à l’américaine) et les met au tapis en deux coups.

Les deux premiers tomes racontent la motivation de Yu, comment il est devenu excellent et pourquoi il ne peut plus faire marche arrière. Une série à déconseiller aux allergiques à la violence. Les autres savoureront ces combats savamment mis en scène.
 

mercredi 16 novembre 2022

Série télé - « Kamen Rider Black Sun », la différence à la japonaise

La création audiovisuelle japonaise est très diverse. Il n’y a pas que des dessins animés, certaines séries sont réalisées en prise directe. Même si elles sont directement issues de ces univers entre fantastique et science-fiction. La franchise de Kamen Rider voulait célébrer ses 50 ans par une version adulte et ambitieuse. Kamen Rider Black Sud est visible partout dans le monde avec sa diffusion sur Amazon Prime Vidéo. 

L’occasion de découvrir le phénomène des Kaïjins. Ce sont des humains, génétiquement modifiés et capables de se transformer en monstres hybrides, souvent à base d’insectes. Si une partie de la population rejette les Kaïjins, considérés comme des sous-hommes, d’autres veulent développer leurs droits. C’est le fil conducteur des dix épisodes, l’héroïne Aio incarnant une sorte de Greta Thunberg allant plaider sa cause à l’ONU. 

Pendant ce temps, deux frères s’affrontent, Black Sun et Shadow Moon, pour déterminer si cette coexistence pacifique avec les Humains est possible. On apprécie les combats, un peu moins les costumes en mousse. Par contre le message sur la tolérance et le rejet du racisme peut être transposé à toute sorte de discrimination actuelle. 


samedi 29 octobre 2022

Thriller - « La leçon du mal », matière principale d’un lycée japonais

Il faut parfois se méfier des professeurs trop gentils, efficaces et prévenants. Ils peuvent cacher de dangereux psychopathes capables de tout pour arriver à leurs fins, rarement enviables pour les jeunes lycéens. Au début du roman La leçon du mal du romancier japonais Yûsuke Kishi, comme ses élèves, on est sous le charme de Seiji Hasumi. Ce professeur d’anglais dans un lycée de la banlieue de Tokyo e tout pour plaire. 

Jeune, sportif, dévoué à ses classes, investi dans le fonctionnement de son lycée, il anime un atelier de conversation une fois les cours terminés. Prévenant auprès de ses collègues, il est toujours présent quand la direction le sollicite pour résoudre les problèmes. La première partie du roman ressemble à un documentaire sur la vie rêvée dans un lycée japonais. Mais on devine rapidement que Hasumi n’est qu’une façade. Que derrière cet homme prévenant se cache un être plus torturé. Une simple histoire de corbeau, oiseau très protégé, permet de remettre les choses à leur place. Hasumi peut tuer sans difficulté. Un oiseau. Des humains aussi. 

Au fil des chapitres, on découvre comment Hasumi, dès son plus jeune âge, a manipulé son entourage pour assouvir des pulsions criminelles. Et plus l’intrigue progresse, plus on découvre que ce petit monde lycéen est très sombre. Car en plus d’Hasumi on découvre des élèves violents, des enseignants imposteurs, d’autres qui utilisent leur statut pour séduire les jeunes et même une infirmière nymphomane. Le ton du roman bascule quand trois des élèves d’Hasumi découvrent sa véritable personnalité et tentent de l’empêcher de nuire. Un combat sans pitié pour un thriller d’une exceptionnelle noirceur. 

« La leçon du mal » de Yûsuke Kishi, Belfond Noir, 24 €

jeudi 21 juillet 2022

Thriller - Voyage agité à bord du "Bullet train" japonais

Le 3 août, dans deux semaines, sort au cinéma Bullet Train, film à grand spectacle avec Brad Pitt en vedette. Une production Sony adaptée du roman du même nom de l’écrivain japonais Kotaro Isaka et récemment publié en France aux Presses de la Cité.

Dans le Shinkansen, train à grande vitesse japonais, plusieurs tueurs vont se livrer au jeu du chat et de la souris avec une valise remplie de billets. Dans ce polar aux dialogues percutants et aux personnages complexes, c’est Kimura qui fait le premier son entrée en scène. Retiré des affaires, il arrive à bord du train ivre et armé. Il a l’intention de tuer un collégien qui a poussé son petit garçon du haut d’un immeuble. Il va croiser la route de Mandarine et Citron. Des experts des opérations spéciales. Ils viennent de libérer un adolescent et le ramènent à son père ainsi que la valise bourrée de l’argent de la rançon.

Une valise qui est l’objectif du dernier malfrat (Brad Pitt dans le film), Coccinelle. Il doit la voler. Mais comme il est toujours très malchanceux, les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. Le huis clos dans le train est magistralement mené par un romancier à l’imagination débordante.

« Bullet Train » de Kotaro Isaka, Presses de la Cité, 22 €

mardi 19 juillet 2022

Cinéma - La solitude de “Tempura”


Dans le Japon moderne, aimer devient une véritable aventure. Une épreuve aussi. Pour soi, l’image que l’on donne, ce que l’on désire obtenir, que l’on est prêt à donner. Tempura d’Akiko Ohku est un film profond sur la solitude, l’amour de soi, de l’autre aussi. Une fable qui devrait aussi parler aux Occidentaux que nous sommes même si l’héroïne, Mitsuko (interprétée par la comédienne nommée Non), est l’archétype de la Japonaise contemporaine.

La jeune femme ne l’est plus tout à fait selon les codes rigides de cette société. Elle a plus de 30 ans et est toujours célibataire. Employée discrète, elle apprécie de cuisiner. Mais personne ne profite de ses tempuras, succulents beignets. Le début du film permet au spectateur de découvrir le quotidien de cette habitante de Tokyo.

Premier étonnement, elle vit seule mais parle sans arrêt à un personnage imaginaire qui vit dans sa tête : A. Son double, plus aventureux, qui parfois lui donne de très mauvais conseils comme sortir avec son dentiste. Mais A est surtout une création pour lui permettre de supporter les épreuves psychologiques compliquées comme prendre l’avion ou inviter un collègue à venir manger chez elle. Mitsuko serait-elle en train de tomber amoureuse de Tada (Kento Hayashi), un commercial de son entreprise, plus jeune qu’elle. Qu’est-ce qui est le pire ? Être célibataire à plus de 30 ans ou vivre avec un homme plus jeune que soi ? En réalité, ces questionnements de Mitsuko, s’ils étaient avant au centre des us et coutumes japonais, sont désormais sans importance. Aujourd’hui, elle doit avant tout s’affirmer et vivre simplement, à l’écoute de ses sentiments, sans la béquille d’A.

Un très beau film particulièrement sensible sur la solitude, assumée ou forcée, les mystères de l’amour et cette façon très délicate de débuter un bout de chemin à deux. Loin du coup de foudre et du paraître.


vendredi 1 avril 2022

Cinéma - Trois contes sur les femmes japonaises

Tel un Rohmer asiatique du XXIe siècle, le réalisateur oscarisé de « Drive my car » livre trois contes féminins sur le hasard et les coïncidences.


Primé à Cannes et revenu des USA avec l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, Ryûsuke Hamaguchi est de nouveau à l’affiche avec un film délicat, intelligent et d’une grande finesse psychologique. Contes du hasard et autres fantaisies est composé de trois histoires indépendantes les unes des autres. Seul point commun, hasard et coïncidence jouent un grand rôle dans ces tranches de vie de femmes japonaises.

Chaque récit, après une petite présentation des protagonistes, s’articule autour d’une longue discussion, très travaillée, où l’émotion se fraie un chemin au gré des confidences. On se croirait dans un film de Rohmer, influence que revendique, sans problème, le réalisateur japonais, « J’ai l’œuvre d’Éric Rohmer en tête, quasiment à chaque fois que je fais un film » explique-t-il dans une interview.

Amies d’enfance

Le premier conte, Magie, raconte comment deux femmes se font des confidences sur leurs amours. La première avoue avoir rencontré un homme qui lui plaît. mais il semble fragile, après avoir été trompé par sa précédente compagne. La seconde, qui, elle, a té infidèle, lui donne des conseils. Mais sont-ils sincères, puisque la fameuse compagne volage, c’est elle ? Une mise en bouche qui évite, avec brio, l’écueil du simple vaudeville.


Dans La porte ouverte, il est question de sexe. Une étudiante, qui admirait un professeur d’université qui semblait très coincé, découvre, dans un de ses romans, des passages extrêmement explicites. Elle va aller les lui lire, dans son bureau, avec l’idée de le séduire. Mais ce dernier, sans cacher son émotion, va rester inébranlable, réclamant sans cesse que la porte de son bureau reste ouverte, comme pour ne jamais rien cacher de sa vie. Sans doute la partie la plus pessimiste du film.

Enfin, le 3e conte, sans doute le plus original et brillant, raconte des retrouvailles. Natsuko (Fusako Urabe), 40 ans, revient dans la ville de province où elle a fait ses études, il y a 20 ans, pour une réunion d’anciennes élèves. Elle espère y retrouver son amour de jeunesse. Elles ont vécu quelques mois ensemble, puis la belle est partie vivre avec un homme. Elle ne la voit pas à la réunion, mais le lendemain, en reprenant le train pour Tokyo, elle la croise dans la gare.

Elles vont longuement discuter de ce passé commun. Du moins, ce qu’elles croient au début, car 20 ans plus tard, les deux femmes persuadées de rencontrer des amis d’enfance discutent en fait avec une parfaite inconnue.

Mais la magie du hasard opère, malgré tout, et ces deux femmes japonaises, peu heureuses, vont trouver mutuellement une raison d’aller mieux. Un rayon de soleil d’un incroyable optimisme qui réjouit le cœur du spectateur.

"Contes du hasard et autres fantaisies", film japonais de Ryûsuke Hamaguchi avec Kotone Furukawa Kiyohiko Shibukawa, Katsuki Mori, Fusako Urabe, Aoba Kawai

 

mercredi 9 mars 2022

BD - Légendes des fonds japonais


Exceptionnel roman graphique de 230 pages que ce Dérives d’Alexis Bacci. Un journaliste japonais se rend dans la baie d’Ago pour faire un reportage sur les dernières amas, des plongeuses traditionnelles. 


Il va rencontrer des femmes indépendantes, libres et fières de leur métier pourtant si difficile. Il va surtout entendre des légendes sur certaines d’entre elles. 

Car pour oser aller chercher des trésors au fond de l’océan, il faut parfois faire alliance avec des monstres légendaires. Une BD instructive et très poétique.

« Dérives », Glénat, 29 €