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mercredi 1 juillet 2020

De choses et d’autres - Quand le vert déborde

Encore une fois, Éric Zemmour fait parler de lui. Le trublion de droite, qui tous les soirs peut s’exprimer sur CNews, a commenté lundi soir la victoire des écologistes aux municipales en faisant cette constatation pour le moins hasardeuse. Pour lui, pas de doute : « Le vert des Verts correspond comme par hasard au vert de l’islam. » Forcément, tout ce qui se prétend encore un peu de gauche et humaniste sur le net s’est offusqué. 

En fait, cette dernière saillie de Zemmour nous en apprend plus sur son état mental que sur ses convictions politiques. Car en ne voyant dans le vert des Verts que la couleur de l’islam, tout psychologue, même d’opérette, comprend immédiatement que Zemmour a un gros problème de rejet de cette religion. Un être normal, un tant soit peu équilibré, quand on lui dit « vert » pense immédiatement herbe, arbres, chlorophylle. Nature et écologie quoi… Pour Zemmour, le vert symbolise l’islam. Point. 

Vous me direz, il aurait pu être encore plus dérangé. Il y en a qui associent cette couleur aux extraterrestres et craignent d’être enlevés pour subir des expérimentations. 

Pourtant, le vert reste une très jolie couleur. Composée de bleu et de jaune, elle peut avoir des centaines de nuances. Notamment dans les yeux. Et comme c’est très rare (seulement 2 % de la population, 10 % pour les yeux bleus), cela permet à certaines actrices ou modèles d’être encore plus belles. Pas inféodées à l’islam, cher Éric Zemmour. Belles. Tout simplement.  

vendredi 8 mai 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Prénoms impropres

Pas la peine d'en remettre une couche sur les fichiers de prénoms d'écoliers de la ville de Béziers. Robert Ménard a sans doute perdu une bonne occasion de se taire. Comme s'il était possible de déterminer la religion d'un enfant en fonction du prénom choisi par ses parents. Foutaises. Pour ne pas être plus grossier.

La grossièreté, cette mère maîtrise parfaitement. Elle habite à côté de chez une amie qui m'a raconté l'anecdote. Depuis l'arrivée des beaux jours, chacun vit les fenêtres ouvertes. Les deux maisons mitoyennes ne laissent que peu d'intimité côté conversation. La voisine a deux enfants de 2 et 5 ans.
Mon amie, bien involontairement, s'est rendu compte récemment qu'elle ne prononçait jamais leur prénom. Elle les appelle Hé ou Ho. Cela donne ce genre de dialogues (invectives exactement) : « Hé, tu vas arrêter ! » « Ho, ça suffit ! » « Hé, tu l'as pas volée celle-là ! » « Ho, tais-toi ! » (là aussi j'édulcore). Depuis, les enfants ont hérité du prénom de Hé et Ho quand mon amie nous donne de leurs nouvelles. Si par hasard la maman irascible donne naissance à une troisième cible, le futur bébé héritera-t-il du sobriquet de Ha ? Ou bien Hisse, pour aller avec son frère Ho ?
On peut en rire, mais le quotidien des petits Hé et Ho ne ressemble pas précisément à un chemin bordé de roses. Et pour clore ce chapitre de prénoms impropres, une colle pour Robert Ménard, grand ordonnateur des statistiques ethniques cachées : dans quelle religion va-t-il bien pouvoir caser Hé et Ho ?

vendredi 9 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Morts de rire

Leur métier était de nous faire rire. Jamais je n'aurais imaginé un jour qu'ils me fassent pleurer. Si je suis journaliste depuis plus de 30 ans, si cette chronique existe tous les jours, c'est en grande partie grâce à eux, les Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et Honoré. Adolescent boutonneux, ma découverte de Charlie Hebdo à la fin de 1970 a façonné ma personnalité. J'aime l'humour trash, les dessins qui vont trop loin, la provocation éhontée. J'aime quand les limites sont dépassées, les tabous oubliés.

Cabu excelle dans le genre. Pourtant, il a toujours eu cette apparence gentille d'éternel gamin. Comment peut-on tirer froidement sur quelqu'un qui sourit en permanence ?
Wolinski, immense dessinateur politique, est aussi un amoureux des femmes. Une passion évidente dans son oeuvre. Ses héroïnes, voluptueuses et libérées, ne cachent rien de leurs charmes. Avec lui, le voile n'est pas islamique mais toujours transparent.
De Charb je conserve un dessin, offert par un ami dessinateur qui l'a rencontré dans les années 90 à Paris. Un crobard vite fait, simple et percutant.
Encore plus près, Tignous me fait immédiatement penser à mes deux années passées à Castelnaudary, aux Croquignous, les joyeux drilles qui organisent le festival de la caricature, aux miroirs du café de l'Industrie ornés le temps d'une soirée (arrosée, forcément arrosée) de dessins éphémères.
Une fois mes dernières larmes séchées, je vais me replonger dans les BD de Cabu, Wolinski, Tignous, Charb et Honoré. Et mercredi prochain, j'irai acheter le nouveau Charlie Hebdo. 

(Chronique écrite le 8 janvier et parue le 9 janvier en dernière page de l'Indépendant) 

lundi 14 octobre 2013

NET ET SANS BAVURE - La prison pour un simple bisou

Trois adolescents marocains
viennent de passer trois jours en prison. Leur crime : le garçon et la fille se sont embrassés sur la bouche devant leur collège et un ami, auteur de la photo, l'a publiée sur leur profil Facebook. Un simple baiser d'amoureux. Comme il s'en donne des millions chaque jour dans le monde entre jeunes de 14 et 15 ans. Un bisou, pas plus. Au Maroc c'est direct la prison et un procès pour « atteinte à la pudeur ». Si le Maroc a la réputation d'être très tolérant, il reste une chape religieuse difficile à briser. Il est interdit de s'embrasser en public dans un pays islamique. Samedi, après un appel relayé Facebook, quelques personnes ont organisé un « kiss-in » à Rabat en soutien aux jeunes accusés. Des couples se sont embrassés devant le Parlement. Mais pas longtemps car des contre-manifestants leur ont jeté des chaises trouvées sur une terrasse...

La Turquie aussi a la réputation d'être plus tolérante. Mais il ne faut pas aller trop loin dans le décolleté plongeant. La présentatrice d'une émission de variétés l'a appris à ses dépens. Sa robe noire, échancrée sur le devant, laissait deviner la courbe des seins. Un membre influent du parti au pouvoir a trouvé son attitude extrême car, en plus de dévoiler un brin de peau, elle dansait et souriait. Pas de prison pour Gözde Kansu, mais la porte. Sur le champ. Virée avec pertes et fracas par sa direction. Noëlle Noblecourt, une des premières speakerines françaises, licenciée en 1964 pour avoir dévoilé ses genoux, doit bien rigoler... 

Chronique "Net et sans bavure" parue en dernière page ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

samedi 11 août 2007

Roman - La fascination du pire de Florian Zeller


Florian Zeller, jeune auteur de 25 ans aborde avec gravité dans ce roman la problématique de la création et de sa perception dans le monde musulman, l'Egypte en l'occurrence. Il met dans la bouche d'un de ses deux héros, Martin Millet, quelques vérités très éloignées de la pensée unique.

Martin n'y va pas par quatre chemins. Il déteste les pays arabes, cette religion et son corollaire de frustrations. Avec son collègue, écrivain beaucoup plus posé, modérateur et par ailleurs narrateur du roman, il doit donner une série de conférences au Caire à la demande de l'ambassade de France. Le choc des cultures sera frontal...

Ce roman nous entraîne dans des scènes parfois très tendues mais s'accorde de nombreuses respirations. Ainsi le narrateur, constatant qu'il n'a pas son téléphone portable, en tire cette constatation : en temps de guerre, "les mots avaient une force redoutable puisqu'ils décidaient des vies. On attendait, et on faisait confiance même sans nouvelle de l'autre pendant des périodes infinies. Aujourd'hui on commence à paniquer dès que l'on ne parvient pas à le joindre sur son portable. (...) L'angoisse a gagné du terrain. Nous sommes entrés dans une période sans retour qui signe la fin de l'attente, c'est-à-dire de la confiance et du silence." Entre les deux écrivains à peu près de la même génération, la confiance va petit à petit s'installer. Martin raconte son enfance malheureuse d'adolescent mal dans sa peau, trop gros et laid. Des confidences qui étonnent le narrateur : "Je n'aurai confié ma souffrance à personne, pour être absolument certain de ne chercher ni à l'exploiter ni à la dégrader. J'ai toujours été surpris par cette obstination collective à faire état de ses problèmes, de ses peines et de ses tracas. Chacun estime devoir vider son sac au grand jour. Aujourd'hui, tout le monde rêve d'avoir une âme publique." Intelligent, pertinent, abordant des problématiques d'actualité, ce roman de Florian Zeller offre en plus un dénouement astucieux remettant tout en cause.

Et si "La fascination du pire" n'était qu'un polar un tout petit peu plus sophistiqué ?

"La fascination du pire" de Florian Zeller. Flammarion, 16 € (en poches chez J'ai lu, 8,30 euros)