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mardi 1 avril 2025

BD - La dérive mortelle de l'extrême-gauche japonaise

"Banzai !" Le cri des samourais a été récupéré, dans les années 70, par les révolutionnaires japonais. Preuve qu'entre les idéologies extrémistes, il y a toujours moyen de trouver des points communs. Assez peu connue en Europe, l'épopée tragique de l'ARU, l'Armée rouge unifiée, est détaillée dans cette BD écrite par Frédéric Maffre et dessinée par François Ruiz. Le scénariste, passionné de cinéma nippon, a découvert l'existence de ce groupuscule violent d'extrême-gauche en visionnant certains films de l'époque qui y faisaient référence. Le second, dessinateur, avoue découvrir le sujet avec le scénario et s'être enthousiasmé pour les destins de ces jeunes hommes et femmes, aveuglés par leur idéal, au point de faire pire que la société qu'ils rejetaient. 

La scène d'ouverture est symbolique. En 1976, un jeune extrémiste, comédien raté de films érotiques dans la vie civile, décide de faire s'écraser son avion de tourisme sur la maison d'un homme d'affaires corrompu. Il rate son coup (mais pas son suicide) à quelques mètres près. Comme une répétition pour d'autres terroristes qui feront trembler le monde libre un jour de septembre 2001. 

Pour raconter cette révolution manquée, débutée en 1968, c'est un rescapé qui se confie à des journalistes. Il se souvent comment les militants politiques ont intensifié leurs actions, basculant de plus en plus vers la violence, comme la police et le gouvernement qui n'ont jamais cherché l'apaisement. Et comme en Occident, ce sont les rivalités intérieures qui seront les plus dommageables à la "révolution". Les quelques centaines de militants se divisent en petits groupuscules isolés. On suit notamment celui mené par Nagata et Mori. Une intellectuelle et un homme violent. Retirés dans un chalet dans la montagne avec une vingtaine de fidèles, ils vont mettre tous les militants à l'épreuve. La moitié d'entre eux vont mourir dans d'atroces souffrances. 

Le second passage emblématique est l'arrivée de Kozo Okamoto dans un camp palestinien au Liban. C'est de là que de nombreux terroristes vont partir pour tenter de faire fléchir l'Occident et l'ennemi absolu : Israël. Kozo deviendra un "héros" pour la mouvance quand il parviendra à tuer une dizaine d'innocents à l'aéroport de Tel Aviv. Des méthodes imaginées par des "gauchistes révolutionnaires", reprises de nos jours par des "intégristes religieux". C'est sans doute le côté les plus intéressant de la BD, ce parallèle entre les luttes sociales des années 70 et cette politique de la terreur absolue, chère au Hamas et autre Etat islamique, et son jusqu'au-boutisme. 

"Terorisuto", Glénat, 136 pages, 22,50 €

jeudi 16 janvier 2025

BD - Aurel signe un manifeste pour le dessin de presse


Il y a dix ans, les frères Kouachi, terroristes islamistes, ont assassiné une partie de la rédaction de Charlie Hebdo. Alors que de nombreuses voix s’élèvent pour la liberté d’expression à l’occasion de ce triste anniversaire, Aurel (Le Canard Enchaîné) signe un manifeste très personnel sur la situation de ces trublions que sont les dessinateurs de presse. Une profession en danger, paradoxalement. Car l’esprit Charlie n’a pas eu que du bon pour ces observateurs de la société, rarement tendres, empêcheurs de tourner en rond, poil à gratter de nos consciences.


Un album souple, de 32 pages percutantes, soulignant le paradoxe de ces dix ans : « Charlie quand ça leur chante ». Après un aperçu de la situation économique des journaux (fragile) et de la volonté des patrons de précariser les dessinateurs, Aurel s’attaque au fond du sujet. Il explique notamment comment les « néo-réacs », ces anciens gauchistes, souvent aux manettes des rédactions, grands manitous de l’opinion sur les plateaux télé, se sont autoproclamés gardiens de l’esprit Charlie.

Il leur oppose le nouveau public, plus jeune, plus critique, refusant les clichés et second degré trop facile et de plus en plus daté. Ceux que les néo-réacs mettent, en vrac, dans le mouvement « woke ». Aurel, à titre personnel, explique qu’il entend continuer à vouloir faire rire et réfléchir avec ses dessins. Tout en en prenant compte des remarques de la nouvelle génération, s’éloignant de ceux qui n’aiment Charlie que quand il faut dézinguer l’Islam ou les féministes.

Et de conclure en espérant pouvoir continuer à faire son travail, comme il l’entend, en s’améliorant, refusant toute leçon de ce ceux qui sont « Charlie quand ça leur chante ».
« Charlie quand ça leur chante », Futuropolis, 32 pages, 6,90 € (parution le 8 janvier)

mardi 6 août 2024

Thriller - Trois désespérés face aux agissements de « La meute »

Olivier Bal frappe fort avec ce nouveau roman. Là où ça fait mal. Un texte sans concession face à un risque de plus en plus prégnant.

Ils n’ont plus rien à perdre. La vie leur a déjà enlevé ce qu’ils chérissaient le plus. Trois héros pour ce thriller signé Olivier Bal et qui décortique le travail de sape dans la société effectué par les factieux de La meute. Sofia, policière chargée d’enquêtes sensibles autour du terrorisme, doute fortement depuis que son jeune frère a quitté la France pour aller combattre avec l’État islamique.

Darya connaît bien cette Syrie de feu et de sang. Ancienne institutrice, elle a été contrainte de quitter le pays devenu invivable. Dans un camp de migrants à Paris, elle a été impuissante quand son mari a été enlevé puis massacré par la sinistre et très raciste meute.

Enfin Gabriel est lui aussi flic. De terrain. Deux ans qu’il sombre. Depuis que sa fille a été tuée dans la rue. Ces trois désespérés vont se trouver, sans le vouloir, à la croisée des chemins. Trois moins que rien, obligés de collaborer pour survivre et tenter de mettre fin aux agissements de ce groupe suprémaciste capable de tout et surtout du pire pour mettre le pays à feu et à sang.

Ce thriller, au cœur de l’actualité, dénonce les manipulations de l’ultra-droite, avançant cachée, pour faire pencher la balance de l’opinion et des urnes vers son idéal. L’aspect politique est cependant surpassé par la personnalité des trois héros.

Quand ils comprennent qu’ils vont devoir la jouer très perso pour parvenir à leurs fins. Ils se réunissent, vivent ensemble et apprennent à se connaître. « Ils se livraient un peu, au compte-gouttes. Comme s’il leur fallait réapprendre à parler. Tous trois, Sofia allait le comprendre au gré des jours, au-delà de cette enquête, s’étaient peut-être rencontrés dans leurs douleurs, leurs deuils impossibles. Attirés les uns vers les autres comme des aimants déglingués. »

De l’action, des coups de théâtre, des actes de bravoure, pas mal de morts et un rebondissement final : La meute est un roman passionnant. Mais pas très rassurant.

« La meute » d’Olivier Bal, XO Éditions, 478 pages, 21,90 €
 

jeudi 23 février 2017

DVD : avec "Nocturama", la nuit, la jeunesse se meurt



Déconcertant. Abrupt. Sombre. Il n’y aura jamais assez de termes pour décrire la première impression à la fin de « Nocturama », film de Bertrand Bonello qui sort en DVD. Parler du terrorisme est particulièrement risqué ces dernières années. Le projet, dans les tuyaux depuis 2011, a mis longtemps avant d’être bouclé. Et entretemps il y a eu le 13 novembre 2015... Cela n’a pas empêché le réalisateur de Saint-Laurent et de l’Apollonide d’aller jusqu’au bout de son idée. Un film dual, en deux parties bien distinctes. La première heure se déroule dans Paris. Sept jeunes, sans un mot, se déplacent rapidement. Ils prennent le métro, vont dans des parkings souterrains, récupèrent des sacs plastiques. La tension est permanente, la caméra les suit dans cette course effrénée qui ne laisse que peu de temps de respiration au spectateur pris dans cette maestria effrénée.
■ Attentats
Une longue mise en place qui finalement aboutit à une série d’attentats simultanés dans divers lieux de la capitale. Un directeur de banque est abattu à bout portant, des bombes font exploser un étage d’une tour dans la Défense, des voitures et même une salle de réunion du ministère de l’Intérieur. On comprend aux cibles que ces jeunes sont en rébellion contre la société, mais il n’y a pas de message frontal dans Nocturama. Au contraire, le réalisateur raconte dans un entretien en bonus au DVD qu’il est parti du constat que la France est devenue une « cocotte-minute » prête à exploser. Et d’estimer que « de temps en temps dans l’Histoire, il y a une insurrection, une révolution. Un moment où les gens disent stop. Il y a un refus. » C’est ce que portent ces jeunes issus de tous les milieux. Avec quelques symboles forts comme cette gamine de banlieue qui badigeonne la statue de Jeanne d’Arc d’essence avant d’y mettre le feu.
Une fois les attentats perpétrés, ils se donnent tous rendez-vous dans un grand magasin juste avant la fermeture des portes. Un ami, employé comme vigile, neutralise le système de surveillance. La seconde partie du film passe de la vitesse à la lenteur, de la lumière à l’obscurité. Ils attendent, sans nouvelles des événements à l’extérieur. Ils sont coupés du monde et décident, pour passer le temps de profiter de toute cette société de consommation triomphante. Musique à fond, beaux habits, maquillage et bijoux, ils s’offrent une parenthèse. Comme pour oublier qu’ils sont devenus depuis quelques heures des meurtriers.
Ce portrait de la jeunesse insurgée sonne juste. Le réalisateur a fait un savant mélange en jeunes acteurs et amateurs, recrutés directement dans ces milieux d’extrême gauche toujours à la limite de la lutte armée, du terrorisme. Un film parfaitement maîtrisé au niveau de la réalisation, à la bande son très soignée, la première partie directement écrite par le réalisateur pour amplifier la tension, la seconde composée de reprises comme « My Way » ou la musique d’Amicalement vôtre. C’est virtuose, même si on regrette une fin un peu pauvre en propositions, sans la moindre surprise pour le spectateur.
 ➤ « Nocturama », Wild Side Vidéo, 14,99 € le DVD


jeudi 6 octobre 2016

Cinéma : "Le ciel attendra", réquisitoire contre Daech, virus pour la jeunesse

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Marie-Castille Mention-Schaar, réalisatrice du film « Le ciel attendra », signe une œuvre essentielle pour comprendre comment les islamistes de Daech embrigadent les jeunes Françaises.

Itinéraires de jeunes filles influençables. Alors que la menace de Daech à l'intérieur de nos frontières est toujours aussi importante, "Le ciel attendra" est un film à montrer à tous les jeunes Français. Sans exception. Marie-Castille Mention-Schaar a monté ce film dans l'urgence. Car le mal est profond dans notre société. Aidée d'Emilie Frèche au scénario, elle a imaginé le parcours de deux jeunes filles, embrigadées dans les rangs de Daech. Une œuvre de fiction entièrement inspirée de parcours réels. Sonia (Noémie Merlant) et Mélanie (Naomi Amarger) n'ont absolument rien en commun. La première a un père d'origine maghrébine. L'islam elle en a beaucoup parlé avec son grand-père quand elle était enfant. La seconde est élève en seconde S, brillante, investie dans une association humanitaire, musicienne dans l'âme (le violoncelle). Le film raconte leur quotidien. La première, on le devine, est déjà complètement radicalisée. Dans cette famille mixte et ouverte, elle refuse en bloc ce mode de vie occidental. Elle prie dans les toilettes, refuse de sortir si elle n'est pas couverte de la tête aux pieds.
  • Prince pas charmant
Surtout elle a communiqué par internet et messagerie avec des activistes qui voulaient l'utiliser pour faire un attentat en France. Mineure, elle échappe à la prison, placée sous la surveillance stricte de ses parents (Sandrine Bonnaire et Zinedine Soualem). La première héroïne illustre la phase de déradicalisation. La seconde incarne celle de la victime tombant dans les griffes des islamistes. Pourtant rien ne la prédispose, à part une adolescence compliquée entre deux parents séparés dont une mère (Clotilde Courau), simple coiffeuse pas armée intellectuellement pour comprendre les interrogations de sa fille un peu trop idéaliste. Tout se passe par internet au début. Sur son profil Facebook elle devient amie avec un "prince", qui sous couvert de vouloir le bien de l'Humanité, dénonce les Grands de ce monde. Puis la persuade de véracité de la théorie du complot. Une fois sensibilisée à ces problématiques, il joue de son charme. Elle tombe amoureuse et perd toute raison. En secret, elle va se convertir et croire au paradis promis par son prince. Pour cela elle devra le rejoindre, là-bas, en Syrie. La construction du film est implacable. Avec ces deux cas particuliers, la réalisatrice balaie tout le prisme du problème. Avec Mélanie elle raconte comment une jeune fille trop influençable peut se métamorphoser, souvent sans signe apparent. De l'autre côté, on voit le long travail de déradicalisation de Sonia. Elle a failli commettre l'irréparable et n'a pas encore coupé toutes les entraves dans son esprit, mais l'espoir est là. Une famille à l'écoute, l'aide de spécialiste comme Dounia Bouzar (lire ci-dessous) et finalement la sortie du tunnel est possible. C'est ce message optimiste qui fait aussi que ce film est essentiel en cette époque très trouble.

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 Une dose de réalité
Film de fiction, « Le ciel attendra » ressemble parfois à un documentaire. Marie-Castille Mention-Schaar est une réalisatrice du réel. Déjà dans « Les héritiers », elle faisait intervenir un véritable rescapé des camps de la mort. Cette fois c'est Dounia Bouzar qui apporte une dose de réalité. Cette anthropologue de formation, femme de terrain engagée contre le radicalisme islamiste a publié plusieurs livres sur le sujet. Elle a fondé le Centre de prévention, de déradicalisation et de suivi individuel avec lequel elle accompagne des familles de jeunes tombés sous l'emprise djihadiste. Sa parole apaisée, compréhensive, pleine d'empathie tant pour les jeunes radicalisés que les parents déboussolés prouve qu'il existe une solution. Elle donne surtout une autre image de l'islam, beaucoup plus tolérant et attaché à la liberté individuelle. Avant d'écrire le scénario, la réalisatrice a suivi Dounia Bouzar dans plusieurs de ces rencontres avec des familles. Elles ont servi de base pour de nombreux dialogues. Et quand le moment est arrivé de tourner ces scènes, la présence de la véritable Dounia s'est imposée. Elle est une lumière rassurante dans ce film sombre sur les dérives de l'adolescence aux prises avec des « recruteurs » capables de tout pour endoctriner, brimer et rendre dociles des jeunes filles livrées comme de la chair fraîche aux « combattants » de l'État islamique. Des pratiques racontées dans plusieurs livres par Dounia Bouzar dont le dernier, « La vie après Daech », paru l'an dernier aux éditions de l'Atelier.

dimanche 2 août 2015

BD - Bombe à Tel Aviv


Mike's Place, bar à Tel Aviv, est un des rares endroits en Israël où la politique n'a pas droit de cité. Seule la bonne musique et l'esprit festif sont admis dans ce petit paradis de quiétude. Au printemps 2003, Jack Baxter, cinéaste américain, découvre cette oasis. Il tourne des dizaines de rushes sur les patrons, les barmen, les clients. Il veut faire de ce reportage une ode à l'entente entre les peuples, à la paix. 
Mais quelques jours avant son départ, un kamikaze d'Al Qaïda se fait exploser à l'entrée du Mike's Place. Dom, la serveuse française est tuée, Jack grièvement blessé. Ce roman graphique en noir et blanc de 200 pages dessinées par Koren Shadmi raconte cette histoire où s'entremêle de multiples sujets, de l'amitié à l'amour en passant par la religion, forcément. Une œuvre en complément du film, rare témoignage du véritable Israël.

« Mike's Place », Steinkis, 20 euros

vendredi 9 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Morts de rire

Leur métier était de nous faire rire. Jamais je n'aurais imaginé un jour qu'ils me fassent pleurer. Si je suis journaliste depuis plus de 30 ans, si cette chronique existe tous les jours, c'est en grande partie grâce à eux, les Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et Honoré. Adolescent boutonneux, ma découverte de Charlie Hebdo à la fin de 1970 a façonné ma personnalité. J'aime l'humour trash, les dessins qui vont trop loin, la provocation éhontée. J'aime quand les limites sont dépassées, les tabous oubliés.

Cabu excelle dans le genre. Pourtant, il a toujours eu cette apparence gentille d'éternel gamin. Comment peut-on tirer froidement sur quelqu'un qui sourit en permanence ?
Wolinski, immense dessinateur politique, est aussi un amoureux des femmes. Une passion évidente dans son oeuvre. Ses héroïnes, voluptueuses et libérées, ne cachent rien de leurs charmes. Avec lui, le voile n'est pas islamique mais toujours transparent.
De Charb je conserve un dessin, offert par un ami dessinateur qui l'a rencontré dans les années 90 à Paris. Un crobard vite fait, simple et percutant.
Encore plus près, Tignous me fait immédiatement penser à mes deux années passées à Castelnaudary, aux Croquignous, les joyeux drilles qui organisent le festival de la caricature, aux miroirs du café de l'Industrie ornés le temps d'une soirée (arrosée, forcément arrosée) de dessins éphémères.
Une fois mes dernières larmes séchées, je vais me replonger dans les BD de Cabu, Wolinski, Tignous, Charb et Honoré. Et mercredi prochain, j'irai acheter le nouveau Charlie Hebdo. 

(Chronique écrite le 8 janvier et parue le 9 janvier en dernière page de l'Indépendant) 

mercredi 26 novembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Double délit de faciès

belgique, pakistan, terrorisme, facebook, rumeur, racismeTriste aventure que celle d'Assim Abassi, un jeune pakistanais victime d'un double délit de faciès. Il réside à Bruxelles depuis quelques années, y est scolarisé et s'est parfaitement intégré. Pour preuve, il joue au criquet, le sport national dans son pays, avec le club de Waterloo. Jeune, basané et barbu, il n'a pas la tête du Belge de base. Mais comment est-il devenu en quelques heures l'homme le plus recherché du pays ? Un passant l'a simplement photographié avenue Louise, l'une des plus grandes artères et des plus huppées de la capitale européenne. Le jeune pakistanais semble dissimuler quelque chose de long sous une veste à capuche. La machine à fantasmes se met alors à tourner à plein régime sur les réseaux sociaux. Barbu et basané : forcément un terroriste. Ce qu'il cache sous la manteau : une arme, obligatoirement. Ses intentions : perpétrer un nouvel attentat antisémite après la tuerie du musée juif il y a quelques mois. Résultat, sur la foi de statuts Facebook repris des milliers de fois, sans aucune vérification, toutes les polices du pays se mettent à la recherche de cet homme, décrit comme « dangereux » dans les avis diffusés dans les médias. En se reconnaissant, Assim se rend immédiatement dans un commissariat. Il explique que la soi-disant arme n'était que sa batte de criquet en bois qu'il protégeait de la pluie. Disculpé, l'avis de recherche est retiré. Fin de l'histoire ? Non. Le père du joueur de criquet vient d'être licencié par son employeur : l'ambassade du Pakistan. Sans contrat de travail, toute la famille a désormais six jours pour quitter la Belgique...

vendredi 16 juillet 2010

Thriller - Le terrorisme sensitif par Stona Fitch


"Sens interdits", thriller de Stona Fitch, est la chronique au jour le jour de l'enlèvement d'un citoyen américain. Il sera torturé, "pour servir d'exemple". Cette histoire d'horreur va crescendo dans l'abomination. L'auteur réussit a vous glacer les sangs au fil de la détérioration physique implacable du héros. Une fiction terrifiante écrite avant le 11 septembre 2001.

Tout commence dans les rues de Bruxelles. Eliott Gast, un économiste américain travaillant pour un grand groupe nord-américain sort d'un dîner d'affaires. En rejoignant sa voiture, il est enlevé par des inconnus dissimulés derrière des cagoules. Il se réveille dans un appartement hermétiquement fermé. Une salle de bain, un matelas dans une chambre et des dizaines de caméras au plafond. Il est prisonnier et espionné en permanence. Après quelques jours d'isolement complet, il se trouve enfin face à ses geôliers qui se dissimulent derrière des masques.

Eliott, discret analyste économique, marié et sans histoire, est persuadé dans les premiers jours de captivité que ses ravisseurs se sont trompés de cible. Pourtant c'est bien lui, Américain modèle, qui va devenir un exemple pour ces terroristes d'un nouveau genre, décidés à frapper un grand coup contre la mondialisation. Avec l'aide d'un docteur, Eliott est amputé de sa langue sous les caméras de l'appartement qui retransmettent la scène sur internet.

La magie de l'écriture donne l'opportunité au lecteur de s'imprégner complètement de la personnalité d'Eliott. Au fil des pages, on partage ses espoirs de fuite avec la complicité d'une infirmière compatissante, ses angoisses, ses révoltes et ses souffrances jusqu'au dénouement final. Un thriller particulièrement dur qui prend aux tripes et ne laisse personne indemne une fois la dernière page tournée.

« Sens interdits » de Stona Fitch, Calmann Lévy, 18 euros (paru fin 2002 et également disponible au Livre de Poche)

mardi 5 février 2008

BD - Le terrorisme met Paris à feu et à sang


Dans un futur très proche, Paris est transformée en ville assiégée avec la tenue du G9. Le groupe des 8 pays les plus riches de la planète accueille pour la première fois son 9e membre : la Chine. Les réunions se tiennent au Louvre et le centre de la capitale est transformé en camp retranché. A l'extérieur, des milliers d'altermondialistes manifestent contre ce sommet du capitalisme et du libéralisme triomphant. 

Le cadre planté, Bartoll, le scénariste, présente les héros de cette nouvelle série de politique fiction dessinée par Rovero (qui signe également ce mois-ci le second tome des aventures de Malone chez Casterman). Arno Toms, journaliste couvrant l'événement, cherche des renseignements sur les opposants. Il les trouve par l'intermédiaire d'une photographe freelance, bien introduite dans le milieu des Blacks Blocs, un des groupuscules les plus violents. 

Alors que la venue du pape met encore plus les forces de sécurité sous pression, les Blacks Blocs tentent de prendre en otage les dirigeants. Arno, entraîné malgré lui dans l'assaut, va devenir le « terroriste » le plus recherché du monde.

« Terroriste », Glénat, 9,40 €